Plan du Chapitre
Introduction… ... 163
I. Mise en contexte de la création de l’entreprise E. Raoul Duval et Cie
SA…………. ... ..164 II. Famille Raoul Duval et établissement de l’affaire familiale ... 165
III. Développement et évolution de la Maison Raoul Duval ... 168
3.1. Une parallèle trajectoire de l’essor du commerce maritime et de l’évolution de la maison Raoul Duval ... 168
3.1.1. La Maison Foerster ... 169 3.2. Expansion et spécialisation ... 176
3.2.1. Une spécialisation dans le négoce du rhum : La Société Industrielle et Agricole de Pointe à Pitre (SIAPP) ... 178 3.2.2. L’ ’implantation en Extrême Orient et la création de la Société Havraise Indochinoise (SHIC) ... 180 3.2.3. La spécialisation dans le café : la Société Havraise Africaine (SHAC)…..
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3.3. La vague de diversification ... 203 3.4. Vers une spécialisation dans l’industrie des extraits végétaux ... 208 Conclusion… ... 214
Stories are never complete, in and of themselves. Stories are told in a particular context, to particular listeners, by a particular storyteller, for particular purposes (Gartner, 2007, p.614).
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Introduction
La démarche méthodologique qualitative suivie repose sur une première étude de cas générateur suivie par une étude de cas confirmatoires. Dans ce chapitre, nous nous intéressons à l’entreprise Raoul Duval, notre cas générateur.
L’étude de cette entreprise depuis sa création à nos jours, suit une logique d’épisodes, relatant chacun une période ayant marquée l’évolution de l’entreprise. De la création à l’évolution passant par les crises et les pressions internes et externes à l’entreprise, nous étudions la trajectoire que l’entreprise avait adoptée tout au long de ses 189 d’existence.
Dans un premier temps, nous nous intéressons à une approche globale du contexte de la création de l’entreprise. Nous survolons ainsi brièvement les conditions conjoncturelles qui ont amené Fréderic Foerster à créer l’entreprise comme tant d’autres négociants de l’époque (I). A partir de la deuxième section, nous nous penchons sur le niveau de l’entreprise et de la famille. Etant donné que les entreprises familiales sont intimement liées à l’histoire et la culture de la famille, nous nous attardons sur la famille et ses membres ainsi qu’aux conditions de création de l’entreprise (II). La troisième section portera sur le développement de l’entreprise et les épisodes qui ont marqué son évolution (III). La maison Raoul Duval, initialement Maison Foerster, s’est spécialisée dans le négoce des produits tropicaux et l’armement à voile (3.1.). Son évolution est restée liée à l’évolution du commerce maritime comme beaucoup d’entreprises de la ville duHavre. C’est pour cette raison que nous nous sommes intéressées à certaines de ces maisons de négoce telles que, la Maison Ancel et la maison Interocéanique41.
Avec l’arrivée de la troisième génération de l’entreprise, la première de la famille Raoul Duval, l’entreprise a changé sa raison sociale pour devenir depuis la Maison Raoul Duval, mais aussi a connu une évolution significative quant à ses activités et son métier (3.4). Cette évolution s’est traduite par une spécialisation dans le négoce du rhum (3.4.1), une implantation en Extrême Orient (3.4.2) ainsi qu’en Afrique (3.4.3). La cinquième génération, représentée dans le tandem dirigeant composé des cousins Hubert et Gilbert Raoul Duval, a réussi à assurer la continuité de l’entreprise familiale malgré les crises par lesquelles elle a dû passer, particulièrement dans les années 1960 et 1970, qui a été traduite par une vague de diversification à cette époque (3.5). Après l’arrivée de deux dirigeants à la tête de l’entreprise n’appartenant pas à la famille, François Raoul Duval a décidé de réorienter l’activité et le métier de
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l’entreprise, d’une logique commerciale à une logique industrielle, ainsi l’entreprise s’est spécialisée dans l’industrie des extraits végétaux (3.6).
I. Mise en contexte de la création de l’entreprise E. Raoul Duval et Cie SA.
Depuis sa création, la maison Raoul-Duval s’est spécialisée dans le métier de négoce et du commerce des produits tropicaux. La création et le développement de cette maison sont fortement liés à l’essor et l’évolution de la ville et du port du Havre et du commerce colonial ainsi que les pays vers lesquels ou avec lesquels elle traitait.
