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Equations aux dérivées partielles elliptiques linéaires et non linéaires

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Academic year: 2022

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(1)

Universit´ e Paris-Sud Master de Math´ ematiques et Applications

Equations aux d´ eriv´ ees partielles elliptiques

lin´ eaires et non lin´ eaires

Jean-Fran¸ cois Babadjian

(2)
(3)

Table des mati` eres

1 Introduction 5

1.1 G´en´eralit´es . . . 5

1.2 Quelques exemples . . . 6

2 L’op´erateur Laplacien 9 2.1 Fonctions harmoniques . . . 9

2.2 Solution fondamentale . . . 19

3 Equations lin´eaires sous forme divergence 25 3.1 Introduction. . . 25

3.2 Espaces de Sobolev . . . 26

3.3 Formulation faible . . . 29

3.4 R´egularit´e des solutions . . . 32

4 R´esultats de r´egularit´e 41 4.1 Estimations de Schauder . . . 41

4.2 Estimations de Calderon-Zygmund . . . 47

4.3 Autres r´esultats de r´egularit´e . . . 57

5 Equations non lin´eaires sous forme divergence 61 5.1 Th´eor`emes de points fixes . . . 61

5.2 Equations semi-lin´eaires . . . 65

5.3 Equations quasi-lin´eaires. . . 71

6 Introduction au calcul des variations 77 6.1 La m´ethode directe en calcul des variations . . . 77

6.2 Application aux fonctionnelles int´egrales . . . 79

6.3 Equation d’Euler-Lagrange . . . 81

3

(4)

4

(5)

Chapitre 1

Introduction

1.1 G´ en´ eralit´ es

On dit qu’un op´erateur diff´erentiel lin´eaire du second ordre L est elliptique s’il agit sur des fonctionsu∈ C(RN) sous la forme suivante :

Lu=

N

X

i,j=1

aij(x)∂ij2u(x) +

N

X

i=1

bi(x)∂iu(x) +c(x)u(x),

o`u A(x) = (aij(x))1≤i,j≤N est une matrice `a coefficients born´es satisfaisant la propri´et´e d’ellipti- cit´e : il existeλ >0 tel que

N

X

i,j=1

aij(x)ξiξj≥λ|ξ|2 pour toutx∈RN et toutξ∈RN.

Comme la matrice hessienneD2u= (∂ij2u)1≤i,j≤N est sym´etrique, on peut se restreindre au cas de matricesA(x) qui sont sym´etriques, auquel cas la condition d’ellipticit´e est ´equivalente au fait que la matriceA(x) est d´efinie positive et que sa plus petite valeur propre est plus grande queλ >0.

Un cas particulier est celui desop´erateurs sous forme divergence Lu=

N

X

i,j=1

i aij(x)∂ju(x)

= div(A(x)∇u(x)).

En ´ecrivant

Lu=

N

X

i,j=1

aij(x)∂ij2u(x) +

N

X

i,j=1

iaij(x)∂ju(x), on retrouve la forme pr´ec´edente avec bj =PN

i=1iaij et la condition d’ellipticit´e reste la mˆeme.

Cependant, on ne peut pas se restreindre au cas de matricesA(x) qui sont sym´etriques.

On appelle ´equation elliptiquelin´eaireune ´equation de la forme Lu=f,

5

(6)

6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION o`uf est une fonction donn´ee (appel´eterme sourceousecond membre) etLest lin´eaire par rapport

`

a u. On dit que l’´equation est semi-lin´eaire si elle est non lin´eaire mais sa partie principale est lin´eaire par rapport `a u, i.e.,

N

X

i,j=1

aij(x)∂ij2u(x) =f(x, u,∇u).

On dit que l’´equation estquasi-lin´eairesi elle est non lin´eaire mais sa partie principale est lin´eaire par rapport `a la d´eriv´ee deud’ordre le plus ´elev´e. Pour les ´equations d’ordre 2, elles sont du type

N

X

i,j=1

aij(x, u,∇u)∂ij2u(x) =f(x, u,∇u).

La classe g´en´erale des ´equations compl`etement non lin´eaires est de la forme F(x, u,∇u, D2u) = 0.

La condition d’ellipticit´e est alors queM 7→F(x, z, ξ, M) est monotone, i.e. pour tout (x, s, ξ, M)∈ RN×R×RN ×RN×N et toute matriceP d´efinie positive,

F(x, s, ξ, M+P)≥F(x, s, ξ, M).

L’op´erateur elliptique le plus important est leLaplacien. Il correspond `a la matriceA=I :

∆u=

N

X

i=1

ii2u.

1.2 Quelques exemples

L’´ equation de Poisson

Soit Ω⊂RN un ouvert etf : Ω→R. On cherche une fonctionu: Ω→Rtelle que (−∆u=f dans Ω,

u= 0 sur∂Ω.

Cette ´equation intervient dans de nombreux domaines des math´ematiques et de ses applications.

Par exemple, en dimension N = 3, sif repr´esente une densit´e de charge ´electrique pr´esente dans Ω, alors −uest le potentiel ´electrique dans Ω quand le bord de Ω est parfaitement conducteur.

Le gradient de −u est le champ ´electrique. Plus g´en´eralement, ce probl`eme intervient dans les questions relatives au potentiel newtonien.

En dimensionN = 2, il s’agit de l’´equation de la membrane ´elastique :f repr´esente une densit´e volumique de forces eturepr´esente le d´eplacement vertical d’une membrane qui occupe la position Ω au repos. La condition limiteu= 0 sur∂Ω signifie que la membrane est fix´ee sur le bord.

Elasticit´ e lin´ eaire

De mani`ere plus g´en´erale, le syst`eme de l’´elasticit´e lin´eaire (dit syst`eme de Lam´e) permet de d´ecrire la position d’´equilibre d’un milieu ´elastique homog`ene et isotrope lorsque l’on fait l’hy- poth`ese que les d´eplacements par rapport `a l’´etat naturel sont petits. Si Ω ⊂ R3 repr´esente la

(7)

1.2. QUELQUES EXEMPLES 7 configuration de r´ef´erence d’un milieu ´elastique lin´eaire soumis `a une densit´e volumique de forces f : Ω→R3 et fix´e sur le bord, le d´eplacementu: Ω→R3est solution du syst`eme d’´equations aux d´eriv´ees partielles suivant :

(−(λ+µ)∇(divu)−µ∆u=f dans Ω,

u= 0 sur∂Ω.

Les coefficients λ et µ sont des param`etres d’´elasticit´e appel´es coefficients de Lam´e qui doivent satisfaire les conditions

3λ+ 2µ >0, µ >0 assurant le caract`ere elliptique du syst`eme d’EDP pr´ec´edent.

