3. Mesures de bruit
3.5 Cadre th´ eorique
3.5.2 Effets non lin´ eaires
Pour tenir compte des interactions entre excitons, nous introduisons un hamiltonien qui fait intervenir l’ensemble des modes d’excitons rep´er´es par leur vecteur d’onde K dans le plan des couches. Nous ne consid´ererons pas ici d’´elargissement inhomog`ene et nous ne traiterons pas l’interaction avec les phonons. Le hamiltonien s’´ecrit [7][9][34] :
H =
Les trois termes de la premi`ere ligne sont les mˆemes que dans l’expression (1.42), o`u nous avons pos´e Ek = ωk et EK = ωK. Le terme de la se-conde ligne repr´esente la saturation de l’interaction photon-exciton, due `a la nature fermionique des ´electrons et des trous composant les excitons. Le terme de la troisi`eme ligne d´ecrit la diffusion exciton-exciton, due `a l’inter-action Coulombienne.
Le potentielVQef f
est la somme d’un terme direct et d’un terme d’´echange dus `a la statistique de Fermi des ´electrons et des trous. On peut montrer que le terme d’´echange est pr´edominant, avecVQef f
≈V0exch=V0 [33].
Exp´erimentalement, des effets non lin´eaires importants s’observent essen-tiellement sur la branche basse de polariton, que nous excitons s´electivement.
De ce fait nous n´egligerons les contributions li´ees `a la branche haute et nous ne consid´ererons que les ´etats du polariton de branche basse. Comme indiqu´e
par l’´equation (1.46), l’op´erateur d’annihilation pour le polariton de branche basse s’´ecrit :
ˆ
pk =Xkˆbk−Ckˆak (3.75) o`u l’indice (−) est sous-entendu. Le hamiltonien r´eduit au polariton de branche basse s’´ecrit maintenant :
H =
o`uE(−)(k) est l’´energie du polariton inf´erieur donn´ee par l’expression (1.43) et o`u le couplage entre des polaritons de vecteurs d’onde diff´erents est donn´e par les deux derniers termes de l’expression (3.76).
Comme pr´ec´edemment, le polariton est coupl´e `a un champ ext´erieur `a incidence normale. Nous cherchons l’´evolution du mode de polariton de k= 0. Si nous n´egligeons l’interaction avec les modes de k = 0, non peupl´es directement par l’interaction avec le laser, l’´equation d’´evolution s’´ecrit :
dpˆ0 et o`u nous sommes pass´es dans le r´ef´erentiel tournant `a la fr´equenceωL, avec δ0 =ω0−ωL. Le champ entrant ˆpin0 (t) est une combinaison lin´eaire de ˆain0 (t) et de ˆbin0 (t) donn´ee par l’´equation (3.75) etγ correspond `a la valeurγ− donn´e par la partie imaginaire de l’´equation (1.50). Nous traitons ici la relaxation de mani`ere ph´enom´enologique, comme dans l’´equation (1.60) du §1.5.2.
Nous nous int´eressons au bruit susceptible d’apparaˆıtre dans l’´emission du polariton de k =0 observ´e par d´etection homodyne. Nous devons donc calculer les fluctuations temporellesδpˆ0 de l’op´erateur ˆp0 autour de sa valeur moyenne :
ˆ
p0(t) =p0+δpˆ0(t) (3.79) o`up0 est l’amplitude du polariton correspondant `a la solution de l’´equation (3.77) et de l’´equation complexe conjugu´ee pour les valeurs classiques. Nous
supposons que les fluctuations sont faibles devant la valeur moyenne p0 et nous lin´earisons l’´equation (3.77) autour de cette valeur moyenne. En prenant la transform´ee de Fourier des ´equations lin´earis´ees, on obtient :
−iΩδpˆ0[Ω] = −(γ+iδ0)δpˆ0[Ω]−2i α|p0|2δpˆ0[Ω] (3.80)
−iα p20δpˆ†0[Ω] + 2γ δpˆin0[Ω]
Cette ´equation est tout `a fait similaire `a celle que l’on obtient pour un champ ´electromagn´etique interagissant avec un milieu mat´eriel non lin´eaire par m´elange `a 4 ondes dans une cavit´e [36]. Elle est ´egalement analogue `a celle que l’on obtient dans le cas d’un oscillateur param´etrique d´eg´en´er´e au-dessous du seuil. On a ici un m´elange param´etrique `a 4 ondes de polaritons.
