• Aucun résultat trouvé

Réectivité de la surface martienne

5.4.1 Rugosité de la surface

A partir des réectivités extraites des radargrammes (Ÿ5.2) et corrigées des eets d'absorption de l'ionosphère (Ÿ5.3.2), nous avons construit une carte globale de la réectivité radar de la surface martienne. Nous présentons cette réectivité sous deux projections diérentes :

ˆ Une carte en projection cylindrique (gure 5.5) avec une résolution de 2 pixels par degré (environ 30 km à l'équateur)

ˆ Deux cartes en projection stéréographique polaire (gure 5.6) avec une résolution de 4 pixels par degré (environ 15 km).

Il arrive que plusieurs orbites passent au même endroit, nous moyennons alors les mesures qui se trouvent dans le même pixel.

Ces cartes de réectivité ou d'albédo radar mélangent les diérentes bandes de fréquence de MARSIS car nous avons constaté peu de diérences à cette échelle et nous obtenons ainsi une couverture bien meilleure de la surface martienne.

Toutefois, dans des études locales ou régionales, il pourraît être intéressant de com-parer les réectivités mesurées dans chacune des bandes de fréquence car elles per-mettent de mieux caractériser les matériaux qui composent la surface.

Sur cette carte d'albédo, deux eets se mélangent : ceux de la rugosité et ceux des matériaux (constante diélectrique)5. Les zones qui apparaissent en bleu sur la gure 5.5 indiquent une surface peu rééchissante et les zones en rouge une surface rééchissante. Nous avons aussi reproduit une carte de la rugosité à l'échelle kilométrique de l'article de Kreslavsky et Head (2000). Cette carte RGB a été réalisée à partir des données MOLA, elles montrent de fortes similitudes avec la carte de réectivité.

La première constatation est que les hauts plateaux cratérisés de l'hémisphère sud possèdent un albédo radar plus faible que les plaines du nord (Vastistas Borealis Forma-tion 45°N-80°N). Ceci s'explique simplement car les plaines sont très lisses comparées aux plateaux dont la rugosité vient de la cratérisation importante à toutes les échelles. Cette rugosité se traduit par une couleur blanchâtre sur la carte de Kreslavsky et Head (2000) et les terrains plus lisses par une couleur plus sombre.

On constate que les régions où la réectivité est la plus élevée sont les plateaux volcaniques (20°N-30°S ;150°W-90°W) dans la région de Tharsis. La réectivité dans ces régions est même plus importante que dans les plaines du nord, alors que la ru-gosité est similaire entre ces deux régions. Ce fort albédo s'explique probablement par

5.4. RÉFLECTIVITÉ DE LA SURFACE MARTIENNE 115 180° 180° 150° E 150° E 120° E 120° E 90° E 90° E 60° E 60° E 30° E 30° E 30° W 30° W 60° W 60° W 90° W 90° W 120° W 120° W 150° W 150° W 90° 90° 60° N 60° N 30° N 30° N 30° S 30° S 60° S 60° S 180° 180° 150° E 150° E 120° E 120° E 90° E 90° E 60° E 60° E 30° E 30° E 30° W 30° W 60° W 60° W 90° W 90° W 120° W 120° W 150° W 150° W 90° 90° 60° N 60° N 30° N 30° N 30° S 30° S 60° S 60° S

(a)

(b)

Fig. 5.5  (a) Carte de la réectivité de la surface martienne pour le radar basse fréquence MARSIS. (b) Carte de la rugosité tirée de Kreslavsky et Head (2000). Chaque canal R, G, B correspond une échelle de rugosité ( Bleu : 0.6 km, Vert : 2,4 km et Rouge : 19,2 km). Les terrains les plus clairs sont les plus rugueux.

40° E 20° E 20° W 40° W 140° E 140° W 160° W 180° 160° E 65° S 70° S 70° S 65° S 70° S 70° S 65° S 65° S 40° E 20° E 20° W 40° W 140° E 140° W 160° W 180° 160° E 65° S 70° S 70° S 65° S 70° S 70° S 65° S 65° S 140° E 160° E 180° 160° W 140° W 40° E 40° W 20° W 20° E 65° N 70° N 70° N 65° N 70° N 70° N 65° N 65° N 140° E 160° E 180° 160° W 140° W 40° E 40° W 20° W 20° E 65° N 70° N 70° N 65° N 70° N 70° N 65° N 65° N

Fig. 5.6  (a) Carte de la réectivité de la surface en projection stéréographique polaire sud. (b) Carte de la rugosité tirée de Kreslavsky et Head (2000). Chaque canal R, G, B correspond une échelle de rugosité ( Bleu : 0.6 km, Vert : 2,4 km et Rouge : 19,2 km). Les terrains les plus clairs sont les plus rugueux. Les cartes (c) et (d) sont identiques à (a) et (b) mais pour le pôle nord.

la présence, à la fois, d'un terrain très lisse et d'une constante diélectrique élevée. De même, les régions d'Elysium Planitia (0°N-15°N ;130E-180E), d'Amazonis Planitia (10°N-40°N ;180°W-150°W) sont des régions réechissantes et très plates à toutes les échelles comme l'atteste la couleur sombre sur la carte de rugosité.

