Nous avons montr´e que toute solution classique est une solution faible de (3.1.1). Par ailleurs, nous avons introduit un cadre Hilbertien qui assure l’existence et l’unicit´e d’une solution faible.
Une question naturelle qui se pose alors, consiste `a se demander si cette solution faible est une solution classique (quitte `a rajouter des hypoth`eses sur les donn´ees du probl`eme). Ce probl`eme, difficile, rentre dans le cadre de la th´eorie de la r´egularit´e que nous d´evelopperons plus en d´etail dans le chapitre suivant.
Th´eor`eme 3.4.1. Soient Ω⊂RN un ouvert born´e, f ∈L2(Ω) etA une matrice satisfaisant les hypoth`eses (3.1.2)et (3.1.3). Soit ´egalement u∈ H01(Ω) l’unique solution faible de (3.1.1). Si de plusaij ∈ C1(Ω)pour tout 1≤i, j≤N etΩ est de classeC2, alors u∈H2(Ω). De plus, il existe une constanteC=C(λ, N, A,Ω)>0telle que
kukH2(Ω) ≤CkfkL2(Ω).
La d´emonstration de ce th´eor`eme est assez longue et d´elicate. Elle repose sur la m´ethode des translationsdue `a Nirenberg. Etant donn´esh∈RN,h6= 0, et une fonctionϕ:RN →R, on pose
τhϕ(x) =ϕ(x+h) et
Dhϕ(x) :=τhϕ(x)−ϕ(x)
|h| =ϕ(x+h)−ϕ(x)
|h| . Nous utiliserons la proposition suivante qui caract´erise les fonctions Sobolev.
3.4. R ´EGULARIT ´E DES SOLUTIONS 33 Proposition 3.4.2. Soient Ω ⊂RN un ouvert et u∈ L2(Ω). Alors u∈ H1(Ω) si et seulement s’il existe une constante C > 0 telle que pour tout ouvert ω avec ω ⊂ Ω et tout h ∈ RN avec
|h|<dist(ω,Ωc),
kDhukL2(ω)≤C.
On a alors quek∇ukL2(Ω)≤C√ N.
D´emonstration. Commen¸cons par supposer queu∈ C∞(Ω)∩H1(Ω). Soith∈RN, pour toutt∈R, on posev(t) =u(x+th). On a alors v0(t) =∇u(x+th)·het donc
u(x+h)−u(x) =v(1)−v(0) = Z 1
0
v0(t)dt= Z 1
0
∇u(x+th)·h dt.
Par cons´equent, l’in´egalit´e de Cauchy-Schwarz et le th´eor`eme de Fubini montrent que Z
ω
|u(x+h)−u(x)|2dx≤ |h|2 Z 1
0
Z
ω
|∇u(x+th)|2dx dt.
En effectuant le changement de variabley=x+th, il vient Z
ω
|u(x+h)−u(x)|2dx≤ |h|2 Z 1
0
Z
ω+th
|∇u(y)|2dy dt.
Si|h| ≤dist(ω,Ωc), alorsω+th⊂Ω, ce qui montre que kDhukL2(ω)≤ k∇ukL2(Ω).
Si u∈H1(Ω), on peut trouver une suite (un)n∈N de fonctionsC∞(Ω)∩H1(Ω) telle queun →u dansH1(Ω). En particulier, on a queDhun→DhudansL2(ω) si|h| ≤dist(ω,Ωc) et∇un → ∇u dansL2(Ω). Par passage `a la limite dans
kDhunkL2(ω)≤ k∇unkL2(Ω)
quandn→+∞, on obtient
kDhukL2(ω)≤ k∇ukL2(Ω), ce qui conclut la preuve de la condition n´ecessaire.
Montrons maintenant la condition suffisante. On prend h =εui o`u 0 < ε < dist(ω,Ωc) et ei
est le i-`eme vecteur de la base canonique. On posegε :=Dεeiude sorte que l’hypoth`ese montre que (gε)ε>0 est born´ee dansL2(ω). On peut donc extraire une sous-suite et trouverg(i) ∈L2(ω) tels que gε * g(i) faiblement dansL2(ω). Comme cette propri´et´e est satisfaite pour tout ouvert ω tel que ω ⊂Ω, un argument d’extraction diagonale montre que la sous-suite peut ˆetre choisie ind´ependamment de ω et ainsi que g(i) ∈ L2loc(Ω). Or, par semi-continuit´e de la norme pour la convergence faible, on a que
kg(i)kLp(ω)≤lim inf
ε→0 kDεeiukLp(Ω)≤C,
o`uC >0 est la constante de l’´enonc´e de la proposition, qui est ind´ependante deω. Par cons´equent, en prenant une suite d’ensembles{ωk}k∈Nqui croˆıt vers Ω, on obtient quekg(i)kL2(Ω)≤C, ce qui montre queg(i)∈L2(Ω).
