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CHAPITRE 3 – LES OUTILS DE GESTION DU CYCLE DE VIE

3.8 Discussion sur le chapitre

La revue de littérature effectuée dans ce chapitre a permis de mettre en lumière plusieurs aspects sur les différents outils de gestion du cycle de vie. Tout d’abord, il est possible de constater que ceux-ci n’ont pas tous le même niveau de maturité au niveau méthodologie et opérationnel. Tout d’abord, il est possible d’affirmer que les outils les plus opérationnels en entreprise sont l’ACV attributionnelle, ainsi que ses déclinaisons

cradle-to-gate et simplifiée. L’ACV attributionnelle bénéficie d’une large attention au

niveau des articles scientifiques et des études de cas, puis malgré ses limites, sa méthodologie semble faire un consensus parmi les experts, ainsi que l’industrie. Au niveau méthodologique, l’approche cradle-to-gate consiste à une restriction des frontières du système d’une étude sur l’ensemble du cycle de vie. Toutefois, au niveau opérationnel, l’ACV cradle-to-gate doit être pratiqué avec beaucoup de prudence et de transparence lors de l’interprétation des résultats et n’est pas adéquate pour tout type de scénario. L’ACV simplifiée semble être approche très opérationnalisée dans l’industrie, toutefois il n’existe aucune méthodologie standardisée pour son application. Bien que l’ACV conséquentielle a fait l’objet d’une multitude d’articles scientifiques et d’études de cas au cours de la dernière décennie et que son avantage dans un contexte de prise de décision a été démontré, il fut remarqué qu’il reste encore un consensus à faire pour que son processus méthodologique soit harmonisé en pratique. Malgré cela, son caractère stratégique pourrait être d’une importance considérable pour l’industrie. Quant aux autres développements méthodologiques, il est important de mentionner que les approches hybrides et prospectives, de par la quantité d’articles produits depuis la dernière décennie, semblent également assez matures et intéressantes pour l’industrie. Un consensus méthodologique, ainsi que plus d’études de cas permettront d’affermir leur avantage au niveau décisionnel et stratégique. Les approches dynamiques et macroscopiques sont jeunes et mériteront plus d’attention au cours des prochaines années.

Concernant les autres outils de gestion du cycle de vie, il a également été remarqué que l’empreinte carbone et l’empreinte eau sont déjà assez opérationnelles dans l’industrie. Celles-ci bénéficient d’ailleurs actuellement d’une grande attention au niveau

international, puisqu’elles présentent des approches accessibles et spécifiques sur des problématiques sensibles auprès de plusieurs acteurs de la société. L’approche entreprise en analyse du cycle de vie bénéficie d’une bien moindre importance au niveau des articles scientifiques et des publications d’experts, pourtant cette approche semble tout à fait opérationnelle en entreprise et d’importance, notamment pour l’évaluation de la performance environnementale et l’identification de certains risques. L’analyse environnementale des coûts du cycle de vie, ainsi que l’analyse sociale du cycle de vie sont des outils relativement jeunes, mais il existe un intérêt certain auprès de l’académie, comme de l’industrie pour leur développement à court et moyen terme. Ces derniers sont essentiels au développement d’une méthodologie d’analyse de la durabilité dans le cycle de vie qui permettrait d’analyser un produit, service ou même une entreprise sur l’ensemble des sphères du développement durable.

Enfin, il a été démontré que ces outils ont une multitude de champs d’action en entreprise. Tout d’abord, alors que l’ACV est généralement décrit comme un outil d’évaluation des impacts environnementaux potentiels sur l’ensemble du cycle de vie visant à l’aide à la décision afin d’améliorer le profil environnemental des produits, procédés et services, il semble que les développements méthodologiques actuels tendent à faire progresser la fonction de l’outil au niveau du support de prise de décision en matière de planification et de prise de décision stratégique. En effet, si l’approche attributionnelle permet de tracer un portrait de la situation actuelle ou antérieure d’un système de produit, cette approche permet difficilement d’évaluer l’impact d’une importante décision stratégique en entreprise. À l’inverse, l’approche conséquentielle vise à déterminer la conséquence d’une décision sur l’ensemble du secteur économique. Ces perturbations au niveau du marché peuvent avoir un impact sur différents acteurs de la société, comme sur la chaîne logistique du décideur. L’approche prospective permet à une entreprise de simuler différents scénarios futurs afin de prendre une décision stratégique éclairée en fonction des risques associés. D’ailleurs, le contexte mondial actuel contraint les entreprises à devoir gérer les risques liés à leurs opérations telles que la raréfaction des ressources, la perte d’un fournisseur stratégique,

outils de gestion du cycle de vie permettent à une entreprise de faire l’acquisition de connaissances sur ces domaines qui sont essentiels à sa survie et à sa compétitivité à court, comme à long terme.

Afin de faciliter l’analyse de l’information dans le chapitre suivant, les principaux champs d’action des outils de gestion du cycle de vie en entreprise sont classés au tableau 3.2 en fonction de la figure 1.2.

Tableau 3.2 Classification des champs d’action de la GCV (modifié de figure 1.2)

Environnement et développement durable

L’évaluation de la performance environnementale, l’évaluation des aspects environnementaux significatifs, la mise en œuvre de système de management de l’environnement

Production et distribution La gestion durable de la chaîne logistique

Développement de produits La conception pour l’environnement, l’écoconception, la recherche et développement, l’éco-socio-conception

Finances et stratégie La planification stratégique (diagnostic du portefeuille d’entreprise, évaluation des risques), l’évaluation extra- financière

Achats L’approvisionnement responsable,

Ventes et commercialisation L’écoétiquetage, la déclaration environnementale de

produits

Relation avec les parties prenantes

CHAPITRE 4 - CRÉATION DE VALEUR PAR LA MISE EN ŒUVRE DE LA