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5. Conclusions et recommandations

5.2. Enjeux et recommandations

5.2.1. Développement de la réparation

L’accès aux données

En raison du développement de l’IA et de la connectivité, dans les années à venir, la réparation ne pourra avoir lieu qu’à condition pour les réparateurs d’avoir l’accès et la capacité d’utiliser les données suivantes :

• Données opérationnelles techniques : données d’utilisation et de fonctionnement émises par l’appareil durant sa vie,

• Données référentielles techniques : clé de lecture nécessaire à l’exploitation des données opérationnelles,

• Documentation technique spécifique à l’équipement.

Suivant leur taille, les acteurs de la réparation auront intérêt à : exploiter directement les données opérationnelles techniques sous forme brute, s’ils ont la capacité d’analyser et d’interpréter ces données ; ou avoir accès à des produits ou services qui leur fourniront les informations techniques issues de ces données.

Les acteurs de la réparation devront adopter une approche de diagnostic systémique tenant compte des informations techniques et des informations opérationnelles sur la vie du produit. Ils vont donc devoir réfléchir à de nouveaux modèles économiques (alliances, accords commerciaux, partenariats, etc.) adaptés à leur capacité d’exploiter ces données. La monétisation des données sources, ou des informations techniques retravaillées, sera un élément clé à considérer dans ces nouveaux modèles économiques.

Les pouvoirs publics auront un rôle à jouer dans le déploiement de programmes d’innovation pour fluidifier le partage des données et de l’information technique par leur mise à disposition, gratuite ou non, via des services et produits ad hoc. Cette régulation par les pouvoirs publics sera importante pour permettre que cette information technique essentielle à la réparation soit accessible à l’ensemble des acteurs de la réparation et ne reste pas

l’apanage des gros acteurs avec une force de frappe importante. Sans cette régulation, le marché va se réguler de manière « sauvage », ce qui sera au détriment des petits acteurs de la réparation.

La capacité technique d’exploiter les potentiels de l’IA

Le marché de la réparation est confronté à une évolution de la méthodologie du diagnostic, avec une approche systémique qui inclue désormais les informations techniques sur l’utilisation et la vie du produit. Les acteurs de la réparation et du SAV auront intérêt à se former pour s’adapter à ces nouveaux outils et à l'exploitation des informations techniques fournies par les équipements connectés. Pour cela les universités, les lycées et centres de formation devront intégrer ces thématiques à leurs programmes, afin de former ces acteurs sur les nouvelles techniques de maintenance assistées par IA (curative, préventive et prédictive).

L’accès aux pièces détachées matérielles et immatérielles

Un autre enjeu sera l’accès aux pièces détachées nécessaires à la réparation. Pour ce faire les acteurs de la réparation, et surtout les petits, auraient intérêt à entrer dans une démarche de coopétition, par exemple en partageant leurs stocks de façon à en baisser le niveau global. Une mutualisation virtuelle des stocks pourrait être facilitée par l’IA. Cela sur les deux enjeux suivants :

• Reconnaissance des pièces détachées quelles que soient leurs normes, références et constructeurs

• Mise en relation automatique entre les demandeurs et les offreurs des pièces détachées.

Cette coopétition entre les acteurs de la réparation pourra se faire sur les pièces détachées dites « cométiques » (type : poignets, boutons, etc.), voire techniques. Les partenariats qui seront noués devront se faire en collaboration avec les acteurs innovants de l’IA pouvant apporter des solutions adaptées.

En ce qui concerne les pièces détachées immatérielles (notamment firmwares), il s’agira pour les pouvoirs publics d’inciter à leur maintien et accès dans une durée cohérente avec la durée de vie des produits (sujet intégré à la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, loi n° 2020-105 du 10 février 2020). Au-delà de cette durée, l’ouverture au domaine public de leur accès sera nécessaire pour garantir la réparabilité des équipements, à l’image des garanties fournies au niveau des systèmes d’exploitation pour faire perdurer les logiciels dans le temps (dans le respect de la propriété industrielle et des directives européennes, parfois discordantes).

Diagnostic et qualification des pannes

La qualité et la pertinence des chatbots développés pour les acteurs du SAV et de la réparation seront clés pour améliorer le filtrage des problèmes clients et la qualification des dysfonctionnements nécessitant une intervention, afin d’optimiser la fiabilité des diagnostics.

