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Rubrique 8 : La gouvernance et l’évaluation

2.2 Enseignements issus des actions menées en région

Les régions, au travers des ARS en particulier, ont mené une diversité d’actions dans le domaine de la santé mentale et du suicide présentant des liens plus ou moins étroits avec le programme national d’actions.

Cinq ARS ont été auditionnées dans le cadre des travaux du CODEV : Guyane, Haute-Normandie, Limousin, Pays de la Loire et Rhône-Alpes, offrant un panel de points de vue diversifié sur la thématique du suicide et sa déclinaison en région. Le constat est fait par ces ARS de leur connaissance limitée du Programme, qui s’explique en partie par leur absence d’implication lors de sa phase d’élaboration.

La synthèse des actions régionales ci-dessous est alimentée en majorité par les échanges qui se sont tenus avec les ARS, complétés par des éléments recueillis auprès de la DGS sur la déclinaison région par région du Programme.

Les éléments dont dispose le CODEV lui permettent de formuler les observations suivantes :

Une retranscription du Programme en région ciblée sur quelques actions

Plutôt que de lister de manière exhaustive l’ensemble des actions déclinées en régions, le CODEV souhaite souligner les quelques actions les plus largement reprises en région. Ainsi, tant les éléments fournis par la DGS que les échanges directs avec les ARS font ressortir une appropriation importante des actions de formation (axe IV – actions 33 et 34 surtout). D’après le bilan réalisé par la DGS en date d’avril 2015, 20 ARS mettent en avant des actions de formation des professionnels, ciblant plusieurs publics (médecins, personnels en EHPAD, Éducation nationale, etc.). Les ARS auditionnées soulignent le caractère structurant de ces formations, au sens où elles impliquent un champ large d’acteurs et diffusent une « culture » commune autour de la question.

Cette dynamique de formation a notamment été permise par des démarches de partenariat, avec des acteurs tels que les réseaux de santé mentale, l’IREPS ou encore la MSA. Les cinq ARS auditionnées insistent effectivement sur leurs démarches de formation d’acteurs locaux, comme la déclinaison de l’axe 4 du Programme (les actions de formation étaient néanmoins antérieures au Programme dans de nombreuses régions).

En outre, les ARS mettent en place de façon quasi systématique des actions de prévention/sensibilisation (axe 4). Ces actions visent différents publics : les jeunes et les personnes âgées surtout (actions 10, 13, 17), et prennent notamment la forme d’un soutien aux dispositifs d’écoute. Néanmoins les actions mises en place par les régions dépassent le cadre de la mesure 2 du Programme « Améliorer, développer et faire connaître les dispositifs d’intervention à distance dédiés à la prévention du suicide et à la prévention/promotion de la santé mentale », l’écoute à distance n’étant pas le seul moyen d’écoute prisé par les ARS. Une dimension de renforcement des compétences psychosociales est fréquemment intégrée à ces actions de prévention, comme en ont témoigné les ARS auditionnées.

À l’inverse, certaines actions ont rencontré un écho très faible en région. Les données dont nous disposons indiquent par exemple qu’aucune ARS n’a ciblé d’actions sur la restriction d’accès aux moyens létaux (mesure 7 de l’axe 1). Le volet d’actions sur le milieu du travail a été peu retranscrit en régions (actions 37 et 38 notamment), de même que les actions entourant la communication sur internet (actions 18 à 20).

Au-delà de la retranscription thématique, il semblerait toutefois que les ARS aient plutôt utilisé le Programme pour donner de la visibilité à leurs actions et les renforcer. En effet, l’échantillon d’ARS auditionnées laisse penser que les actions conduites à l’échelle régionale sont antérieures au Programme, celui-ci n’étant donc pas déclencheur mais un appui symbolique à des actions préexistantes. Donner de la visibilité aux actions permet aux ARS de s’adresser à davantage d’acteurs, afin d’élargir le nombre des parties prenantes. Dans la région Haute-Normandie par

exemple, le COPIL régional « suicide » a pu être élargi en 2012, permettant de mener des actions plus ambitieuses.

