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a) Donne joue

Dans le document John Donne : de la satire à l'humour (Page 118-146)

Le jeu implique l'absence de « sérieux » ou d'implication de la part du poète ; il induit un décalage entre la posture qu'il adopte et celle qui est normalement attendue. Anna K. Nardo est l'une des rares critiques à avoir travaillé sur cette notion dans son ouvrage The Ludic Self1 : dès l'introduction, elle oppose les auteurs qui se perçoivent comme sérieux et « auto-auréolés » (« serious selves projected by 'self-crowned laureates' ») tels Jonson, Spenser ou Milton et ceux qui font figure d'acteurs jouant un rôle de façon détachée (« detached role players on a world stage »), comme le personnage de Hamlet ou Donne lui-même2. Selon elle, cette propension au ludisme tient au son goût de John Donne pour l'entre-deux, ce qu'elle nomme l' in-between dans le quatrième chapitre de son étude, « John Donne at Play in Between ». Elle y souligne le penchant du poète à se placer à la marge, craignant à la fois d'être séparé et possédé par l'être aimé, qu'il s'agisse d'une maîtresse ou de Dieu. Le jeu lui permet en effet d'opérer une mise à distance sécurisante, comme les enfants qui « font semblant » : « Donne's poems enjoy the in-between reality of play, which is neither dream nor fact, which is both true and not, where questions about sincerity are simplistic. »3 Ce constat lui permet d'établir un lien avec la vie du poète, dont le mariage constitue par exemple une preuve de cet élan contradictoire puisque Donne a épousé Ann More en toute connaissance de cause, en sachant que cela nuirait à sa carrière : « All his life Donne shied away from a defined identity, both lamenting and courting a fringe existence that made him a nobody. »4 Il s'agit donc d'explorer les différentes facettes du jeu dans les textes de Donne, et plus particulièrement dans le corpus satirique.

1 Anna K. Nardo, The Ludic Self in Seventeenth Century English Literature (Albany : State University of New York Press, 1991).

2 Nardo, « Self and Play : Definitons » 2. 3 Nardo 56.

a) 1. Ambivalence du texte

La satire, aussi bien dans la tradition romaine qu’élisabéthaine, s'attaque à une cible précise et identifiée. John Donne vise les courtisans dans la Satire 4 ou les mauvais poètes dans la Satire 2. Néanmoins, ce n'est pas le cas de la Satire 3 : en effet, si le texte respecte en apparence la forme de la satura latine, son contenu, en revanche, s'avère surprenant. Une satire intitulée « On Religion » pourrait nous laisser imaginer une attaque contre l’Église catholique, exercice dans lequel John Donne affiche sa virtuosité dans Ignatius. Pourtant, c'est à une réflexion sur le choix individuel d'une religion, et sur le cheminement intellectuel que ce choix implique, à laquelle nous assistons. Les satires romaines et ses imitations font s'exprimer plusieurs voix : celle du satiriste et celle de l'adversarius. Or, la Satire 3 n'adopte pas cette forme dialogique pourtant propre à la satire romaine : aucune cible extérieure n'est identifiée, aucun adversaire ne s'élève face aux sarcasmes et à l’œil critique de Donne et aucune autre voix ne se fait entendre. Le texte débute sur un mouvement introspectif grâce auquel le poète exprime des sentiments intimes et contradictoires. Tandis que les Satires 1, 2 et 4 s'ouvrent de façon abrupte en exposant immédiatement la colère du satiriste face au monde qui l'entoure5, celle-ci décrit au contraire un univers statique et ne s'aventure pas dans le monde extérieur. Le satiriste est partagé entre rire et larmes ; il est comme bloqué dans un entre-deux inconfortable dont l'aspect douloureux est souligné par les références physiologiques des vers , à savoir la rate, les larmes et les maladies qu'il faut soigner :

Kind pity chokes my spleen ; brave scorn forbids Those tears to issue which swell my eye-lids, I must not laugh, nor weep sins, and be wise, Can railing then cure these worn maladies ? (1-4)6

