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On rappelle que ce qu'on appelle les "sujets rapides" sont ceux qui, contrairement aux "sujets lents" ne mettent pas plus de temps à répondre dans la condition INT avec de longs alignements (supérieur à 5) que dans la condition COUNT.

Les sujets les plus rapides ont recruté un ensemble de régions pariétales et frontales bilatérales de la face externe, qui sont habituellement décrites comme étant impliquées dans le réseau de la mémoire de travail (MDT) spatiale et la MDT objet (Owen, 1997; Courtney et al., 1998; Zago et al., 2005). Nous avons aussi noté une activation du putamen droit, qui reflétait les boucles cortico-sous-corticales avec les lobes frontaux (Mesulam, 2000) impliquées dans le réseau attentionnel visuel aux dimensions spatiales (LaBerge, 1990; Posner et Raichle, 1994).

Le rôle de ces régions est en accord avec notre distinction en deux sous-groupes par rapport aux temps de réponse. Les sujets les plus rapides inhibent, comme les lents, la stratégie visuo-spatiale "longueur égale nombre", mais rapportent aussi utiliser une stratégie de manipulation mentale de chaque alignement pour les faire correspondre spatialement avant de comparer le nombre de formes. Quant aux sujets les

stratégie de comptage pour chaque alignement avant de comparer le nombre de formes. Les sujets les plus rapides utilisent donc une stratégie neurocognitive différente des sujets les plus lents (soit une forme de réversibilité des stratégies).

D. L'effet Longueur et l'effet Estimation: des régions également

impliquées dans les traitements numériques

En ce qui concerne le contraste INT minus COV, nous constatons que tous les

clusters, qui sont plus recrutés pour le traitement des blocs longs que pour les blocs courts,

font également partie du réseau qui permet le dénombrement (pour SUB et COUNT), au sens strict. Nous trouvons ainsi un réseau constitué des régions pariétales bilatérales, occipito- temporales bilatérales et frontales droites. On note que les gyri frontaux moyen et supérieur médian gauche sont également inclus dans ce réseau.

Le point important à souligner à propos de ce résultat est que cette expérience met en évidence les principales régions du traitement numérique (dont l'attention spatiale), dans sa globalité. En effet, nous avons vu dans la revue de la littérature (au Chapitre 1) que les tâches de comparaison de nombres, d'additions simples et de dénombrement avaient des bases neurales partagées (Chochon e

d'a eurs et moyen gauches (comme dans cette étude). Ces résultats suggèrent que les sujets ont probab

ge recours à un traitement numéri

dditions nécessite l'activation d'autres régions, notamment les gyri frontaux supéri

lement utilisé trois types principaux de traitements numériques, à savoir la comparaison, le dénombrement et l'addition de sous-groupes de rectangles. L'intérêt de cette étude est qu'elle montre que les sujets avaient davanta

que pour la condition INT que pour COV. De manière plus générale, ce résultat montre que les sujets ont mis en place une stratégie supplémentaire (de comptage ou de manipulation mentale des alignements) quand il y a une interférence entre le nombre et la longueur par rapport à la stratégie visuo-spatiale qu'ils utilisent dans le cas de la covariation.

V. CONCLUSION

En conclusion, nous avons tout d'abord confirmé nos résultats expérimentaux. Le jeune adulte est performant pour la tâche d'interférence entre le nombre et la longueur, mais a besoin de plus de temps que pour une situation de covariation car il doit inhiber la stratégie heuristique "longueur égale nombre" qui est dans ce cas trompeuse. Nous avons également réussi à mettre en évidence un effet du nombre de formes au niveau comportemental puisque les sujets sont peu sensibles au nombre de rectangles dans la situation contrôle (covariation) alors qu'ils le sont très nettement dans la situation d'interférence. Enfin, le grand nombre de sujets inclus dans cette étude nous a permis de distinguer deux stratégies cognitives différentes, confirmées par les réponses au questionnaire post-expérimental.

Concernant les données de neuro-imagerie, nous avons pu mettre en évidence un réseau occipito-pariéto-frontal plus recruté par les sujets lors de l'interférence nombre/longueur. Ces résultats corroborent ceux de notre première étude et nous permettent également de confirmer notre hypothèse vis-à-vis de l'implication des processus d'inhibition de la stratégie "longueur égale nombre" toujours persistante chez les jeunes adultes alors que cette tâche développementale de type Piaget est réussie dès l'âge de 7 ans. L'activation frontale (le cortex cingulaire antérieur droit) qui n'avait pu être mise en évidence dans l'étude précédente a pu l'être dans celle-ci en raison sans doute du non entraînement des sujets pour la tâche d'intérêt. Par ailleurs, nous avons aussi montré que la capacité d'inhibition des sujets était relativement peu liée à la difficulté de la tâche (la difficulté de la tâche est plus associée à l'augmentation du nombre de rectangles) mais qu'elle était plutôt reliée au fait de ne pas pouvoir utiliser la stratégie "longueur égale nombre". Nous avons également pu décrire des réseaux neuraux différents en fonction de la stratégie cognitive employée dans la tâche d'interférence de type Piaget. Par ailleurs, nous avons montré que pour surmonter l'interférence nombre/longueur et répondre correctement, les sujets utilisaient des traitements numériques, dont notamment le dénombrement (subitizing et comptage) et l'addition de sous-groupes de rectangles.

Enfin, dans un cadre plus général, le fait que le cerveau de jeunes adultes fonctionne différemment quand il doivent inhiber la stratégie "longueur égale nombre" en présence d'une interférence nombre/longueur, alors que cette tâche est, au niveau comportemental, réussie dès l'âge de 7 ans s'inscrit dans le courant de pensée actuel qui affirme que les adultes n'ont jamais complètement surmonté les biais échoués lors de

l'enfance. Cela montre aussi com est façonné par les stades du

développement cognitif.