Une évolution des publics ciblés par les actions régionales « en miroir » du Programme Les publics ciblés par les actions en matière de suicide ont évolué depuis 2011, plusieurs régions faisant évoluer leur ciblage « en miroir » du Programme. Certaines régions ont néanmoins porté leur attention sur des publics spécifiques, évoqués ou non dans le Programme (les médecins en difficulté dans leur exercice professionnel en régions Midi-Pyrénées ou Basse-Normandie par exemple, les jeunes homosexuels en région Rhône-Alpes,…).

Plusieurs attentes exprimées par les ARS envers un tel Programme

Les échanges menés avec les ARS ainsi que les données régionales transmises par la DGS mettent en lumière plusieurs attentes des ARS dans le traitement de la thématique du suicide.

Un programme comme vecteur de communication et de mise en réseau

Plusieurs ARS auditionnées voient dans le programme une opportunité de faciliter la communication, à plusieurs niveaux. Tout d’abord, le Programme doit faciliter la dimension interministérielle, en mettant en cohérence l’action de plusieurs ministères. Il doit également impulser une dynamique de partage entre les régions, afin d’échanger sur les bonnes pratiques ou interventions efficaces en matière de suicide. Selon la proposition d’une ARS, ce partage pourrait prendre la forme d’une rencontre annuelle des référents « Suicide », sous l’égide de la DGS, afin de communiquer sur les projets menés.

Le Programme doit aussi être vecteur de communication entre les ARS et les acteurs de terrain, au travers de partenariats et de mises en réseau. Mobiliser davantage d’acteurs leur permet en effet de mieux s’identifier entre eux, et de construire un tissu territorial plus dense.

Un Programme national comme impulsion de stratégies communes, plutôt que d’actions définies Plutôt que d’être constitué d’une longue liste d’actions précises, à répliquer ou non à l’échelon régional, certaines ARS considèrent qu’il serait plus pertinent que le Programme vise à identifier et à diffuser des stratégies d’intervention efficaces au niveau global, en laissant la responsabilité aux ARS ensuite de les décliner à leur manière. Cela permettrait de guider et d’encadrer les politiques régionales, sans disperser l’effort des ARS.

Un Programme qui doit s’appuyer sur des démarches d’évaluation de ses actions et sur des moyens suffisants

Le besoin d’évaluer les actions mises en place semble important pour plusieurs ARS.

L’exemple est pris notamment des dispositifs d’écoute à distance, dont la démarche d’évaluation a été abandonnée. De même, des démarches d’évaluation des pratiques professionnelles pourraient être développées selon certaines ARS.

De plus, en identifiant des acteurs de terrain pouvant porter des actions spécifiques, la question se posera du renforcement de ces acteurs (associatifs notamment) et de la nécessité de pérenniser davantage leurs financements.

Sur le plan thématique, les ARS soulignent plusieurs thématiques à développer ou à poursuivre dans un futur programme ou plus globalement une future politique. Par exemple, les formations sont mentionnées à plusieurs reprises comme devant être poursuivies et étendues, l’importance du ciblage de certains publics est rappelée (jeunes et personnes âgées notamment), le recontact des suicidants est promu également.

En conclusion, les lignes fortes des échanges avec les ARS font apparaître une appropriation

actions du Programme ne favorisant pas le ciblage des efforts. L’utilisation du Programme par certaines ARS à des fins de visibilité plus que d’inspiration semble donc illustrer le fait que les ARS privilégient les initiatives locales aux propositions nationales, telles qu’elles sont formulées dans le Programme. De cela découlent plusieurs attentes des ARS envers le Programme, dont celles du développement de la mise en réseau ou du besoin de moyens dédiés plus conséquents, dans le but de partager les pratiques développées en région.