Comme on s'y attend les reliefs les plus accidentés présentent aussi une réectivité très faible comme Valles Marineris (5°S ; 110°W-30°W), l'auréole d'Olympus Mons (30°N ; 140°W), les ancs des cratères d'Argyre (50°S ; 40°W), de Hellas (45°S ;75°E) ou les dunes d'Olympia Undae (80°N ; 120E-130°W).

Les dunes d'Olympia Undae possèdent une faible rugosité à grande échelle mais une forte rugosité à petite échelle (environ 100 m). Cette rugosité particulière se caractérise

5.4. RÉFLECTIVITÉ DE LA SURFACE MARTIENNE 117

Fig. 5.7  La photo de gauche a été réalisée par HIRISE (PSP_001736_2605, Crédit : NASA/JPL/University of Arizona). Cette photo à 25 cm de résolution par pixel montre en détail les dunes se trouvant dans la région de Olympia Undae. L'espacement entre les dunes est ici d'environ 50 m, ce qui est très proche des longueurs d'ondes du radar MARSIS. Les images de droite correspondent à une partie du passage de l'orbite 3674 de Mars Express au-dessus de cette région. L'image du haut est un radargramme MARSIS et celle du bas une carte topographique MOLA. Il apparaît entre les pulses 80 et 130 du radargramme (c'est-à-dire lors du sondage de Olympia Undae) que l'écho de surface est beaucoup faible et également que les  clutters  sont très importants. Ceci est tout à fait caractéristique d'une surface très rugueuse.

par une couleur bleu vif sur la carte de Kreslavsky et Head (2000). Cette couleur indique qu'Olympia Undae ne présente pas de structure au-dessus de 1 km.

Lorsque l'on regarde la photographie prise dans cette région par HIRISE (gure 5.7), on comprend très bien pourquoi la réectivité de la surface est quasiment inexistante dans cette région (voir radargramme de la gure 5.5) : les dunes sont espacées d'environ 50 à 100 m, c'est-à-dire exactement la longueur d'onde de MARSIS. Dans ce cas extrême de rugosité, la composante cohérente du signal disparaît en totalité, seule subsistant la partie diuse, incohérente.

Ce survol de la réectivité des ondes radar sur la surface martienne montre qu'il est aboslument crucial de compenser la baisse de la réectivité due à la  topographie , si on veut étudier les matériaux qui composent le proche sous-sol.

Les calottes rééchissent assez bien les ondes radar à part dans les régions riches en chasmas.

5.4.2 Dispersion des mesures

Connaître la dispersion des mesures permet d'évaluer la précision des réectivités que nous obtenons avec MARSIS.

Lorsque le nombre de mesures dans un pixel est susant, il est possible de calculer un écart-type. Ainsi pour chaque pixel où la statistique est supérieure à 5, nous cal-culons l'écart-type sur ces mesures et nous le normalisons par la réectivité du pixel. Cette normalisation est nécessaire car la réectivité varie sur 3 ordres de grandeur en échelle linéaire (ou 30 dB) (voir gure 5.5a). La gure 5.8 présente donc la dispersion en pourcent de chaque mesure de réectivité.

Premièrement il apparaît que la dispersion est plus importante lorsque la rugosité est grande. Ainsi les régions avec une dispersion importante sont, par exemple, Valles Marineris, Argyre, Hellas. Deuxièmement, on voit apparaître une structure qui rappelle fortement celle du mesure de TEC de la gure 3.19. Ainsi, aux endroits où la quantité d'électrons est la plus importante, la dispersion des mesures est la plus grande6. Nous rediscuterons ce point dans la suite de cette étude.

Finalement, cette carte montre que la dispersion, compte tenu des traitements (cor-rection de la dispersion et de l'absorption) appliqués aux données, est de l'ordre de 10-15%.

5.4.3 Simulation des données MARSIS

Nous avons montré précédemment que le signal renvoyé par la surface était forte-ment dépendant de la rugosité. Il apparaît donc nécessaire de compenser les eets de la rugosité pour étudier des variations de la constante diélectrique. Comme décrit dans le paragraphe 2.6, nous avons réalisé la simulation du signal retourné par la surface pour toutes les orbites MARSIS. Nous avons extrait les échos de surface de ces simulations de la même manière que pour les données expérimentales. Comme dans la simulation, les propriétés diélectriques de la surface sont similaires avec une constante diélectrique égale à 4, les seuls eets faisant varier la réectivité sont ceux associés à la rugosité.

La plupart des modèles de rééctivité permettent de faire la distinction entre les eets de constantes diélectriques et les eets de rugosité [Picardi et al. (2004)]. Ceci nous permet de considérer séparément la rugosité et la constante diélectrique. Nous utilisons alors le résultat de la simulation comme une référence de la réectivité.

Le résultat de ce travail est donné dans la gure 5.9 sous forme d'une carte globale de la réectivité simulée de la surface martienne.

6Attention la carte de TEC est décalée de 180° en longitude par rapport à celle de réectivité, ceci pour mieux faire apparaître les structures de l'ionosphère