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P´ enalisation de probl` emes semi-lin´ eaires avec condition au bord stricte-

dissi-pative (Chapitre 5).

On s’int´eresse ici `a l’approximation de solutions de certains probl`emes mixtes hyperboliques semi-lin´eaires, `a bord caract´eristique (`a multiplic-it´e constante) ou non-caract´eristique. Les probl`emes consid´er´es sont sym´etriques avec une condition au bord strictement maximale dissi-pative. Ce travail fait l’objet d’un article co-´ecrit avec O. Gu`es. Les probl`emes que nous ´etudions s’´ecrivent :

   Lu = F (t, x, u), (t, x) ∈ (0, T ) × Ω, u||]0,T [×∂Ω ∈ N , u|t=0 = 0 , o`u L = A0t+Pd

j=1Ajj + B, les matrices Aj sont sym´etriques, de taille N × N et A0 est uniform´ement d´efinie positive. On suppose, de plus, que les matrices Aj d´ependent de mani`ere Cde leurs param`etres et sont constantes en dehors d’un compact. La matrice B est aussi une matrice de MN(R), dans Cb (il s’agit de l’ensemble des fonctions in-finiment diff´erentiables, born´ees ainsi que toutes leurs d´eriv´ees), Ω est un ouvert de Rd `a bord C, N est un fibr´e vectoriel C sur R × ∂Ω d´efinissant les conditions au bord, et F est une application C qui peut ˆetre non-lin´eaire.

Pour simplifier l’expos´e, on va donner les r´esultats dans le cas o`u le probl`eme est pos´e sur le demi-espace {xd> 0}.

On notera alors par y la variable d’espace tangentielle donn´ee par (x1, . . . , xd−1); dans ce cas, le probl`eme mixte hyperbolique s’´ecrit alors

   Lu = F (t, x, u), (t, x) ∈ (0, T ) × Rd +, u|xd=0+ ∈ N (t), ∀(t, y) ∈ (0, T ) × Rd−1, u|t=0= 0.

Pr´ecisons les hypoth`eses concernant F : on prend F ∈ C(R1+d+N : RN) telle que, pour tout α ∈ N1+d+N, ∂t,x,uα F est born´ee sur R1+d× K pour tout compact K ⊂ RN; de plus, F (t, x, 0) ∈ H(R1+d) et F |t<0 = 0. Pour simplifier les choses, nous allons exposer nos r´esultats dans ce

cadre.

On suppose que le bord {xd= 0} est `a multiplicit´e constante : Hypoth`ese 1.4.1. La matrice de d´eriv´ee normale, Ad, a un rang con-stant, N − d0, sur {xd = 0}.

Basiquement d0 := dim ker Ad|xd=0. Si d0 = 0, le bord est non-caract´eristique. Cette hypoth`ese implique que Ad|xd=0garde un nombre constant de valeurs propres > 0 et < 0. On notera d:= dim E(Ad|xd=0) et d+ := dim E+(Ad|xd=0). On a la d´ecomposition suivante de RN :

RN = E(Ad)ME+(Ad)Mker(Ad).

Dans ce qui suit, on notera respectivement P+, Pet P0 les projecteurs associ´es `a cette d´ecomposition.

On suppose, de plus, que la condition au bord est strictement max-imale dissipative, ce qui s’´ecrit :

Hypoth`ese 1.4.2 (Stricte maximale dissipativit´e du bord).

N (t, y) est un sous-espace vectoriel de RN, de dimension N − d+, d´ependant de mani`ere C de (t, y) ∈ Rd, et il existe une constante c0 > 0 telle que, pour tout v ∈ RN et tout (t, y) ∈ Rd, on ait :

v ∈ N (t, y) ⇒ hAd|x−d=0(t, y)v, vi ≤ −c0k(Id − P0)vk2.