Syst` eme de Stokes

Les ´equations de Stokes sont des ´equations de la m´ecanique des fluides qui r´egissent l’´ecoulement d’un fluide visqueux incompressible qui occupe le volume Ω⊂R3 au repos. Sif : Ω→R3d´esigne une densit´e volumique de forces agissant sur le fluide, on cherche la vitesse du fluidev : Ω→R3 et la pressionp: Ω→Rtels que





−µ∆v=∇p+f dans Ω,

divv= 0 dans Ω,

v= 0 sur∂Ω.

La deuxi`eme ´equation traduit l’incompressibilit´e du fluide.

(8)

8 CHAPITRE 1. INTRODUCTION

(9)

Chapitre 2

L’op´ erateur Laplacien

L’un des op´erateurs diff´erentiels les plus importants est le Laplacien ∆ surRN d´efini par

∆u=

N

X

i=1

ii2u= div∇u.

Il est utile d’avoir `a l’esprit un mod`ele physique li´e `a cet op´erateur. Le plus simple provient de la th´eorie de l’´electrostatique. Selon les ´equations de Maxwell, un champ ´electrique E dans l’espace (un champ de vecteur repr´esentant la force ´electrostatique par unit´e de charge) est reli´e

`

a la densit´e de charge f par l’´equation divE = f (`a condition que les unit´es de mesure soient correctement choisies) et satisfait ´egalement rotE = 0 (en dimension N, rotE est donn´e par la matrice antisym´etrique (∂iEj −∂jEi)1≤i,j≤N). Cette deuxi`eme condition signifie que, du moins localement,E est le gradient d’une fonction, not´ee−u, d´etermin´ee `a une constante additive pr`es, appel´e potentiel ´electrostatique. Par cons´equent, on a

−∆u=f,

de sorte que le Laplacien relie le potentiel `a la densit´e de charge.

2.1 Fonctions harmoniques

D´efinition 2.1.1. Une fonction ude classeC2 sur un ouvert Ω⊂RN est harmonique si elle est solution de l’´equation de Laplace

∆u(x) = 0 pour toutx∈Ω.

Nous verrons plus loin que l’hypoth`ese u∈ C2(Ω) est en fait superflue. Nous allons `a pr´esent

´

etablir un certain nombre de propri´et´es des fonctions harmoniques. Tout d’abord, comme le Lapla- cien commute avec les rotations, il pr´eserve la classe des fonctions radiales sur laquelle il se r´eduit

`

a une ´equation diff´erentielle ordinaire. On peut alors caract´eriser toutes les fonctions radiales har- moniques en dehors de l’origine.

Proposition 2.1.2. Siu(x) =φ(|x|)pour toutx∈RN, alors∆u= 0surRN\ {0}si et seulement si

u(x) =





a|x|+b siN = 1, aln|x|+b siN = 2, a|x|2−N +b siN ≥3.

9

(10)

10 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN D´emonstration. Pour tout 1≤i≤N et pour toutx6= 0, on a,

iu(x) =φ0(|x|)xi

|x|, ∂ii2u(x) =φ00(|x|) x2i

|x|20(|x|) 1

|x|− x2i

|x|3

.

Par cons´equent,

∆u(x) =φ00(|x|) +N−1

|x| φ0(|x|)

et ∆u = 0 sur RN \ {0} si et seulement si φ00(r) + Nr−1φ0(r) = 0 pour tout r > 0 ou encore

φ00(r)

φ0(r) = 1−Nr pour tout r > 0. On int`egre une premi`ere fois cette EDO et on obtient alors que lnφ0(r) = (1−N) lnr+ lnc, soitφ0(r) =cr1−N. Une nouvelle int´egration donne le r´esultat.

Dans la suite, nous aurons besoin d’int´egrer sur des hypersurfaces S qui sont la fronti`ere de domaines deRN.

D´efinition 2.1.3. Soit Ω ⊂RN un ouvert. On dit que Ω est de classe Ck (k∈ N) si pour tout x∈∂Ω, il existe

— unr >0

— un syst`eme d’axes de coordonn´ees{e1, . . . , eN}

— une fonctionγ:RN−1→Rde classeCk tels que

Ω∩Qr(x) ={y∈Qr(x) :yN < γ(y1, . . . , yN−1)},

∂Ω∩Qr(x) ={y∈Qr(x) :yN =γ(y1, . . . , yN−1)},

o`u Qr(x) ={y∈RN :|yi−xi|< rpour tout 1≤i≤N}. Sik≥1, la normale unitaire ext´erieure

`

a Ω eny= (y1, . . . , yN−1, γ(y1, . . . , yN−1) = (y0, γ(y0))∈∂Ω∩Qr(x) est bien d´efinie et est donn´ee par

ν(y) = 1

p1 +|∇γ(y0)|2(−∇γ(y0),1).

De plus, siϕ:RN →R, est une fonction continue dans un voisinage de∂Ω, l’int´egrale de bord de ϕsur∂Ω∩Qr(x) est d´efinie par

Z

∂Ω∩Qr(x)

ϕ dσ:=

Z

x0+]−r,r[N−1

ϕ(y0, γ(y0))p

1 +|∇γ(y0)|2dy0.

Si Ω est born´e, alors∂Ω est un compact deRN. Par la propri´et´e de Heine-Borel, on peut alors trouver un nombre fini de cubes Qi = Qri(xi)(pour i = 1, . . . , m) qui satisfont les propri´et´es ci-dessus. Siθ1, . . . , θm est une partition de l’unit´e associ´ee `a Q1, . . . , Qm:

— pour tout 1≤i≤m,θi∈ Cc(Qi) et 0≤θi≤1 ;

— Pm

i=1θi= 1 sur∂Ω ; alors, on d´efinit

Z

∂Ω

ϕ dσ:=

m

X

i=1

Z

∂Ω∩Qi

θiϕ dσ.

On peut montrer que cette quantit´e est ind´ependante du choix de la param´etrisation, du recou- vrementQ1, . . . , Qmet de la partition de l’uniti´eθ1, . . . , θm.

Le r´esultat suivant est une versionN-dimensionelle de la formule d’int´egration par parties, bien connue en dimension 1.

(11)

2.1. FONCTIONS HARMONIQUES 11 Th´eor`eme 2.1.4. (Th´eor`eme de la divergence)SoientΩ⊂RN un ouvert born´e de classeC1 etF :RN →RN un champ de vecteurs de classeC1 dans un voisinage de Ω. Alors

Z

divF(x)dx= Z

∂Ω

F·ν dσ. (2.1.1)

Sif :RN →Rest une fonction scalaire de classe C1 dans un voisinage deΩ, Z

∇f(x)dx= Z

∂Ω

f ν dσ. (2.1.2)

D´emonstration. Nous d´emontrons seulement la formule (2.1.2).