Donne s'interroge en outre sur le bien-fondé de la raillerie dans de telles circonstances : en effet, il traverse une période de doute religieux, exprimé par l'impératif du vers 43 : « Seek true religion » et celui, encore plus frappant, du vers 77 : « doubt wisely ». Par

5 « Away thou fondling motley humorist, Leave me » (début de la Satire 1). « Sir ; though (I thank God for it) I do hate / Perfectly all this town » (début de la Satire 2) ; « I have been in a purgatory, such as feared hell is / A recreation » (vers 2-4 de la Satire 4) ;

conséquent, au lieu d'asséner un jugement et une opinion tranchée, cette satire enjoint le lecteur à douter et à rechercher la vérité, comme l'indiquent également les nombreuses formes interrogatives du texte : les cent dix vers du poème en contiennent près de trente-cinq. En somme, la Satire 3 se démarque des autres car elle est dépourvue de cible réelle et concrète. Le même phénomène peut s'observer dans la Métempsychose : cet ample texte brasse les références et les digressions, fait se succéder divers épisodes de façon disparate tant et si bien qu'il est délicat d'en identifier la cible. Bien que le poème soit intitulé notamment « Poêma Satyricon », il débute par douze strophes dont le message n'apparaît pas clairement : le poète y déclare son intention (« I sing the progress of a deathless soul », vers 1) avant une succession de strophes aux accents solennels voire pompeux. Il s'adresse à l’œil du paradis (« Thee, eye of heaven », vers 11), au commissaire de Dieu (« Great Destiny the commissary of God », vers 31), chante son œuvre et semble écrire sa propre légende avant de s'intéresser au genre humain touché par une corruption grandissante. Il est fait mention des civilisations successives (perse, grecque, romaine) et des piliers de Seth dans la strophe 1, des fleuves d'Europe dans la strophe 2 (la Seine, le Po, la Tamise, le Tage, le Danube), du Tigre et de l'Euphrate dans la strophe 6, de Luther et Mahomet dans la strophe. Ainsi, le propos satirique se trouve « dilué » et n'est pas perceptible de façon nette et univoque ; le poème prend plusieurs directions différentes et, même si des éléments isolés permettent au lecteur de percevoir une cible précise – ceux qui se pâment d'admiration devant le Prince aux vers 136-137 par exemple : « Just as in our streets, when the people stay / To see the Prince, and have so filled the way / That weasels scarce could pass » – le propos global de la satire est difficile à saisir. L'âme, protagoniste du récit, ne fait son apparition qu'à la treizième strophe dans un poème qui en compte cinquante-deux ; au fur et à mesure de son voyage, les corps qu'elle habite se font de plus en plus humains (plante, moineau, poisson, souris, loup, singe et femme : Themech, épouse et sœur de Caïn). Par ailleurs, l'âme se montre de plus en plus corrompue : là réside peut-être le propos satirique du poème. C'est l'homme que le poète s'attache à dépeindre et ce sont ses vices qu'il expose, peu à peu dévoilés tandis que le corps de l'âme prend forme humaine. En définitive, et ce malgré cette interprétation, la Métempsychose, tout comme la Satire 3, ne délivrent pas un message clair et précis. Anne-Marie Miller-Blaise fait d'ailleurs

l'analyse suivante : « Les satires de Donne, comme celles d'Horace, ne prétendent rien réformer d'elles-mêmes, […] mais offrent constamment au poète l'occasion de se mirer avec un regard aussi distancié et ironique que celui qu'il pose sur le monde alentour. »7

