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Partie III: Evaluation de la viabilité de l’assurance santé

3.1 La dynamique d’adhésion

Le premier type d’indicateurs d’évaluation de la viabilité fonctionnelle du SA se base en partie sur des fiches de suivi (voir tableaux 3 et 4).

Pour mesurer la dynamique d’affiliation, cinq indicateurs de base sont proposés:

l le taux de croissance brute (M.1);

l le taux de fidélisation (M.2);

l le taux de croissance interne (M.3);

l le taux de croissance externe (M.4);

l le taux de pénétration (M.5).

Pour l’évaluation, le nombre d’adhérents et de bénéficiaires en première année de fonctionnement n’a pas beaucoup de signification. Il dépend en partie de la durée et de l’intensité de la période préparatoire avant le lancement de la collecte des cotisations.

L’adhésion à un SA est, pour beaucoup de personnes défavorisées, une nouveauté qui nécessite un apprentissage, raison pour laquelle l’évolution du nombre de bénéficiaires est aussi importante à connaître que ce nombre à une date donnée.

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Indicateur M.1: Taux de croissance brute Voir tome 2, page 66 Cet indicateur mesure l’accroissement de la taille du SA sur une période donnée, en général un an. Pour l’année N, il se calcule à partir du nombre total d’adhérents en année N-1.

Cet indicateur peut être complété en calculant le taux de croissance du nombre total des bénéficiaires (M.1.1) et le taux de croissance du nombre de personnes à charge (M.1.2).

Cet indicateur permet d’apprécier si le SA est en croissance (taux positif), en phase de stabilisation (taux proche de 0) ou en décroissance (taux négatif).

Le nombre d’adhérents et son évolution sont des éléments importants pour un SA. D’un point de vue assurantiel, un nombre important d’adhérents permet:

l des économies d’échelle;

l une meilleure répartition du risque (réduction de l’incertitude quant à la fréquence de réalisation des risques);

l une vulnérabilité moindre face aux cas imprévus.

L’évolution du nombre d’adhérents est à ce titre un indicateur important à surveiller. En revanche, dans certains SA, la viabilité est dépendante de la cohésion sociale entre adhérents. Une évolution trop importante ou brutale du nombre d’adhérents, en particulier quand ils n’appartiennent pas au même groupe social, peut réduire cette cohésion et compromettre la viabilité du SA.

Même s’il existe un lien entre la viabilité d’un SA et le nombre total d’adhérents et bénéficiaires, il n’est pas possible de déterminer dans l’absolu le nombre d’adhérents et bénéficiaires requis pour assurer cette viabilité.

Un taux de croissance brute ne donne pas toujours toutes les informations sur la dynamique d’affiliation. Il peut arriver que les adhérents «testent» le système. On observe des

«mouvements» internes: certains ne renouvellent pas leur adhésion alors que d’autres personnes rejoignent le système.

Pour préciser le jugement sur la dynamique d’affiliation, il convient alors d’analyser si les anciens adhérents continuent à cotiser et si de nouvelles personnes rejoignent le SA. Les indicateurs suivants permettront d’analyser ces différentes tendances.

Indicateur M.2: Taux de fidélisation Voir tome 2, page 68 Cet indicateur constitue une mesure de l’intérêt porté par les adhérents pour le SA. Il est égal au pourcentage d’anciens adhérents qui ont renouvelé leur contrat.

Le premier indicateur (M.1) a fourni une indication sur la croissance brute des adhérents du SA. Ce second indicateur (M.2) illustre la «fidélité» des adhérents pour le SA.

Même avec un taux de croissance positif, il est utile de calculer le taux de fidélisation car il conditionne la marge de progression du SA et peut révéler des situations «masquées».

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Comme l’illustre le tableau suivant, la croissance d’un SA peut être le résultat de plusieurs

Situation 1 +++ Elevé (>80 %) Nombreux

Situation 2 +/– Elevé (>80 %) Peu nombreux Situation 3 +/– Faible (< 70 %) Nombreux Situation 4 – Faible (< 70 %) Peu nombreux Le tableau montre quatre situations aux conséquences différentes pour le SA:

l Situation 1: le taux de croissance brute est élevé en raison d’un taux de fidélisation également élevé et de l’arrivée de nouveaux adhérents. C’est la meilleure situation pour le SA.

l Situation 2: le taux de croissance brute positif ou stable est dû à un taux élevé de fidélisation mais à une arrivée faible de nouveaux adhérents. Cette situation a différentes interprétations selon l’ancienneté du SA et le niveau d’adhésion du public cible. Pour les jeunes SA, elle témoigne d’une fidélisation importante mais d’une faible capacité d’affiliation nouvelle. Pour les SA plus anciens, elle peut être le résultat d’une «saturation»

du nombre d’adhérents dans la zone d’intervention.