34 CHAPITRE 3. EQUATIONS LIN ´EAIRES SOUS FORME DIVERGENCE Soientϕ∈ Cc∞(Ω) etωun ouvert tels queω⊂Ω et Supp(ϕ)⊂ω. Pour tout 0< ε <dist(ω,Ωc), on a
Z
Ω
(Dεeiu(x))ϕ(x)dx= Z
Ω
u(x+εei)−u(x)
ε ϕ(x)dx
=− Z
Ω
u(y)ϕ(y)−ϕ(y−εei)
ε dy=−
Z
Ω
u(y)D−εeiϕ(y)dy.
Par ailleurs comme D−εeiϕ(y)→∂iϕ(y) pour tout y ∈Ω, d’apr`es le th´eor`eme de la convergence domin´ee, on en d´eduit que
Z
Ω
g(i)ϕ dx=− Z
Ω
u∂iϕ dx,
ce qui montreu∈H1(Ω) avec∂iu=g(i)et Z
Ω
|∂iu|2dx≤C,
o`u C >0 est la constante de l’´enonc´e.
Remarque 3.4.3. La Proposition 3.4.2reste vraie dans W1,p(Ω) avec 1< p ≤ ∞. Par ailleurs, la d´emonstration de la condition suffisante montre de fa¸con plus g´en´erale la propri´et´e suivante : s’il existe une constante C > 0 telle que pour tout ouvert ω avec ω ⊂ Ω et tout ε > 0 avec ε <dist(ω,Ωc),
kDεeiukL2(ω) ≤C, alors∂iu∈L2(Ω).
Lemme 3.4.4(Estimations `a l’int´erieur). Pour tout ouvertω tel queω⊂Ω, on au∈H2(ω).
De plus, il existe une constante K1=K1(N, λ, A,Ω,dist(ω,Ωc))>0 telle que kukH2(ω) ≤K1kfkL2(Ω).
D´emonstration. Soient ϕ∈ C∞c (Ω) et h∈ RN, avec |2h| <dist(Supp(ϕ),Ωc). Comme D−hϕ ∈ Cc∞(Ω), il vient d’apr`es la formulation variationnelle,
Z
Ω
Dh(A∇u)· ∇ϕ dx=− Z
Ω
A∇u· ∇(D−hϕ)dx=− Z
Ω
f D−hϕ dx.
CommeDh(A∇u) = (τhA)(Dh∇u) + (DhA)∇u, on obtient Z
Ω
(τhA)∇(Dhu)· ∇ϕ dx=− Z
Ω
(DhA)∇u· ∇ϕ+f D−hϕ dx.
D’apr`es la Proposition3.4.2, on peut estimer l’expression pr´ec´edente par Z
Ω
(τhA)∇(Dhu)· ∇ϕ dx≤ kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
k∇ϕkL2(Ω).
Par densit´e, l’expression pr´ec´edente reste vraie pour toutϕ∈ H01(Ω). On pose alors ϕ=η2Dhu o`u η ∈ Cc∞(Ω) est telle que 0 ≤ η ≤ 1. Notons que, pour h assez petit ϕ est bien d´efinie et
3.4. R ´EGULARIT ´E DES SOLUTIONS 35 ϕ ∈ H01(Ω), ∇ϕ = 2η∇η(Dhu) +η2∇(Dhu). En reportant dans l’estimation pr´ec´edente et en utilisant la propri´et´e d’ellipticit´e (3.1.3) satisfaite par la matriceA, il vient
λ Z
Ω
|η∇(Dhu)|2dx≤ Z
Ω
η2(τhA)∇(Dhu)· ∇(Dhu)dx
= Z
Ω
(τhA)∇(Dhu)· ∇ϕ dx−2 Z
Ω
η(Dhu)(τhA)∇(Dhu)· ∇η dx
≤ kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
(2k∇ηkL∞(Ω)k∇ukL2(Ω)+kη∇(Dhu)kL2(Ω)) + 2kAkC0(Ω)kη∇(Dhu)kL2(Ω)k(Dhu)∇ηkL2(Ω). En utilisant l’in´egalit´e de Young (ab≤2εa2+2ε1b2pour toutaetb≥0), on obtient que
λkη∇(Dhu)k2L2(Ω)≤2 kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
k∇ηkL∞(Ω)k∇ukL2(Ω)
+ε
2kη∇(Dhu)k2L2(Ω)+ 1
2ε kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
2
+ε
2kη∇(Dhu)k2L2(Ω)+2 εkAk2
C0(Ω)k(Dhu)∇ηk2L2(Ω). En choisissantε=λ2, il vient
λ
2kηDh(∇u)k2L2(Ω)≤2 kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
k∇ηkL∞(Ω)k∇ukL2(Ω)
+1
λ kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
2
+4
λkAk2C0(Ω)k(Dhu)∇ηk2L2(Ω). Soitω un ouvert tel queω⊂Ω, on choisitη de sorte queη= 1 surω,η∈ Cc∞(Ω) et 0≤η≤1. En notantd= dist(ω,Ωc), on a quek∇ηkL∞(Ω)≤2/d. Il vient alors que
λ
2kDh(∇u)k2L2(ω)≤ 4
d kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
k∇ukL2(Ω)
+1
λ kAkC1(Ω)k∇ukL2(Ω)+kfkL2(Ω)
2 + 16
λd2kAk2
C0(Ω)k∇uk2L2(Ω). D’apr`es la Proposition3.4.2, on en d´eduit que∇u∈H1(ω), soitu∈H2(ω) pour tout ouvertωtel queω⊂Ω. De plus en utilisant l’estimation (3.3.4), on obtient que
kD2ukL2(ω) ≤K1kfkL2(ω), o`u K1=K1(N, λ, d, A,Ω)>0.
