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CHAPITRE 3 – LES OUTILS DE GESTION DU CYCLE DE VIE

3.7 Empreinte environnementale monocritère

Au cours des dernières années, la quantification des GES ou l’empreinte carbone est devenu un outil pour obtenir un aperçu de sa contribution aux changements climatiques, mais aussi pour obtenir un avantage compétitif. À cet effet, divers outils de calcul d’émissions de GES ont été développés. L’empreinte carbone corporative évalue les émissions de GES directes et indirectes d’une entreprise, sur une année d’opération. L’empreinte carbone de produits évalue les émissions de GES de produits et services sur le cycle de vie. Plus récemment, la raréfaction des ressources en eau douce a également attiré beaucoup d’attention sur la scène internationale. À cet effet, l’empreinte eau évalue la consommation et l’utilisation de cette ressource dans les opérations et sur

comptabilisation facilitée permet de fixer des objectifs de réduction et d’en évaluer l’atteinte. Enfin, les indicateurs peuvent être déclarés et communiqués.

3.7.1

Empreinte carbone corporative

Depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1997, la réduction des émissions de GES est devenue un enjeu mondial prioritaire. Afin d’atteindre leurs objectifs de réduction d’émission, les gouvernements et entreprises ont divers mécanismes de réduction à leur disposition. Le marché du carbone consiste en un système d’échange de permis d’émission, visant à l’amélioration des systèmes de production les plus polluants par l’internalisation du coût du carbone.

Plusieurs outils de calcul, guides et normes de comptabilisation GES ont été développés au cours des dernières années. La norme ISO 14064:2006 Gaz à effet de serre est composée de trois parties. Elle vise à apporter clarté et cohérence dans la quantification, déclaration et vérification des émissions de GES au niveau des organismes et des projets. C’est toutefois le Greenhouse Gaz Protocol Initiative ou GHG

Protocol qui fournit une des méthodes les plus reconnues et utilisées internationalement.

Le GHG Protocol a été initialement publié en 2001 conjointement par le World Business

Council for Sustainable Devleopment (WBCSD) et le World Ressource Institute (WRI),

soit 5 ans avant la norme ISO. Celui-ci permet à toute organisation, par une approche standardisée, de développer son inventaire de GES de façon efficiente et juste. Il offre des lignes directrices pour le développement d’une stratégie de gestion et de réduction des GES, dans le but de rendre plus transparentes la comptabilité et la déclaration de ces émissions. Bien que les GES regroupent un vaste ensemble de gaz polluant, le GHG Protocol permet de comptabiliser et déclarer les six principaux GES visés par le

Protocole de Kyoto (WRI/WBCSD, 2011) soit le dioxyde de carbone (CO2) , le méthane

(CH4), dioxyde d'azote (N2O), le hydrofluorocarbure (HFC), le perfluorocarbure (PFC),

ainsi que l’hexafluorure de soufre (SF6). Ceux-ci sont comptabilisés séparément en unité

de masse et sont ensuite converti en unité de carbone équivalent (kg CO2 eq) en

utilisant leurs coefficients de potentiel de réchauffement global (GWP) sur une étendue de 100 ans tel que fournis par le Intergovernmental panel on climate change (IPCC).

Lors de la comptabilisation de GES d’une organisation ou d’un projet, on distingue trois différents niveaux d’émissions ou scope. Tel que présenté à la figure 3.9, le scope 1 fait référence aux émissions directes de GES qui proviennent d’une source qui est propriété ou dont une organisation a le contrôle (ex : le site d’une usine). Le scope 2 représente les émissions indirectes qui proviennent de l’utilisation d’électricité ou d’autres processus dans la fabrication de produits, alors que le scope 3 représente les émissions de GES qui ont lieu en amont et en aval sur la chaîne logistique de l’organisation (WRI/WBCSD, 2011). Jusqu’à tout récemment, le GHG Protocol fournissait des standards qui focalisaient principalement sur la comptabilisation des scopes 1 et 2, puisque leur évaluation est plus simple. Néanmoins, un standard pour la comptabilisation du scope 3 est paru en 2011 afin d’évaluer les émissions de GES de 15 activités se trouvant sur la chaîne logistique d’une organisation.

Figure 3.9 Les différents niveaux d’émission en comptabilisation de GES (tiré de WRI/ WBCSD, 2011, p.31)

Il existe un lien très fort entre l’empreinte carbone et l’ACV puisque ce dernier outil évalue justement les émissions de GES à travers le cycle de vie, par la catégorie de

d’impacts et ainsi d’éviter le déplacement de la charge environnementale entre différentes catégories d’impacts. Plus récemment, l’ACV E/S a également été utilisé comme outil d’évaluation simplifié de l’empreinte carbone (Minx et al., 2010).