l Situation 3: le taux de croissance brute positif ou stable est dû à un faible taux de fidélisation mais à une arrivée importante de nouveaux adhérents. Les nouvelles adhésions sont plus nombreuses que les abandons. Il s’agit d’une situation «trompeuse» à laquelle les gestionnaires doivent particulièrement veiller car elle dénote d’un faible intérêt des adhérents pour le SA. Si cette situation se maintient, le SA peut voir son existence remise en cause.

l Situation 4:le taux de croissance brute négatif est dû à un faible taux de fidélisation et à une arrivée réduite de nouveaux adhérents. C’est une situation critique car le SA n’a ni la capacité de fidéliser sa «clientèle», ni celle d’attirer de nouveaux adhérents.

En conclusion, si le taux de fidélisation est faible, on devra en rechercher les causes, notamment au niveau des services, des conditions d’affiliation, du calcul de la cotisation, de la capacité financière des adhérents, de l’organisation du SA, etc. Quoi qu’il en soit, les situations 3 et 4 peuvent signifier que le public cible teste le système mais qu’une forte proportion n’est pas suffisamment satisfaite pour renouveler son adhésion. On peut également l’interpréter comme une phase d’apprentissage de la prévoyance.

Le nombre total d’adhérents et sa comparaison d’une année à l’autre peut également cacher des biais, liés à l’extension de la zone d’intervention du SA et dès lors à l’accroissement du public cible. Les indicateurs de taux de croissance interne (M.3) et externe (M.4) permettent de tenir compte de ces éléments. Un dernier indicateur, le taux de pénétration (M.5), permet de compléter l’analyse de la dynamique d’affiliation du SA.

Exemple:en élargissant son champ géographique d’intervention, un SA peut augmenter le nombre total de bénéficiaires d’une année à l’autre. Or, il est possible que le nombre de

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bénéficiaires couverts baisse dans les premières zones d’intervention du SA, traduisant une insatisfaction et une attractivité faible pour les anciens adhérents.

Indicateur M.3: Taux de croissance interne Voir tome 2, page 70 Cet indicateur mesure l’évolution du nombre d’adhérents dans les anciennes zones d’implantation du SA. D’une année à l’autre, le taux de croissance interne se calcule de la même façon que le taux de croissance brute en ne prenant en compte que les sites où le SA est implanté depuis plus d’un an (ou a déjà été en fonctionnement au cours d’un exercice).

Ce troisième indicateur permet également de révéler des situations «trompeuses» dans l’interprétation du taux de croissance brute du nombre de bénéficiaires. La croissance globale est à analyser en référence à deux situations possibles:

l Situation 1: le SA n’a pas modifié sa zone d’intervention. Son public cible est resté le même d’une année sur l’autre. Le taux de croissance brute est alors identique au taux de croissance interne. En se référant au tableau 4 (voir partie II, section 1.2.2), on peut analyser la part des anciens et des nouveaux adhérents cotisants ou de bénéficiaires dans la composition du nombre total d’adhérents.

l Situation 2:le SA a étendu sa zone d’intervention entre l’année N et l’année N-1. Dans ce cas, le SA peut enregistrer une croissance du nombre de bénéficiaires du seul fait de l’augmentation de la taille de son public cible. La croissance du nombre de bénéficiaires peut alors être «trompeuse» dans la mesure où elle peut être due à l’extension de la couverture géographique. Il convient alors de faire la distinction entre la croissance interne du SA et la croissance externe due à l’ouverture à un nouveau public cible.

Indicateur M.4: Taux de croissance externe Voir tome 2, page 71 Cet indicateur mesure l’évolution du nombre de nouveaux adhérents cotisants, originaires de nouvelles zones d’intervention du SA (où le SA propose d’intervenir pour la première fois). Le taux de croissance externe est égal au pourcentage de nouveaux adhérents en année N originaires de nouvelles zones (ou publics) par rapport au nombre total d’adhérents de l’année N-1.

Indicateur M.5: Taux de pénétration Voir tome 2, page 72 Cet indicateur est calculé par le rapport entre le nombre total de bénéficiaires du SA et le nombre de personnes constituant le public cible. Il mesure l’intérêt porté par le public cible au SA. Plusieurs taux de pénétration peuvent être calculés en distinguant différentes catégories de bénéficiaires (par âge, sexe, revenus, profession, etc.).

Ce dernier indicateur est aussi important pour analyser la dynamique d’affiliation. Il permet aux gestionnaires de mesurer la capacité du SA à se constituer une clientèle et ses possibilités de croissance. Il complète et précise les indicateurs précédents.