ensuite en augmentant progressivement.
On touche alors le
point douloureux et on est fort
étonné de trouver
unepetite
tumeur deconsistanceferme, glissant sur les
plans profonds,
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-indépendante de la peau, et dont la palpation réveille la sen¬
sibilité douloureuse.
Le volume de ces tubercules est généralement celui d'un
haricot.
Que deviennent ces tumeurs si lechirurgien ne procède pas à leurablation : ellesaugmentent progressivement de volume, finissent, parleur dimension même, par devenir unobjet de gêne, une cause d'impotence fonctionnelle pourle malade; enfin les douleurs se font de plus en plus violentes : elles peuvent être le point de départ de crises nerveuses excessive¬
mentintenses et devenirune cause desupplicecontinuel pour le malade, qui ne trouve plus de soulagement que dans la morphine employée à haute dose. Puisque nous parlons de
crises nerveuses consécutives à l'évolution d'un tubercule sous-cutané douloureux, nous croyons devoir citer ici une observation très complète, due à l'obligeance de MM. les
Prof, agrégés Sabrazès et Cabannes et où, ilest vrai, l'examen microscopique n'a pas permis de retrouver de corps étranger;
mais nous la citons surtout comme type de crises nerveuses dues à un tubercule sous-cutané et aussi pour montrer l'effi¬
cacité extrême du traitement qui réussit, par l'ablation de la tumeur, à supprimer absolument les accidents nerveux.
Observation YI
(Dueà l'obligeance de MM. les Prof, agrégésSabrazès et Cabannes.) Lipome de la région abdominale; crises nerveuses; ablation;
modification et amélioration des crises.
G..., quarante ans, de Gujan-Mestras, 3 novembre 1897.
Père, soixante-deuxans, asthmatique, pas de tumeur, bien portant ; mère, soixante-sixans, bien portante. Il a deux frères et deux sœurs.
L'une d'elles, hystérique, a eu des attaques convulsives de plusieurs heures, actuellement elleest guérie et atrois enfants. L'autresœuretles deux frères, en bonne santé, ne sont pas nerveux;l'un d'eux souffre de l'estomac.
Enfant, iln'a eu qu'une rougeole bénigne, il n'ajamais présenté de
convulsions. Al'âge devingt ans, à la suited'un refroidissement, il est
resté quinze jours malade. Ni buveur, ni fumeur; un peu
emporté;
ayant des tressautements la nuit dans son lit. Il est
sujet (comme
ses frères) à des migraines avec évanouissements.11 n'a
pas eude mi¬
graines ophtalmiques ; il est très impressionnable et a
perdu 8 livres.
Il s'est aperçu il y a cinq ans de la présence, au niveau
du côté
gauche de l'abdomen, d'une tumeur, petite, douloureuse
seulement
lorsqu'il la heurtaitou la comprimaitpendantson
travail. Son dévelop¬
pement, quoique très lent, presque insensible, ne
manquait
pasde
préoccuper vivement le malade, qui la touchait à tout propos.
Il
y atrois ans, il montrait cettepetite tumeur à sa belle-sœur
qui
est accou¬cheuse, celle-ci lui conseilla de la faire enlever.
L'andernier, enjuin, il fut atteintde cholérine avec
vomissements;
l'affection duradeux outrois jours. Le médecin qui le soignait
lui fit
appliquer des sangsues derrièrel'oreille etde
la glace
surla tumeur à
laquelle ilattribuait toutle mal.
De ce moment, sa préoccupation ne fit quegrandir; le manque
de
travaill'ennuyait beaucoup.
Cette année, le 20 juin, il a eu brusquement, étantassis sur un
banc
enjouant avec ses amis, des sifflements dans
les oreilles,
unsoulève¬
mentd'estomac, une perte de connaissance avec contraction
de la face,
déviation des yeux. Au cours de cette perte de
connaissance, d'une
durée de dix minutes, il n'a pas eu de convulsions. Après cette attaque
ila eu quelques malaises dans le bras gauche
pendant deux
outrois
jours.
Le6 août,il a eu uneautreattaqueavec perte de
connaissance
sansconvulsions; il ne parle pas pendant ces crises,
mais
cettefois il
semord la langue qui saigne abondamment et met un
mois à guérir
;il
n'a pas de mictions involontaires, mais pendant
les attaques il souffre,
s'étouffe,sarespiration est gênée;jamais il netombe. La
deuxième fois
ila pu appeler sabonne, lui disant qu'il allait
avoir
unecrise. Jamais
K
ilne s'estfait de contusions dans les attaques.
Satroisièmeatteinte l'asurpris dans son atelier, ilaappelé et a
perdu
connaissance pendant trois minutes, s'est mordu la
langue, n'a
pas eude convulsions ; il n'a pu articuler que quelquesmots.