Les ´equations donnantδpˆ0[Ω] et δˆp†0[Ω] se r´e´ecrivent sous la forme :
(γ+iδ˜0−iΩ)δpˆ0[Ω] =−iα p20δpˆ†0[Ω] + 2γ δpˆin0 [Ω] (3.81) (γ−iδ˜0−iΩ)δpˆ†0[Ω] = iα p20δˆp0[Ω] + 2γ δpˆin0†[Ω] (3.82) o`u nous avons pos´e :
δ˜0 =δ0+ 2α|p0|2 (3.83) Cette relation fait apparaˆıtre un d´eplacement de la fr´equence de r´esonance de 2α|p0|2 dˆu `a l’interaction entre les polaritons.
Consid´erons les composantes en quadrature ˆpx et ˆpy: ˆ
px[Ω] =δpˆ0[Ω] +iδpˆ†0[Ω] (3.84) ˆ
py[Ω] =δpˆ0[Ω]−iδpˆ†0[Ω] (3.85) avec des relations analogues pour ˆpinx [Ω] et ˆpiny [Ω].
A d´` esaccord nul, c’est `a dire pour ˜δ0 = 0, on a : ˆ
px[Ω] =
√2γpˆinx[Ω]
γ+α p20−iΩ (3.86)
ˆ py[Ω] =
√2γpˆiny [Ω]
γ−α p20−iΩ (3.87)
Si l’on choisit la phase telle quep0 soit r´eel, on voit que la composante ˆpy[Ω]
est amplifi´ee, avec pour Ω = 0 un seuil d’oscillation donn´e par : p20th = γ
α (3.88)
On peut montrer que la composante ˆpx[Ω] donne lieu, `a la sortie de la cavit´e,
`
a un champ d´e-amplifi´e et ´eventuellement `a une r´eduction des fluctuations sous la limite quantique standard, si les fluctuations entrantes sont assez faibles [29].
Les fluctuations d’amplitude qui correspondent `a :
δEˆ1[Ω] =δpˆ0[Ω] +δpˆ†0[Ω] (3.89) pr´esentent le mˆeme seuil. Pour ˜δ0 = 0, la relation (3.88) devient :
α p20th2
=γ2+ ˜δ02 (3.90)
Le traitement au-dessus du seuil n´ecessiterait une ´etude plus d´etaill´ee. En effet, on v´erifie facilement que les modes dek=0que nous avons consid´er´es ne peuvent pas osciller pour Ω = 0, mˆeme pour ˜δ = 0. Les conditions d’os-cillation, qui sont analogues `a celles d’un oscillateur param´etrique optique, doivent pouvoir ˆetre v´erifi´ees si l’on consid`ere des polaritons dekl´eg`erement diff´erent de0. Cette ´etude sort du cadre de ce m´emoire. Nous nous limiterons
`
a l’´etude des ph´enom`enes au-dessous du seuil et au seuil.
L’expression (3.88) indique que le seuil d´epend tr`es fortement des compo-santes exciton et cavit´e du polariton. On peut ´evaluer comment le seuil d´ e-pend des composantes du polariton, c’est `a dire du d´esaccord cavit´e-exciton,
`
a l’aide des consid´erations suivantes. Si l’on ne tient compte, dans le coeffi-cient d’interaction non lin´eaire α d´efini par (3.78), que du terme dominant enV0, on peut ´ecrire :
α≈V0X04 (3.91)
De plus, `a d´esaccord cavit´e-exciton nul, p0 croˆıt comme pin0 avec |pin0 |2 = C02|ain0 |2 puisque bin0 = 0. D’o`u, pour une intensit´e de laser excitateur |ain0 |2 constante :
α p20 ∝X04C02 =X04(1−X02) (3.92) Cette quantit´e est maximale pour 4X03−6X05 = 0, c’est `a dire pourX02 = 2/3 soit (δ+ ∆)/2∆ = 2/3 d’apr`es (1.48). On obtient finalement un seuil mini-mum pour δ =g√
2/2, d´esaccord pour lequel le polariton a une importante composante excitonique.
Par ailleurs, l’expression (3.87) pr´evoit, au voisinage du seuil, une d´ e-pendance importante des fluctuations par rapport `a la fr´equence de bruit.
En effet, le bruit, qui est blanc sur la plage de fr´equences observ´ee pour de faibles intensit´es d’excitation, pr´esente une forte d´ependance en fr´equence au voisinage du seuil.
Enfin, les expressions (3.86) et (3.87) montrent que l’une des composantes de quadrature est amplifi´ee alors que l’autre varie peu. On pr´evoit donc une forte d´ependance en phase du bruit, comportement caract´eristique de tout amplificateur param´etrique d´eg´en´er´e. Une mesure du bruit au moyen d’un dispositif de d´etection homodyne avec oscillateur local doit permettre d’observer cette d´ependance.