Lemme 3.4.5 (Estimations au voisinage du bord). Pour toutx0 ∈∂Ω, il existe un ouvert U tel quex0∈U et u∈H2(Ω∩U). De plus, il existe une constanteK2 =K2(N, λ, A, U,Ω)>0 telle que
kukH2(Ω∩U)≤K2kfkL2(Ω). (3.4.1)
D´emonstration. Etape 1 : Changement de variable pour se ramener `a un bord plat.
Comme∂Ω est de classeC2, pour toutx0∈∂Ω, on peut trouver un cubeQcentr´e enx0, une base {e1, . . . , eN}deRN et une fonction γ:RN−1 →Rde classeC2 tels que
Ω∩Q={x∈Q:xN < γ(x0)}, ∂Ω∩Q={x∈Q:xN =γ(x0)}.
36 CHAPITRE 3. EQUATIONS LIN ´EAIRES SOUS FORME DIVERGENCE
En changeant de variablesx= Ψ(y), il vient
N
3.4. R ´EGULARIT ´E DES SOLUTIONS 37 et en utilisant (3.4.2), il vient
Z
B−
A∇˜ u˜· ∇ϕ dy = Z
B−
f ϕ dy.˜ (3.4.3)
On a clairement que ˜f ∈L2(B−) aveckf˜kL2(B−)≤CkfkL2(Ω∩U). De plus, pour tout 1≤k, l≤N,
˜
akl ∈ C1(B−) et la matrice ˜A(y) = (˜akl(y))1≤k,l≤N satisfaitkAk˜ C1(B−) ≤CkAkC1(Ω∩U)ainsi que la condition d’ellipticit´e. En effet, d’apr`es (3.1.3), pour touty∈B− et toutξ∈RN,
A(y)ξ˜ ·ξ=
N
X
i,j,k,l=1
|det(∇Ψ(y))|(aij(Ψ(y))∂iΦk(Ψ(y))∂jΦl(Ψ(y))ξkξl
=
N
X
i,jl=1
|det(∇Ψ(y))|(aij(Ψ(y))ηiηj≥λ|det(∇Ψ(y))||η|2,
o`u η=∇Φ(Ψ(y))Tξ. Comme ξ=∇Ψ(y)Tη, on en d´eduit que |ξ|2 ≤C|η|2 o`u C=k∇ΨkL∞(B−). Par ailleurs, det(∇Ψ) =p
1 +|∇γ|2≥1, ce qui montre que A(y)ξ˜ ·ξ≥ λ
C|ξ|2 pour touty∈B− et toutξ∈RN. (3.4.4) Etape 2 : Estimation dans un demi plan.En utilisant la nouvelle formulation variationnelle (3.4.3), on peut proc´eder exactement comme dans les estimations int´erieures en faisant cette fois des translations tangentielles, i.e., de la forme h =tek o`u 1≤ k ≤N −1. En effet, en prenant D−hϕcomme fonction test dans (3.4.3) (o`u ϕ∈ Cc∞(B−)), on obtient que
Z
B−
(τhA)∇(D˜ hu)˜ · ∇ϕ dx≤ kAk˜ C1(B−)k∇˜ukL2(B−)+kf˜kL2(B−)
k∇ϕkL2(B−).
Par suite, on prendϕ=η2Dhu˜n o`u ˜un=un◦Ψ et (un)n∈Nest une suite de fonctionsCc∞(Ω) telle que un → udans H1(Ω) etη ∈ Cc∞(B) telle que 0 ≤ η ≤ 1. Comme ˜un = 0 dans un voisinage de l’hyperplaneRN−1 × {0}, du fait que h=tek avec 1≤k ≤N−1, alors Dhu˜n = 0 dans un voisinage deRN−1× {0}(c’est ici qu’on utilise le fait que les translations doivent ˆetre tangentielles au bord). Par cons´equent, le produitη2Dhu˜n est bien `a support compact dansB−. Il vient alors
Z
B−
η2(τhA)∇(D˜ h˜u)· ∇(Dhu˜n)dx
= Z
B−
(τhA)∇(D˜ hu)˜ · ∇ϕ dx−2 Z
B−
η(Dhu˜n)(τhA)∇(D˜ hu)˜ · ∇η dx
≤ kAk˜ C1(B−)k∇˜ukL2(B−)+kf˜kL2(B−)
(2k∇ηkL∞(B−)k∇˜unkL2(B−)+kη∇(Dhu˜n)kL2(B−)) + 2kAk˜ C0(B−)kη∇(Dhu˜n)kL2(B−)k(Dhu˜n)∇ηkL2(B−). Par passage `a la limite quandn→ ∞, comme ˜un →u˜dansH1(B−), on obtient que
λ C
Z
B−
|η∇(Dhu)|˜ 2dx ≤ Z
B−
η2(τhA)∇(D˜ hu)˜ · ∇(Dhu)˜ dx
≤ kAk˜ C1(B−)k∇˜ukL2(B−)+kf˜kL2(B−)
(2k∇ηkL∞(B−)k∇˜ukL2(B−)+kη∇(Dhu)k˜ L2(B−)) + 2kAk˜ C0(B−)kη∇(Dhu)k˜ L2(B−)k(Dhu)∇ηk˜ L2(B−),
38 CHAPITRE 3. EQUATIONS LIN ´EAIRES SOUS FORME DIVERGENCE o`u l’on a utilis´e la propri´et´e d’ellipticit´e (3.4.4) satisfaite par la matrice ˜A. En utilisant l’in´egalit´e de Young avecε= 2Cλ , il vient En raisonnant comme dans l’estimation `a l’int´erieur et en utilisant la Remarque 3.4.3, on en d´eduit que pour tout (k, l) 6= (N, N), ∂kl2u˜ ∈ L2(B−). De plus, il existe une constante ˜C1 =
Le Th´eor`eme de Repr´esentation de Riesz montre alors l’existence d’une fonctiong∈L2(B−) telle que
