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La typologie qui va être présentée et déconstruite est destinée à être utilisée comme l’un des outils d’analyse de nos entretiens biographiques.

Les autres versants de la mobilité tels que la mobilité sociale, professionnelle, virtuelle seront explorés sous l’angle linguistique à la lumière des entretiens biographiques et nous amèneront à discuter la notion de mobilité linguistique.

2.1 - Esquisse d’une typologie des migrations pour nos sujets enquêtés

Pour être fonctionnelle et opératoire, notre propre typologie nécessite de s’adapter aux objectifs de la recherche prenant en compte d’une part la population enquêtée (profil des sujets, nature, finalité(s) et contexte de la trajectoire de mobilité) ; d’autre part notre problématique avant tout d’ordre sociolinguistique et rattachée à la dynamique des langues en contact. La meilleure typologie des migrations est celle qui n’est pas construite artificiellement autour de critères abstraits mais qui a une valeur explicative utilisable pour le contexte étudié, qui par ailleurs prend en compte la distinction des formes, des facteurs et des objectifs de mobilité (Withol de Wenden, 2001 : 12).

La typologie qui va alors être présentée s’appuie sur les trajectoires individuelles, sur le profil (migrants qualifiés, de formation supérieure, d’origine européenne et non européenne, résidant en France selon des modalités et temporalités variables oscillant entre quelques mois et 35 ans) ainsi que sur le projet migratoire (intention de départ, d’installation à long terme…) des sujets des deux échantillons au moment des entretiens. Elle a été réalisée a posteriori au regard des données recueillies et s’inspire de la typologie de G-F Dumont en ce qu’elle propose une classification liée avant tout à des critères spatio-temporels. Elle saisit le parcours du migrant à un point donné de sa trajectoire (espace et temps), mais il faut rappeler encore que cette posture ne permet pas d’approcher le mouvement dans son ensemble, alors même que l’immigration et la migration peuvent coexister, s’articuler ou se succéder (Viet, 2004 : 279). Elle essaie cependant de rendre compte d’une circulation possible entre les différentes catégories dont les frontières ne sont absolument pas étanches. Par ailleurs, si les critères typologiques sociaux-culturels ne peuvent constituer en eux-mêmes pour ce travail une classification suffisante pour être opératoire, il n’en reste pas moins que ces éléments figurent comme données biographiques essentielles prises en compte dans l’analyse des récits de vie.

Trois types de migration se dégagent de l’analyse des trajectoires des sujets enquêtés : la migration temporaire, la migration non temporaire ou durable et la migration pendulaire. Une étude de cas48 suit l’exposition de chaque catégorie migratoire et met en regard les parcours de mobilités et la recomposition des répertoires verbaux. Chaque étude de cas s’accompagne de trois outils de représentations graphiques dont le fonctionnement et les objectifs sont explicités au fil du texte : un graphique de la dynamique des langues et des mobilités, une carte linguistique familiale et enfin une spirale de la mobilité.

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2.1.1 - Les migrants temporaires (migration temporaire)

Cette première catégorie comporte les sujets enquêtés qui sont en contrat déterminé ou qui ont un projet migratoire défini avec une intention de départ du pays de résidence actuel à court ou à moyen terme, que ce soit vers le pays d’origine ou vers un pays tiers. Ce cas de figure correspond en particulier aux sujets du deuxième échantillon, en situation de migration professionnelle contractuelle pour Hewlett Packard (10 enquêtés sur 21).

Elle concerne également les étudiants étrangers en séjour temporaire en France dans le cadre de leurs études (stages sport-études, séjours Erasmus, doctorat…). C’est le cas de deux sujets du premier échantillon, présents en France dans le cadre d’une formation doctorale pour l’un et d’un séjour sport-études de quelques mois pour l’autre.