Etape 1.On suppose ici que supp(f)⊂Ω. SoitR >0 tel que Ω⊂]−R, R[N. Comme f est `a support dans Ω, on peut l’´etendre par z´ero `a tout ]−R, R[N en une fonction (toujours not´ee f) de classeC1 sur ]−R, R[N. D’apr`es le th´eor`eme de Fubini, on a alors que pour tout 1≤j≤N,

Z

jf dx= Z

]−R,R[N

jf dx= Z

]−R,R[N−1

Z R

−R

jf dxj

!

dx1· · ·dxj−1dxj+1· · ·dxN.

Or Z R

−R

jf dxj =f(x1, . . . , xj−1, R, xj+1, . . . , xN)−f(x1, . . . , xj−1,−R, xj+1, . . . , xN) = 0 car supp(f)⊂Ω⊂]−R, R[N. Par cons´equent, commef = 0 sur∂Ω,

Z

∇f dx= 0 = Z

f ν dσ.

Etape 2.Soitx∈∂Ω,r >0,Q:=Qr(x) et γ∈ C1(RN−1;R) comme dans la D´efinition2.1.3.

Pla¸cons nous dans la base{e1, . . . , eN} donn´ee par la param´etrisation locale de∂Ω. On note alors

if =∇f·ei la d´eriv´ee dans la directionei de sorte que ∇f =PN

i=1(∂if)ei. Montrons que Z

∇f(y)dy= Z

∂Ω

f ν dσ pour toutf ∈ Cc1(Q).

Tout d’abord, on a d’apr`es le th´eor`eme de Fubini, Z

Nf(y)dy= Z

x0+]−R,R[N−1

Z γ(y0)

−R

Nf(y0, yN)dyN

! dy0

= Z

x0+]−R,R[N−1

f(y0, γ(y0))dy0= Z

∂Ω∩Q

f νNdσ= Z

∂Ω

f νNdσ.

Par ailleurs, sij6=N, ety0∈x0+]−R, R[N−1, on a que

j

Z γ(y0)

−R

f(y0, yN)dyN

!

=f(y0, γ(y0))∂jγ(y0) + Z γ(y0)

−R

jf(y0, yN)dyN.

On int`egre `a pr´esent par rapport `a y0 ∈ x0+]−R, R[N−1. Comme f = 0 sur∂Q, le th´eor`eme de Fubini montre que le membre de gauche s’annule et donc que

0 = Z

x0+]−R,R[N−1

f(y0, γ(y0))∂jγ(y0)dy0+ Z

x0+]−R,R[N−1

Z γ(y0)

−R

jf(y0, yN)dyN

! dy0,

(12)

12 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN

soit Z

jf(y)dy= Z

∂Ω∩Q

f νjdσ= Z

∂Ω

f νjdσ.

Etape 3.SoitQ1, . . . , Qmun recouvrement de ∂Ω par des cubes satisfaisant les propri´et´es de la D´efinition2.1.3. On consid`ere ´egalement un ouvertω tel queω⊂Ω et

Ω⊂ω∪

m

[

i=1

Qi.

Soitθ0, θ1, . . . , θN une partition de l’unit´e associ´ee `aω, Q1, . . . , Qm:

— θ0∈ Cc(ω), 0≤θ0≤1 et, pour tout 1≤i≤m,θi∈ Cc(Qi) et 0≤θi≤1 ;

— Pm

i=0θi= 1 sur Ω.

Commef =Pm

i=0θif dans Ω, on a que Z

∇f(x)dx= Z

ω

∇(θ0f)dx+

m

X

i=1

Z

Ω∩Qi

∇(θif)dx.

D’apr`es l’´etape 1, du fait que supp(θ0f)⊂ω⊂]−R, R[N, on en d´eduit que Z

ω

∇(θ0f)dx= 0. (2.1.3)

Si 1≤i≤m, commeθif ∈ Cc1(Qi), on peut appliquer l’´etape 2 pour obtenir que Z

∇(θif)dx= Z

∂Ω

θif ν dσ. (2.1.4)

En regroupant (2.1.3) et (2.1.4), il vient Z

∇f dx=

m

X

i=0

Z

∇(θif)dx=

m

X

i=1

Z

∂Ω

θif ν dσ= Z

∂Ω

f ν dσ,

o`u l’on a utilis´e le fait que sur∂Ω,θ0= 0 et doncPm

i=1θi= 1.

Th´eor`eme 2.1.5 (Formules de Green). Soient Ω ⊂ RN un ouvert born´e de classe C1 et u, v:RN →Rdes fonctions de classeC2 dans un voisinage deΩ. Alors

Z

(v∆u+∇u· ∇v)dx= Z

∂Ω

v∂νu dσ,

et Z

(v∆u+u∆v)dx= Z

∂Ω

(v∂νu−u∂νv)dσ, o`u∂νu=∇u·ν et ∂νv=∇v·ν.

D´emonstration. Pour la premi`ere formule de Green, on applique le th´eor`eme de la divergence au champ de vecteursF:=v∇u. Pour la deuxi`eme formule de Green, on applique, la premi`ere formule de Green deux fois.

Une cons´equence imm´ediate de la formule de Green stipule que le flux d’une fonction harmonique

`

a travers une surface ferm´ee est nul.

(13)

2.1. FONCTIONS HARMONIQUES 13 Corollaire 2.1.6. Siuest harmonique surΩetω est un ouvert born´e de classeC1 tel queω⊂Ω, alors

Z

∂ω

νu dσ= 0.

D´emonstration. On applique la formule de Green avecv= 1.

Nous allons `a pr´esent ´etablir des formules de moyennes de fonctions harmoniques sur des boules.

Pour ce faire, il sera utile de connaˆıtre la formule de changement de variables suivante (quandN = 2 il s’agit du changement de variables en coordonn´ees polaires et quand N = 3, on retrouve la for- mule de changement de variables en coordonn´ees sph´eriques). On peut trouver une d´emonstration relativement ´el´ementaire dans [4, Section 2.7].

Th´eor`eme 2.1.7. SoitΩ⊂RN un ouvert etu: Ω→Rune fonction continue. Six∈ΩetR >0 sont tels que BR(x) ⊂Ω, alors

Z

BR(x)

u(y)dy= Z R

0

Z

∂Br(x)

u(z)dσ(z)dr

= Z R

0

Z

∂B1(x)

u(rz)dσ(z)rN−1dr= Z R

0

Z

∂B1(0)

u(x+rz)dσ(z)rN−1dr.