3.4. R ´EGULARIT ´E DES SOLUTIONS 39 o`u ˜C3= ˜C3(N, λ,Ω, A)>0.
Comme ∇u˜ ∈ H1(B−), on obtient que ∇˜u◦Φ ∈ H1(Ω∩U) et, d’apr`es (3.4.2), que ∇u =
∇Φ(∇˜u◦Φ)∈H1(Ω∩U). Par cons´equentu∈H2(Ω∩U) et
kukH2(Ω∩U)≤C kfkL2(Ω∩U)+kukH1(Ω∩U) ,
o`u C = C(N, λ,Ω, A, U) > 0. D’apr`es l’in´egalit´e de Poincar´e et (3.3.4), on a que kukH1(Ω) ≤ CkfkL2(Ω), d’o`u kukH2(Ω∩U)≤CkfkL2(Ω).
Nous sommes `a pr´esent en mesure de donner la preuve du Th´eor`eme3.4.1
D´emonstration du Th´eor`eme3.4.1.Comme∂Ω est compact, d’apr`es le Lemme3.4.5, on peut le recouvrir par un nombre fini d’ouverts U1, . . . , Umtels que, pour tout 1≤i≤m,u∈H2(Ω∩Ui) et
kukH2(Ω∩Ui)≤CkfkL2(Ω). Soit maintenantU0 un ouvert tel queU0 ⊂Ω et Ω⊂Sm
i=0Ui. D’apr`es le Lemme3.4.4, on a que u∈H2(U0) et
kukH2(U0)≤CkfkL2(Ω).
On consid`ere une partition de l’unit´eθ0, . . . , θmsubordonn´ee au recouvrement{U0, . . . , Um}de Ω, i.e.,
— pour tout 0≤i≤m,θi∈ Cc∞(Ui) et 0≤θi≤1 ;
— Pm
i=0θi= 1 sur Ω.
On a alors que θiu ∈ H2(Ω) et kθiukH2(Ω) ≤ CkukH2(Ω∩Ui) pour tout 0 ≤ i ≤ m et comme u=Pm
i=0θiu, il vient queu∈H2(Ω) etkukH2(Ω)≤CkfkL2(Ω).
La r´egularit´e de la solution faible permet de d´efinir une notion plus pr´ecise de solution.
D´efinition 3.4.6. Soient Ω ⊂ RN un ouvert born´e de classe C2, f ∈ L2(Ω) et A une matrice satisfaisant les hypoth`eses (3.1.2) et (3.1.3) et dont les coefficients aij ∈ C1(Ω) pour tout 1 ≤ i, j≤N. On dit queuest unesolution fortede (3.1.1) siu∈H2(Ω)∩H01(Ω) et
−div(A∇u) =f p.p. dans Ω.
On peut alors montrer l’existence de solutions fortes.
Th´eor`eme 3.4.7. Soient Ω ⊂ RN un ouvert born´e de classe C2, f ∈ L2(Ω) et A une matrice satisfaisant les hypoth`eses (3.1.2) et (3.1.3) et dont les coefficients aij ∈ C1(Ω) pour tout 1 ≤ i, j≤N. Alors l’unique solution faible de (3.1.1)est ´egalement l’unique solution forte.
D´emonstration. D’apr`es le Th´eor`eme3.4.1, l’unique solution faibleude (3.1.1) appartient `a l’es-paceH2(Ω)∩H01(Ω). En particulier, comme les coefficients de la matriceA sont de classeC1 sur Ω, alorsA∇u∈H1(Ω) et donc div(A∇u)∈L2(Ω). Par d´efinition de la formulation faible et de la d´eriv´ee au sens des distributions, on a donc que
Z
Ω
f ϕ dx= Z
Ω
A∇u· ∇ϕ dx=− Z
Ω
div(A∇u)ϕ dx
pour toutϕ∈ Cc∞(Ω). On en d´eduit alors quef =−div(A∇u) p.p. sur Ω. L’unicit´e de la solution forte vient du fait que toute solution forte est une solution faible et de l’unicit´e de cette derni`ere.