L’histoire de la ville du Havre42 et de son poumon économique et commercial, le port, commence à partir du XVIème siècle et ce en répondant à des nécessités militaires et royales de l’époque. Peu après sa création, en 1517, le port du Havre commerce aussi bien avec l’Amérique et les Caraïbes que les côtes africaines. L’ouverture du commerce atlantique et franco-africain, avec la fin des guerres louis-quatorziennes, a permis l’établissement de plusieurs dynasties marchandes normandes. Après une spécialisation dans la pêche morutière et baleinière pendant le XVIème et le XVIIème siècle, le port du Havre a su attirer un afflux de négociants, à partir du XIXème siècle, aussi bien français qu’étrangers. Avec la politique de Colbert (dans le XVIIème siècle) – travaux de port, régularisation du régime des entrepôts, activités de Compagnies des Indes Occidentales des Indes Orientales –Le Havre a renforcé l’établissement d’une puissance française en outre-mer et multiplié les échanges maritimes assurés par les nouveaux négociants de la ville. Ces « horsains » ont fortement contribué à l’essor et le développement du commerce maritime et à l’explosion démographique de la ville. Ainsi, au début du XIXème siècle, la population de la ville du Havre comptait un peu moins de 20.000 habitants pour atteindre au milieu des années 1850 plus de 64.000 habitants et au début du XXème siècle explose pour atteindre plus de 130.000 habitants43.
Le Havre – qui était, à la fin du XIXème siècle, deuxième port français et huitième mondial – s’est spécialise dans les importations des produits tropicaux, mais aussi la traite négrière, et s’est doté depuis le XIXèmesiècle d’entrepôts permettant de stocker et d’exporter par la suite les denrées apportées, café, cacao, coton, sucre et rhums, ajoutant à cela les bois exotiques, en sont des produits phares.
Le Havre, ville cosmopolite à cette époque, regroupait des négociants venus de toutes origines confondues, des anglais (les Latham, Barlow, Bowers, Davidson…), des suisses (les
42L’histoire de la ville et du port du Havre ainsi est issue du croisement des études faites par Claude Malon (2009), Le Havre Colonial et Jean Pierre Chaline (2009), Les Dynasties Normandes.
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Monod, Du Pasquier,…), des français (les Siegfried, Rothschild, Pourtales, Delesser…) et des allemands (Von Essen, Benhardt, Foerster…). La majorité des descendants de ces familles seront plus tard les dirigeants des grandes maisons de négoce établies au Havre. C’est ainsi dans ce contexte que le fondateur de la maison Foerster s’établit au Havre dans les années 1820, et devient par la suite la maison Raoul-Duval.
II. Famille Raoul Duval et établissement de l’affaire familiale
Le Havre, ville prometteuse et propice aux affaires de commerce maritime, c’est là que Fréderic Guillaume Foerster44 s’établit en 1826. Venu comme beaucoup d’autres européens pour tenter sa chance et profiter du commerce maritime qui a connu un développement grâce aux découvertes techniques et le retour de la paix en Europe. Pour Hubert Raoul Duval, cinquième génération de cette dynastie familiale, le père fondateur de la boite serait allemand :
« En réalité, il s’appelait Friedrich Willems, il était né à Mayence, mais j’ai
entendu la génération de mon père, celle qui a fait la guerre de 1914, dire que ce grand père était rhénan et non pas allemand, et qu’il était né à
Mayence lorsque Mayence était chef-lieu de département45. C’est vrai, mais
enfin il était bel et bien allemand46. » (Hubert Raoul Duval (1987), in Malon, 2006).
Ainsi, Frédéric Guillaume Foerster s’installe dans la rue des Viviers, dans le quartier de Notre Dame, où il crée le 1erjanvier 1826 son affaire de commission d’achat et de vente. Dans la circulaire de création, présente dans les archives de la maison Raoul Duval, Frédéric Guillaume Foerster atteste qu’il assume seul la responsabilité de ses affaires et donne comme garantie ses longues années d’expérience, un capital suffisant et la motivation (Annexe 5).
