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Une approche visqueuse pour des syst` emes lin´ eaires hyperboliques ` a

inclu-ant des modes expansifs (Chapitre 4).

Je g´en´eralise ici les r´esultats expos´es lors du chapitre pr´ec´edent `a des discontinuit´es pouvant pr´esenter des modes expansifs. Par souci de simplicit´e, je me suis restreint `a des syt`emes `a coefficients constants par morceaux en une dimension d’espace. Dans le mˆeme esprit que le chapitre pr´ec´edent, je me ram`ene au probl`eme de perturbation sin-guli`ere suivant :

 ∂tuε+ A(x)∂xuε− ε∂2

xuε= f, (t, x) ∈ (0, T ) × R, uε|t=0 = h ,

o`u f et g sont Cet `a support compact. L’inconnue uε(t, x) appartient `

a RN et le coefficient A prend ses valeurs dans MN(R). Pour ±x > 0, on a A(x) = A±.

Comparativement aux hypoth`eses expos´ees au chapitre pr´ec´edent, les hypoth`eses de signe et de transversalit´e sont remplac´ees ici par des hypoth`eses plus faibles qui autorisent les modes expansifs. De plus, dans le probl`eme consid´er´e maintenant, je ne fais aucune hypoth`ese de compatibilit´e entre f et h.

En pratique, j’ai pr´ef´er´e travailler sur la reformulation du probl`eme visqueux en tant que probl`eme de transmission.

La fonction uε = uε+1x>0+ uε−1x<0 est en effet solution du probl`eme suivant : (1.3.1)                ∂tuε++ A+xuε+− ε∂2 xuε+= f+, (t, x) ∈ (0, T ) × R+, ∂tuε−+ Axuε−− ε∂2 xuε−= f, (t, x) ∈ (0, T ) × R, uε+|x=0+ − uε−|x=0 = 0, ∂xuε+|x=0+ − ∂xuε−|x=0 = 0, uε±|t=0 = h± .

Je vais maintenant exposer les diff´erentes hypoth`eses que j’ai faites en commen¸cant par ´ecrire l’hypoth`ese d’hyperbolicit´e pour l’op´erateur H := ∂t+ A∂x :

Hypoth`ese 1.3.1 (Hyperbolicit´e).

Les hypoth`eses de parabolicit´e sont ici trivialement satisfaites. L’hypersurface {x = 0} est suppos´ee non-caract´eristique pour H, ce qui s’´ecrit:

Hypoth`ese 1.3.2 (Bord non-caract´eristique). Les matrices A+ et A sont inversibles.

L’hypoth`ese g´eom´etrique de stabilit´e s’´ecrit: Hypoth`ese 1.3.3 (Condition d’Evans uniforme). Pour tout ζ = (τ, γ) ∈ R × R+− {0R2}, on a :

detEe(A+(ζ)), eE+(A(ζ))

≥ C > 0.

Je rappelle bri`evement les notations employ´ees ici. Les matrices A± sont d´efinies par :

A± =  0 Id (iτ + γ)Id A±  ,

o`u E+(A±) [resp E(A±)] d´esigne l’espace vectoriel engendr´e par les vecteurs propres g´en´eralis´es de A± associ´es aux valeurs propres de A± `

a partie r´eelle > 0 [resp < 0]. Le poids Λ(ζ) est donn´e par: Λ(ζ) = 1 + τ2+ γ2

1 2 .

L’application JΛ de CN × CN

dans CN × CN se d´efinit par : (u, v) 7→ (u, Λ−1v).

On a alors :

e

E±(A±) := JΛE±(A±).

Je vais maintenant donner quelques notations et propri´et´es n´ eces-saires `a la description de mon r´esultat principal.

Pour commencer, Σ est l’espace vectoriel d´efini par: Σ := (A+)−1− (A)−1E(A+)\E+(A), o`u j’ai not´e, par exemple,

E(A+) = M λ+j<0

ker A+− λ+ j Id ,

avec les λ+j repr´esentant les valeurs propres de A+, qui sont r´eelles et semi-simples de par l’hypoth`ese d’hyperbolicit´e.

J’introduis maintenant I, qui est le sous-espace de RN d´efini par : I := E(A)\E+(A+).

Le sous-espace I, est, en ce qui concerne les modes expansifs, l’analo-gue de Σ pour les modes compressifs. En particulier, le nombre de modes expansifs est donn´e par dim I.