Il est encore possible d’aller plus loin et de montrer que, si les donn´ees sont assez r´eguli`eres, alors on retrouve bien une solution classique. Tout d’abord, une r´ecurrence relativement imm´ediate permet de montrer le r´esultat suivant.
40 CHAPITRE 3. EQUATIONS LIN ´EAIRES SOUS FORME DIVERGENCE Th´eor`eme 3.4.8. Soitm∈N. SiΩ⊂RN un ouvert born´e de classe Cm+2,f ∈Hm(Ω)etA une matrice satisfaisant les hypoth`eses (3.1.2)et (3.1.3) et dont les coefficients aij ∈ Cm+1(Ω) pour tout1≤i, j≤N . Alors l’unique solution faible ude (3.1.1)appartient `aHm+2(Ω).
On peut mˆeme retrouver des solutions classiques quand les donn´ees sont tr`es r´eguli`eres. Pour ce faire, il convient d’utiliser une version des injections de Sobolev que nous admettrons (voir par exemple [3, Lemma 6.45]).
Th´eor`eme 3.4.9 (Injection de Sobolev). Soient m > k+N2 et Ωun ouvert born´e de RN de classe Cm. AlorsHm(Ω)⊂ Ck(Ω) et il existe une constante C=C(m, k, N,Ω)telle que
kukCk(Ω) ≤CkukHm(Ω) pour toutu∈Hm(Ω).
Une cons´equence imm´ediate du Th´eor`eme3.4.8et de l’injection de Sobolev est que sim > N2, alors la solutionu∈Hm+2(Ω) est en fait une fonction de classeC2 sur Ω. Par cons´equent, l’´egalit´e
−div(A∇u) = f p.p. sur Ω a en fait lieu partout sur Ω, ce qui montre que u est une solution classique de (3.1.1).
On a finalement le r´esultat suivant de r´egularit´e.
Th´eor`eme 3.4.10. Soit Ω ⊂RN un ouvert born´e de classe C∞, f ∈ C∞(Ω) et A une matrice satisfaisant les hypoth`eses (3.1.2) et (3.1.3) et dont les coefficients aij ∈ C∞(Ω) pour tout 1 ≤ i, j≤N. Alors l’unique solution faible ude (3.1.1) appartient `aC∞(Ω).
D´emonstration. D’apr`es le Th´eor`eme3.4.8, on a queu∈Hm(Ω) pour toutm∈N. Par cons´equent, l’injection de Sobolev montre queu∈ Ck(Ω) pour toutk∈N, soit u∈ C∞(Ω).
Chapitre 4
R´ esultats de r´ egularit´ e
D’apr`es le Th´eor`eme3.4.8il est naturel de se demander si l’on peut obtenir de la r´egularit´e des solutions de−∆u=fdans Ω quandf a un degr´e de diff´erentiabilit´e donn´e. On pourrait na¨ıvement penser que sif ∈ C(Ω) alorsu∈ C2(Ω). Malheureusement ceci est faux en g´en´eral except´e dans le cas de la dimensionN = 1.
Exemple 4.0.1 (Weierstrass). En dimension N ≥2, on consid`ere la bouleB =B1/2(0) centr´e
`
a l’origine et de rayon 1/2. Pour tout x∈B, on pose
v(x) =
((x21−x22)p
−ln|x| six6= 0,
0 six= 0,, f(x) =
x22−x21 2|x|2
√ 4
−ln|x|+ 1
2(√
−ln|x|)3
six6= 0,
0 six= 0.
On peut v´erifier quef ∈ C(B),v∈ C(B)∩ C2(B\ {0}) et ∆v(x) =f(x) pour toutx∈B\ {0}. Si u∈ C2(B) est une solution de ∆u=f dansB, alors v−uest harmonique dansB\ {0} et v−u est continue sur toute la bouleB. Le principe des singularit´es artificielles montre quev−uest en fait harmonique sur toute la bouleB. Par cons´equent,v−u∈ C∞(B) et doncv= (v−u) +uest de classeC2 surB ce qui est absurde.
En revanche, des r´esultats analogues sont valides si on remplace Cm(Ω) par des espaces fonc-tionnels plus sophistiqu´es. Nous avons d´ej`a vu dans le Th´eor`eme3.4.8 que ceci est vrai dans les espaces de SobolevHm(Ω). Nous allons consid´erer d’autres situations dans le cadre des espaces de H¨older C0,α(Ω) et de Sobolev du typeW1,p(Ω).
4.1 Estimations de Schauder
Rappelons tout d’abord la d´efinition des espaces de H¨older.
D´efinition 4.1.1 (Espaces de H¨older). Soient α∈]0,1[ et K ⊂RN un compact. On d´efinit l’espace de H¨older C0,α(K) comme l’ensemble des fonctions u ∈ C0(K) satisfaisant la propri´et´e suivante : il existe une constanteC >0 telle que
|u(x)−u(y)| ≤C|x−y|α pour toutx, y∈K.