5.2.2. Interopérabilité et compatibilité des équipements

Les metteurs sur le marché et les acteurs technologiques de l’IA auraient tout intérêt à développer des normes technologiques communes (par exemple au niveau des protocoles) pour faciliter l'interopérabilité des équipements, ou à utiliser l’IA pour assurer une interopérabilité haut niveau des produits sur base de protocoles différents. Ce type de démarche existe déjà, au travers d’initiatives et groupes de travail tels que « CHIP » et « Voice Interoperability Initiative » qui regroupent des leaders de l’industrie électrodomestique. Cependant cela concerne aujourd’hui une minorité d’acteurs ; il serait souhaitable que les autres acteurs de l’industrie s’impliquent dans des démarches similaires.

5.2.3. Connexion et utilisation réelle des produits connectables

Sur ce sujet, les constructeurs et l’ensemble des acteurs auront un rôle de sensibilisation à jouer auprès des consommateurs, en mettant en avant les avantages réels (fonctionnalités, performance et maintenance du produit) apportés par la connectivité des équipements, afin de les inciter à connecter et utiliser la connectivité de leurs équipements. Il s’agira également de rassurer le consommateur sur l’utilisation des données et les bénéfices liés à leur exploitation.

5.2.4. Impact environnemental et circularité

De la connectivité et de l’IA

Il s’agira avant tout de mener des études complémentaires sur les impacts environnementaux du développement de la connectivité et du traitement de l'IA, afin de les mesurer et d’en suivre les évolutions. Ce n’est qu’avec cette connaissance qu’il sera possible d’encadrer et favoriser une utilisation responsable et pertinente de l’IA (par exemple en développant les pratiques d’IA embarquée).

De leur côté, les metteurs sur le marché et leurs partenaires technologiques devront identifier les données pertinentes pour servir la maintenance préventive et prédictive des équipements, afin de ne pas démultiplier les capteurs et connexions "inutiles" qui auraient un certain impact environnemental. La problématique de la fréquence de rafraîchissement des données sera également centrale dans cette démarche d’écoconception numérique.

De l’électrodomestique

Dans un souci de circularité des équipements électrodomestique, il importerait que les metteurs sur le marché montent en compétence et systématisent des démarches intégrant cette dimension. Il s’agira par exemple de développer l’écoconception de leurs produits, en intégrant l'ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du produit (partenaires technologiques type GAFAM et BATX, acteurs de la réparation, etc.) pour en assurer la circularité.

L’écoconception assistée par IA permettrait notamment de prendre compte les contraintes environnementales de consommation de matière, d'énergie, de recyclage, etc.

Pour ce qui est de l’utilisation des pièces détachées dans une démarche d’économie circulaire, comme nous l’avons précisé plus haut, les acteurs de la réparation et du SAV auraient tout intérêt à s’unir pour favoriser le marché de la seconde main. L’IA pourra être ici un allié majeur.

Les universités, lycées et centre de formation auront également un rôle à jouer pour développer et promouvoir les formations et la recherche dans le domaine de la circularité des équipements électrodomestiques : écoconception (matérielle et numérique), supply chain, maintenance, réutilisation et recyclage assistés par IA.

Les pouvoir publics quant à eux, pourront agir selon les axes suivants :

• Inclure l'impact environnemental et la consommation induite (ou consommation exogène) par la connectivité de l’équipement dans l'étiquette énergie (en fonction des technologies et protocoles utilisés)

• Mener en partenariat avec les constructeurs une étude sur le ROI de la maintenance préventive et prédictive assistée par IA, afin d’en mesurer la pertinence et l’impact environnemental, et d’en ajuster l’application. Si le ROI se révélait positif, il s’agira pour les pouvoirs publics d’encourager et/ou participer à la création d'un fonds d'aide à l'accès aux technologies d'IA pour développer la maintenance préventive et prédictive.

• Mener une étude sur les évolutions du prix des pièces détachées et la possibilité d’encadrer l’indexation du prix des pièces détachées par rapport à la valeur vénale du produit grâce à l’IA. En effet, la circulation de l’information et son traitement intelligent par IA permettront de donner une meilleure lecture de l’offre et de la demande, et une meilleure lecture du marché, ce qui profiterait à l’ensemble de l’écosystème.

