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Depuis la délibération du Conseil général de la Gironde, dont nous venons de donner uu compte-rendu, la Chambre syndicale du commerce en gros <les ,·ins et spiritueux. de la Gironde a

a.dres~é au Ministre <ln commerce une loug11e lcllrc pour proles-ler conlre ceux tirs ,·œux. du Cnul>eil général qui tendent c\ ohleniL' l'augmentaliu11 des droits sur les vins ex0Uq11es et la suppression des enlrepûls spéciaux.

Celle lellre dil en substance qu'il est chimérique de demander une nouvelle augmenlulion des ùroils de douane, puis 1ue les pre-miers n'ont pas donné les résullals cherchés.

Q11e l'importalion drs vins étrangers n'a jamais nui à la viticul-ture : « Jamais les pl'Opriétaires n'ont mieux veudu leurs récoltes qu'à l'époque oü on impol'lait en France des qnanliLés considéra-bles de vins d'Italie, de Dalmatie, <le P1J1 tuga.11 d'Espagne, elc. »

Les signataires de la. lellre affirment que ces derniers vins soot indispensables pour nos exportations : « Sans eux les ,•ins français ordinaires seraient impropres h ces expéditions''·

Les importations élan l en diminulioo, pOUl'f{UOÎ donc les Yi as français ae se Ycndent-ils pas? C'eRl à cause, affirment-ils, de l'abon-dance de la production, à cause de la surproduction el à cause de la diminution des exportations, dLte à la concunence étrangère snr les marchés extérieurs.

De là, selon eu:x, la nécessité de créer ùcs enlrepôts spécinux.

dans lesq11els on pollrra. recevoir Jes yins étrangers en franchise de droils, à condilion de les réexporter a\'CC une acidilion d'une moyenne de 50 0/0 de Yins français.

Ces mélanges se fout déjù, dil la lellre, dans les entrepôts réels, pourquoi ne pas les autoriser ùans les entrepôts spéciaux, où ils seront restreints à 50 0/0 '?

Suivent ensuite quelques considéralions, élrangèrcs au fond de

]a question, sur les engagements pris envers des acheteurs élran·

gars, sur le vœu de la Société d'ag1·icull11re de la Gironde, sur l'intérêt commun des vilicullcu1·s et des exportateurs, sur le nom-bre d'habitants que représentent les conseillers généraux qui ont volé le vœu demandant la suppression des entrepôts spéciaux, elc.

La lellre de la Chambre syndicale est, en somme, uo long plai-doyer en fnxem· des entrepôts spéciaux.

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-Le véritable molif qui a fait demander la création de ces élablis-Remcnls esL l'impossibililé de yendre à l'étranger des vins communs à aussi bas prix que l'Italie el l'E~pagne, sans employer des vins de ces pays.

L'argument para Il jusle; mais ne savons-nous pas que poursuivre la lutte sur les marchés extérieurs avec )es vins à lrès bas pril(

c'est poursuivre une chimère, rnainlenanl que l'Italie, l'Espagne, el l'Amérique même en produisent ùe grandes quanlilés?

La Térilable raison d'êlre du commerce de Bordeaux, c'est d'expédier du vin de Bordeaux aussi pur que possible.

Que les vins communs aient besoin d'êlre remontés, nous l'admellons, quoique beaucoup <le vins communs puissent êlre exporlés sans additions, mais il n'est pas possiule qu'on ail besoin, pour le degré à obtenir, de 50 0/0 de ''ins exotiques. On exporte

<lepuis 1871 à. Costa-Rica, sans aucun inconvénient, <les î'ius de

~fourens purs, à 9 degrés.

C'est donc, comme nous le disions à l'instant, une queslion de prix de revient qui prime tout; mais le bas prix de revient tant cherché ne peul être obtenu qu'au déLriment de la qualilé el cela entraine petit à petit la ruioe du commerce d'exportation.

Le has prix, qnoi qu'on en dise, n'est pas ce que Je consomma-teur, même le consommateur élranger, cherclie exclusivemenl.

(l! y a longtemps que la France n'aurait plus d'exporlalions si elle ne pouvait luller que par le bon marché). Le consommateur veul aussi la qualité el il la cherche lorsqu'il esl certain de la trouver.

Que le commerce Lorùelais s'ingénie à lui donner celle cerlilucle el il verra renailre ses affaires d'exportnlion, el, s'il dérnonlre que Ja lulle sur ce Lerrain ne lui est pas momenlanémenl possible, par su ile des halJi Ludes de la clientèle, nous serons les premiers à demander pour Lui des primes pour l'exportation.