La plus petite constanteC >0 dans l’expression pr´ec´edente est not´ee [u]C0,α(K) et elle satisfait [u]C0,α(K)= max
x,y∈K,x6=y
|u(x)−u(y)|
|x−y|α . 41
42 CHAPITRE 4. R ´ESULTATS DE R ´EGULARIT ´E Il s’agit d’un espace de Banach pour la norme
kukC0,α(K):=kukC0(K)+ [u]C0,α(K).
Si k ∈N, on d´efinit l’espaceCk,α(K) comme l’ensemble des fonctions ude classe Ck dans un voisinage ouvert deKet telles que, pour tout multi-indiceβ∈NN avec|β|=k, on a∂βu∈ C0,α(K).
Il s’agit de nouveau d’un espace de Banach pour la norme kukCk,α(K):=kukCk(K)+ max
|β|=k[∂βu]C0,α(K).
Si Ω⊂RN est un ouvert, on d´efinit (l’espace de Fr´echet)Ck,α(Ω) comme l’ensemble des fonctions u∈ Ck(Ω) telles queu∈ Ck,α(ω) pour tout ouvert born´eω⊂RN tel que ω⊂Ω.
D´efinition 4.1.2 (Espaces de Campanato). Soient 1≤p <∞, λ≥0 et Ω⊂RN un ouvert.
On d´efinit l’espace de CampanatoLp,λ(Ω) comme l’ensemble des fonctionsu∈Lp(Ω) telles que [u]pp,λ:= sup
x0∈Ω,ρ>0
ρ−λ Z
Ω∩Bρ(x0)
|u−ux0,ρ|pdx <+∞, o`u ux0,ρ:=|Ω∩B1
ρ(x0)|
R
Ω∩Bρ(x0)u(y)dy. Il s’agit d’un espace de Banach pour la norme kukLp,λ(Ω):=kukLp(Ω)+ [u]p,λ.
Remarque 4.1.3. Si Ω ⊂ RN est un ouvert born´e et u ∈ C0,α(Ω), alors u ∈ Lp,λ(Ω) pour λ=αp+N. En effet, soientx0∈Ω etρ >0. Pour toutxety∈Ω∩Bρ(x0), on a|u(x)−u(y)| ≤ [u]C0,α(Ω)|x−y|α≤[u]C0,α(Ω)(2ρ)α. On en d´eduit que|u(x)−ux0,ρ| ≤[u]C0,α(Ω)(2ρ)α, puis
Z
Ω∩Bρ(x0)
|u(x)−ux0,ρ|pdx≤ωN2αp[u]p
C0,α(Ω)ραp+N, ce qui montre queu∈ Lp,αp+N(Ω) avec
[u]p,αp+N ≤ω1/pN 2α[u]C0,α(Ω).
De plus, d’apr`es l’in´egalit´e de H¨older, on a ´egalement que kukLp(Ω) ≤ |Ω|1−1/pkukC0(Ω), ce qui montre que kukLp,αp+N(Ω) ≤CkukC0,α(Ω). Nous allons voir que si Ω est assez r´egulier, les espaces Lp,αp+N(Ω) etC0,α(Ω) sont en fait isomorphes.
Avant cela, nous rappelons un r´esultat d’int´egration dont la d´emonstration se trouve par exemple dans [4, Theorem 3.21].
Th´eor`eme 4.1.4 (de diff´erentiation de Lebesgue). Soit f ∈ L1loc(RN). Alors pour presque toutx∈RN, on a
ρ→0lim 1 ωNρN
Z
Bρ(x)
f(y)dy=f(x).
Th´eor`eme 4.1.5 (Campanato). SoitΩ⊂RN un ouvert born´e de classe C1. SiN < λ≤N+p etα= λ−Np , les espaces Lp,λ(Ω) etC0,α(Ω) sont isomorphes. De plus, les quantit´es k · kC0,α(Ω) et k · kp,λ sont ´equivalentes.
4.1. ESTIMATIONS DE SCHAUDER 43 D´emonstration. Nous avons d´ej`a vu dans la Remarque4.1.3que siu∈ C0,α(Ω), alorsu∈ Lp,λ(Ω) pourλ=αp+N et, de plus,
kukp,λ≤CkukC0,α(Ω).
Supposons maintenant que u∈ Lp,λ(Ω). Montrons tout d’abord qu’il existe une constanteC= C(N, λ, p,Ω)>0 telle que pour toutx0∈Ω etR >0, on a
|ux0,2−kR−ux0,2−lR| ≤C[u]p,λ(2−kR)λ−Np pour toutk < l. (4.1.1) Comme Ω est de classeC1, il existe une constanteA >0 telle que pour toutx0∈Ω etρ <diam(Ω), on a|Ω∩Bρ(x0)| ≥AρN. Six, x0∈Ω et 0< r < R, on a
|ux0,r−ux0,R|p≤2p−1(|ux0,r−u(x)|p+|u(x)−ux0,R|p).
En int´egrant par rapport `ax∈Ω∩Br(x0), il vient
|ux0,r−ux0,R|p≤ 2p−1 ArN
Z
Ω∩Br(x0)
|ux0,r−u(x)|pdx+ Z
Ω∩BR(x0)
|u(x)−ux0,R|pdx
!