Par ailleurs, si certaines satires ne semblent pas respecter la contrainte qui consiste à strictement s'attaquer à une cible, d'autres textes de Donne, a priori non-satiriques, contiennent pourtant des « relents » de satire. Les élégies en sont un exemple : bien que s'inscrivant dans un genre voué à rendre hommage à une personne, certains textes développent bel et bien un propos satirique. La Verse Letter adressée à la Comtesse de Huntingdon8, dévoile nettement cette ambivalence et s'avère même contradictoire dans son propos. En effet, Donne se défend d'abord de vouloir s'abaisser à chanter les louanges d'une femme, comme le feraient certains poètes de façon forcée et ridicule, et qui ne lui inspirent que pitié et mépris :

Yet neither will I vex your eye to see

A sighing ode, nor cross-armed elegy. (21-22)

Who first looked sad, grieved, pined, and showed his pain, Was he that first taught women to disdain. (35-36)

L'accent misogyne et « juvénalien » du poème est ici aisément perceptible : le poète rejette cette poésie misérabiliste qui consiste à soupirer, se lamenter et faire étalage de sa peine puisqu'au final cette attitude n'est pas « masculine » et provoque le dédain des femmes. Ces vers rappellent certains passages de Juvénal, l'archétype du satiriste misogyne et chantre de la « virilité », une qualité censée se perdre parmi ses contemporains. Or, le poème est bien un texte de commande et il va falloir s'exécuter néanmoins :

But (Madam) I now think on you ; and here Where we are at our heights, you but appear, We are but clouds you rise from, our noon ray But a foul shadow, not your break of day. (77-80)

7 Miller-Blaise 353.

Il paraît difficile de ne pas lire ces vers à la lumière des précédents et de ne pas s'interroger sur le propos et la fonction du texte. Bien qu'il ne soit pas estampillé « satire », comment ne pas discerner les accents satiriques contenus dans l'éloge adressé à la Comtesse ? La description hyperbolique de sa « hauteur » vient se heurter à l'orgueil affiché du poète dans les vers précédents et rappelle la démesure de l'hommage rendu dans la satire « Upon Mr Thomas Coryat's Crudities » au personnage éponyme. En effet, ce poème, d'abord publié dans l'ouvrage Coryat's Crudities hastily gobbled up in five months' travels (1611), est un des « mock-panegyrics » écrits en guise de préface au récit de voyage de Thomas Coryat, qui fut au service du Prince Henry et publia un compte-rendu de son tour d'Europe.9 Ainsi, cette satire se moque de l'ouvrage en revêtant les habits de l'éloge, un éloge grandiloquent, pompeux et évidemment ironique : « Infinite work, which doth so far extend, / That none can study it to any end. » (vers 9-10)10. Cette surenchère, ce « gonflement » de l'hommage contribue en réalité à le vider de sa substance et à exposer le vide et l'aspect dérisoire de la cible satirique. Or, cette outrance est aussi perceptible dans le Second Anniversary, suite du First Anniversary,

également écrit pour commémorer la mort d'Elizabeth Drury. Le poème dépeint le voyage de l'âme de la jeune fille, qui s'élève et contemple le monde humain du haut de son piédestal. Totalement idéalisé, le portrait d'Elizabeth n'est pas sans rappeler, par son ton hyperbolique et la démesure des comparaisons employées, celui de Thomas Coryat et de son œuvre :

As these prerogatives being met in one, Made her a sovereign State, religion

Made her a Church ; and these two made her all. She who was all this all, and could not fall To worse, by company, (for she was still

More antidote, than all the world was ill). (373-379)

Le poème, avec la répétition de « all », cherche à englober, embrasser l’État, l’Église, le monde entier afin de trouver un point de comparaison digne d'Elizabeth. De plus, la jeune fille est décrite comme l'antidote à tous les maux du monde : le dernier vers du

9 A. J. Smith qualifie le personnage d' « érudit excentrique » (« a learned eccentric »500 ).

passage indique à quel point la comparaison est outrée car Elizabeth surpasse à elle seule tout ce qui existe (« more […] than all the world »). Ainsi, le poème instaure la tension entre l'immensité et la jeune fille en glorifiant cette dernière et en l' « agrandissant ». Mais de tels compliments ne sont-ils pas quelque peu exagérés au sujet d'une jeune fille de quatorze ans ? Voici un extrait de la fin de la satire visant Thomas Coryat :

