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Association créée par des étudiants en 2011, Les Z’enjoués* s’est développé au gré des expé- riences et des rencontres. Été 2010, deux étudiantes en DUT Carrières sociales réalisent un stage d’observation participative au sein de l’ONG SOS Villages d’enfants à Abomey Calavi, au Bénin. Elles souhaitent mettre en place des animations pour les enfants, mais leur idée ne peut se réaliser. Elles rencontrent alors un jeune Béninois, ancien pensionnaire de l’ONG, devenu autonome et animateur, partageant les mêmes points de vue et les mêmes volontés : l’association Les Z’enjoués naît en 2011. Elle réunit huit membres en France. Dans son sillage, Les Z’enjoués Bénin est créé. L’idée principale est de réaliser un centre de vacances pour les enfants d’Abomey Calavi issus de milieux défavorisés qui ne peuvent bénéficier d’activités de loisirs. L’espace éducatif sera animé par une équipe franco-béninoise, partageant les valeurs que sont les droits de l’enfant, l’accès à l’éducation formelle et non formelle (incluant les jeux et les loisirs), l’interculturalité, comprise comme une complémentarité.

Après sa création, l’association accueille de nouveaux membres, à la fois acteurs du développe- ment de l’organisation et participant aux différentes activités. Les Z’enjoués fait partie du réseau Étudiants et Développement**, réseau national regroupant des associations étudiantes menant des actions de solidarité internationale.

Uniquement gérés par des bénévoles étudiants, Les Z’enjoués doit composer avec les difficultés d’un engagement pérenne en raison des changements de vie professionnelle, personnelle, propres aux étudiants et aux jeunes adultes.

* http://leszenjoues.blog4ever.com/ ** etudiantsetdeveloppement.org

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Dans la même dynamique, Les Z’enjoués intervient auprès de lycéens. À partir d’une pré- sentation d’un projet de solidarité internationale, il s’agit de susciter une réflexion sur la solidarité internationale. L’association anime également des ateliers dans des écoles pri- maires. Les enfants sont amenés à s’exprimer à partir de supports photographiques mettant en scène des situations dans des pays dits en développement. Les remarques et questions des enfants sont alors l’occasion d’échanges interactifs avec les animateurs pour sensibiliser aux questions de la solidarité internationale.

Enfin, grâce à un partenariat avec la Ligue de l’enseignement12, l’association mène des ac-

tions de sensibilisation à la solidarité internationale lors de stages BAFA.

Fin 2014, grâce à leur participation au sein du réseau Étudiants et Développement, des membres de l’association participent à des rencontres au Maroc avec différentes associa- tions agissant dans le champ de l’éducation et de l’animation sociale. Ces rencontres déca- lent l’action franco-béninoise et font entrer l’association dans une vision de la solidarité et de la citoyenneté plus globale.

Le chemin poursuivi en cinq ans va de l’action concrète à la citoyenneté active et globale, de l’animation à l’éducation à la solidarité internationale par des méthodologies de forma- tion, d’accompagnement et la création d’un réseau de volontaires engagés.

Une pédagogie d’accompagnement des volontaires basée sur l’action collective

Depuis 2004, Échanges et Partenariat (E&P) a développé une méthodologie centrée sur la valorisation des engagements en amont, pendant et au retour du volontariat, mais qui porte moins sur l’expérience vécue que sur l’action collective à laquelle le volontaire a parti- cipé. Avant le départ des volontaires, E&P organise une session de préparation de quatre semaines mêlant des interventions thématiques, des ateliers plus techniques et une phase d’immersion. L’accompagnement est assuré par des membres de l’association, anciens volontaires ou partenaires. Les membres de réseaux proches interviennent également dans ces temps de préparation.

Les interventions thématiques permettent de placer les actions dans un contexte spécifique et de susciter le débat. Par exemple, en 2015, des intervenants de la confédération paysanne et de No vox, notamment, ont animé une réflexion sur la précarité au travail : travailleurs migrants, saisonniers, travail informel, travail domestique, esclavage moderne. Un autre moment a été consacré à la question foncière : accaparement des terres, droit au logement, spéculation, extractivisme13, disparition de la petite paysannerie. Enfin, une matinée sur « Que répondre

socialement et idéologiquement à la montée de la droite et de l’extrême droite en France ? » boucle un espace de renforcement des capacités politiques et de réflexions contextuelles. Les ateliers techniques sont de nature à faire comprendre et créer une démarche de projet pour ensuite pouvoir co-construire la mission avec des partenaires européens ou de pays dits du Sud. Durant ces ateliers, les futurs volontaires sont formés à l’écriture d’articles et à la création de blogs. En effet, rendre visible et communiquer sur la mission fait partie du projet de E&P dans la mesure où les volontaires sont considérés comme des passeurs d’informations sur les luttes sociales. Durant leurs missions, les volontaires sont ainsi invités à rédiger des articles sur un site internet dédié14.

12. laligue.org

13. Le terme d’extractivisme est utilisé pour désigner l’accélération des activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle. Source internet wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Extractivisme

Enfin, une phase d’immersion, c’est-à-dire de prise de contact avec les partenaires d’ac- cueil, constitue un élément clé de la préparation et de la formation au départ. Il s’agit d’affiner les cadres de la mission entre les partenaires d’accueil et les volontaires pour que ces derniers ne soient pas dans un processus de consommation répondant à une fiche de mission. Celle-ci doit être discutée, négociée pour que l’action soit légitimée auprès du partenaire et pour qu’elle soit vécue conjointement avec la détermination des objectifs à atteindre et des actions à mettre en œuvre.

À la fin de la mission, E&P organise une session de trois semaines permettant de travailler sur l’expérience des volontaires mais surtout de capitaliser les actions réalisées. Cette session est l’occasion de réaliser un travail à la fois collectif et individuel. Si la forme écrite est pri- vilégiée, la vidéo ou la photographie sont également des supports que les volontaires peu- vent mobiliser. Pour réaliser ce travail, les volontaires sont aidés par des dessinateurs ou des graphistes. À l’issue de ces trois semaines, différents supports de restitution sont réalisés par les volontaires : la revue Vue d’Europe et d’ailleurs, des carnets de route, des expositions de photographies, des panneaux d’exposition ou encore des clips. Ces supports sont présentés lors d’une soirée où sont conviés tous les membres du réseau IPAM.