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Chapitre 5 : Discussion

5.2. Effets de Roulez avec confiance

En ce qui a trait à l’influence de Roulez avec confiance sur les utilisateurs de fauteuil roulant manuel vivant dans la communauté, le programme a eu une influence positive et statistiquement significative sur la participation sociale (p<,0001), l’auto-efficacité (p<,0001) et les habiletés requises en fauteuil roulant manuel, tant les capacités (p<,0001) que la performance (p<,0001). Ces effets se sont maintenus dans le temps pour la participation sociale (p=0,000 7), l’auto-efficacité (p=0,000 3) et les habiletés requises en fauteuil roulant manuel, tant les capacités (p<,0001) que la performance (p=0,000 3). Les entrevues réalisées avec les participants permettent de constater une adéquation entre les résultats quantitatifs et qualitatifs. Les participants ont mentionné lors des entrevues que le programme leur avait permis de développer leurs habiletés et leur confiance en fauteuil roulant manuel. En ce qui a trait à la participation sociale, quelques-uns ont rapporté dans les entrevues avoir vu une différence, mais pour d’autres, il n’y en avait pas ou peu. Par exemple, un participant mentionne que ce qu’il a appris dans le programme lui permet de faire davantage de sorties alors qu’un autre n’a pas remarqué de changement dans les activités qu’il réalise. Une des explications possibles est que, dans l’outil de mesure de la participation, les participants sélectionnaient les activités qu’ils voulaient évaluer. Ainsi, les participants pouvaient être satisfaits dans ces activités sans nécessairement percevoir une différence dans leur participation sociale de façon globale. Une seconde explication est liée à la nature de la participation sociale. Cette dernière est une expérience subjective qui peut être modulée par des facteurs externes, tels que

l’entrainement reçu, mais également par des facteurs intrinsèques propres à l’individu (Noreau et al., 2005). Chez les utilisateurs de fauteuil roulant manuel, près de 50 facteurs ont été déterminés comme étant associés à la participation sociale (Smith, Sakakibara, et al., 2016). Ainsi, il est possible que pour certains, l’entrainement ait été un facteur extrinsèque assez important pour modifier leur participation sociale de façon perceptible, tandis que cela n’a pas été le cas pour d’autres. Notamment, il est possible que ceux ayant une incapacité plus sévère aient perçu une moins grande influence sur leur participation sociale, puisque le type et la sévérité de l’incapacité sont dans les facteurs intrinsèques ayant le plus d’influence sur la participation sociale (Noreau et al., 2005).

Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus dans les essais contrôlés randomisés sur les effets de WheelSee et WheelSeeU, des entrainements à l’utilisation d’un fauteuil roulant manuel basés sur la TSC et menés par un pair (Best, Miller, Huston, et al., 2016; Miller et al., 2018). Similairement à Best, Miller, Huston, et al. (2016), une amélioration statistiquement significative des habiletés requises en fauteuil roulant manuel (capacité et performance) et de l’auto-efficacité a été mesurée lors de l’évaluation de Roulez avec confiance. De surcroît, tout comme Miller et al. (2018), des tailles d’effets de modéré à large pour les habiletés requises en fauteuil roulant manuel (capacité et performance) et la satisfaction envers la participation ont été obtenus. Par contre, contrairement aux études de Best, Miller, Huston, et al. (2016) et de Miller et al. (2018), Roulez avec

confiance a eu une influence statistiquement significative sur la participation sociale. Une des raisons qui

pourrait expliquer cette différence est le fait que l’étude menée dans le cadre du présent mémoire avait la puissance statistique nécessaire pour mesurer cette différence. Une autre explication possible est en lien avec le milieu où l’intervention a été administrée. Les deux essais contrôlés randomisés (Best, Miller, Huston, et al., 2016; Miller et al., 2018) ont eu lieu dans des centres de réadaptation avec des sorties dans la communauté;

Roulez avec confiance a été donné principalement dans un centre communautaire. Cela a permis aux

participants d’expérimenter des habiletés relatives à l’utilisation d’un fauteuil roulant manuel dans un environnement plus près de celui dans lequel ils les mettent en application tous les jours. Cela peut être un facteur important afin d’influencer la participation sociale. Les autres entrainements à l’utilisation d’un fauteuil roulant manuel mené par un pair dans la communauté qui ont été recensés par Divanoglou and Georgiou (2017) avaient une influence similaire à Roulez avec confiance sur les participants, soit une amélioration de l’auto- efficacité, une augmentation des habiletés requises en fauteuil roulant manuel, être plus socialement actifs et prendre part à des activités de loisirs et sportives dans la communauté (Divanoglou & Georgiou, 2017). Ces résultats appuient l’idée que le milieu dans lequel l’entrainement est donné joue un rôle sur la participation sociale.

Concernant la qualité de vie, aucune différence n’a été notée avant et après le programme. Ainsi, le programme ne semble pas agir directement sur la qualité de vie. Peut-être que trois mois n’étaient pas une période assez longue pour permettre une modification de la qualité de vie. Toutefois, à notre connaissance, la période après

laquelle la qualité de vie devrait être mesurée n’a pas été déterminée. Ainsi, il aurait été intéressant de mesurer la rétention sur une plus longue période, par exemple 6 mois ou 12 mois, mais cela n’était pas possible dans le cadre de ce projet. Aussi, la qualité de vie est un concept complexe, tel que l’illustre Dijkers (2004). Son modèle présente différentes conceptualisations de la qualité de vie, les trois principales étant la qualité de vie en tant que bien-être subjectif (subjective well-being), en tant que réalisation (achievements) et en tant qu’utilité (utility) (Dijkers, 2004). Le questionnaire utilisé, Satisfaction with life scale, ne mesure la qualité de vie qu’en tant que bien-être subjectif (Dijkers, 2004) alors que ce n’est peut-être pas sur ce plan que se situe l’influence du programme.

5.3. Utilisation de la théorie sociale cognitive en réadaptation

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