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Chaque questionnaire commence par une page de garde où sont demandées des informations très générales sur l’enfant (nom, date de naissance, âge) et se termine par une fiche familiale relative aux informations de type socio-économique (frères et sœurs, langue parlée à la maison, mode de garde de l’enfant, niveau d’étude et profession des parents). Entre ces deux pages sont proposées successivement les trois parties « Vocabulaire », « Phrases et Grammaire » et « Communication et utilisation du langage ». La présente section donne quelques indications sur la procédure d’élaboration du questionnaire avant de présenter en détail chacune des trois parties. Pour suivre cette présentation, le lecteur est invité à se reporter à l’exemplaire du DLPF Version 4, fourni dans l’Annexe A.

2.1. Élaboration du questionnaire

Construction des listes d’items. Pour construire nos listes d’items dans les trois dimensions langagières, nous avons consulté les listes du CDI. Mais nous nous sommes surtout appuyés sur les données de production naturelle que nous avions à notre disposition. Pour la Partie « Vocabulaire » particulièrement, nous avons dépouillé les corpus francophones de la base de données « Corpus de Productions Langagières Précoces en situation Naturelle », composée de corpus longitudinaux et transversaux d’enfants âgés de 14 à 48 mois (base dite PLPNat, coordonnée par Dominique Bassano)12. Nous avons aussi dépouillé les corpus francophones fournis à l’époque par le CHILDES (MacWhinney 2000 ; en l’occurrence ceux recueillis par M. Léveillé et par C. Champaud). Nous nous sommes également appuyés, pour l’élaboration des trois parties, sur les résultats des études déjà existantes concernant les capacités cognitives et langagières des jeunes enfants francophones, menées dans notre équipe ou d’autres (voir les revues de questions de la section précédente).

Élaboration des consignes. Pour élaborer les consignes à donner aux parents et définir les types de réponses à demander, nous nous sommes inspirés du CDI, mais nous avons aussi mis à profit les travaux des psychologues de l’équipe sur les comportements parentaux et le développement cognitif dans la petite enfance (Labrell 1996 ; Labrell, Pêcheux & Lemétayer

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Cette base de données est maintenant déposée sur la plateforme ORTOLANG https://www.ortolang.fr/market/corpora/plpnat

2002 ; Labrell, Bonnet & Lemétayer 2003 ; Labrell 2005). Nous avons opté pour des consignes assez longues et précises ouvrant chacune des trois parties, de façon à faire comprendre au mieux les objectifs du questionnaire et motiver notre demande. Des exemples ont été fournis dans les consignes, et d’autres régulièrement mis à disposition au cours du test. Les questions qui « contextualisent » le parent permettant une meilleure remémoration des capacités de l’enfant, nous avons le plus possible adopté une procédure de mise en situation des questions, en particulier dans la Partie « Communication et utilisation du langage ».

Validation. Avant d’aboutir au questionnaire tel que nous allons le décrire ci-après, une version préliminaire, correspondant à peu près à la Version 2, a été testée auprès d’un échantillon de 60 parents (30 parents d’enfants de 24 mois et 30 parents d’enfants de 30 mois). Cette validation a été effectuée pour les Parties « Vocabulaire » et « Phrases et Grammaire », dont le contenu devait varier avec l’âge des enfants. Elle a permis un ajustement des consignes et des contenus pour aboutir à la forme finale du questionnaire pour les Versions 1 et 2. Pour la Version 1, nous avons conservé les items cochés par 95% des parents des enfants de 24 mois, et pour la Version 2 par 95% des parents des enfants de 30 mois. Les Versions 3 et 4 ont été construites à partir des items non cochés, et de nos connaissances en matière de progression langagière. Les résultats de l’étude de validation ont été présentés dans plusieurs articles (voir Bassano et al. 2005 ; Labrell et al. 2005 ; Bassano 2008a).