Therefore mine impotency I confess,

The healths which my brain bears must be far less ; Thy giant wit o'erthrows me, I am gone ;

And rather than read all, I would read none. (72-75)

« All » est ici encore employé, et l'hyperbole visant à englober la cible dans un cadre gigantesque (avec l'adjectif « giant ») et, en définitive, beaucoup trop grand, est similaire à celle du poème précédent. Il est néanmoins évident que, dans ce cas précis, le lecteur habitué aux codes du genre satirique saisit d'emblée l'intention et le propos de Donne, d'autant plus que le poème est publié accompagné d'autres textes visant eux aussi à se moquer de Thomas Coryat et de son ouvrage.11 En revanche, s'il est certain que le Second Anniversary ne se présente pas comme une satire, la stratégie esthétique mise en place entre parfois en contradiction avec le propos développé. En effet, A. J. Smith signale que les Anniversaries furent mal accueillis lors de leur publication du vivant de Donne. Il rapporte une citation de Ben Jonson, qui aurait accusé les poèmes d'être « profanes et blasphématoires » et davantage appropriés s'ils avaient été écrits en hommage à la Vierge Marie12. Cette apparente parenté avec la satire soulève donc la question de l'ambivalence du texte : dans le cas des Anniversaries, les textes illustrent un cas d'hybridité générique entre satire et éloge.

En effet, cette hybridité peut conduire à s'interroger sur le statut même de certains textes. L'exemple le plus emblématique, que nous avons déjà mentionné, est celui du

First Anniversary : s'agit-il d'une satire ou d'une élégie ? Les critiques eux-mêmes ne

11 A. J. Smith précise : « some Court wag thought to make sport of it by getting all the wits of the day to write mock-panegyrics which were printed with the book as prefatory commendations . Donne's poem is one of these.» 500.

sont pas d'accord sur ce point. La Satire 3 reprend, comme nous l'avons vu, les aspects formels d'une satire mais pas le contenu. Il est possible d'établir un parallèle avec certains poèmes religieux de Donne, comme les Holy Sonnets : le Sonnet 18, notamment, ressemble de façon frappante à la Satire 3 puisqu'il est constitué d'une série de questions, dix vers sur les quatorze que compte le poème, qui permettent au poète de s'interroger sur sa foi et la religion à adopter.

Show me dear Christ, thy spouse, so bright and clear. What, is it she, which on the other shore

Goes richly painted ? Or which robbed and tore Laments and mourns in Germany and here ? Sleeps she a thousand, then peeps up one year ? Is she self thruth and errs ? Now new, now outwore ? Doth she, and did she, and shall she evermore

On one, on seven, or on no hill appear ? (1-8)

Comme dans la Satire 3, le poète est à la recherche de l’Église qui lui convient, personnifiée par une figure féminine (l'épouse ici13, la maîtresse dans la Satire 3 : « Is not our mistress fair religion ? » vers 5). Sa quête le conduit à un tour d'Europe, de l'Allemagne à Rome, mentionnée grâce aux « sept collines », et un voyage similaire est effectué dans la Satire 3, de Rome à Genève. Cependant, étant donné le statut particulier de la Satire 3 au sein même du corpus satirique de Donne, l'ambivalence des deux textes s'en trouve encore accentuée : ce sonnet sacré possède d'importantes similitudes avec une satire, mais cette satire se démarque des autres car elle ne dénonce aucun vice et propose un questionnement sur la religion. Ainsi, au lieu de se demander si le sonnet est satirique, il est légitime de s'interroger sur le caractère sacré de la satire. Par ailleurs, le statut de Donne lui-même au sein de ses textes constitue parfois un problème : son dernier poème, « An hymn to the Saints, and to Marquis Hamilton », est un texte de commande, éloge funèbre écrit en mémoire de James Hamilton, figure importante des