« … J’ai l’honneur de vous prévenir qu’à compter de ce jour, je m’établis sur
cette Place, pour y suivre les affaires sous mon nom seul. Je m’occuperai uniquement de la commission d’achat et de vente. Plusieurs années d’expérience, un capital suffisant et beaucoup de zèle, sont les garanties que
je présente à la confiance… ». Frédéric Guillaume Foerster, (1er janvier, 1826).
44 « L’entreprise a été fondée en 1826 après la révolution napoléonienne. Les Rhénans n’ont voulu être dirigés par
les prussiens et sont donc partis vers les Amériques. Ils se sont arrêtés au Havre tout comme la famille Rufenacht, la Famille Foerster pour faire du négoce des produits tropicaux ». (Jean Braud, ancien cadre du groupe Raoul Duval, comptable, et secrétaire général sous Hubert Raoul Duval), 2009
45 Mont-Tonnerre, ancien département français
46 Hubert Raoul Duval, Négoce International et Places Maritimes, Les Conférences du CIRTAI, Université du Havre, 30 novembre 1987, Claude Malon (2009)
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Depuis sa création, et comme plusieurs maisons de la Place, l’activité était principalement le négoce des produits tropicaux et l’armement à voile. Café, coton, cacao, sucre, rhum, gomme arabique, peaux de serpent… tous ces produits, ou une grande partie, figuraient, jusqu’au milieu du XXème siècle, dans les inventaires des produits traités par la maison.
« Nous faisons depuis l’origine, du négoce de produits tropicaux, on disait
autrefois des produits coloniaux. Ces produits ont totalement changé. Si nous
traitons jadis une centaine, nous n’en faisons plus qu’une quinzaine….
Certains ont complètement disparu comme les gommes arabiques ou les
peaux de serpents, voire les peaux de bœufs. Nous sommes plus concentrés aujourd’hui sur le café, le cacao et un certain nombre de produits divers47. » (Hubert Raoul Duval, (1987), in Malon, 2006)
Deux ans après sa création, le siège de l’entreprise change pour devenir, de 1828 à 1831, rue de la Communauté, puis jusqu’en 1887 rue de la Halle, toujours au Havre. Pendant cette période, et plus précisément en 1863, Frédéric Foerster, le fils, reprend les affaires et s’installe dans des bâtiments qu’il construit à la Place de la sous-préfecture, qui devient après Place Léon Meyer, et devient depuis le siège de la maison Raoul Duval. Tout au long de cette période, Frédéric Foerster continue sur les pas de son père et développe l’activité et l’étend géographiquement. Ainsi, d’un seul bateau à voile «Le Valentine », la maison Foerster acquiert, en 1877, 8 autres bateaux à voile 48: « Le Jacmel », « Le Marianne », « Le Marie Collet », « l’Avenir », « Le Henry Sempé », « Le Jolie », « Le Louis Collet » et « Le Verena Collet ».
N’ayant pas d’enfant, Frédéric Foerster cède l’affaire, qu’il a héritée de son père, à son neveu Edmond Raoul Duval, en 1889. Depuis cette date, la maison Foerster rentre dans le giron de la famille Raoul Duval et s’inscrit durablement dans le paysage économique de la ville du Havre. Famille d’origine picarde, les Duval, catholiques à l’origine, de tradition ancrée dans le métier juridique, comptant aux XVIIème et XVIIIème siècles des notaires, procureurs, magistrats, se font appelés Raoul Duval, depuis un décret de 1889. C’est à partir de Charles Edmond Raoul Duval (né le 6 mars 1807 à Amiens et décédé le 11 mars 1893 à Paris), grand père d’Edmond Raoul Duval, que la famille change de nom. Procureur général puis président de la Cour d’appel de Bordeaux, sénateur de la Gironde, Charles Edmond Raoul Duval épouse la fille de
47 Hubert Raoul Duval, Négoce International et Places Maritimes, Les Conférences du CIRTAI, Université du Havre, 30 novembre 1987, Claude Malon (2009)
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l’économiste Jean Baptiste Say, Octavie (dite Fanny) Say (née en 1804 et décédée en 1865) en 183049, avec qui il aura quatre fils : Roger, Charles, Fernand et Edgar50. Même si ce dernier, Edgar Raoul Duval, ait épousé la fille de Frédéric Guillaume Foerster, il continu à perpétuer les traditions juridiques de la famille. Magistrat et notamment avocat général à Angers, Bordeaux et Rouen, il sera élu, après la chute de l’Empire, représentant du département à l’Assemblée Nationale en 1871 et après député de l’Eure51. Ce grand orateur ami des grands penseurs et écrivains qu’il recevait dans son Château du Vaudreuil, tels que Alexandre Dumas, Ivan Tourguinieff, Jules Vernes, Hetzel, le ministre Victor Duruy et Gustave Flaubert52, devient un emblème et est le précurseur de la droite républicaine53.