3.7.2

Empreinte carbone des produits

S’il y a un engouement marqué pour la comptabilisation des émissions corporative de GES, il existe également un intérêt pour le calcul de l’empreinte carbone des produits et services. À cet effet, initialement publiée en 2008, puis rééditée en 2011, la norme PAS 2050 présente tout d’abord des lignes directrices publiquement accessibles pour l’évaluation des émissions de GES de produits et services basé sur la méthode ACV. Puis, en 2011 le WBCSD/WRI a publié le Product life cycle accounting and reporting

standard également basé sur l’approche cycle de vie. Enfin, la future norme ISO 14067 -

Empreinte carbone des produits est présentement en développement. Celle-ci devrait être composée de deux parties, la première partie sur les exigences quant à la quantification des émissions de GES et la deuxième partie sur la déclaration des émissions. Cette future norme se veut une harmonisation des approches PAS 2050 et WBCSD/WRI en concordance avec la méthodologie de l’analyse du cycle de vie conforme à ISO 14040:2006 (Steele, 2010).

3.7.3

Empreinte eau

L’eau est une ressource renouvelable qui n’est pas menacée par l’épuisement comme le sont d’autres ressources. Pourtant, malgré son abondance globale, plusieurs contraintes provoquent une raréfaction de plus en plus importante des ressources en eau douce. À cet effet, le Programme National des Ressources Unies pour l’évaluation des ressources

en eau met en garde que « la croissance sans précédent de la demande menace tous les objectifs majeurs de développement » (WWAP, 2012, p.1). Quatre facteurs peuvent

être soulevés en cause à cette situation : (1) la disponibilité de la ressource est de plus en plus inéquitable, (2) le manque de gouvernance de la ressource dans plusieurs États (3) les conflits pour son utilisation entre les acteurs de la société et (4) les pressions sur son cycle complet. Les organisations ont une responsabilité puisque les prélèvements et les rejets ayant lieu sur leur site de fabrication réduisent la disponibilité de la ressource

pour les autres agents économiques, en plus d’altérer sa qualité. De plus, leurs produits, ainsi que plusieurs activités en amont comme en aval dans la chaîne logistique portent atteinte à la qualité de la ressource (Dugelay et al., 2012).

Divers outils ont été développés au cours des dernières années afin d’évaluer l’empreinte eau d’une organisation et de ses produits, mais ceux-ci diffèrent grandement d’un point de vue méthodologique et de leur étendue. Puisque la description de ces outils est hors du contexte de cette étude, le lecteur est invité à consulter le rapport de Dugelay et al. (2012) pour en obtenir une description générale. En raison du besoin imminent de standardisation et de consensus international, ISO est présentement en cours d’élaboration de la future norme ISO 14046, dont l’objectif est de clarifier la définition et les critères de l’empreinte eau pour les produits, procédés et organisations. L’empreinte eau y sera calculée en fonction du cycle de vie et la norme sera compatible avec la série ISO 14000 sur le management environnemental. Celle-ci offrira deux approches d’évaluation, la première étant un indicateur basée sur une seule catégorie d’impact et une autre plus détaillée se basant sur une pondération de plusieurs catégories d’impacts (Ridoutt, 2011).

En ACV, jusqu’à tout récemment, même si des flux d’eau étaient parfois considérés comme entrants à la phase d’ICV, très peu d’attention n’avait été apportée sur des critères tels que son type ou sa qualité, ni sur l’évaluation de son impact (Finnveden et al., 2009). Depuis tout récemment, beaucoup de développement a eu lieu dans la communauté de l’ACV afin de mieux considérer la ressource eau lors de la phase d’inventaire et d’évaluation de l’impact. Le groupe de travail sur la gestion du l’eau de l’UNEP/SETAC a d’ailleurs développé un outil permettant d’analyser l’utilisation d’eau des organisations et de la chaîne de valeur des produits en concordance avec la méthodologie conforme à ISO 14040:2006 (Pfister et al., 2009). Cet outil permet d’obtenir des résultats selon des indicateurs d’utilisation de l’eau et l’évaluation des impacts reliés aux dommages sur les ressources en eaux douces, les écosystèmes et la santé humaine. Cette approche distingue différents types d’eau : eau de surface

la ressource eau figureront au sein des prochaines méthodes d’ÉICV au cours des prochaines années.