Dans la suite,ωN d´esigne le volume (la mesure de Lebesgue) de la boule unit´e. En utilisant la formule de changement de variables en coordonn´ees polaires avecu= 1, on obtient que

ωN =|B1|= Z

B1

1dx= Z 1

0

σ(∂B1)rN−1dr=σ(∂B1) N ,

ce qui montre que le p´erim`etre de la sph`ere unit´e est donn´ee parN ωN. Par homog´en´eit´e et inva- riance par translation du p´erim`etre et du volume on a donc

|BR(x)|=ωNRN etσ(∂BR(x)) =N ωNRN−1.

Le r´esultat suivant ´etablit que la valeur moyenne d’une fonction harmonique en un point est

´

egale `a sa moyenne sur n’importe quelle sph`ere ou boule autour de ce point.

Th´eor`eme 2.1.8 (de la valeur moyenne). Supposons que u est harmonique sur un ouvert Ω⊂RN. Six∈ΩetR >0sont tels que BR(x) ⊂Ω, alors

u(x) = 1 N ωNRN−1

Z

∂BR(x)

u(z)dσ(z) = 1 ωNRN

Z

BR(x)

u(y)dy.

D´emonstration. Montrons d’abord la premi`ere identit´e. Quitte `a translater, on peut supposer que x= 0. On utilise la formule de Green avec sur l’ouvertU :=BR\Br(0< r < R) avecv(y) =φ(|y|) o`uφ(r) =rsiN = 1,φ(r) = lnrsiN = 2 etφ(r) = r2−N2−N siN ≥3. Comme d’apr`es la Proposition 2.1.2,uet v sont harmoniques surU, on obtient

Z

∂U

(v∂νu−u∂νv)dσ= 0.

Comme∂U =∂BR∪∂Br et ν(x) = Rx sur∂BR et ν(x) =−xr sur ∂Br (le signe moins est dˆu `a l’orientation de∂Br qui est oppos´ee `a celle de∂BR), l’expression pr´ec´edente devient

φ(R) Z

∂BR

νu dσ−φ0(R) Z

∂BR

u dσ−φ(r) Z

∂Br

νu dσ+φ0(r) Z

∂Br

u dσ= 0.

(14)

14 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN En utilisant le Corollaire2.1.6, il vient que

R1−N Z

∂BR

u dσ=r1−N Z

∂Br

u dσ.

Commeuest en particulier continue, on peut faire tendrer→0 de sorte que R1−N

Z

∂BR

u dσ= lim

r→0r1−N Z

∂Br

u dσ=N ωNu(0).

En int´egrant l’identit´e pr´ec´edente par rapport `aR et en utilisant la formule de changement de variables en coordonn´ees polaires, on obtient ´egalement que

Z

BR

u(y)dy= Z R

0

Z

∂Br

u(z)dσ(z)dr=N ωN Z R

0

rN−1dr

!

u(0) =ωNRNu(0),

ce qui termine la preuve du th´eor`eme.

Nous avons ´egalement une r´eciproque au th´eor`eme de la valeur moyenne.

Th´eor`eme 2.1.9. Soituune fonction continue sur un ouvertΩtelle que pour toutx∈Ωet tout r >0 tels queBr(x) ⊂Ω,

u(x) = 1 N ωNrN−1

Z

∂Br(x)

u(z)dσ(z).

Alorsu∈ C(Ω) etuest harmonique sur Ω.

D´emonstration. Soit φ ∈ Cc (B1) telle que φ(x) = ψ(|x|) avec ψ ∈ Cc(R) et R

B1φ(y)dy = N ωNR1

0 ψ(r)rN−1dr = 1. Pour tout ε > 0, on pose φε(y) = ε−Nφ(y/ε) et Ωε = {x ∈ Ω : dist(x, ∂Ω)> ε}. Si x∈ Ωε, commeBε(x)⊂Ω, on en d´eduit que la fonction y 7→φε(x−y) est support´ee dans Bε(x)⊂Ω et on a

uε(x) :=

Z

u(y)φε(x−y)dy= Z

B1

u(x−εy)φ(y)dy= Z 1

0

Z

∂B1

u(x−rεz)ψ(r)rN−1dσ(z)dr.

En changeant de variables et en utilisant l’hypoth`ese, on obtient que Z

∂B1

u(x−rεz)dσ(z) = 1 (rε)N−1

Z

∂B(x)

u(z)dσ(z) =N ωNu(x), ce qui implique que

uε(x) =N ωNu(x) Z 1

0

ψ(r)rN−1dr=u(x) Z

B1

φ(y)dy=u(x).

Comme uε ∈ C(Ωε), on en d´eduit queu∈ C(Ωε) ´egalement. Puis, ε´etant arbitraire, il vient queu∈ C(Ω).

Par la propri´et´e de la valeur moyenne, six∈Ωε, on a 0 = d

dr Z

∂B1

u(x+ry)dσ(y) = Z

∂B1

∇u(x+ry)·y dσ(y)

= Z

∂Br

∇u(x+z)·z

rrN−1dσ(z) =rN−1 Z

∂Br(x)

νu dσ=rN−1 Z

Br(x)

∆u(y)dy, o`u l’on a utilis´e la formule de Green dans la derni`ere ´egalit´e. Comme ∆uest continue sur Ω, on en d´eduit que pour toutx∈Ω, ∆u(x) = 0, ce qui ´etablit queuest harmonique dans Ω.

(15)

2.1. FONCTIONS HARMONIQUES 15 De fa¸con g´en´erale, il est possible d’´etendre la notion de fonctions harmoniques aux distributions.

Rappelons au pr´ealable quelques notions de la th´eorie des distributions.

D´efinition 2.1.10. Soit Ω ⊂RN un ouvert. Une distribution T ∈ D0(Ω) est une forme lin´eaire continue surCc(Ω) au sens suivant :

— Lin´earit´e : soientλ, µ∈Retϕ,ψ∈ Cc(Ω), alors

hT, λϕ+µψi=λhT, ϕi+µhT, ψi;

— Continuit´e : si (ϕn)n∈Nest une suite de fonctions deCc(Ω) etϕ∈ Cc(Ω) sont telsϕn→ϕ dans Cc(Ω) (i.e. il existe un compactK ⊂Ω tel que Supp(ϕ)⊂K, Supp(ϕn) ⊂K pour tout n∈Net∂αϕn →∂αϕuniform´ement surK pour tout multi-indiceα∈NN), alors

hT, ϕni → hT, ϕi.

A titre d’exemple, toute fonctionf ∈L1loc(Ω) d´efinit une distributionTf ∈ D0(Ω) par la formule hTf, ϕi=

Z

f ϕ dx pour toutϕ∈ Cc(Ω).

En effet, la lin´earit´e est une cons´equence imm´ediate de la lin´earit´e de l’int´egrale et la continuit´e r´esulte du th´eor`eme de la convergence domin´ee. Un autre exemple important est celui de la masse de Diracδ0∈ D0(Ω) d´efinie par

0, ϕi=ϕ(0) pour toutϕ∈ Cc(Ω).

