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Partie 3 : Fonctions Expertes

9. Détection des associations potentiellement émergentes

9.2. Stratégie de détection des PST potentiellement émergents

9.3.1. Echantillon des Sclérodermies Systémiques

Les Sclérodermies Systémiques sont des maladies relativement rares dont la prévalence varie entre 7 et 500 cas par million d'habitants [Chifflot 2008 ; Hinchcliff 2008]. Les causes et les mécanismes de cette maladie sont imparfaitement connus ; les déterminants familiaux et auto-immuns ne sont pas convaincants et des facteurs environnementaux sont fortement suspectés [Inachi 1996 ; Nietert 2000 ; Mora 2009]. Cette pathologie est associée à 35 codes nuisances mentionnés au titre des tableaux MPI. L'échantillon des Sclérodermies Systémiques a été testé avec les méthodes de pharmacovigilance sur la période 2001-2007, et a fait l'objet d'une publication [Bonneterre 2010].

9.3.1.1. Résultats obtenus avec la méthode PRR

Les données relatives aux Sclérodermies Systémiques extraites de la base 2001-2007 comprennent 106 PST enregistrés en pathologie principale ou en co-morbidités. Après découpage des séquences, la méthode PRR prend en compte 68 couples pathologie - nuisance, parmi lesquels 7 génèrent un signal d'émergence, dont 4 un signal d'émergence valide (hors couples reconnus comme sclérodermie - silice, sclérodermie - solvants et diluants organiques, sclérodermie - trichloréthylène). Le Tableau 10 illustre l'historique des signaux d'émergence valides au cours de la période 2001-2007 selon la méthode PRR.

Couples sclérodermie systémique - nuisance 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

31146 Métaux durs 0 0 0 1 2 3 3

36R00 Produit à usage agricole 0 0 0 0 1 2 3

48200 Froid 0 0 0 1 1 3 5

49200 Vibrations transmises

aux membres (machines outils) 1 1 1 1 1 2 3 Tableau 10 : Couples pathologie - nuisance émettant un signal d'émergence valide (cellules grisées)

selon la méthode PRR issues des méthodes de pharmacovigilance [Bonneterre 2010].

Ces couples émettant un signal d'émergence sont composés de nuisances appartenant à des séquences multi-exposées, comme par exemple, la nuisance "Métaux durs" (code 31146) est enregistrée dans trois séquences multi-exposées :

- Silice - Carbone - Métaux durs - Solvants et diluants organiques (codes 31161-1C001-31146-35110 observé en 2004 auprès d'un outilleur (code 7222),

- Métaux durs - Tungstène - Cobalt (codes 31146-1W001-1CO01) observé en 2005 auprès d'un conducteur d'installations de traitement thermique des métaux (code 8123),

9.3.1.2. Résultats obtenus avec les Fonctions Expertes

A partir de la même base de données, nous appliquons le test composite dans le but de comparer les résultats obtenus selon la méthode PRR et l'approche par Fonctions Expertes ; d'abord à partir de la base 2001-2007, puis en actualisant avec les données récentes de la base 2001-2009.

Données RNV3P 2001-2007 (N = 106 PST)

A partir de cette base de données 2001-2007, nous appliquons le test composite et déterminons quelles sont les séquences potentiellement émergentes, pour M = 10 000. La Figure 45 illustre la répartition des séquences enregistrées dans la base RNV3P au cours de la période 2001-2007 (effectifs cumulés), et la part des séquences susceptibles d'émerger (t0 = 1).

Figure 45 : Répartition des séquences associées aux sclérodermies systémiques et enregistrées dans la base RNV3P au cours de la période 2001-2007 (N = 106 PST) et résultats du test composite.

Les résultats des Fonctions Expertes itérative et par bloc sont identiques. La dynamique temporelle des séquences potentiellement émergentes (cellules hachurées) est détaillée dans le Tableau 11.

Séquences 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

48200 Froid 0 0 0 1 1 2 2

31110 Chantier (Poussières) 0 0 1 2 2 2 2

Tableau 11 : Dynamique temporelle des séquences potentiellement émergentes (T = (1,1,1) : cellules hachurées) associées aux sclérodermies systémiques au cours de la période 2001-2007 (N = 106

Données RNV3P 2001-2009 (N = 171 PST)

La base de données "Emergence" du RNV3P 2001-2009 rassemble 171 PST associés à la Sclérodermie Systémique (pathologie principale seulement), après exclusion du code "99999 - Pas de nuisance identifiée". La Figure 46 illustre la répartition des séquences enregistrées dans la base RNV3P au cours de cette période, et la part des séquences susceptibles d'émerger (t0 = 1).