Comme O. Gu`es l’a prouv´e dans [Gu`e90], sous ces hypoth`eses, il existe T0 > 0 tel que le probl`eme mixte hyperbolique semi-lin´eaire con-sid´er´e soit bien pos´e pour T = T0.

Nous montrons que la solution de ce probl`eme peut, par exemple, ˆetre approxim´ee, quand ε → 0+, par la restriction `a xd ≥ 0, de la solution d’un probl`eme de Cauchy de la forme :

 L]uε+ 1εM uε1xd<0 = F](t, x, uε), (t, x) ∈ (0, T ) × Rd, uε|t=0 = 0 ,

Ces extensions peuvent ˆetre choisies relativement arbitrairement. En fait, on peut prolonger les Aj avec 1 ≤ j ≤ d − 1, et B par des fonctions C jusqu’au bord pour {xd ≤ 0}, ´eventuellement discontin-ues en {xd = 0}. Ces extensions seront not´ees respectivement A]j et B]. Concernant l’extension de L `a L], le point important est d´ecrit par l’hypoth`ese suivante :

Hypoth`ese 1.4.3 (Continuit´e de A]d).

La matrice de d´eriv´ee normale, Ad, est la restriction `a {xd > 0} d’une matrice A]d qui appartient `a C((0, T ) × Rd−1× R)T C0(Rd+1) et qui est constante en dehors d’un compact.

Il est `a noter que la discontinuit´e des coefficients ne pose pas de difficult´es comme c’´etait le cas dans les chapitres 3 et 4, car, dans le cas pr´esent, A]d est continue. Nous proposons deux approches :

• Dans la premi`ere approche, inspir´ee d’un travail de J. Rauch ([Rau79]) et d’un travail de C. Bardos et J. Rauch ([BR82]), la matrice M est d´efinie positive (il s’agit de la matrice R donn´ee par (5.2.10)). Cela revient `a p´enaliser toutes les composantes. L’effet d’une telle p´enalisation est ”l’´ecrasement” de la solution obtenue sur {xd< 0}. On obtient en effet,

lim

ε→0+uε|t<0 = 0.

D’un autre cˆot´e, nous avons choisi l’op´erateur de p´enalisation M de fa¸con `a obtenir la convergence de la suite uε vers une unique limite u satisfaisant :

lim

xd→0+u := u|xd=0+.

Cela montre que mˆeme si, `a ε > 0 fix´e, uε est continue de part et d’autre de {xd= 0}, u est en g´en´eral discontinue en {xd= 0}. Cela est r´ev´elateur de la pr´esence de couches limites. Nous don-nons ici notre r´esultat qui montre que les couches limites se for-mant sont localis´ees exclusivement sur le domaine fictif, ici `a gauche de {xd = 0} (pour xd < 0). Dans le cadre de notre pre-mi`ere m´ethode, nous prouvons le r´esultat de convergence suivant (Th´eor`eme 5.2.6) :

Th´eor`eme 1.4.1. Il existe C > 0 et ε0 > 0 tel que, pour tout 0 < ε < ε0 on ait :

∀s > 0, kuε|xd>0− ukHs((0,T0)×Rd

+) ≤ Cε

• Pour la deuxi`eme approche, nous avons essay´e de proposer une m´ethode qui ne g´en`ere pas de couches limites. D’un point de vue num´erique, la pr´esence de couches limites peut freiner la con-vergence vers la solution recherch´ee. Par exemple, dans l’article [PCLS05], A. Paccou, G. Chiavassa, J. Liandrat et K. Schnei-der observent num´eriquement un d´efaut de vitesse de convergence pour l’´equation des Ondes. Dans l’annexe du chapitre 6 [section 6.6], je montre qu’il se forme effectivement des couches limites pour ce probl`eme, ce qui r´epond `a une question pos´ee par les au-teurs de [PCLS05], et explique la vitesse de convergence observ´ee. Le principe de la deuxi`eme m´ethode de p´enalisation de domaine que nous pr´esentons ici est de ”p´enaliser exclusivement les modes sortants”. Cela induit que l’op´erateur de p´enalisation M est ici une matrice positive au sens large, son noyau contenant les com-posantes de la solution qu’il n’est pas n´ecessaire de p´enaliser (modes rentrants). L’expression pr´ecise de cette matrice est don-n´ee par (5.2.15).

