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B. Historique du vaccin

4. Effets secondaires de la vaccination

La vaccination est fortement recommandée pour tout séjour en zone endémique. Elle peut être obligatoire chez les personnes non vaccinées se rendant d’une zone endémique vers une zone réceptive, abritant des réservoirs du moustique vecteur.

Des variabilités dans les réponses ont été observées et des contre-indications à la vaccination sont émises pour les enfants de moins de 9 mois, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes [224]

Les enfants de moins de 9 mois ont en effet présenté des réponses immunitaires plus faibles et un risque accru d’encéphalites à la suite de vaccination [222,225]. Une étude menée au Pérou en 2005 a par ailleurs montré que les séroconversions chez les jeunes enfants étaient de 5 à 8 % plus basses que celles observées chez l’adulte après vaccination par le vaccin YF-VAX ou le vaccin ArilVax [226]. Dans un essai clinique impliquant des jeunes enfants et des personnes âgées (plus de 60 ans), aucune différence de séroconversion n’a été observée [222,225].

En 1993, une étude prospective sur les taux de séroconversion chez la femme enceinte a été menée. Seulement 38,6% des femmes ont développé des anticorps neutralisants contre 81,5 à 93,7% dans les autres groupes [227]. Bien qu’aucune étude n’ait démontré d’effets indésirables chez le fœtus ou la femme enceinte, le risque accru d’encéphalite chez le jeune enfant limite l’utilisation du vaccin chez la femme enceinte [12].

Les personnes immunodéficientes présentent également un risque important. L’absence de réponse immunitaire présente le double risque de ne pas contrôler l’injection d’un pathogène vivant, même atténué, et de ne pas engendrer de réponse protectrice suite à la vaccination. Les personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) présentent en effet une déclinaison du nombre de cellules CD4+. Une forme encéphalique de la pathologie a été reportée chez un patient VIH+ [228]. De

67 plus, seulement 70% des individus vaccinés développent une réponse neutralisante et dans un temps

plus important même si l’amélioration des traitements antirétroviraux permet d’augmenter l’efficacité de la vaccination [229].

a) Effets adverses

Toutes formes d’effets indésirables doivent être rapportées au niveau des centres régionaux de pharmacovigilance (Ministère de la santé et de la protection sociale).

En plus des inflammations au niveau du site d’injection, des raideurs cervicales, maux de tête ou fatigues excessives sont observés entre le 4ème et 7ème jour suivant la vaccination. Ces observations sont classiquement associées à la période de virémie, l’activation des populations lymphocytaires et la production de cytokines pro-inflammatoires [123]. Une augmentation des taux sériques d’AST et d’ALT de 3,5% à 4,6% est observée dans les 11 jours suivant la vaccination avant un retour à la normale. En comparaison d’un groupe placebo, le risque pour un groupe vacciné de développer des effets secondaires locaux ou systémiques est en moyenne de 2,5 à 7,5% plus élevé [12].

Des formes sévères d’effets secondaires sont également rapportées en raison de réactions allergiques (aux protéines d’œufs notamment) qui apparaissent dans les 20 minutes. Aux Etats-Unis, l’incidence d’une telle forme de réaction est inférieure à 2 cas pour 100 000 doses injectées (1,8 pour 100 000).

b) Effets adverses neurotropiques et viscérotropiques

Depuis 2001, de rares cas de pathologies neurotropes et viscérotropes sont rapportés après vaccination [230]. Ces cas sont définis comme maladie viscérotropique associée à la vaccination (YEL-AVD) ou maladie neurotropique associée à la vaccination (YEL-AND).

Entre 1989 (étude rétrospective) et 2011, 113 cas de YEL-AND ont été déclarés. Pour 66 % d’entre eux, il s’agit d’encéphalites ou de méningites. L’incidence de cette forme est de 0,4 pour 100 000 doses

68 infectées. Cette incidence est plus élevée chez le jeune enfant avec une moyenne de 0,5 à 4 cas pour

1000 doses injectées. Le taux de mortalité est alors de 2,7%. Les cas sont apparus de façons variables entre 2 et 24 jours après la vaccination. L’encéphalite est due à une neuroinvasion et une réplication de la souche vaccinale. Le virus a en effet été isolé dans le cerveau d’un enfant de 3 ans décédé d’une encéphalite [231] et le génome détecté par PCR dans deux cas d’encéphalite et de méningite [12]. Enfin des maladies dite auto-immunes comme le syndrome de Guillain-Barré et l’ADEM (Acute disseminated encephalomyelitis) sont également décrites et impliquent les IgM et les lymphocytes T [232,233].

Les formes YEL-AVD correspondent à une infection importante par le virus 17D du foie et d’autres organes. Cette pathologie mime l’infection naturelle et présente un taux de mortalité important de 63%. L’incidence n’est cependant que de 0,4 pour 100 000 doses infectées. En Mars 2011, le nombre total de cas rapportés suite à la vaccination était de 65 individus. Des cas ont été reportés suite à la vaccination par la souche 17D-204 (32 cas) et la souche 17DD (32 cas) plus un cas dont la souche utilisée n’est pas connue. Les premiers symptômes apparaissent en général 4 jours après l’inoculation. Une augmentation des taux sériques d’ALT, d’AST, de bilirubine ou encore de créatinine est observée. Par ailleurs une diminution du nombre de plaquettes et une augmentation de la synthèse des cytokines pro-inflammatoires sont décrites. Le virus a été retrouvé dans le foie, le cœur et les reins. Les taux d’anticorps neutralisants sont de plus anormalement élevés par rapport aux observations post-vaccinales [234]. Les mutations de la souche vaccinale ne sont pas mises en cause. Une analyse des séquences de 12 productions de Stamaril entre 1990 et 2002 n’a démontré aucune variabilité [235]. L’âge avancé et des déficiences immunitaires sont associés à un risque plus élevé de développer une YEL-AVD. En effet, environ 17% des cas (11/65) présentaient une maladie auto-immune comme le lupus érythémateux, la maladie d’Addison, le lupus cutané, la maladie de Crohn ou encore des hypothyroïdies [234,236]. Néanmoins, les maladies auto-immunes ne représentent que 3% de la population des Etats-Unis,

69 suggérant qu’une association de différents facteurs soit impliquée dans le déclenchement de cette forme

sévère.