El nous repoussons le::; enlrêpûls spéciaux, parce qu'ils ne ten-dent qu'à favoriser l'exporlalion de vins étrangers sous le nom de ''ins <le Bordt:aux el cela officiellement de manière à ruiner la.

répulnlion du commerce de celle ville.

Nous ne ,.oLdons pas des entrepûls spéciaux parce qu'ils offri-raieul encore une nouvelle occasion de commellre des fraudes.

11 imporle de s'eulendre sur ce point. La fraude ne se fera pas dn.ns renlrepûl spécial, mais on pourra conduire dans cel étaulisse-menl, en outre <les vins étrangers en franchise de drciils, d'uulres ''ins élrangcrs qui sortiront du chai d'un commerçanl quelconque comme vin français avec un

acquit-à-cantion

pris

au nom d'un

- JOl

-pr·oprie"tafre, lesquels vins auront été mouillés au préalable, grâce aussi à un acquit de propriétaù·e. Oo pourra anssi conduire dans l'entrepôt spécial des vins de raisins secs qui seront sorlis de la fabrique au moyen d·un congé à l'adresse d'un propriétait'e, pour tourner la loi GriITe, el qui enlreronl dans J'cnlrepôl spécial au moyen d'un acquit de propriétaire. Il entrera aussi dans cet enlrepût des mix.lures d'alcool, oLlenues en mouillant <le l'alcool en frau<le, grâce à des acquits de proJn'iétafres el expédiés à l'entrepôt tou-jours avec un acquit de }Jl'Opriétaire. Tout cela senira à fournir

les 50 0/0 tle vins français.

Ces produits, naturels ou non, petl\'enl, il est vrai, èlre mélangiis avec des vina naturels, mais la fraude n'en esl pas moins certaine et préjudiciable au commerce d'exporlalion et à la ,·iticullure.

Le commerce d'exportation ne consentirait certainement pas à prendre ces produits, en connaissance de cause, pour des vins français, mais d"habiles fraudeurs se chargeront de le faire pour lui. à son insu el à son détriment.

Ces fraudes se font aujourd'hui sur une vasle échelle à l'égard des négociants sérieux. - Elles se feront encore tout parliculièl'e·

ment ponr les entrepôts spéciaux.

La fraude par l'acquit, voilà Ja véritable source d'aLondance qui nous empêche de vendre les vins de la prop1·iélé, quoiqu'ils soient offerts maintenant à des prix inHaisemblables de hon marché.

Le mouillage est l'opération principale, essentielle <le Ja fraude:

le mouillage des vins d'imporlation et surloul le mouillage des alcools d'industrie obtenus en fraude des droils.

Et celle fraude a un moyen unique d'action: l'acquit-à-caution de complaisance, l'acquil fictif, l'acqnit frauduleux.

Que le commerce nous aide à demander la. répression de ces fraudes et nous serons très près de nous entendre.

Il serait triste que le commerce conliuuât à. dire que l'impor-lalion des vins exotiques n'a jamais nui à la viticulture francai~e

et que ce qui empêche la Yente des vins auj0tml'h11i. c'est l'uhou-dance de la. prod 11clion.

A l'époque des grandes imporlalions, la production française éla il bien affaiblie par les di verses maladies de la vigoe el notamment par le phylloxéra el le mildiou, la fabrication clandestine avec le coup de l'acquit était peu dé,·eloppée, les importations ne pouvaient ùonc pas gêner la venle de~ ''ins françai.::. Aujo11rd0h11i, 111 produclion est plus considérable, c'esl vrai, mais la fobricnlion claudestiue, le mouillage sous toutes ses formes ont augmenté aussi dans de plus

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-grandes proporlions, el les Yins d ïmporlalion joints à ceux de fabricalion, produisent l'avilii:sement el la mévenle des vins de la propriiilé.

Il fa11l rlonc ciue 1'11n de ce>i élément~ de gêne pour la viticulture el de décbP.ance pour le commerce soit supprimé - l'imporlalion ou la fahricalioo.

L&s commerçants el les \'Ïliculleurs ont iolérêl à supprimer celle-ci avant celle-ln. lis seronl tous d'accord sur ce point.

Ile: Ir sernnt nuc;;:;i c::ur la nPCP~silP. cie n'1woir pas recours nux vins

exoli1p1es pour l'exporln l ioo. q11nnd on ant'H rfiusc::i, p<tr des primes, à Abaisser les prix d., revient du commerce.