C’est le fils d’Edgar Raoul Duval et Catherine Foerster, Edmond Raoul Duval (né en 1862 et décédé en 1932), qui reprend l’affaire crée par son grand-père, Frédéric Guillaume Foerster. Epousant lui aussi la fille d’un grand négociant bordelais, Nathaniel Johnston, et député de la Gironde en 1869, Valentine Johnston, il eut cinq enfants : Edouard, Edgar, Jean, Nicolas et Philippe. L’ainé, Edouard, Lieutenant de Cavalerie, décédé à l’âge de 24 ans,
49 Le mariage de Charles Edmond Raoul Duval et Octavie (dite Fanny) Say, a rencontré certaines difficultés dues aux différences religieuses et financières des familles Duval et Say. Les Say étaient une famille protestante alors que la famille Duval (Raoul Duval) était catholique. Dans « Les Say et leurs alliances », Valynseele relate les circonstances de ce mariage (p.57) :« L’alliance d’Octavie Say et Charles Edmond-Raoul Duval fut un mariage d’amour. Les circonstances de celle-ci, même, n’avaient pas été dépourvues d’un certain romanesque. Autour de ses quinze ans, Charles Edmond Raoul Duval fut envoyé poursuivre ses études dans une institution parisienne. L’éminent naturaliste, second mari d’Alphonsine Delaroche –veuve en premières noces d’Horace Sau, frère de Jean Baptiste Say– chez qui Louis Say, autre frère de Jean Baptiste, avait connu sa femme, était destinée décidément à jouer les marieurs involontaires. Constant Duméril, alors directeur du Jardin des plantes, se trouvait être l’oncle à la mode de Bretagne du jeune homme. Né à Amiens, il avait pour mère Rosalie Duval : celle-ci était la sœur de grand père de Charles Edmond Raoul Duval. Le savant successeur de Cuvier accepta d’être le correspondant du jeune étudiant : il le reçut les jours de sortie, le jeudi et le dimanche. Comme toute la famille Say, Octavie était familière du foyer des Duméril. Quelque jour, Charles Edmond Raoul la rencontra, Ils se revirent. Ils se plurent. Bientôt, les deux jeunes gens filèrent le parfait amour sous les ombrages du Jardin des plantes. En dépit de ses dix-neuf ans tout justes atteint, Charles Edmond Raoul écrivit à son père pour lui faire part de son intention d’épouser Mlle Say. Le conseiller à la cours d’Amiens pris assez mal la chose. Son fils était bien trop jeune : il n’avait pas d’état. Surtout le père de la demoiselle, Jean Baptiste Say, pour célèbre qu’il fut, ne possédait pratiquement aucune fortune, alors que les Duval avaient passablement de bien. Et puis, les Say étaient protestants et les Duval catholiques. L’amour fut le plus fort. Après quatre ans de lutte, Charles Edmond Raoul Duval épousa Octavie Say, et qui plus est devant un pasteur protestant : M. Juillerat, un parent des Say, le même qui, deux années plus tard, devait célébrer les obsèques du grand économiste. Les Duval, à la suite de ce mariage, devinrent protestants : Charles Edmond Raoul demeura lui-même catholique jusqu’à la fin de sa vie, mais ses enfants furent élevés dans la religion de leur mère. » (p.57-59)
50Descendance d’Edgar Raoul Duval (voir annexe 4), source Valynseele (1971)
51 Biographie d’Edgar Raoul Duval, Assemblée Nationale, Base de données des députés français depuis 1887. Voir biographie d’Edgard Raoul Duval (Annexe 9)
52 Edgard Raoul Duval fait l’acquisition du Château de Vaudreuil en 1847, que son petit-fils portant le même prénom, Edgard, fait démolir en 1942. Conférence Château Royal du Vaudreuil, 14 septembre 2012
53 Pour aller plus loin : El Gammal, 1890, « Un pré-ralliement : Raoul Duval et la droite républicaine, 1885-1887 »,
Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, vol.29, pp. 599-621.