L’un des avantages des distributions r´eside dans le fait qu’il est possible de d´efinir une notion de d´eriv´ee `a tout ordre via une g´en´eralisation de la formule de Green. En effet, si f : Ω→Rest une fonction r´eguli`ere on a par applications successives de la formule de la divergence : pour tout multi-indiceα∈NN et toutϕ∈ Cc(Ω),

Z

f(∂αϕ)dx= (−1)|α|

Z

(∂αf)ϕ dx.

Cette formule est `a la base de la d´efinition suivante.

D´efinition 2.1.11. SoitT ∈ D0(Ω) une distribution. Pour tout multi-indiceα= (α1, . . . , αN)∈ NN, on d´efinit la distribution ∂αT ∈ D0(Ω) par

h∂αT, ϕi= (−1)|α|hT, ∂αϕi pour toutϕ∈ Cc(Ω), o`u |α|=α1+· · ·+αN.

Nous sommes `a pr´esent en mesure de d´efinir la notion de distribution harmonique.

D´efinition 2.1.12. Soit Ω ⊂ RN un ouvert et T ∈ D0(Ω) une distribution. On dit que T est harmonique sur Ω si ∆T = 0 dansD0(Ω), i.e.

hT,∆ϕi= 0 pour toutϕ∈ Cc (Ω).

Remarque 2.1.13. Si T = uest une fonction de classe C2 sur Ω, la formule de Green montre alors que

0 =hT,∆ϕi= Z

u∆ϕ dx= Z

(∆u)ϕ dx,

pour tout ϕ ∈ Cc(Ω), ce qui montre que ∆u= 0 sur Ω et donc que u est harmonique au sens usuel.

(16)

16 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN On peut montrer que toute distribution harmonique sur Ω est en fait une fonction de classe C sur Ω. Nous d´emontrons ci-dessous ce r´esultat dans le cas o`u T est une fonction localement int´egrable.

Th´eor`eme 2.1.14 (Weyl). Soitu∈L1loc(Ω) telle que Z

u∆ϕ dx= 0 pour toutϕ∈ Cc(Ω).

Alorsu∈ C(Ω) etuest harmonique sur Ω.

D´emonstration. Soitφ∈ Cc (B1) telle queφ(x) =ψ(|x|) avecψ∈ Cc(R) etR

B1φ(y)dy= 1. Pour tout ε >0, on poseφε(y) =ε−Nφ(y/ε) et Ωε={y ∈Ω : dist(y, ∂Ω)> ε}. Six∈Ωε, la fonction y7→φε(x−y) est support´ee dans Ω. On pose alors

uε(x) :=

Z

u(y)φε(x−y)dy.

Les propri´et´es standards de la convolution montrent queuε→udansL1loc(Ω) et ´egalement presque partout (quitte `a extraire une sous-suite). On montre par ailleurs que uε∈ C(Ωε) et que

∆uε(x) = Z

u(y)∆φε(x−y)dy= 0,

autrement dit, queuεest harmonique sur Ωε. Soientx∈Ω tel queuε(x)→u(x) etr >0 tels que Br(x) ⊂Ω. On peut alors trouver unε0>0 (d´ependant dexetr) tel queBr(x) ⊂Ωεpour tout ε < ε0. D’apr`es le Th´eor`eme de la valeur moyenne, on a que

uε(x) = 1 ωNrN

Z

Br(x)

uε(y)dy.

Par passage `a la limite quandε→0, on obtient que p.p. toutx∈Ω, u(x) = 1

ωNrN Z

Br(x)

u(y)dy

Par cons´equent u admet un repr´esentant continu dans la classe d’´equivalence des fonctions qui lui sont ´egales presque partout. On peut donc supposer que u ∈ C(Ω). On est alors en mesure d’appliquer le Th´eor`eme2.1.9qui assure queu∈ C(Ω) etuest harmonique sur Ω.

La propri´et´e r´egularisante des fonctions harmoniques peut se quantifier par l’in´egalit´e de Cac- cioppoli qui contrˆole les d´eriv´ees d’une fonction harmonique par des termes d’ordre inf´erieur. Notons que cette in´egalit´e (valable pour les fonctions harmoniques ou, plus g´en´eralement, pour les solutions d’EDP elliptiques sous forme divergence) peut ˆetre vue comme une in´egalit´e de Poincar´e-Wirtinger invers´ee (voir le Th´eor`eme3.2.8).

Th´eor`eme 2.1.15 (In´egalit´e de Caccioppoli). Il existe une constante C >0 (qui ne d´epend que de la dimension N) telle que pour toute fonction harmonique u sur Ω, tout x0 ∈ Ω et tout 0< ρ < Rtels queBR(x0)⊂Ω, alors on a

Z

Bρ(x0)

|∇u|2dx≤ C (R−ρ)2

Z

BR(x0)

(u−ux0,R)2dx, o`uux0,R=ω 1

NRN

R

BR(x0)u(y)dy est la moyenne deusur BR(x0).

(17)

2.1. FONCTIONS HARMONIQUES 17 D´emonstration. Soitϕ∈ Cc(BR(x0)) telle que 0≤ϕ≤1,ϕ= 1 surBρ(x0) et|∇ϕ| ≤C/(R−ρ), o`u C >0 est une constante ne d´ependant que deN. Commeϕ2(u−ux0,R)∈ Cc (BR(x0)), on en d´eduit de la formule de Green que

0 =− Z

BR(x0)

ϕ2(u−ux0,R)∆u dx= Z

BR(x0)

∇(ϕ2(u−ux0,R))· ∇u dx

= Z

BR(x0)

ϕ2|∇u|2dx+ 2 Z

BR(x0)

ϕ(u−ux0,R)∇ϕ· ∇u dx.

Par cons´equent, d’apr`es l’in´egalit´e 2ab≤εa2+bε2, il vient Z

BR(x0)

ϕ2|∇u|2dx=−2 Z

BR(x0)

ϕ(u−ux0,r)∇ϕ· ∇u dx

≤ε Z

BR(x0)

ϕ2|∇u|2dx+1 ε

Z

BR(x0)

(u−ux0,R)2|∇ϕ|2dx

≤ε Z

BR(x0)

ϕ2|∇u|2dx+ C ε(R−ρ)2

Z

BR(x0)

(u−ux0,R)2dx.

En choisissantε= 1/2 et en utilisant le fait queϕ= 1 sur Bρ(x0), on en d´eduit que Z

Bρ(x0)

|∇u|2dx≤ C (R−ρ)2

Z

BR(x0)

(u−ux0,R)2dx, ce qui d´emontre l’in´egalit´e souhait´ee.