2.2. Partie I – Vocabulaire : mots employés par les enfants

La première partie du questionnaire, visant à documenter le développement de la production lexicale, propose un inventaire des mots susceptibles d’être produits par les enfants. Elle s’ouvre sur une consigne générale indiquant au parent qu’il doit cocher au fur et à mesure dans la liste les mots utilisés par son enfant (diverses précisions sont données, par exemple que les approximations phonologiques sont admises). La liste de mots est organisée en une série de 22 classes ou rubriques composées de mots appartenant à des champs sémantiques ou fonctionnels différents. Dans chaque classe, les mots sont présentés par ordre alphabétique. Le Tableau 1 donne le répertoire des différentes rubriques, ainsi que le nombre d’items proposés dans chaque rubrique et pour chacune des versions du questionnaire.

Tableau 1 – Partie I « Vocabulaire » - Classes et catégories de mots : fréquences de base (nombre d’items) par Version13

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Version V1 V2 V3 V4

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1. Onomatopées, interjections, bruits d’animaux 18 18 18 18

2. Jeux, routines et expressions 36 42 48 50

Total Éléments para-lexicaux 54 60 66 68

3. Personnes 27 39 60 63

4. Animaux (réels ou jouets) et termes associés 40 52 74 101

5. Véhicules (réels ou jouets) et termes associés 12 21 26 31

6. Jeux, jouets et bricolage 27 36 54 58

7. Repas, nourriture et boissons 54 72 100 123

8. Vêtements et accessoires 30 42 55 62

9. Corps et termes associés 29 38 47 53

10. Objets (de la maison, du jardin et autres) 49 82 105 126

11. Pièces de la maison et termes associés 12 24 27 32

12. Éléments naturels et objets associés 18 31 39 54

13. Lieux 8 27 31 38

14. Sentiments, émotions et affections 7 11 15 17

15. Autres noms abstraits 9 20 34 55

Total Noms 322 495 667 813

16. Verbes 89 155 236 291

17. Adjectifs 35 69 90 108

Total Prédicats 124 224 326 399

18. Adverbes et prépositions 38 72 79 87

19. Mots interrogatifs ou exclamatifs 5 12 13 13

20. Articles et autres déterminants 15 26 36 40

21. Pronoms 17 35 39 42

22. Conjonctions 6 6 12 16

Total Mots grammaticaux 81 155 179 198

Total général 581 934 1238 1478

Les différentes classes de mots sont présentées regroupées en quatre catégories principales ou macro-catégories, conformément à nos analyses du lexique des enfants francophones dans la production naturelle (voir Bassano 2005). Ces macro-catégories sont : les éléments dits « para-lexicaux », qui sont des éléments langagiers rudimentaires tels que les

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Nous nous référons ici à la forme récente du questionnaire (donnée à l’Annexe A), qui a bénéficié de quelques améliorations de présentation et rectifications d’erreurs par rapport à la forme initiale. Ainsi, le questionnaire initial distinguait une rubrique particulière « Adverbes qualitatifs » dans V3 et V4 (avec 3 et 4 items

respectivement), rubrique intégrée à la rubrique 18 « Adverbes et prépositions » dans la forme actuelle (cf. analyses du Chapitre II). Il existe aussi entre la forme actuelle et la forme initiale quelques différences dans le nombre des items inventoriés. Pour mémoire, le questionnaire initial indiquait, dans V3 : Personnes = 59, Lieux = 30, Sentiments = 14, Noms = 664, Verbes = 234, Prédicats = 324, Total = 1233.

interjections ; les noms, qui servent à désigner des entités ; les prédicats, qui servent à désigner des actions, des états ou des qualités attribuées aux entités ; et les mots grammaticaux, qui sont des éléments fonctionnels de liaison.

Le nombre total de mots inventoriés est de 581 pour la version 1 ; 934 pour la version 2 ; 1238 pour la version 3 ; et 1478 pour la version 4. Pour mémoire, on peut rappeler que le

«CDI Toddlers » (équivalent DLPF : version 2) comporte 680 mots. Comme le montre le Tableau 1, il existe d’assez grandes différences quantitatives d’une version à l’autre. Sauf pour la classe « Onomatopées, interjections et bruits d’animaux » qui reste stable, le nombre d’items inventorié augmente au fur et à mesure des versions pour toutes les classes – et conséquemment pour chacune des quatre macro-catégories, dans des proportions variables.