≤ 2p−1
ArN[u]pp,λ(rλ+Rλ)≤ 2p
ArN[u]pp,λRλ, d’o`u,|ux0,r−ux0,R| ≤ A1/p2 [u]p,λRλ/pr−N/p. PosonsRj= 2−jRpour toutj∈N, alors
|ux0,Rj−ux0,Rj+1| ≤ 2
A1/p[u]p,λRλ−Np 2
j(N−λ) p +Np
. En sommant pourj=k, . . . , l−1, il vient
|ux0,Rl−ux0,Rk| ≤C[u]p,λR
λ−N p
k , avecC=C(N, p, λ, A)>0.
On en d´eduit que la suite (ux0,Rk)k∈Nest de Cauchy dansR. Elle admet donc une limite, not´ee
˜
u(x0). Par passage `a la limite quandl →+∞dans (4.1.1), on en d´eduit que pour tout R >0 et toutk∈N,
|ux0,Rk−u(x˜ 0)| ≤C[u]p,λ(2−kR)λ−Np , (4.1.2) ce qui montre que cette limite est en fait uniforme sur Ω. Comme la fonction x0 7→ ux0,Rk est continue, on en d´eduit que ˜uest continue. Par ailleurs, le th´eor`eme de diff´erentiation de Lebesgue assure queux0,R→u(x0) pour presque toutx0∈Ω. Par cons´equent,u= ˜upresque partout sur Ω et on peut donc supposer queuest continue sur Ω.
D’apr`es (4.1.2) aveck= 0 et en rempla¸cantRpar 2R, on a pour tout x∈Ω,
|u(x)−ux,2R| ≤C[u]p,λRλ−Np . (4.1.3) Soient maintenantxety∈Ω, et posonsR=|x−y|, alors
|u(x)−u(y)| ≤ |u(x)−ux,2R|+|ux,2R−uy,2R|+|uy,2R−u(y)|.
On a tout d’abord que
|u(x)−ux,2R| ≤C[u]p,λ|x−y|λ−Np , |u(y)−uy,2R| ≤C[u]p,λ|x−y|λ−Np .
44 CHAPITRE 4. R ´ESULTATS DE R ´EGULARIT ´E Par ailleurs, siz∈Ω∩B2R(x)∩B2R(y),
|ux,2R−uy,2R| ≤ |ux,2R−u(z)|+|u(z)−uy,2R|
et commeBR(x)∪BR(y)⊂B2R(x)∩B2R(y), on en d´eduit, en int´egrant sur Ω∩B2R(x)∩B2R(y), que
|ux,2R−uy,2R| ≤ 1
|Ω∩BR(x)|
Z
Ω∩BR(x)
|ux,2R−u(z)|dz+ 1
|Ω∩BR(y)|
Z
Ω∩BR(y)
|u(z)−uy,2R|dz.
En utilisant l’in´egalit´e de H¨older et le fait que Ω est de classeC1, il vient que
|ux,2R−uy,2R| ≤ 2
ARN(ωNRN)1−1/p(2R)λ/p[u]p,λ=C[u]p,λ|x−y|λ−Np .
On a donc montr´e que|u(x)−u(y)| ≤C[u]p,λ|x−y|α, ce qui ´etablit que [u]C0,α(Ω)≤C[u]p,λ. Enfin, on montre que la fonction uest born´ee sur Ω. En effet, en posant 2R = diam(Ω) dans (4.1.3), on en d´eduit que pour toutx∈Ω,
|u(x)| ≤ |ux,2R|+|u(x)−ux,2R| ≤(ωNdiam(Ω))−1/pkukLp(Ω)+C[u]p,λdiam(Ω)λ−Np , ce qui montre quekukC0(Ω)≤CkukLp,λ(Ω).
Th´eor`eme 4.1.6 (Schauder). Soient Ω⊂ RN un ouvert born´e et f ∈ C0,α(Ω) o`u 0 < α < 1.
Si uest une distribution solution de−∆u=f dans D0(Ω), alorsu∈ C2,α(Ω). De plus, pour tout ouvertω tel queω⊂Ω, il existe une constanteC=C(N, α,Ω, ω)telle que
kD2ukC0,α(ω)≤CkfkC0,α(Ω).
Nous allons d’abord montrer que la solution distributionnelle est en fait une solution forte.
Lemme 4.1.7. Soient Ω ⊂ RN un ouvert born´e et f ∈ C0,α(Ω) o`u 0 < α < 1. Si u est une distribution solution de−∆u=f dansD0(Ω), alors u∈Hloc2 (Ω)∩ C1(Ω).
D´emonstration. On remarque tout d’abord que, du fait que f ∈ C0,α(Ω) ⊂ L2(Ω), alors par r´egularit´e elliptique on a queu∈Hloc2 (Ω).