5.2.5. Inciter à une utilisation durable des équipements

Une des pistes de solution est de rendre le coût de l’intervention moins onéreux et d’inciter ainsi les ménages à faire réparer plutôt que d’acheter un produit neuf. Le fonds de réparation inscrit dans la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire se place dans cette perspective. Mais ce dernier doit être accompagné par une professionnalisation accrue des acteurs de ces métiers, qui doivent gagner en efficacité et ainsi participer à la baisse des coûts d’intervention.

Le développement de la recherche sur les technologies d’IA appliquée à la maintenance (curative, préventive personnalisée et prédictive) des équipements électrodomestiques permettra d’en améliorer la durabilité. Cela se devra se faire non seulement dans les centres de recherche et développement des fabricants, mais également dans les universités, lycées et centres de formation qui auront un rôle à jouer dans le développement des compétences nécessaires pour le développement de ce type de maintenance.

L’accès et la mise à jour des logiciels, comprenant notamment les couches logicielles utilisant de l’IA, sur une durée moyen terme par les constructeurs auront également leur rôle à jouer pour allonger la durée de vie des équipements électrodomestiques, et ainsi limiter l’apparition de nouvelles formes d’obsolescence prématurée.

L’ADEME EN BREF

L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable. Elle met ses capacités d’expertise et de conseil à disposition des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public, afin de leur permettre de progresser dans leur démarche environnementale. L’Agence aide en outre au financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre et ce, dans les domaines suivants : la gestion des déchets, la préservation des sols, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, les économies de matières premières, la qualité de l’air, la lutte contre le bruit, la transition vers l’économie circulaire et la lutte contre le gaspillage alimentaire.

L’ADEME est un établissement public sous la tutelle conjointe du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

https://www.ademe.fr/

ILS L’ONT FAIT

L’ADEME catalyseur : Les acteurs témoignent de leurs expériences et partagent leur savoir-faire.

EXPERTISES

L’ADEME expert : Elle rend compte des résultats de recherches, études et réalisations collectives menées sous un regard.

FAITS ET CHIFFRES

L’ADEME référent : Elle fournit des analyses objectives à partir d’indicateurs chiffrés régulièrement mis à jour.

CLÉS POUR AGIR

L’ADEME facilitateur : Elle élabore des guides pratiques pour aider les acteurs à mettre en œuvre leurs projets de façon méthodique et/ou en conformité avec la réglementation

HORIZONS

L’ADEME tournée vers l’avenir : Elle propose une vision prospective et réaliste des enjeux de la transition énergétique et écologique, pour un futur désirable à construire ensemble.

L’IMPACT DU DEVELOPPEMENT DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE SUR LA DURABILITE ET LA REPARABILITE DES EQUIPEMENTS DE LA MAISON CONNECTEE

Cette étude contribue à éclairer le positionnement des acteurs des écosystèmes de l’électrodomestique et du numérique vis-à-vis de l’IA, et les contributions de l'IA au service de la durabilité et la réparabilité tout au long du cycle de vie d’un équipement, avec une ouverture sur son intégration dans une perspective d’économie circulaire.

Elle démontre que l'IA est avant tout utilisée par les metteurs sur le marché pour développer de nouvelles fonctionnalités produit au service de l'expérience utilisateur, en créant des écosystèmes d'équipements de plus en plus complémentaires et interconnectés. Les acteurs du SAV et de la réparation commencent à s'emparer des technologies de l’IA pour améliorer leur service au consommateur (par exemple via les chatbots, l’optimisation de la tournée des interventions des techniciens, etc). Les potentiels de l'IA se traduisent également au niveau de la maintenance curative, préventive personnalisée (dont l’entretien régulier du produit) et bientôt prédictive des équipements connectés, en permettant de mieux anticiper et prévenir les pannes en amont, ou d'identifier plus rapidement le type de panne et les pièces détachées nécessaires à sa réparation.

Essentiel à retenir Quel est l’état de la

pénétration de la connectivité dans les équipements

électrodomestiques de la maison ?

Quelles sont les évolutions du secteur de la réparation des équipements de la maison connectée ?

Quel est l’impact de

l’intelligence artificielle sur la durabilité et la réparabilité des équipements connectés?

www.ademe.fr