Enfin, les missions professionnelles, les séjours dans le pays d’origine, les voyages constituent des situations de mobilité plus ponctuelles. Beaucoup d’enquêtés ont par ailleurs été en situation de mobilité temporaire à des moments antérieurs de leur parcours (séjour Erasmus, séjour linguistique et culturel…). Ces cas de figure viennent compléter ceux proposés par G-F Dumont (cf. II - 1.4.5 - a - p 81).

a - Migrants temporaires et périodes d’installation en France

La situation de migration temporaire concerne au total douze personnes. Quelques précisions sur les trajectoires individuelles témoignent ici de la difficulté évoquée précédemment à trancher de manière cloisonnée l’appartenance d’un sujet à une catégorie de migration plutôt qu’à une autre. Cassimo (E.1) est, par exemple, à la fois migrant pendulaire et temporaire : inscrit en doctorat en France, il y séjourne tous les deux ans environ depuis 2002 pour une durée limitée49. Son projet migratoire bien défini - capitaliser sa formation professionnelle réalisée en France pour son évolution de carrière au Mozambique - a déterminé le fait de le comptabiliser uniquement dans les migrants temporaires.

Les autres sujets de ce groupe ont également, au moment de l’entretien, des projets migratoires de type temporaire, même si certains sont en France depuis plus de cinq ans. Parmi ceux-ci, quatre sujets mettent à profit le plan de restructuration sociale de HP pour envisager un nouveau départ (projet migratoire et/ou reconversion professionnelle). Un autre sujet d’origine allemande (E.28), dont la femme est allemande elle aussi, manifeste l’intention de rester en France à moyen terme, le temps que les enfants s’approprient le français. Parmi

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les migrants temporaires depuis moins de cinq ans, l’un a le projet de rentrer dans son pays d’origine : Sitakanta (E.24), venu faire ses études en France, enchaîne avec une expérience culturelle et professionnelle qu’il souhaite ensuite capitaliser dans l’objectif de rentrer en Inde avec sa femme indienne. Trois autres sont tournés vers de nouvelles expatriations dans des pays tiers : Yang Fei (E.40) vient de signer un contrat HP en Suisse, Huan Yue (E.39) veut s’installer prochainement dans un pays européen avec son compagnon irlandais avant de rentrer à Taiwan ; Roelof (E.34) est ouvert à toute nouvelle expérience professionnelle à responsabilité ; Jefferson (E.41), le seul intérimaire de l’échantillon, saisira les opportunités qui s’offrent à lui dans ses deux autres pays d’origine et d’adoption que sont la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Ces données sont illustrées dans le tableau suivant :

Figure 11: Tableau des migrants temporaires et périodes d'installation en France

Migrants temporaires - de 5 ans 5 à 15 ans + de 15 ans

E.1 Depuis 200250

E.3 Hiver 2003 - printemps 2004

E.24 2002 E.28 1999 E.31 199951 E.32 199852 E.34 2004 E.36 1994 E.38 1998 E. 39 2004 E.40 2002 E.41 200453

Le choix a été fait d’organiser les périodes d’installation selon trois classes (- de 5 ans, entre 5 et 15 ans et + de 15 ans) par un souci de mise en valeur de la complexité des parcours et avec l’intention d’opérer par la suite des croisements entre :

- les profils migratoires (nature de la migration, période d’installation, tranche d’âge, trajectoire de mobilité, nature du capital familial de mobilité) ;

- les profils linguistiques (bi-plurilinguisme précoce ou tardif, stratégies, attitudes, représentations et pratiques linguistiques déclarées) ;

- les pratiques sociales, culturelles, citoyennes (réseau, nature de la sphère privée…) et représentations sociales (mobilité, mono et multiculturalisme…).

50 Etudes supérieures en France entre 1992 et 1997 à Montpellier.

51 Dont deux ans en Slovaquie.

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Dont deux ans en Slovaquie.