Choisissons, une fois pour toutes, un sous-espace vectoriel V de RN satisfaisant :

E(A) + E+(A+) = IMV. Supposons que l’on a la d´ecomposition suivante de RN :

RN = IMV M

Σ.

Je note alors par ΠI, ΠV et ΠΣ les projecteurs associ´es `a cette d´ e-composition de RN. L’application lin´eaire ΠI est donc le projecteur sur le sous-espace vectoriel I parall`element au sous-espace vectoriel VL Σ. Remarquons que, si l’on se replace dans le cadre des hypoth`eses g´eom´etriques donn´ees au chapitre pr´ec´edent, alors I = {0}. De plus, sous les hypoth`eses du chapitre pr´ec´edent, on avait bien:

RN = VMΣ.

Sous mes nouvelles hypoth`eses, je prouve que, lorsque ε → 0+, la suite (uε) converge vers u dans L2((0, T )×R), o`u u := u+1x≥0+u1x<0 est la solution du probl`eme de transmission suivant :

                   ∂tu+ Axu= f, (t, x) ∈ (0, T ) × R, ∂tu++ A+xu+= f+, (t, x) ∈ (0, T ) × R+, u+|x=0− u|x=0 ∈ Σ, ∂xΠIu+|x=0− ∂xΠIu|x=0 = 0, u|t=0= h, u+|t=0= h+.

Dans ce probl`eme, f± et h± d´esignent respectivement les restrictions des fonctions f et h au demi-espace {±x > 0}.

L’objet de la Proposition 4.2.12 de la Th`ese est de montrer que ce probl`eme est bien pos´e.

Une remarque s’impose: d`es lors que I = {0}, le probl`eme hy-perbolique limite quand ε → 0+ coincide avec celui identifi´e lors du chapitre pr´ec´edent.

Pour en revenir aux hypoth`eses, je fais une hypoth`ese g´eom´etrique concernant la discontinuit´e de la matrice A. L’Hypoth`ese 1.3.4, que je vais introduire ici, g´en´eralise les hypoth`eses de transversalit´e et de signe du chapitre pr´ec´edent.

Commen¸cons par donner quelques notations pr´eliminaires. De par l’hypoth`ese d’hyperbolicit´e, les matrices A+et Asont diagonalisables. Il existe donc deux matrices de passage P+et Pet deux matrices diag-onales D+et Dtelles que D+= (P+)−1A+P+et D = (P)−1AP.

Je d´efinis alors le sous-espace J de RN par J := E(D)\E+(D+).

Je choisis une fois pour toutes deux sous-espaces vectoriels de RN, V1 et V2, v´erifiant : V1 M J = E+(D+), et V2 M J = E(D).

Mon hypoth`ese, portant sur la discontinuit´e du coefficient, s’´ecrit alors:

Hypoth`ese 1.3.4 (Structure de la discontinuit´e). On a : P+V1M P+J + PJ M P V2 M Σ = RN De plus, l’application M := ΠIP+(D+)−1 −ΠIP(D)−1 P+ −P  de J×J dans I×(P+

J + PJ) d´efinit un isomorphisme entre les espaces J × J et I × (P+J + PJ) .

Finalement, on a : dim  E(A+)\E+(A)  = dim Σ.

Etant donn´e que cette hypoth`ese n’est pas vraiment ais´ee `a v´ eri-fier, je pr´esente ici une autre hypoth`ese plus simple: l’Hypoth`ese 1.3.5. L’Hypoth`ese 1.3.5 est une condition suffisante pour que l’Hypoth`ese 1.3.4 soit v´erifi´ee.

Hypoth`ese 1.3.5 (Structure de la discontinuit´e, version suffisante). Supposons que : • dim Σ = dim (E(A+)T E+(A)) • A I = I • A+ I = I • ker((A+)−1− (A)−1)T I = {0} • E((Id − ΠI)A(Id − ΠI))L E+((Id − ΠI)A+(Id − ΠI))L Σ = VL Σ.

Remarquons que, si A a toutes ses valeurs propres < 0 et A+ a toutes ses valeurs propres > 0 (cas totalement expansif), cette hy-poth`ese se r´eduit tout simplement `a :

ker (A+)−1− (A)−1 \I = {0}, ce qui est ici ´equivalent `a :

det (A+)−1− (A)−1 6= 0. En effet, dans le cas purement expansif, on a : I = RN.