Une cons´equence de l’in´egalit´e de Caccioppoli concerne des propri´et´es de d´ecroissance de la norme L2 d’une fonction harmonique localis´ee sur une boule, en fonction du rayon de la boule.

Ce type d’estimations mesure la r´egularit´e des fonctions (voir par exemple la D´efinition4.1.2des espaces de Campanato). Elles sont li´ees `a des propri´et´es de monotonie et sont souvent `a la base de th´eories de r´egularit´e.

Corollaire 2.1.16. Il existe une constante C > 0 (qui ne d´epend que de la dimension N) telle que pour toute fonction harmoniqueusur Ω, toutx0∈Ωet tout0< ρ < Rtels queBR(x0)⊂Ω,

on a Z

Bρ(x0)

|u|2dx≤Cρ R

NZ

BR(x0)

|u|2dx

et Z

Bρ(x0)

|u−ux0|2dx≤Cρ R

N+2Z

BR(x0)

|u−ux0,R|2dx.

D´emonstration. Notons que les deux in´egalit´es sont imm´ediates si ρ ≥R/2. Sans restreindre la g´en´eralit´e, on peut donc supposer queρ < R/2.

Commen¸cons par montrer la premi`ere in´egalit´e. Dans ce cas, on a Z

Bρ(x0)

|u|2dx≤ωNρN sup

Bρ(x0)

|u|2≤ωNρN sup

BR/2(x0)

|u|2NρN|u(¯x)|2, (2.1.5)

o`u ¯x∈BR/2(x0). D’apr`es le th´eor`eme de la valeur moyenne, on a u(¯x) = 2N

ωNRN Z

BR/2x)

u dx,

(18)

18 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN ce qui implique, d’apr`es l’in´egalit´e de Cauchy-Schwarz,

|u(¯x)|2≤ 2N ωNRN

Z

BR/2x)

|u|2dx≤ 2N ωNRN

Z

BR(x0)

|u|2dx. (2.1.6) La premi`ere in´egalit´e se d´eduit de (2.1.5) et (2.1.6).

Concernant la deuxi`eme in´egalit´e, d’apr`es l’in´egalit´es de Poincar´e-Wirtinger et la premi`ere in´egalit´e appliqu´ee `a la fonction harmonique∇uet l’in´egalit´e de Caccioppoli, il vient

Z

Bρ(x0)

|u−ux0|2 ≤ Cρ2 Z

Bρ(x0)

|∇u|2dx

≤ Cρ2ρ R

NZ

BR/2(x0)

|∇u|2dx

≤ Cρ2ρ R

N 1 R2

Z

BR(x0)

|u−ux0,R|2dx,

ce qui conclut la preuve du corollaire.

Th´eor`eme 2.1.17(Principe du maximum). SoitΩ⊂RN un ouvert connexe. Siuest harmo- nique surΩetM := supx∈Ωu(x)<+∞, alors soitu(x)< M pour toutx∈Ωouu(x) =M pour toutx∈Ω.

D´emonstration. D´efinissons A := {x ∈ Ω : u(x) = M} et notons qu’il s’agit d’un ensemble relativement ferm´e dans Ω. Commeuest harmonique dans Ω, il en est de mˆeme pourM−u. Par cons´equent, si x∈A, le th´eor`eme de la valeur moyenne montre que

0 =M−u(x) = 1 ωNrN

Z

Br(x)

[M −u(y)]dy.

Comme par ailleurs M−u≥0 dans Ω, on en d´eduitM −u= 0 dansBr(x), ce qui montre que Br(x)⊂A. Par cons´equentAest ´egalement ouvert dans Ω. La connexit´e de Ω entraine queA= Ω ouA=∅. Dans le premier cas, on obtient queu=M sur Ω et dans le second cas queu < M sur Ω.

Corollaire 2.1.18. SoitΩ⊂RN un ouvert born´e et u∈ C(Ω) une fonction harmonique sur Ω.

Alors le maximum deusur Ωest atteind sur∂Ω.

D´emonstration. Comme Ω est compact etuest continue sur Ω,uatteind son maximum sur Ω en un point x0. Si x0 ∈Ω, le principe du maximum montre que uest constante sur la composante connexe de Ω qui contientx0. Par cons´equent, le maximum est atteind sur∂Ω.

Th´eor`eme 2.1.19 (Unicit´e). Soit Ω ⊂ RN un ouvert born´e, f ∈ C(Ω) et g ∈ C(∂Ω). Si u1, u2∈ C(Ω)∩ C2(Ω) sont des fonctions telles que

(−∆ui(x) =f(x) pour toutx∈Ω, ui(x) =g(x) pour toutx∈∂Ω, pouri= 1,2, alors u1=u2 sur Ω.

D´emonstration. Les fonctions u1−u2 etu2−u1 ∈ C(Ω) sont harmoniques sur Ω, elle atteignent donc leurs maximum sur∂Ω. Commeu1−u2= 0 sur∂Ω, on en d´eduit queu1=u2 sur Ω.

(19)

2.2. SOLUTION FONDAMENTALE 19 Th´eor`eme 2.1.20 (Liouville). Si uest une fonction harmonique et born´ee sur RN, alorsuest constante.

D´emonstration. Comme uest harmonique surRN elle est de classeC surRN. Par cons´equent, en d´erivant l’´equation ∆u= 0, on en d´eduit que toutes les d´eriv´ees partielles∂iu(1≤i≤N) sont

´

egalement harmoniques surRN. Le th´eor`eme de la valeur moyenne et le th´eor`eme de la divergence montrent alors que pour toutx∈RN et toutR >0, on a

iu(x) = 1 ωNRN

Z

BR(x)

iu(y)dy= 1 ωNRN

Z

∂BR(x)

idσ.

Par cons´equent,

|∂iu(x)| ≤ 1

ωNRNN ωNRN−1 max

∂BR(x)|u| ≤ N R sup

RN

|u|.

En faisant tendre R→+∞, on obtient que ∂iu(x) = 0 pour toutx∈RN et tout 1≤i ≤N, ce qui montre queuest effectivement une fonction constante.

2.2 Solution fondamentale

Dans cette section nous calculons la solution fondamentale du Laplacien, i.e. une fonction G∈ L1loc(RN) qui satisfait

−∆G=δ0 dansD0(RN)

et donnons quelques applications `a la r´esolution d’EDP dans tout l’espace. Une mani`ere ´el´ementaire d’obtenir une solution fondamentale consiste `a consid´erer des fonctions radiales surRN\ {0}. Nous avons d´ej`a vu au Corollaire2.1.2qu’elles sont toutes de la forme a|x|+b siN = 1,aln|x|+b si N = 2 eta|x|2−N+bsiN ≥3. Notons que ces fonctions sont localement int´egrales de sorte qu’elles d´efinissent bien des distributions sur RN. Comme la constantebest harmonique mˆeme en 0, elles ne contribuent pas et peuvent ˆetre omises. Il s’agit donc de montrer que la constanteapeut ˆetre choisie de sorte `a obtenir une solution fondamentale.