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L’étude de la trajectoire de Cassimo (E.1), migrant temporaire, va maintenant être exposée au cours de laquelle différents outils d’analyse seront présentés et réutilisés pour les deux études de cas suivantes.

b - Etude de cas de Cassimo : des mobilités et des apprentissages linguistiques imposés aux stratégies identitaires individuelles

Phase pré-migratoire : langues et mobilités intra-nationales au Mozambique54

Cassimo fait l’expérience de la mobilité d’abord intranationale dès son plus jeune âge de par la profession de son père (gradé de la police nationale) : il passe d’une région à l’autre, avec des départs et des retours, partage son temps entre capitale et province, milieu urbain et milieu rural :

Cassimo – 16 « Alors euh : j’ai pas mal bougé en fait / c’est-à-dire j’ai fait la première et deuxième année à Maputo / après jusqu’à la quatrième année / quarta classe55 comme on dit / à Gaza / quinta classe à Manhica / c’est province de Maputo / sexta classe à nouveau à Gaza à Xai Xai (…). »

En raison de la situation sociolinguistique du pays, les passages d’une province à l’autre ou d’un milieu à l’autre lors de déménagements successifs ou lors des vacances, impliquent des changements de langues et des apprentissages linguistiques. C’est le moyen naturel de s’adapter à son environnement si on veut communiquer avec les autres, dans un pays où la grande majorité des locuteurs sont plurilingues et où langues et mobilités sont étroitement liées. Il apprend deux langues simultanément, le shope, langue de la mère, et le shangane, langue du père. Le déménagement dans la capitale vers six ans entraîne l’apprentissage d’une troisième langue, le ronga. Ces trois langues sont apprises de façon précoce, informelle et simultanée, au contact de la famille nucléaire et élargie et de l’environnement :

Cassimo –13 « Le shangane et le shope / mes tantes mes grands-parents c’était toujours + une bonne partie de la famille de mon père c’est le shangane / une bonne partie de la famille de ma mère c’est le shope / ce qui fait que bon euh : au même rythme j’apprenais les deux langues / et Voilà quoi c’était vraiment au même rythme / alors que le ronga c’était quand j’ai habité à Maputo. »

Après la scolarisation en portugais, la communication en langues d’origine fait l’objet d’une stratégie familiale :

54 Statut des langues au Mozambique : la langue officielle et de scolarisation est le portugais ; les langues nationales sont au nombre environ de 20 groupes linguistiques répartis selon les groupes ethniques et les régions. 95% des mozambicains ont pour langue maternelle une langue bantoue. Les locuteurs n’en ont généralement qu’une maîtrise orale. La politique linguistique de ces langues vernaculaires reste limitée, en dehors de quelques expérimentations dans le système éducatif. Les langues étrangères sont l’anglais et le français.

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Cassimo – 21 « (…) je crois qu’il y avait une volonté indirecte j’en sais rien pour qu’on soit familiarisé avec : avec ces langues-là / parce qu’ils me parlaient euh : l’un l’autre parlaient shangane et shope et puis bon dans le quotidien avec eux on parlait le portugais sans problème. »

L’environnement familial joue un rôle très important dans la transmission des langues d’appartenances (parents, grands-parents mais aussi tantes et oncles…) et le maintien de la communication entre pairs :

Cassimo –26 « Euh : comment dire ::: enfin je pense que c’était pas euh ::: moi je me demande si c’était vraiment réfléchi parce que tu sais qu’en Afrique euh : la famille c’est quelque chose de très ::: très solidaire ::: de très ::: + les gens se côtoient très fréquemment et donc je pense qu’il y avait un peu une volonté de + qu’on soit pas peut-être isolé du reste de la famille / quelque chose comme ça / donc en fait euh ::: tout en communiquant comme ça de toute façon le portugais était présent ::: à l’école euh ::: le portugais ::: mais bon à la maison on continue à rencontrer le reste des gens de la famille sans problème. »

Première phase migratoire internationale : Cuba (1982-1986), en immersion absolue dans la culture cubaine et la langue espagnole

Ce départ à Cuba est occasionné par l’environnement socio-politique du Mozambique56 : Cassimo –16 « et puis comment dire après ça, j’ai dû suivre une formation pendant quatre ans à Cuba (…) le Mozambique ayant des accords avec Cuba entre autres pays donc euh ::: c’était vraiment dans le cadre institutionnel tout à fait ::: de 82 à 86. »

Cassimo évoque seulement les accords passés entre les deux pays et la sélection d’office des élèves selon des critères assez flous (en fonction des notes, des comportements, de l’accord des parents….). Beaucoup de jeunes des pays socialistes africains partent à cette époque à Cuba pour réaliser des formations dans des domaines techniques. Dans son cas, ce sera une formation aux télécommunications. Il tire parti de cette transplantation de quatre ans sans rentrer au pays et découvre avec enthousiasme à l’âge de 16 ans la langue espagnole et la culture cubaine où il se met en immersion complète :

« E. A Cuba tu étais dans quel endroit ?