Par exemple, si d = N (dans ce cas, tous les modes sont ren-trants), alors N = RN. La condition au bord u|xd=0 ∈ N est alors syst´ematiquement satisfaite et le probl`eme consid´er´e n’a pas be-soin de condition au bord pour ˆetre bien pos´e. Ce probl`eme n’a alors aucune n´ecessit´e d’ˆetre p´enalis´e. Cela signifie qu’il suffit de consid´erer que le bord est transparent (ce qui correspond `a prendre M = 0) pour ´etendre notre probl`eme `a un probl`eme de Cauchy pos´e sur tout l’espace.

A l’oppos´e, si d+ = N, l’op´erateur de p´enalisation M que nous proposons est, dans ce cas, inversible.

Plus g´en´eralement, pour la m´ethode expos´ee ici, on a : dim ker M = d+ d0.

Notre approche naˆıt d’une remarque assez simple. Supposons que N = E(Ad)L ker Ad, alors, en prenant M = P+, on obtient le r´esultat suivant qui montre l’absence de formation de couches limites, `a tout ordre :

Th´eor`eme 1.4.2. Il existe C > 0 et ε0 > 0 tel que, pour tout 0 < ε < ε0, d’une part on ait:

∀s > 0, kuε|xd>0− ukHs((0,T0)×Rd

+)≤ Cε. D’autre part, il existe une unique fonction u, telle que

∀s > 0, uε|xd<0− u

Hs((0,T0)×Rd

−) ≤ Cε. Cette fonction u v´erifie u|xd=0 = u|xd=0.

Ce r´esultat reste vrai dans le cas g´en´eral (Th´eor`eme 5.2.7), mˆeme si N 6= E(Ad)L ker Ad, car, par un changement d’inconnue, on peut toujours se ramener au cas N = E(Ad)L ker Ad (c’est le lemme 5.2.4); l’op´erateur de p´enalisation M obtenu est alors l’image inverse de P+ par ce changement d’inconnue. Ce r´esultat est meilleur que le pr´ec´edent au point de vue de la qualit´e de con-vergence. En effet, la formation de couches limites, qui est une obstruction `a la convergence, n’a pas du tout lieu ici, quel que soit l’ordre consid´er´e (voir section 5.4.2).

En pratique, il est plus commode de consid´erer un domaine fictif born´e plutˆot que le demi-espace {xd < 0}. Soit l un r´eel > 0; par exemple, on peut approximer u par uε|xd>0, o`u uεest d´efinie sur (0, T )× Rd−1× [−l, ∞) par :

 L]uε+1εM uε1−L≤xd<0 = F](t, x, uε), (t, x) ∈ (0, T ) × Rd−1× [−L, ∞), uε|t=0 = 0.

On choisit ici A]d de sorte que A]d|xd=−L ait uniquement des valeurs propres < 0. Aucune condition au bord suppl´ementaire en {xd= −L} n’est donc n´ecessaire.

Comme cela est illustr´e ci-dessous, cette approche, consistant `a in-troduire un bord absorbant, s’applique ´egalement `a des domaines fictifs plus g´en´eraux, pouvant contenir des coins.

Figure 7

Domaine fictif `a bord absorbant

]

Dans notre illustration, on a un mode sortant, un mode rentrant et un mode caract´eristique sur ∂Ω.

On prolonge l’op´erateur de mani`ere `a ce que les trois modes soient sortants sur ∂Ω]; ainsi aucune condition au bord n’est n´ecessaire sur ∂Ω].

1.5 P´enalisation de probl`emes lin´eaires `a