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6.   Résultats 110

6.2.   Aspect thérapeutique 135

6.2.1.   Administration exogène de NO 135

6.2.1.2.   Effet chronique du sinitrodil 139

Dans le volet chronique, des rats ont reçu le traitement WVK pendant 4 semaines, puis à partir de la 5e semaine, ils ont reçu 4 semaines de sinitrodil tout en continuant le

traitement WVK. Deux doses ont été testées, soient les doses de 12 et de 100 mg/kg/jour. Ainsi, le groupe WVK correspond à un traitement WVK pendant 8 semaines, les groupes +Sin12 et +Sin100 correspondent à 4 semaines de traitement WVK suivi de 4 semaines de traitement WVK et de 12 ou de 100 mg/kg/jour de sinitrodil. Le groupe témoin est composé de rats du même âge que les rats traités, mais qui n’ont pas été manipulés ou traités. L’administration de sinitrodil a été arrêtée 3 jours avant les sacrifices. Dans cette partie, les graphiques du calcium ont une échelle allant jusqu’à 20 µg/mg de tissu.

Le traitement WVK a significativement augmenté la PP, la PS et la PAM. L’administration de sinitrodil, quelque soit la dose, n’a toutefois pas modifiée les paramètres hémodynamiques (tableau 15).

Tableau 15 : Effet de l’administration chronique du sinitrodil sur les paramètres hémodynamiques chez des rats WVK.

Paramètres /Groupes Témoins WVK +Sin12 +Sin100

n 25 28 10 10 Poids (g) 554,4 ± 10,9 472,8 ± 8,2 * 451,8 ± 8,9 † 429,6 ± 9,7 Fréquence cardiaque (bpm) 337,9 ± 9,2 344,8 ± 9,7 363,1 ± 14,4 366,4 ± 14,7 PS (mmHg) 139,3 ± 2,6 166,4 ± 4,0 * 167,3 ± 5,7 174,7 ± 5,1 PD (mmHg) 106,9 ± 2,3 112,6 ± 2,7 111,3 ± 3,6 121,5 ± 3,3 PAM (mmHg) 117,7 ± 2,3 131,2 ± 3,1 * 130,0 ± 4,2 139,2 ± 3,7 PP (mmHg) 32,3 ± 1,1 52,8 ± 2,9 * 56,0 ± 2,5 53,3 ± 3,2

WVK : 8 semaines de traitement WVK; +Sin12, +Sin100 : 4 semaines de traitement WVK avec du sinitrodil (12 et 100 mg/kg/jour) après 4 semaines de traitement WVK seul. Les valeurs de PS, PD, PAM et de PP ont été mesurées dans la carotide. * P < 0,0167 vs Témoins; † P < 0,0167 vs WVK. Voir la section Matériel et méthode pour plus de détails sur les analyses statistiques. Les traitements ont été arêtes 3 jours avant les mesures.

Tel qu’attendu, le traitement WVK a augmenté la déposition de calcium dans l’aorte entrainant du même coup l’élévation significative du PWV. Contrairement aux résultats intéressants obtenus lors de l’administration aiguë de sinitrodil, le traitement avec ce dernier a augmenté les taux de calcium dans l’aorte et le PWV. Cette augmentation semble dépendante de la dose de sinitrodil administrée, malgré que le tout ne soit pas significatif (figure 24).

Figure 24: Effet chronique du sinitrodil sur les taux de calcium et les valeurs de PWV chez des rats WVK.

WVK : 8 semaines de traitement WVK; +Sin12, +Sin100 : 4 semaines de traitement WVK avec du sinitrodil (12 et 100 mg/kg/jour) après 4 semaines de traitement WVK seul. A : Calcium aortique et B : PWV; * P < 0,0167 vs Tem, un ANOVA suivi d’un test de comparaisons multiples Bonferroni a été effectué.

En plus des paramètres hémodynamiques et du calcium, l’ET, les nitrates plasmatiques, la eNOS et la GCs ont été mesurés. Tel qu’attendu, le traitement WVK a augmenté significativement les taux d’ET dans l’aorte, mais n’a pas modifié significativement la production de nitrates ni l’expression de la eNOS ni de la GCs. Toutefois, il faut mentionner que l’expression de la GCs est similaire à celle obtenue dans d’autres études de 8 semaines. Même si l’administration de 100 mg/kg/jour de sinitrodil a augmenté l’ET aortique, cette élévation n’est pas significative. L’administration de sinitrodil n’a pas non plus modifié significativement l’expression de la eNOS et la GCs. Par contre, la production de nitrates plasmatiques a été diminuée dans les groupes recevant du sinitrodil. L’administration de 100 mg/kg/jour de sinitrodil a même significativement diminué la production de nitrates plasmatiques. L’absence d’effet sur l’expression protéique peut être due à l’arrêt des traitements 3 jours avant les sacrifices (tableau 16), suggérant que les effets potentiels de ce composé ne se maintiendraient pas.