Th´eor`eme 2.2.1. Soit

G(x) =





12|x| siN= 1,

1 ln|x| siN= 2,

|x|2−N

N(N−2)ωN siN≥3.

AlorsGest une solution fondamentale pour le Laplacien.

D´emonstration. Si N = 1, calculons pour toutϕ∈ Cc (R), Z

R

|x|ϕ00(x)dx=− Z 0

−∞

00(x)dx+ Z +∞

0

00(x)dx.

En effectuant des int´egrations par parties dans chaque int´egrales, on obtient que Z

R

|x|ϕ00(x)dx= Z 0

−∞

ϕ0(x)dx−[xϕ0(x)]0−∞− Z +∞

0

ϕ0(x)dx+ [xϕ0(x)]+∞0 = 2ϕ(0), ce qui montre bien que−G000 dansD0(R).

Consid´erons maintenant le casN ≥2. Pour tout ε >0, on pose Gε(x) =

(−1 ln(|x|22) siN = 2,

(|x|22)(2−N)/2

N(N−2)ωN siN ≥3.

(20)

20 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN Notons queGε∈ C(RN). On a clairement queGε(x)→G(x) pour toutx6= 0 quandε→0. Par ailleurs,−1 ln(|x|2+ 1)≤Gε ≤ −1 ln|x| siN = 2 et |Gε| ≤ |G| siN ≥3. Dans les deux cas, Gε est domin´ee par une fonction localement int´egrable. Le th´eor`eme de la convergence domin´ee montre alors queGε→GdansL1loc(RN). En particulier, pour toutϕ∈ Cc(RN),

h∆Gε, ϕi= Z

RN

Gε∆ϕ dx→ Z

RN

G∆ϕ dx=h∆G, ϕi.

Il suffit donc de montrer que−h∆Gε, ϕi →ϕ(0).

Comme

iGε(x) =− 1

N ωN(|x|22)−N/2xi, ∂ii2Gε(x) =− 1

N ωN(|x|22)−N/2+ 1

ωN(|x|22)−(N+2)/2x2i on en d´eduit que

−∆Gε(x) = 1 ωN

(|x|22)−N/2− 1 ωN

(|x|22)−(N+2)/2|x|2

= ε2 ωN

(|x|22)−(N+2)/2−Nψ(x/ε) =ψε(x), o`u

ψ(y) := 1 ωN

(|y|2+ 1)−(N+2)/2. (2.2.1)

Du fait que ∆Gεest une fonction radiale, on peut donc ´ecrire que

−h∆Gε, ϕi=− Z

RN

∆Gε(−x)ϕ(x)dx=ϕ∗ψε(0).

Il s’agit alors de montrer queϕ∗ψε(0)→ϕ(0).

Tout d’abord, un changement de variables en coordonn´ees polaires montre que Z

RN

ψε(x)dx= Z

RN

ψ(y)dy= Z +∞

0

Z

∂B1

ψ(rz)rN−1dσ(z)dr

= 1 ωN

Z +∞

0

Z

∂B1

(r2+ 1)−(N+2)/2rN−1dσ(z)dr=N Z +∞

0

(r2+ 1)−(N+2)/2rN−1dr.

En posants=r2/(r2+ 1),ds= 2rdr/(r2+ 1)2, il vient Z

RN

ψε(x)dx= Z

RN

ψ(y)dy= N 2

Z 1 0

s(N−2)/2ds= 1,

ce qui implique queψ∈L1(RN). Pour toutη >0 on peut alors trouver un R >0 tel que Z

RN\BR

|ψ(y)|dy≤η.

Par cons´equent,

ϕ∗ψε(0)−ϕ(0) = Z

RN

[ϕ(x)−ϕ(0)]ψε(x)dx= Z

RN

[ϕ(εy)−ϕ(0)]ψ(y)dy.

Par cons´equent,

|ϕ∗ψε(0)−ϕ(0)| ≤2kϕkL(RN)η+ sup

y∈BR

|ϕ(εy)−ϕ(0)|,

(21)

2.2. SOLUTION FONDAMENTALE 21 et commeϕest uniform´ement continue sur le compactBR on en d´eduit que

lim sup

ε→0

|ϕ∗ψε(0)−ϕ(0)| ≤2kϕkL(RN)η, puis,η >0 ´etant arbitraire, queϕ∗ψε(0)→ϕ(0).

Le nom de solution fondamentale est en l’honneur de Newton car, pourN = 3,Gest le potentiel Newtonien, i.e. le potentiel gravitationnel engendr´e par une unit´e de masse `a la l’origine. En termes d’´electrostatique, Gest le potentiel Coulombien, i.e. le potentiel ´electrostatique engendr´e par une unit´e de charge positive `a l’origine.

Nous sommes maintenant en mesure de r´esoudre l’´equation de Poisson −∆u = f pour des seconds membresf assez g´en´eraux. Commen¸cons par un r´esultat d’existence pourf ∈ Cc(RN).

Th´eor`eme 2.2.2. Soitf ∈ Cc(RN). Pour toutx∈RN, on pose u(x) := (G∗f)(x) =

Z

RN

G(x−y)f(y)dy= Z

RN

f(x−y)G(y)dy.

Alorsu∈ C(RN)et−∆u(x) =f(x) pour toutx∈RN.

D´emonstration. CommeG∈L1loc(RN) etf ∈ Cc(RN), les propri´et´es classiques de la convolution montrent queG∗f ∈ C(RN). De plus, pour toutx∈RN

∆u(x) = ∆(G∗f)(x) =G∗∆f(x).

Donc, pour toutε >0,

∆u(x) = Z

RN

∆f(x−y)G(y)dy= Z

Bε

∆f(x−y)G(y)dy+ Z

RN\Bε

∆f(x−y)G(y)dy.

On estime d’abord la premi`ere int´egrale

Z

Bε

∆f(x−y)G(y)dy

≤ k∆fkL(RN)

Z

Bε

|G(y)|dy.

CommeG∈L1loc(RN), l’int´egrale ci-dessus tend vers 0 quandε→0, ce qui implique que Z

Bε

∆f(x−y)G(y)dy→0.

SoitR >0 tel que Supp(f(x− ·)⊂BR. D’apr`es la formule de Green, le fait queGest harmonique surBR\Bεetf = 0 sur∂BR, on en d´eduit que

Z

RN\Bε

∆f(x−y)G(y)dy= Z

BR\Bε

∆f(x−y)G(y)dy

=− Z

∂Bε

G(y)∂νf(x−y)dσ(y)− Z

∂Bε

f(x−y)∂νG(y)dσ(y).

