• Aucun résultat trouvé

2.3. Présentation du travail de l’ESA de Rombas (Moselle) durant leur

2.3.3. Objectifs de réhabilitation et types d’interventions proposées

2.3.3.5. Entretien et participation aux Activités de la Vie Quotidienne (AVQ)

Il a été considéré comme atteint pour 23 patients (85,2%) et non atteint pour 4 patients (14,8%).

2.3.3.5.1. Description des activités réalisées

L’installation insidieuse des troubles cognitifs entraine une perte progressive des capacités à gérer correctement tout ou partie des activités de la vie quotidienne (AVQ).

Une activité peut être réalisée entièrement mais de manière incorrecte, partiellement plus ou moins correctement ou être complètement abandonnée.

(Pour exemples : manger une pizza crue par perte de la capacité à faire cuire les aliments, faire sa toilette corporelle en omettant certaines parties du corps ou ne plus mettre de savon sur le gant de toilette,...)

La complexité de chaque AVQ réside dans la multitude de tâches à réaliser correctement et dans un ordre chronologique défini pour atteindre l’objectif recherché.

Elle fait appel principalement à la mémoire procédurale et aux fonctions exécutives et attentionnelles, bien que toutes les autres fonctions cérébrales soient elles aussi à un moment sollicitées (orientation temporo-spatiale, praxies, gnosies,...).

Les AVQ sont multiples et variées. Il est possible de les classer en trois grandes catégories :

- actes essentiels de la vie courante : toilette, habillage, déplacements, transferts, continence, alimentation et hydratation ;

- tâches domestiques : linge, ménage, gestion des courses, préparation des repas ;

- actes relationnels : utilisation du téléphone, prise de rendez-vous, sorties extérieures, gestion des papiers,...

Les activités proposées par l’ESA ont pour objectif le maintien, l’entretien, voire le réinvestissement complet (ou partiel) du patient dans une à deux AVQ, selon ses capacités motrices et cognitives restantes.

Le choix de l’activité est défini par le soignant, selon les souhaits du couple aidant-aidé et après évaluation de leurs difficultés au quotidien.

146

2.3.3.5.2. Profil des patients avec objectifs non atteints

Sur les 58 patients suivis, cet objectif en a concerné 27 (soit 46,5%). Il a été considéré comme non atteint pour 4 patients dont nous détaillons les profils ci-dessous.

Mme R., âgée de 92 ans, GIR 2, MMSE : 10/30 (maladie d’Alzheimer), vit seule, isolée.

Avant intervention : défaut d’hygiène corporelle, incurie : ne fait plus sa toilette ni ne change de vêtements. Capacités gestuelles préservées et mémoire procédurale efficace mais présence d’un syndrome dysexécutif : les opérations élémentaires sont faites correctement mais leur enchainement est perturbé en raison de troubles de l’attention, d’une perte de l’initiative et des capacités de planification.

Pendant intervention : accompagnement lors de la toilette au lavabo, stimulation verbale et orientation dans les différents gestes à réaliser successivement pour mener à bien l’activité. Echec car décès de la patiente au bout de 3 séances.

Mme K., âgée de 66 ans, GIR 3, MMSE : 25/30 (démence fronto-temporale), vit avec son époux.

Avant intervention : perte de la capacité à réaliser toutes activités complexes de la vie courante : préparation des repas, entretien du linge, ménage, téléphone, papiers,...

Patiente qui bénéficie déjà d’une aide pour la toilette et l’habillage.

Après entretien avec le couple aidant-aidé, le choix s’est porté sur un travail en cuisine avec tentative de reprise de la préparation d’un repas.

Début par des activités simples que la patiente savait faire parfaitement : confection d’un gâteau ou d’une soupe.

Pendant intervention : très peu de participation volontaire et ce malgré l’investissement de son époux : apathie et désintérêt important pour la plupart des activités réalisées avant la maladie.

Absence de plaisir et sentiment d’échec vis-à-vis des capacités perdues.

La patiente préféra la réalisation d’activités ressenties comme plus valorisantes : jeux et marche en extérieur.

Mme U, âgée de 80 ans, GIR 4, MMSE : 20/30 (maladie d’Alzheimer), vit seule.

Avant intervention : perte de poids évaluée à plus de 10kg en une année : la patiente n’est plus capable de préparer seule un repas.

Quelques semaines avant l’intervention ESA : mise en place d’un accompagnement à domicile par des auxiliaires de vie pour la préparation du repas de midi mais interventions difficiles par manque de coopération de la patiente.

Pendant intervention : encouragement à réaliser une activité connue et appréciée par la patiente avant sa maladie : confection d’un dessert (tarte, gâteau, flanc,...).

Patiente opposante, présence d’éléments dépressifs s’accentuant au fil des séances et aboutissant à l’échec de la prise en charge.

147

Me A., âgée de 89 ans, GIR 4, MMSE : 19/30 (maladie d’Alzheimer), vit avec son époux.

Avant intervention : patiente qui ne participe plus à la préparation des repas, activité réalisée en totalité par son époux, aidant naturel.

Syndrome dysexécutif : opérations élémentaires préservées mais perte des capacités de planification.

Pendant intervention : patiente guidée et orientée dans les différentes étapes à réaliser pour confectionner l’ensemble du repas.

Refus de l’époux, aidant principal, de poursuivre l’activité. Celui-ci étant très agacé par

les déficiences présentées par son épouse. Il préfère donc prendre en charge lui-même cette activité.

2.3.3.5.3. Exemples d’un cas clinique avec objectif atteint

Sur les 58 patients suivis, cet objectif en a concerné 27 (soit 46,5%). Il a été considéré comme atteint pour 23 patients, parmi lesquels nous détaillons ci-dessous un cas clinique pour exemple.

Monsieur B., âgé de 82 ans, GIR 4, MMSE : 19/30 (démence vasculaire), vit seul.

Avant intervention : altération des fonctions exécutives, désorientation temporelle partielle et troubles mnésiques concernant les faits récents. La principale difficulté identifiée concerne la réalisation de la toilette.

Pendant intervention : accompagnement et aide pour la toilette et l’habillage, maintien et entretien des habitudes antérieures (utilisation de la douche).

Patient qui nécessite d’être guidé dans l’enchainement des tâches élémentaires qui sont réalisées correctement.

Stimulation de la mémoire procédurale par ritualisation de l’activité : ustensiles toujours placés au même endroit dans la salle de bain, suppression des objets inutiles, étapes réalisées systématiquement dans le même ordre.

Après intervention : Meilleure autonomie qu’avant les séances.

La présence d’une tierce personne est cependant nécessaire pour déclencher la prise d’initiative. Pour ce faire : instauration d’une aide à domicile. Une auxiliaire de vie intervient en relais des séances réalisées et continue le travail amorcé.

2.3.3.5.4. Commentaires

L’atteinte des fonctions exécutives est responsable d’une part essentielle de la perte progressive des capacités à gérer correctement tout ou partie des AVQ.

Le travail rééducatif sollicitant la mémoire procédurale est fondamental pour réapprendre et automatiser certaines habiletés familières perdues.

A nouveau, certains facteurs (symptômes psycho-comportementaux ou attitudes) déjà évoqués aux chapitres précédents rendent d’autant plus difficile la réussite de la prise en charge :

- pour le patient : apathie, affects dépressifs, absence de plaisir et sentiment d’échec ; - pour l’aidant principal : manque de coopération, refus des activités proposées.

148