Quand il revient
àlui, il est brisé, fatigué ; ces attaques ont éclaté sans motif, sans choc émotionnel.
Il n'a pas d'autres crises, mais celles qui sont survenues précédem¬
ment le préoccupent beaucoup.
Actuellement, 3 novembre 1897, on se trouve en présence d'un homme d'apparencevigoureuse, l'airun peu préoccupé, seplaignant de bourdonnements d'oreilles. La musculature de la face est rétractée, celle de la langue de même : on y trouve des traces de morsures anciennes. Vue intacte, réflexes à la lumière et à l'accommodation conservés. Ouïe, goût, odorat, intacts. Tremblement de paupières; pas de tremblement des mains. Marche normale, sesent un peu fatigué;
sueurs abondantes. Urines non albumineuses.
A deux traversde doigt de laligne médianeet à trois travers dedoigt de l'ombilic existe une petite saillie surmontée de deux à trois petits orificesdilatés, bouchés par unpetit comédon; cette saillierépond à la présence d'une tumeur du volume d'unegrosse noix, mobile avec les téguments de l'abdomen. Elle fait corps avec les parties superficielles (derme) ; la peau ne glisse pas à sa surface, mais elle peut y être plissée, estinégale, un peu lobulée, de consistance fibro-lipomateuse ; indoloreau début,elle estdevenue douloureuse depuis qu'on l'a soignée, plus àla pression directe qu'à la pression latérale. Iln'y ajamais eu à
ce niveau de douleurs vives, spontanées. La sensibilité au toucher estla même au-dessusdelatumeur et dans sonvoisinage. Il existe de l'hyper-esthésie manifeste des téguments à la piqûre. Le chaud est beaucoup plusvivement ressenti à la surface de la tumeur, il n'y a pasde diffé¬
rence notable pourle froid. L'abdomen est très développé, très tendu ; il n'y a pas de réflexes de Rosenbach. Il se plaint d'une certaine gêne del'estomac.
Réflexes rotuliens normaux, pas d'hémianesthésie.
Ila eu depuis deux nouvelles crisesdébutantpar unmalaisegastrique
avecsensations d'aura montant à la tête, avec perte de connaissance d'une durée de cinq à six minutes. Quand il revient à lui il est tout étonné ; pasde mictions involontaires.
La troisièmefois, étant dehors, il est tombé et s'est fait mal au bras.
Depuis le dernier examen, le petit néoplasmeabdominal alargement augmenté de volume, il présente la dimension d'une noix, adhère
inti-— 45
-mement àla peau, mobile sur la partie profonde, lobulé; lorsqu'on le
comprime il est douloureux; pasde modification dela peau àlasurface,
si ce n'est unetrès légèrerougeur peut être due àla manipulation. Un
ou deuxcomédonset unetachehyperchronique très limitée se voient à.
lasurface.
On trouveà trois traversde doigt au-dessouset deux en dedans du
mamelongauche un petit néoplasme, moins adhérent à la peau, moins
entraînécependant avec elle, de la grosseurd'une noisette, lobulé,d'une
consistancefibreuse. A droite de la ligne blanche,sur l'abdomen, on trouve, ayant les mêmescaractères qui précèdent, un nodule de lagros¬
seur d'une noisette. Un autreoccupel'hypocondregauche,ilalesdimen¬
sions d'un gros haricot et mêmes caractères que les précédents. A
la
surface du second et du quatrième nodule, la peau est un peu pig¬
mentée.
On trouve en outre, disséminés sur le corps, quelques fibres
pigmen-taires. En palpant lescuisses on trouve un nodule cutané à l'union
du
tiers moyen et du tiers supérieurdela faceantéro-externe
de la cuisse
gauche.
De l'hypocondre droit au point supérieur à celui de
l'hypocondre
gauchenouveau nodule.
Dansle triangle de Scarpa, un autredu volume d'un pois enun
point
symétrique; à droite, à l'uniond'untiers supérieur et
d'un tiers
moyenautre nodule.
Les tumeurs sont enlevées par M. Lanelongue, le 10 mars 1898 ;
l'ablation porte sur les tumeurs ab lominales. Elles ont
l'aspect franche¬
mentlipomateux,jaunâtre;lobulées ; onn'y trouve pas
de filets
ner¬veux. Onfixe la petiteen totalité par l'acide osmique, la
grande
entranches dans l'alcool.
Examen hislologique. — Lipome pur, sans éléments nerveux
ni
côté périphérique ni au centre.
Ces tumeurs peuventenfin subir
des dégénérescences
va¬riées. Nous avons vu dans l'observation de Royla
dégénéres¬
cencecalcaire se produire au centre
d'une petite tumeur
sous-cutanée, mais nous pouvons également