Sous ces hypoth`eses, je prouve le r´esultat suivant (Th´eor`eme 4.2.14) : Th´eor`eme 1.3.1. Il existe C > 0 tel que, pour tout 0 < ε < 1, on ait:

o`u uε d´esigne la solution du probl`eme de transmission visqueux (1.3.1) et u est d´efinie comme ´etant l’unique solution du probl`eme de trans-mission hyperbolique suivant :

                   ∂tu+ Axu = f, (t, x) ∈ (0, T ) × R, ∂tu++ A+xu+ = f+, (t, x) ∈ (0, T ) × R+, u+|x=0− u|x=0 ∈ Σ, ∂xΠIu+|x=0− ∂xΠIu|x=0 = 0, u|t=0 = h, u+|t=0 = h+.

La preuve de ces estimations d’´energie est la mˆeme qu’au chapitre pr´ec´edent. Pour obtenir ce r´esultat, ma principale pr´eoccupation a ´et´e de trouver une solution approch´ee du probl`eme de transmission visqueux (1.3.1). Dans ce cadre, je fournis un ansatz d´ecrivant avec exactitude, `a tout ordre, les couches limites se formant. Etant donn´e qu’aucune condition de compatibilit´e entre f et h n’est satisfaite, des couches limites caract´eristiques se forment, en g´en´eral, sur chacune des courbes caract´eristiques issues de (t, x) = (0, 0).

Figure 6

Singularit´es de la solution `a petite viscosit´e, dans le cas de syt`emes non-conservatifs

0 R1 R0L1L2 L t x

Ce dessin montre les zones o`u u est r´eguli`ere dans le cas o`u dim E−(A) = 2 et dim E+(A+) = 1.

Les couches limites se formant sur {x = 0} sont de forte amplitude si E(A+)T

E+(A) 6= {0}, et sont de faible amplitude dans le cas contraire.

En g´en´eral, puisqu’aucune hypoth`ese de compatibilit´e des donn´ees n’est faite, il y a des singularit´es de la solution u (sauts de ∂xu) local-is´ees d’une part sur les courbes caract´eristiques {(t, x) ∈ (0, T ) × R : x − λt = 0}, o`u λ d´esigne une valeur propre < 0 de A et d’autre part sur les courbes caract´eristiques d’´equation {(t, x) ∈ (0, T ) × R+ : x − λ+t = 0}, o`u λ+ repr´esente une valeur propre > 0 de A+.

Supposons, de plus, pour simplifier, que toutes les valeurs propres de A+ et A sont distinctes (hypoth`ese de stricte hyperbolicit´e de l’op´erateur ∂t + A∂x), alors la singularit´e se produisant par exemple sur {(t, x) ∈ (0, T ) × R+: x − λ+1t = 0}, o`u λ+1 > 0, est polaris´ee sur un espace vectoriel de dimension 1. Je me trouve donc ramen´e, apr`es pro-jection, `a une analyse asymptotique semblable au cas scalaire expansif men´ee lors du chapitre pr´ec´edent.

J’ai ´egalement explicit´e des exemples de syst`emes satisfaisant l’ens-emble des hypoth`eses d´ecrites. Ceci s’av`ere important dans le cas pr´esent, vu la quantit´e et la complexit´e des hypoth`eses mises en jeu. Il est `a noter que les exemples exhib´es ont ´et´e construits de mani`ere `a int´egrer un mode expansif. J’ai montr´e, par exemple :

Proposition 1.3.6. Soit P une matrice inversible de M2(R), alors les matrices A et A+ d´efinies par :

A = P−1 d 1 0 0 d2  P et A+ = P−1 d+ 1 α 0 d+2  P

avec d1 < 0, d+1 > 0 et α ∈ R − {0}, satisfont l’ensemble des hy-poth`eses faites si et seulement si, ou bien d+2 et d2 sont de mˆeme signe (strictement), ou bien d2 < 0 et d+2 > 0.

La preuve de cette proposition requiert une ´etude de la fonction d’Evans pour des syt`emes 2 × 2. La section 4.3 est d’ailleurs d´edi´ee `a cette ´etude.

Dans le cas o`u d2 > 0 et d+2 < 0, avec α 6= 0, le probl`eme reste ouvert. Il serait certainement int´eressant de chercher `a ´elucider ce cas.

1.4 P´enalisation de probl`emes semi-lin´eaires avec