Cassimo – 50. Alors à Cuba j’ai bougé pas mal / j’étais euh ::: à la Isla de la Juventud, l’île de la jeunesse après j’ai été à Havana / Villa Clara et Pinal del / et puis j’ai eu la chance de connaître toute l’île quoi / j’ai bougé pas mal pendant les 4 ans / je ne suis pas rentré en vacances au Mozambique / j’ai passé les vacances là-bas. »

56 Bizarrement, l’importance de ce contexte n’a pas été évoqué au cours du récit de vie alors que le pays est en pleine guerre civile à cette époque. Ce silence peut être imputé à la relation amicale qui existe entre l’enquêté et l’enquêteur, ainsi qu’à la connaissance du pays par l’enquêteur. Ces facteurs introduisent des implicites dans le déroulement de l’entretien. L’indépendance du pays est proclamée le 25/06/1975. Le mouvement indépendantiste FRELIMO (Front de Libération du Mozambique) se restructure alors en parti de pouvoir unique à orientation marxiste-léniniste en 1977. Il soutient la lutte anti-apartheid et bénéficie donc de l’appui des pays communistes (Chine, Cuba, URSS, RDA). Une opposition naît également qui prend le nom de RENAMO (Résistance Nationale Mozambicaine), soutenue par la Rhodésie jusqu’en 1980 (actuel Zimbabwe) et l’Afrique du Sud de l’apartheid. Une guerre civile de 16 ans entre ces deux partis s’ensuit. Les accords de paix seront en effet signés en 1992.

Il se place d’emblée dans une perspective de découverte de l’altérité…

Cassimo – 53 « (…) j’avais plus des copains cubains que + et puis mes premières histoires d’amour c’était là-bas aussi / et ça ça facilite beaucoup la ::: la pratique de la langue / et j’ai connu tout le pays / participé à pas mal de festivals qui se déroulaient là-bas / des fêtes familiales /enfin beaucoup de choses / je crois que j’ai eu la chance de connaître ::: si je peux dire ::: les vrais cubains parce que c’était vraiment un pays complètement différent et au niveau de la philosophie et de la formation même étaient différentes. »

…et non de repli dans sa culture d’origine ou dans une attitude nostalgique :

Cassimo – 57 « (…) c’était ma première expérience internationale donc y avait toujours la nostalgie de la famille et tout ça mais ::: sur le plan linguistique non j’ai pas eu de problème particulier au CONTRAIRE / ça m’a fait plaisir de découvrir cette nouvelle langue / cette nouvelle culture / ces nouveaux rapports avec une autre manière de vivre / enfin c’était plutôt un enrichissement / mais si le Mozambique me manquait c’était plus le côté affectif familial et tout ça / mais bon tout au début hein :::»

Retour au Mozambique : vers une professionnalisation du capital plurilingue (1986-1992)

A la fin de sa formation, Cassimo rentre de Cuba et intègre l’entreprise de télécommunications mozambicaine, basée dans la capitale. Il se spécialise dans la communication maritime. Pour diversifier ses chances, il prend des cours du soir et obtient son bac général. Grâce aux compétences linguistiques qu’il a développées notamment en espagnol et en portugais, il assure en parallèle des tâches ponctuelles d’interprétariat dans le cadre de son emploi, ce qui lui permet d’élargir ses tâches professionnelles et d’être celui sur qui on peut compter :

Cassimo – 70 « (…) et au sein de l’entreprise, j’étais un peu l’un des mecs qui pouvaient dépanner quoi. »

Il se sent jeune, prêt à apprendre encore et sans envie de naviguer et l’idée lui vient de professionnaliser ses compétences en langues :