Figure 46 : Répartition des séquences associées aux sclérodermies systémiques et enregistrées dans la base RNV3P au cours de la période 2001-2009 (N = 171 PST) et résultats du test composite.

Les résultats des Fonctions Expertes itérative et par bloc sont identiques. La dynamique temporelle des séquences potentiellement émergentes (cellules hachurées) est détaillée dans le Tableau 12 (Résultats détaillés en Annexe D-1).

Séquences 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

36R00 Produits à usage agricole 0 0 0 0 0 1 1 4 4

31110 Chantier (Poussières) 0 0 1 2 2 2 2 2 3

48200 Froid 0 0 0 1 1 2 2 3 3

34100 Fumées de soudage 0 0 0 0 0 0 1 1 2

36200- (35110)

Peintures, Vernis, Laques, Mastics

- Solvants et diluants organiques 0 0 0 0 1 1 1 2 2 Tableau 12 : Dynamique temporelle des séquences potentiellement émergentes (cellules hachurées)

associées aux sclérodermies systémiques au cours de la période 2001-2009 (N = 171 PST). Entre parenthèses, les nuisances reconnues au titre des Tableaux MPI.

9.3.1.3. Bilan

Les discordances entre les deux approches s'expliquent en partie par les conditions basées sur les fréquences minimales. En effet, la méthode PRR s'applique aux couples dont la fréquence d'apparition est supérieure à 2, et une des conditions du test composite T consiste à prendre en compte les séquences qui apparaissent au moins 2 fois.

Mais la définition des seuils n'explique pas toutes les discordances observées entre ces deux approches, et relèvent d'avantage des stratégies méthodologiques employées. Sur la base de cette observation, nous avons investigué les couples ou séquences qui suscitent un intérêt en termes d'émergence. Le Tableau 13 synthétise les fréquences cumulées des couples émettant un signal d'émergence valide selon la méthode PRR (hachuré) et les séquences potentiellement émergentes détectées selon le test composite T (quadrillé).

Couples / Séquences 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 0 0 0 1 1 3 5 - -

48200 Froid

0 0 0 1 1 2 2 3 3 0 0 0 0 1 2 3 - -

36R00 Produits à usage agricole

0 0 0 0 0 1 1 4 4 49200 Vibrations 1 1 1 1 1 2 3 - - 31146 Métaux durs 0 0 0 1 2 3 3 - - 31110 Chantier (Poussières) 0 0 1 2 2 2 2 2 3 34100 Fumées de soudage 0 0 0 0 0 0 1 1 2 36200- (35110)

Peintures, vernis, laques, mastics-

Solvants et diluants organiques 0 0 0 0 1 1 1 2 2 Tableau 13 : Synthèse des couples émettant un signal d'émergence valide selon les méthodes de pharmacovigilance (cellules grisées) et les séquences potentiellement émergentes détectées avec les

Fonctions Expertes (cellules hachurées). Entre parenthèses, les nuisances reconnues au titre des Tableaux MPI.

Ce tableau souligne des concordances au niveau des expositions professionnelles qui suscitent un intérêt en termes d'émergence, comme par exemple les expositions au froid ou aux produits à usage agricole. Mais les deux approches présentent des spécificités de détection propres à la méthodologie mise en œuvre. A titre illustratif, les sclérodermies systémiques associées aux vibrations ou aux métaux durs génèrent un signal d'émergence valide avec la méthode PRR, mais ne présentent pas de susceptibilité émergentielle avec l'approche par Fonctions Expertes du fait que ces nuisances sont co-exposées et appartiennent donc à une séquence multi-exposée.

L'approche par Fonctions Expertes a notamment permis de mettre en évidence une séquence multi-exposée potentiellement émergente composée d'une nuisance reconnue au titre des tableaux MPI, les solvants et diluants organiques, et d'une nuisance non reconnue les peintures, vernis, laques et mastics.

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