Boudinier et Cornu, 1999, « Un précurseur de la « droite républicaine » : Edgard Raoul Duval (1832-1887) »,
Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, n°46-4, pp. 680-712. Flaubert, 1950, Lettres inédites à Raoul Duval, Ed. Albin Michel
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Nicolas, pasteur, et Philippe, médecin, ne participent pas, ou pas directement, à la gestion de l’affaire familiale. C’est Edgar (né en 1892 et décédé en 1968) et son frère Jean (1894 – 1978) qui intègrent et reprennent par la suite la maison Raoul Duval en 1930. Ce sont les fils de Nicolas et Jean Raoul Duval, respectivement Hubert et Gilbert, qui assurent, à la cinquième génération, après la seconde guerre, l’affaire familiale. Hubert Raoul Duval devient aussi président de la Chambre de Commerce de Havre et du Port Autonome du Havre (PAH). Après deux directeurs, n’appartenant pas à la famille Raoul Duval, mais liés historiquement par les affaires, Maurice Westphalen-Lemaitre et Patrick Masson, vient la sixième génération de la famille Raoul Duval. Ainsi, à partir 2006 et jusqu’à nos jours, François Raoul Duval, fils d’Hubert Raoul Duval, assure la direction de la maison familiale.
III. Développement et évolution de la Maison Raoul Duval
Tout au long de son existence, la maison Raoul Duval a connu des périodes remarquables et d’autres moins glorieuses. Nous nous intéressons, dans ce qui suit, à ces moments qui ont marqué l’histoire de l’entreprise, les circonstances, les facteurs et les décisions prises tout au long de son évolution.
3.1. Une parallèle trajectoire de l’essor du commerce maritime et de l’évolution de la maison Raoul Duval
Depuis sa création, la maison Raoul Duval est considérée comme entreprise multi produits, qui traite plus d’une centaine de produits tropicaux nécessitant des compétences diverses. Malon (2009) définit et classe les maisons havraises de commerce selon leur degré de poly ou mono valence. Ainsi, une dichotomie apparait, spécialisation vs polyvalence. La spécialisation, ou appelée autrement la polyvalence rationnalisée, est souvent caractérisée par l’exclusivité de traitement de produit souvent unique par l’entreprise. En ce sens, l’entreprise spécialisée serait en mesure d’acheter et de vendre un bouquet de produit nécessitant un ensemble de compétences particulières, c’est-à-dire, l’entreprise peut faire du négoce de café et de cacao, ou du thé et poivre, du rhum et de tafia avec le sucre, du riz avec les maïs et graines oléagineuses… . Quant aux entreprises polyvalentes, elles peuvent bien faire du négoce de tous les produits citées au même temps, nécessitant des compétences éloignées pour chaque produit traité. La maison Raoul Duval comme certaines de la Place, pourrait être ainsi qualifiée de polyvalente, en traitant une centaine de produits dans les quatre coins du monde, mais qui se réduisaient au fur et à mesure en fonction de la conjoncture politique et économique du marché.
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3.1.1. La Maison Foerster
L’opportunité qu’offre le port du Havre, à l’époque de la création de l’entreprise, a permis à cette dernière d’avoir des échanges avec différents pays et ramener des produits tant recherchés en France qu’en Europe ou encore méconnus du grand public. Frédéric Guillaume Foerster, ainsi que son fils, ont pu commercer avec les Etats Unis, Le Brésil, la Guadeloupe, Costa Rica, Haïti, Amérique du Sud…, en ramenant du pétrole américain ainsi que des cuirs, du café, cacao, rhum, peaux de buffle, de serpent, de crocodile, de cerf, clou de girofle, la cardamone…. L’entreprise est ainsi en constant lien avec les Caraïbes et les mers du sud et en ramène ses produits sur les bateaux à voile qu’elle possédait. Avec la période coloniale, les affaires de la maison se sont de plus en plus accrues. Des chargements et des échanges provenant de l’Afrique, de l’Indochine et du Madagascar ont ainsi vu le jour.
Même si les documents et les archives que nous avons consultés, inexistants ou manuscrits et illisibles, ne nous permettent pas de décrire précisément l’activité depuis la création. Nous