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Place de l’élevage dans l’économie des douars

2. Le douar et l’organisation de l’espace

2.1. Description des douars

La zone d’étude est délimitée par l’axe principal de la dorsale à l’Ouest, les reliefs gréseux (jebel Boumerra, Es-Srassif et jebel Bouslam). Elle est caractérisée par la présence de trois compartiments facilement repérables et caractéristiques de la zone de jonction entre le Tell et les Basses Steppes :

la section centrale de l’axe principal de la dorsale à l’Ouest,

l’alignement mineur de bande gréseuse à l’est

- entre ces deux compartiments se creuse un couloir dépressionnaire drainé par oued Nabhana, oued Saadine et oued Seïl.

Selon le dénombrement de 2004, elle compte 11776 habitants et couvre plus de 260 km², soit une densité de 45,29 hab. /km², relativement faible comparée à la moyenne des gouvernorats du Nord de la Tunisie. C’est une région exclusivement rurale. Cette densité moyenne est inégalement répartie sur le territoire de la région. La population des marges arides du Tell oriental est issue de 1470 ménages répartis dans 30 douars

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Figure 34. Les groupements ruraux (douars) des marges arides du Tell oriental

2.2. Usages de l’espace et des ressources naturelles des douars

L’étude de l’organisation spatiale des territoires des douars doit être centrée sur les interactions entre les habitants du douar et l’espace dans lequel se déroulent une ou plusieurs formes de l’activité d’un individu au groupe social dans lequel l’individu s’insère pour pratiquer cette activité, et aux relations qui se créent à cette occasion (Maurel, 1979). L’étude des interactions entre les douars et leurs territoires d’action a permis de montrer que ces rapports sont déterminés en premier lieu par le mode de production dominant qui varie en fonction de la stratégie familiale dominante dans chaque douar. Les terres privées sont des propriétés acquises par vivification, achat ou héritage. L’analyse de l’enquête laisse apparaître une majorité (75%) de petites exploitations de taille inférieure à 10 ha. La typologie présentée met en évidence la

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diversité des usages de l’espace et des ressources naturelles. A partir des diverses informations ainsi rassemblées, il est possible de dresser le bilan de la situation actuelle de l'utilisation du sol dans cette région (tableau 15).

Tableau 15b : Usages de l’espace et des ressources naturelles des douars. Résultats obtenus à partir de l'enquête socioéconomique réalisée en 2008.

Catégorie des douars

Surface de

l’arboriculture en %

Surface des cultures annuelles et jachères en % Surface de forêts et steppes en % Surface de cultures irriguées en % I 28,9 47,2 21,9 2,1 II 22,1 44,1 19,6 14,2 III 30,9 45,8 22,2 1,1 IV 35,9 43,7 19,7 0,6 V 29,1 49,8 18,3 2,7 VI 36,4 41,4 21,2 . VII 37,4 43,4 19,2 .

Le tableau 15 conduit à une première analyse de l'utilisation du sol ;

- Les parcours :

La fréquentation pastorale paysanne affecte toutes les formations pastorales et s’observe aussi bien sur les terres domaniales ouvertes devant les troupeaux (forêts, steppes, oueds et bad-lands), que sur les terres privées (jachères, chaumes, …) (Gammar 2010). Les ressources fourragères tirées des terres de parcours, constituent la base essentielle des systèmes d'élevage extensif, mais interviennent également, au moins pendant une partie de l'année, dans les systèmes d'élevage intensif, notamment dans les systèmes d’exploitation qui pratiquent l’engraissement des moutons de l’Aïd El Kebir. Généralement, la superficie des parcours domaniaux est souvent constante. Cependant, les surfaces de parcours associés aux terres de cultures demeurent très variables d’une année à l’autre. Qualitativement, les terres n’offrent pas les mêmes potentialités, ce qui peut expliquer les différences entre les types de parcours.

La part des jachères non travaillées est d'autant plus grande que le volume des pluies est faible et que les premières pluies d'automne sont irrégulières. En 2003-2004, année humide, la superficie des jachères ne dépassait pas 20 % de la surface de l’exploitation. Par contre, près de 33 % de la surface de l’exploitation a été réservée aux jachères en 2004-2005, année de pluviosité moyenne (Abdallah 2007). La mise en jachère est donc

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souvent pratiquée par le paysan dans le but de minimiser le coût de semence et de labour, pendant une année qui s'annonce sèche. Du fait, l’agriculture dans le secteur de Soughas reste encore vivrière et traditionnelle et elle est fortement tributaire des pluies.

- Les cultures irriguées

Dans la catégorie II, les cultures irriguées sur les terrasses et les terres environnantes des cours d’eau occupent 14 % des terres cultivables. Par contre, dans les autres catégories, les superficies irriguées sont plus faibles toujours inférieures à 2 % de la surface de l’exploitation (tableau 17). L’insuffisance des ressources en eau constitue la principale cause de l’exigüité des périmètres irrigués.

- L’arboriculture : une domination nette de l’oléiculture

La comparaison des différentes générations des cartes topographiques et des photographies aériennes met en évidence l’extension tardive de l’arboriculture dans les marges arides du Tell oriental. Depuis les années 1950, les superficies consacrées à l'arboriculture en sec et, en particulier, à l’oléiculture, s’accroissent de façon constante. L’importance croissante de l’olivier traduit une mutation de la population des marges arides du Tell oriental. Cette société où le pastoralisme était dominant évolue rapidement vers une société paysanne (Attia 1977). L'extension de cette production a été le premier signe évident du changement du mode de gestion de l'espace en Tunisie centrale. De vastes étendues de bas-versants défrichés par les céréaliculteurs se sont couvertes en quelques années de jeunes plantations d’oliviers (Cherif 1991). Cette extension relativement récente de l’arboriculture caractérisa particulièrement le secteur le moins arrosé de la région d’étude. L’extension tardive de l’arboriculture est expliquée par le genre de vie pastorale qui caractérise cette région. L’arboriculture, couvre plus de 20 % des terres de cultures dans les différents milieux du secteur d’étude. Elle est caractérisée par la médiocrité du rendement et par la prépondérance des oliviers. Le rythme d’introduction des arbres fruitiers reste encore lent car il est bloqué par l’insuffisance d’eau disponible pour l’irrigation.

- Une céréaliculture vivrière

Les céréales (blé et orge) restent la base de l’alimentation quotidienne de la population des marges arides du Tell oriental. Ainsi la céréaliculture reste essentiellement vivrière.

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Les données de l’enquête montrent que les quantités de céréales récoltées sont stockées pour alimenter les familles, souvent même, les chefs de ménage complètent leurs réserves par des achats de céréales. La céréaliculture occupe près de la moitié des terres cultivables, mais elle totalise moins de 10 % de la recette de l’exploitation. Les rapports de production restent essentiellement familiaux dans la mesure où la majorité des exploitations sont petites à moyennes (2 à 12 ha). Les déclarations des chefs de ménages montrent qu’au sud de la région les rendements sont très faibles (2 à 8 quintaux/ha/an) et ils risquent d’être souvent déficitaires. Par contre, dans le couloir de Zeras la production est assez régulière ; elle oscille entre 10 et 25 quintaux/ha/an. Généralement, la céréaliculture reste fortement liée aux pluies. La production moyenne ne couvre pas les besoins des familles en blé et des troupeaux en fourrages secs. La situation s’aggrave dans le cas d'une succession d’années sèches.