Nous allons `a pr´esent montrer queu∈ C1(Ω). Pour ce faire, on consid`ere un ouvert ω tel que ω⊂Ω. Soitφ∈ Cc∞(Ω) telle queφ= 1 surω. On pose ˜f =φf ∈ Cc(RN) de sorte que le Th´eor`eme 2.2.4 assure que −∆( ˜f ∗G) = ˜f = φf dans D0(RN). Comme ˜f = f sur ω, on en d´eduit que
−∆( ˜f∗G) = f dans D0(ω). Par cons´equentu−( ˜f∗G) est harmonique sur ω, et donc de classe C∞surω. Commeω est arbitraire, on en d´eduit queu−( ˜f∗G)∈ C∞(Ω).
Il reste `a ´etablir que le potentiel Newtonien ˜f ∗G∈ C1(RN). Pour toutε >0, on pose Gε(x) =
(−4π1 ln(|x|2+ε2) siN = 2,
(|x|2+ε2)(2−N)/2
N(N−2)ωN siN ≥3.
Notons que Gε ∈ C∞(RN) et d’apr`es les propri´et´es classiques de la convolution, on a ´egalement que ˜f∗Gε∈ C∞(RN). On a d´ej`a vu dans la d´emonstration du Th´eor`eme2.2.1queGε→Gdans L1loc(RN). Par cons´equent, pour toutx∈RN,
|f˜∗Gε(x)−f˜∗G(x)| ≤ kGε−GkL1(Ω−Ω)kf˜kL∞(RN),
4.1. ESTIMATIONS DE SCHAUDER 45
Il reste `a montrer queD2u∈ C0,α(Ω) ainsi que l’estimation. Pour ce faire, nous allons montrer queD2u∈ L2,2α+N(ω) en supposant, sans restreindre la g´en´eralit´e, que ω est de classeC1 (sinon Le th´eor`eme de Lax-Milgram assure l’existence et l’unicit´e d’un telw. On pose ensuitez=∂ku−w de sorte que ∆z= 0 dansD0(BR(x0)) ce qui montre quez∈ C∞(BR(x0)).
D´emonstration du Th´eor`eme4.1.6. D’apr`es le Corollaire2.1.16appliqu´e `a la fonction harmonique
∇z dansBR(x0), pour tout 0< ρ < R, on a
En prenantϕ=w dans la formulation variationnelle (4.1.4) satisfaite parw, on obtient Z
46 CHAPITRE 4. R ´ESULTATS DE R ´EGULARIT ´E ce qui montre, d’apr`es la Remarque4.1.3, que
Z
BR(x0)
|∇w|2dx≤ Z
BR(x0)
|f −fx0,R|2dx≤C[f]2C0,α(Ω)R2α+N.
Par cons´equent, on a Φ(ρ) :=
Z
Bρ(x0)
|∇∂ku−(∇∂ku)x0,ρ|2dx≤Cρ R
N+2
Φ(R) +C000[f]2
C0,α(Ω)R2α+N. En remarquant que la quantit´e c 7→ R
Bρ(x0)|∇∂ku−c|2dx est minimale pr´ecis´ement pour c = (∇∂ku)x0,ρ, on en d´eduit que Φ est une fonction croissante. Le Lemme 4.1.8implique alors que
Φ(ρ)≤Cρ2α+N
Φ(R)
R2α+N + [f]2C0,α(Ω)
soit, pour toutρ≤R0
Z
Bρ(x0)
|∇∂ku−(∇∂ku)x0,ρ|2dx≤CR0ρ2α+N
kD2ukL2(BR0(x0))+ [f]2
C0,α(Ω)
≤CR0ρ2α+N
kfkL2(BR0(x0))+ [f]2
C0,α(Ω)
≤CR0ρ2α+Nkfk2
C0,α(Ω). Si `a pr´esentρ≥R0, alors par r´egularit´e elliptique et la Remarque4.1.3,
ρ−2α−N Z
Bρ(x0)∩ω
|∇∂ku−(∇∂ku)x0,ρ|2dx≤2R−2α−N0 Z
Bρ(x0)∩ω
|∇∂ku|2dx
≤CR0 Z
ω
|D2u|2dx≤CR0 Z
ω
|f|2dx≤CR0kfk2C0,α(Ω).
Ceci implique queD2u∈ L2,2α+N(ω) et d’apr`es le th´eor`eme de Campanato, D2u∈ C0,α(ω), soit u∈ C2,α(ω), avec
kD2ukC0,α(ω)≤CkfkC0,α(Ω), ce qui conclut la preuve du th´eor`eme de Schauder.
Lemme 4.1.8. SoitΦ :R+→R+ une fonction croissante telle que pour tout 0< ρ≤R, Φ(ρ)≤Aρ
R a
Φ(R) +BRb,
o`uA,B,a,b >0 eta > b. Alors il existec=c(A, a, b) tel que pour tout0< ρ≤R Φ(ρ)≤c
Φ(R) Rb +B
ρb.
D´emonstration. Sans restreindre la g´en´eralit´e, on peut supposerA >1. Soitγ= (a+b)/2, on peut alors trouverτ ∈(0,1) tel queAτa=τγ. Posons alorsρ=τ Rde sorte que
Φ(τ R)≤AτaΦ(R) +BRb=τγΦ(R) +BRb.
4.2. ESTIMATIONS DE CALDERON-ZYGMUND 47