13 Voir l'Apocalypse 21-2 : « Et je vis la cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. » ; 21-9 : « Alors, l'un des Sept anges aux sept coupes remplies des sept derniers fléaux s'en vint me dire : 'Viens, que je te montre la Fiancée, l'Épouse de L'Agneau.' Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu. », La Bible de Jérusalem (Paris : Éditions du Cerf, 1998) 2082-2083.

cours anglaise et écossaise et mort en 1625.14 La courte lettre qui le précède et qui est publiée conjointement avec le poème dès la première édition de 1633, indique que Donne semble avoir composé le poème à contre-coeur. Dans cette lettre, adressée à Sir Robert Carr, il écrit les lignes suivantes : « Call therefore this paper by what name you will », « If you had commanded me to have waited on his body to Scotland and preached there, I would have embraced the obligation with more alacrity. » (5, 7-9). A l'instar de la lettre adressée à la Comtesse de Huntingdon, le poème se lit à la lumière de ces quelques lignes écrites avant et l'on peut dès lors s'interroger légitimement sur les intentions de John Donne. Quel est le rôle du poète dans une telle œuvre ? Joue-t-il celui du satiriste féroce qui méprise l'écriture de tels poèmes tout en s'y pliant ? Ou s'amuse-t-il à faire douter le lecteur ? Nous arrivons à un motif central du corpus de Donne : celui du jeu. L'ambivalence serait ainsi cultivée par le poète, et les textes constitueraient des jeux auxquels le lecteur est invité.

a) 2. Le jeu textuel

La critique consacrée à la satire ou à l'éloge paradoxal fait état de cette notion de jeu de la part des poètes. Dustin Griffin intitule le troisième chapitre de son ouvrage Satire : a Critical Reintroduction « Display and Play » ; il y mentionne le plaisir et l'entrain avec lequel le satiriste déploie son talent15. Dans l'ouvrage collectif English Satire and the Satiric Tradition16, Douglas Gray s'intéresse au jeu et à la créativité, ainsi qu'au plaisir que prend le satiriste à l'ouvrage17. Patrick Dandrey compare l'éloge paradoxal à « un jeu gratuit et virtuose »18 auquel se livrent les rhéteurs professionnels. Par conséquent, les

14 Donne, éd. A.J. Smith 263, dans la catégorie « Epicedes and Obsequies, Upon the Deaths of Sundrey Personages ».

15 D. Griffin, Satire : a Critical Reintroduction 86 : « playfulness of satire ».

16 éd. C. Rawson (Oxford : Blackwell, 1984).

17 Rawson 23 : « game and creativity : delight and pleasure in making satire ».

formes codifiées utilisées par les poètes sont prétexte au jeu, ce qui est nettement exprimé à la fin d'un fameux exemple d'éloge paradoxal, L’Éloge d'Hélène de Gorgias :

J'espère avoir réduit à néant, dans ce discours, la mauvaise réputation d'une femme, et m'être tenu à la règle que j'avais fixée au commencement de mon discours. J'ai tenté d'annuler l'injustice de cette mauvaise réputation et l'ignorance de l'opinion. Et si j'ai voulu rédiger ce discours, c'est afin qu'il soit, pour Hélène, comme un éloge, et pour moi, comme un jeu.19

La pirouette finale indique clairement l'intention première du poète : après avoir loué les qualités d'Hélène et s'être évertué à retourner les arguments en sa défaveur, il reconnaît qu'il ne s'agissait en réalité que d'un exercice destiné à afficher son talent. Qu'en est-il de John Donne ? Dans la Satire 2 sur les mauvais poètes, il semble se rire de l'obscurité de ses vers et de la difficulté éprouvée par le lecteur à en saisir le sens :

But when he sells or changes lands, he impairs His writings, and (unwatched) leaves out, ses heires, As slily as any commenter goes by

Hard words, or sense ; or in Divinity

Dans le document John Donne : de la satire à l'humour (Page 118-146)

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