Tableau 16 : Effet de l’administration chronique du sinitrodil sur les concentrations aortiques d’ET et de nitrates plasmatiques ainsi que l’expression de la eNOS et de la GCs chez des rats WVK.

Paramètres /Groupes Témoins WVK +Sin12 +Sin100

ET aortique (pg/mg tissu sec) 0,23 ± 0,03 0,44 ± 0,05 * n/d 0,55 ± 0,08 Nitrates plasmatiques (µmol/L) 77,1 ± 15,3 96,1 ± 9,6 58,8 ± 17,7 43,8 ± 3,2 † Expression eNOS (ratio eNOS/actine) 1,00 ± 0,39 1,17 ± 0,21 1,00 ± 0,17 1,04 ± 0,15 Expression GCs (ratio sGC/actine) 1,00 ± 0,30 0,69 ± 0,16 0,60 ± 0,15 1,43 ± 0,66

WVK : 8 semaines de traitement WVK; +Sin12, +Sin100 : 4 semaines de traitement WVK avec du sinitrodil (12 et de 100 mg/kg/jour) après 4 semaines de traitement WVK seul; * P < 0,0167 vs Témoins; † P < 0,0167 vs WVK. Voir la section Matériel et méthode pour plus de détails sur les analyses statistiques. Les traitements ont été arêtes 3 jours avant les mesures.

Comme l’administration chronique de sinitrodil ne semble pas avoir été efficace pour limiter la calcification vasculaire et la rigidité artérielle, un autre donneur de NO a été testé. Ici encore, au lieu d’avoir un effet réducteur sur la calcification, la plupart des doses se sont avérées pro-calcifiantes. L’ajout de 20 µmol/L de DETA/NO dans le milieu calcifiant (CM) a même augmenté significativement la calcification comparativement au CM seul (figure 25).

Figure 25: Effet du DETA/NO sur les taux de calcium aortique dans le modèle ex

vivo de calcification vasculaire médiale.

T : aortes dans le milieu de culture; T+D50 : aortes dans un milieu de culture contenant 50 µmol/L de DETA/NO; CM : aortes dans un milieu calcifiant; +D1 à +D50 : aortes dans un milieu calcifiant contenant des concentrations de 1 à 50 µmol/L de DETA/NO. * P < 0,0083 vs T, un ANOVA suivi d’un test de comparaisons multiples Bonferroni a été effectué.

À la lumière de ces résultats décevants, l’administration exogène de NO a été abandonnée. En utilisant le modèle ex vivo de calcification, une petite étude pilote a été réalisée afin d’étudier l’efficacité d’un inhibiteur de phosphodiestérases, le T-1032. L’ajout du T-1032 au milieu calcifiant a permis de diminuer significativement la calcification (figure 26).

Figure 26: Effet du T-1032 (iPDE5) sur les taux de calcium aortique dans un modèle ex vivo de calcification vasculaire.

Témoin : aortes dans un milieu de culture; CM : aortes dans un milieu calcifiant; +T-1032: aortes dans un milieu calcifiant contenant du T-1032 (10 µmol/L). * P < 0,025 vs Témoins, † P < 0,025 vs CM; un ANOVA suivi d’un test de comparaisons multiples Bonferroni a été effectué.

Avec ces résultats prometteurs, une étude animale a donc été planifiée. En effet, au lieu d’augmenter les concentrations de NO par une administration exogène de NO, les effets endogènes du NO ont été augmentés par l’administration d’un iPDE5.

De par ses propriétés pharmacocinétiques intéressantes, c’est-à-dire une longue demi-vie et une liaison préférentielle à l’α1 glycoprotéine plutôt qu’à l’albumine [455], le

tadalafil (Cialis) a été choisi préférentiellement au sildénafil pour être administré oralement à des rats WVK. Tel que mentionné précédemment, l’utilisation de la warfarine pour induire la calcification vasculaire entraine certains problèmes puisqu’elle est impliquée dans plusieurs interactions pharmacocinétiques. Toutefois, des études d’interactions n’ont montré aucun effet significatif suite à la co-administration de tadalafil et de warfarine [455]. De plus, la warfarine est connue pour être liée de façon importante aux protéines plasmatiques (97 à 99%) et préférentiellement à l’albumine [456] et comme le sildénafil se

fixe également à cette protéine plasmatique, il pourrait déplacer la warfarine de l’albumine et ainsi augmenter considérablement sa biodisponibilité. Une biodisponibilité accrue de la warfarine provoquerait une hausse indésirable de la calcification vasculaire et possiblement une mortalité animale plus importante. En plus de se lier préférentiellement à l’α1

glycoprotéine et de ne pas interférer au niveau du métabolisme de la warfarine, le tadalafil possède une plus longue de demi-vie de que le sildénafil (17,5 vs 3-4 heures) [457]. Sa présence dans l’organisme des rats n’est pas compromise durant leur sommeil.