4 ENJEUX POUR L’EVALUATION DE LA PERFORMANCE EN GESTION DU DEVELOPPEMENT
4.4 Enjeux de la gestion du développement durable pour les PME 61
Les études sur l’intégration et l’opérationnalisation en GDDE dans les PME restent encore aujourd’hui trop peu nombreuses en dépit du fait que celles-‐ci sont à la fois concernées par les problématiques RSE et de plus en plus impliquées dans des démarches responsables. Les démarches en RSE/DD développées jusqu’à maintenant sont principalement orientées à l’intention des grandes entreprises. Frimousse et Marchesnay déclarent qu’il :
« est nécessaire d’adapter la démarche de la RSE aux petites entreprises (PE) et à leur dirigeant, car elles adoptent souvent des pratiques socialement responsables au quotidien sans leur apposer l’étiquette RSE et sans les médiatiser » (Frimousse et Marchesnay, 2010, p.238).
Il en ressort une grande nécessité de développer des outils spécifiques destinés aux PME. À propos des PME, Imbs et Ramboarison-‐Lalao mentionnent que la RSE s’y retrouve sous de multiples formes telles que l’implication dans les communautés locales, l’amélioration du bien-‐être du personnel ou de la sécurité au travail (Imbs et Ramboarison-‐Lalao, 2013). Dû à sa taille et sa
structure organisationnelle différentes des grandes entreprises, les PME ont des particularités dont il faut tenir compte. Le mode de prise de décision, par exemple, est beaucoup plus personnalisé et entraîne souvent une concentration des responsabilités sur une seule personne qui peut se retrouver surchargée. La question fondamentale de l’arbitrage des attentes entre actionnaires et PP n’est pas formulable dans les mêmes termes que pour la grande entreprise. Les spécificités retrouvées dans les PME leur confèrent d’un côté des faiblesses et de l’autre des atouts majeurs dans leur appropriation de la RSE (Imbs et Ramboarison-‐Lalao, 2013). Delchet a recensé ces spécificités ou facteurs de contingence afin de définir les besoins des PME en matière d’outils d’opérationnalisation RSE. Le tableau suivant synthétise ces facteurs de contingence et explique en quoi ils peuvent être un levier ou un frein à la RSE (Delchet, 2007).
Tableau 4.3 Facteurs de contingence à l’intégration de la RSE auprès des PME (compilation
d’après Delchet, 2007)
Facteurs de contingence Descriptions
La taille et le chiffre d’affaires
La taille en termes d’effectifs et le chiffre d’affaires sont inférieurs dans une PME comparativement à une grande entreprise. Aux vues des investissements et des coûts adjacents à tout engagement RSE/DD, ces arguments sont souvent invoqués par les PME pour expliquer leur réticence à s’engager dans une telle démarche. Cet état de fait est particulièrement vrai pour les PE et les TPE pour qui la survie est l’objectif prioritaire.
L’assise locale
Par définition, une PME possède ses assises au niveau local. Cette particularité peut lui conférer une plus grande vulnérabilité aux risques puisqu’elle est directement dépendante des spécificités « intrinsèques » de sa localité. Certains auteurs ajoutent qu’une forte assise locale peut induire un désintéressement envers la RSE en raison de l’absence à prouver sa notoriété en matière d’image, celle-‐ci étant déjà acquise. D’un autre côté, elle peut constituer un atout dû aux liens étroits facilitant les relations avec les PP.
Tableau 4.3 Facteurs de contingence à l’intégration de la RSE auprès des PME (suite)
(compilation d’après Delchet, 2007)
Facteurs de contingence Descriptions
L’influence du dirigeant-‐propriétaire et la stratégie
Les responsabilités et les tâches sont multiples pour un dirigeant de PME qui peut se retrouver à occuper
simultanément plusieurs fonctions. L’engagement et la vision du dirigeant sont des conditions indispensables à la réussite de toute démarche RSE à l’égard de la position centrale qu’il occupe.
L’organisation centralisée
L’orientation sur le court terme propre aux organisations centralisées peut constituer un frein aux initiatives RSE puisqu’elles requièrent des engagements sur le long terme. Une vision à court terme amène un manque de rétrospection et d’anticipation qui nuit à la réflexion stratégique et de formalisation des procédures. Toutefois, en cas d’une forte implication du dirigeant, la centralisation peut devenir un moteur à la RSE à condition qu’elle permette la cohésion interne.
La faible spécialisation
Un faible degré de spécialisation peut constituer un obstacle à la mise en place d’une politique RSE en raison des
compétences limitées, de la méconnaissance de la législation ou des programmes d’appuis disponibles. À l’opposé, elle peut être un atout grâce à sa capacité mobilisatrice de toute l’entreprise simplifiée par une coordination informelle. Les barrières fonctionnelles sont peu nombreuses et la flexibilité organisationnelle peut faciliter l’intégration de processus.
Les systèmes d’information simples et informels
Les systèmes d’information simples et informels
caractéristiques des PME sont enclins à amener un manque de visibilité et d’anticipation face aux nouveaux enjeux, risques et opportunités pouvant faire obstacle aux démarches RSE.
Les facteurs de contingence présentés dans le tableau 5.3 sont issus d’une revue de littérature et ne sont pas exhaustifs. Des études supplémentaires permettraient très certainement d’en faire ressortir davantage. Ils permettent aussi de mieux comprendre les spécifiés des PME quant à la mise de la RSE. Imbs et Ramboarison-‐Lalao affirment que l’engagement responsable des PME constitue une démarche très difficilement définissable. Elle ne peut donc se résumer à des textes de loi, des normes ou des codes (Imbs et Ramboarison-‐Lalao, 2013). Quoi qu’il en soit, Delchet conclut qu’une stratégie intuitive de court terme peu formalisée ne permet pas l’implantation durable de la RSE. En effet, une démarche RSE ne peut pas être improvisée; elle requiert rigueur, savoir et planification à long terme (Delchet, 2007). Il faut donc tirer profit des atouts retrouvés chez les PME afin de développer des outils leur permettant de s’inscrire dans une démarche formalisée qui aurait l’avantage d’augmenter leur visibilité en termes d’image (Imbs et Ramboarison-‐Lalao, 2013).