Cassimo – 77 « (…) j’ai vu dans un concours qu’on cherchait des candidats pour faire du français tout ça / donc moi je faisais déjà espagnol portugais / j’avais déjà un bon poste et j’avais envie de continuer ::: continuer les études / je me sentais encore très jeune et euh ::: dans mon domaine y avait plus de chances que je navigue que rester sur terre / et c’était pas tellement ce que je voulais. »

Il saisit l’opportunité d’un concours pour se lancer dans l’aventure du projet de réintroduction du français au Mozambique et dans l’enseignement du français :

Cassimo – 82 « (…) et puis bon le fait que je sois sollicité à assurer les tâches linguistiques ça m’a un peu donné envie de continuer là-dessus / donc voilà j’avais passé le concours et j’avais été pris / donc j’ai continué à faire mon travail tout en faisant des cours intensifs de français de toute façon j’étais pas sûr de réussir / c’était une aventure / mais bon ça s’est bien passé / et puis après cette formation-là y a eu un examen sélectif / pareil / donc bon j’étais parmi les gens retenus et donc c’est à ce moment-là que j’ai dû venir en France. »

Deuxième migration : la France (1992-1997) et l’appropriation du français

Cassimo part suivre une formation de français avec plusieurs promotions de futurs enseignants. Un an de stage intensif succède à quatre années d’études supérieures à Montpellier, dont une année d’apprentissage du français :

« E. Comment s’est passée cette expérience ? comment tu l’as vécue ? dans quel environnement ?

Cassimo – 89 Euh ::: c’était difficile parce qu’en fait euh d’abord faut dire quand je suis arrivé il a fallu suivre des cours de perfectionnement linguistique euh ::: bon ça c’était pas facile c’était vraiment très dur bon. »

Cassimo manifeste dès son arrivée en France une volonté d’autonomie et d’indépendance vis-à-vis de ses compatriotes. Il privilégie l’ouverture, les rencontres, et cherche à s’insérer dans des milieux socio-culturels et linguistiques variés :

Cassimo – 94 « Dès le début / donc on était tous indépendants / j’avais mon studio / je me suis fait des amis donc j’avais pas mal d’amis étrangers / français / dès le départ c’était diversifié / bien sûr je voyais mes compatriotes quand y avait des fêtes des choses comme ça mais j’ai tout de suite euh ::: c’est un peu dans ma démarche de rencontrer des gens d’autres cultures d’autres+ et pour moi c’était une manière agréable de pratiquer la langue / mais bon parce que j’ai toujours aimé de rencontrer d’autres gens / c’est toujours dans ma façon de fonctionner. »

Son expérience cubaine, sa maîtrise de l’espagnol et son amour de la musique latine l’amènent aussi à des rencontres et à une participation ponctuelle au programme de musique latine à la radio locale de Montpellier.

Nouveau retour au Mozambique (1998- ), une formation d’enseignant de langue française en main

Enseignant de français, il poursuit une formation continue en alternance depuis 1999 (DEA puis doctorat Sciences du langage en cours depuis 2002) et diversifie progressivement ses activités liées à la langue française et ses structures d’intervention (traduction / interprétariat, formation FOS auprès des salariés du ministère du tourisme, activités au ministère de l’éducation….). Cassimo, qui s’est marié et a eu une fille peu avant l’entretien, communique en portugais avec sa femme et sa fille, tandis que la mère s’adresse souvent à sa fille dans sa langue d’origine, le ronga. D’après Cassimo, ce serait un moyen de transmettre son patrimoine familial, linguistique et identitaire, de diversifier ses chances dans un pays plurilingue et de maintenir le lien avec la famille du côté maternel dont les membres s’expriment mieux ou seulement en ronga :

« E. Et pourquoi est-ce que d’après toi ta femme a envie de parler le ronga avec ta fille ? c’est un désir de transmettre cette langue-là ou ::: ?

Cassimo - 129. Je pense que oui hein ::: ça fait partie du patrimoine familial et comment dire de la même manière que ::: elle partage son attention son amour avec elle / elle a envie de partager tout ce qu’elle sait / c’est une manière de ::: de former sa fille / qu’elle soit prête à faire face à cette société dans laquelle elle se trouve parce que comment dire je pense que si on parle seulement portugais alors qu’on est dans un monde où c’est très courant de parler

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