La premi`ere int´egrale de bord s’estime de la fa¸con suivante :

Z

∂Bε

G(y)∂νf(x−y)dσ(y)

≤ k∇fkL(RN)

Z

∂Bε

|G(y)|dσ(y),

(22)

22 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN o`u

Z

∂Bε

|G(y)|dσ(y) =





ε siN= 1, ε|lnε| siN= 2,

ε

N−2 siN≥3, ce qui montre que

Z

∂Bε

G(y)∂νf(x−y)dσ(y)→0.

Par ailleurs, pour touty∈∂Bε,

νG(y) =∇G(y)· −y

|y|

=

− y

N ωN|y|N

· −y

|y|

= 1

N ωNεN−1. Par cons´equent,

Z

∂Bε

f(x−y)∂νG(y)dσ(y) = 1 N ωNεN−1

Z

∂Bε

f(x−y)dσ(y)

= 1

N ωNεN−1 Z

∂Bε(x)

f(z)dσ(z)→f(x).

En regroupant les r´esultats pr´ec´edents, on obtient que−∆u(x) =f(x).

Pour des seconds membres f plus g´en´eraux, il convient de donner une d´efinition g´en´eralis´ee de solution de l’´equation−∆u=f dansRN.

D´efinition 2.2.3. Soitf ∈L1loc(RN). On dit queu∈L1loc(RN) est unesolution faible(ousolution au sens des distributions) du probl`eme

−∆u=f dansRN, si pour toute fonction testϕ∈ Cc(RN), on a

− Z

RN

u∆ϕ dx= Z

RN

f ϕ dx.

On a alors le r´esultat suivant d’existence.

Th´eor`eme 2.2.4. Soitf ∈L1(RN). Si N = 1, on suppose de plus que R

R|y||f(y)|dy <+∞ et si N = 2, on suppose que R

R2|f(y)||ln|y||dy < +∞. Alors u:= G∗f ∈ L1loc(RN) et uest une solution faible de l’´equation−∆u=f dansD0(RN).

D´emonstration. Montrons d’abord queu:=G∗f ∈L1loc(RN). Soitχla fonction caract´eristique de la boule unit´e. CommeG∈L1loc(RN) on a queχG∈L1(RN). Par ailleurs, (1−χ)G∈L(RN) siN ≥3,y 7→(1−χ(y))|lnG(y)|y|| ∈L(R2) siN = 2 ety7→(1−χ(y))G(y)|y| ∈L(R) siN= 1. Les hypoth`eses faites surf montrent alors que (χG)∗f ∈L1(RN) et ((1−χ)G)∗f ∈L(RN), ce qui montre que

u=G∗f = (χG)∗f+ ((1−χ)G)∗f ∈L1loc(RN).

Pour toutϕ∈ Cc(RN), le th´eor`eme de Fubini montre que Z

RN

u(x)∆ϕ(x)dx= Z

RN

Z

RN

G(x−y)f(y)dy

∆ϕ(x)dx

= Z

RN

Z

RN

G(x−y)∆ϕ(x)

f(y)dy= Z

RN

Z

RN

G(y−x)∆ϕ(x)

f(y)dy

= Z

RN

∆(G∗ϕ)(y)f(y)dy=− Z

RN

f(y)ϕ(y)dy,

(23)

2.2. SOLUTION FONDAMENTALE 23 o`u l’on a utilis´e le fait queGest radiale et le Th´eor`eme2.2.2dans la derni`ere ´egalit´e.

Si la convolution avec la solution fondamentale permet de montrer l’existence de solutions clas- siques ou faibles du type −∆u = f dans RN, l’unicit´e n’est en g´en´erale pas assur´ee par l’EDP.

En effet, on peut par exemple rajouter `a un’importe quelle fonction harmonique pour construire une famille de solutions de l’EDP pr´ec´edente. Il faut g´en´eralement rajouter des conditions de d´ecroissance deu`a l’infini.

De mˆeme, si Ω⊂RN est un ouvert born´e, la r´esolution d’EDP du type −∆u=f dans Ω (en un certain sens) n´ecessite de pr´eciser des conditions, dites conditions limites, sur le bord de Ω. On distingue deux classes importantes de probl`emes aux limites :

— le probl`eme de Dirichlet: soientf : Ω→Ret g:∂Ω→R, on chercheu: Ω→Rtelle que (−∆u(x) =f(x) pour toutx∈Ω,

u(x) =g(x) pour toutx∈∂Ω;

— le probl`eme de Neumann: soientf : Ω→Retf :∂Ω→R, on chercheu: Ω→Rtelle que (−∆u(x) =f(x) pour toutx∈Ω,

νu(x) =h(x) pour toutx∈∂Ω.

Dans la suite du cours, nous nous attacherons `a d´ecrire de bon cadres math´ematiques permettant de r´esoudre ce type de probl`emes parfois dans une plus grande g´en´eralit´e.

(24)

24 CHAPITRE 2. L’OP ´ERATEUR LAPLACIEN

(25)

Chapitre 3

Equations lin´ eaires sous forme divergence

3.1 Introduction

Soit Ω⊂RN un ouvert born´e de fronti`ere ∂Ω = Ω\Ω. On appelle ´equation elliptique lin´eaire du second ordre sous forme divergence une ´equation du type

(−div(A∇u) =f dans Ω,

u= 0 sur∂Ω, (3.1.1)

o`u u: Ω →R est l’inconnue,A = (aij)1≤i,j≤N est une matrice dont les coefficientsaij : Ω →R ont une r´egularit´e `a pr´eciser et f : Ω→R est un second membre. Pour le moment, nous restons vague sur la r´egularit´e des donn´eesAet f. Nous supposons toutefois que

aij ∈L(Ω) pour tout 1≤i, j≤N (3.1.2) ainsi qu’une condition dite d’ellipticit´e(ou decoercivit´e) : il existe λ >0 tel que

A(x)ξ·ξ=

N

X

i,j=1

aij(x)ξiξj ≥λ|ξ|2 p.p. tout x∈Ω et toutξ∈RN. (3.1.3)

Cette derni`ere condition assure que l’EDP pr´ec´edente est effectivement de type elliptique.

Remarque 3.1.1. Nous aurions pu consid´erer ci-dessus une condition limite de type Dirichlet non homog`ene de la forme

u=g sur∂Ω,

o`u g :∂Ω→Rest une fonction donn´ee, ou mˆeme consid´erer d’autres types de conditions limites par exemple une condition de Neumann

A∇u·ν=h sur∂Ω,

avec h : ∂Ω → R ´egalement donn´ee. Cependant, nous nous restreindrons pour simplifier aux conditions de Dirichlet homog`ene.

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