Les éléments para-lexicaux, qui représentent la catégorie minoritaire dans les quatre versions, forment 9% de l’ensemble des mots de la Version 1, 6,5% de la Version 2, 5% de la Version 3 et 4,5% de la Version 4 : leur proportion tend donc à diminuer légèrement au fur et à mesure des versions. Les noms, qui représentent la catégorie majoritaire dans les quatre versions, forment 55,5% de l’ensemble des mots de la Version 1, 53% de la Version 2, 54% de la Version 3 et 55% de la Version 4, de sorte que, malgré une légère tendance à la diminution entre la Version 1 et la Version 2, leur proportion reste globalement stable. Les prédicats forment 21% de l’ensemble des mots de la Version 1, 24% de la Version 2, 26% de la Version 3 et 27% de la Version 4 : leur proportion tend donc à augmenter légèrement au fur et à mesure des versions. Enfin, les mots grammaticaux forment 14% de l’ensemble des mots de la Version 1, 16,5% de la Version 2, 14,5% de la Version 3 et 13,5% de la Version 4, de sorte que, malgré une légère tendance à l’augmentation entre la Version 1 et la Version 2, leur proportion reste globalement stable.

2.3. Partie II – Phrases et Grammaire

La deuxième partie du questionnaire vise à documenter le développement de la morphologie et de la structuration syntaxique en tenant compte des particularités du français. S’ouvrant sur une consigne générale, précisée et spécifiée au fur et à mesure de l’avancée dans les sections, elle propose un inventaire des formes et structures grammaticales susceptibles d’être produites par les enfants.

Tableau 2 – Partie II « Phrases et Grammaire » - Formes et structures grammaticales : fréquences de base (nombre d’items) parVersion14

Version V1 V2 V3 V4

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A. Formes grammaticales

A1. Articles : genre et nombre 3 3 3 3

A2. Adjectifs : genre 1 1 1 1

A3. Formes particulières de noms (pluriel) 1 1 1 1

A4. Verbes : formes verbales (temps) 9 11 15 15

A5. Formes particulières de verbes (irréguliers) 14 25 33 36

A6. Formes de verbes erronées 5 9 11 12

Total Formes grammaticales 33 50 64 68

B. Phrases : Combinaisons de mots 1 1 1 1

C. Complexité syntaxique

C1.Paires de phrases (construction +/- appropriée) 30 32 32 32

déterminant 5 5 5 5 auxiliaire/modal 9 9 9 9 pronom sujet 3 3 3 3 préposition 4 4 4 4 pronom objet 2 2 2 2 structure de la possession 3 3 3 3 construction interrogative 1 1 1 1 construction subordonnée 3 5 5 5 C2. Phrases complexes 5 8 13 17 Total complexité 35 40 45 49 Total général 69 91 110 118

L’inventaire propose trois sections successives, concernant respectivement la production des formes grammaticales, la production des phrases ou combinaisons de mots, et la production des structures complexes. Le Tableau 2 détaille le répertoire de ces trois sections, en indiquant le nombre d’items proposé dans chaque rubrique. Le nombre total d’items pour la partie «Phrases et grammaire» est de 69 pour la Version 1, 91 pour la Version 2, 110 pour la Version 3, et 118 pour la Version 4.

La section «Formes grammaticales» s’intéresse à la production des morphèmes grammaticaux : pour les noms, marquage du genre et du nombre porté par l’article (masculin, féminin, pluriel) ; pour les adjectifs, marquage du genre (masculin, féminin) ; pour les verbes,

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Nous nous référons ici à la forme récente du questionnaire (cf. Annexe A). La seule différence par rapport à la forme initiale concerne la rubrique A4. « Verbes : formes verbales ». Par mesure de simplification, le

questionnaire propose maintenant les trois formes du présent indicatif pluriel dès la V1, qui comporte donc 9 formes verbales régulières (pour mémoire, 6 dans la forme initiale)

marquage du temps et éventuellement de la personne porté par les formes verbales (formes du présent, de l’impératif, du participe passé seul, du passé composé, de l’infinitif seul, de l’infinitif avec auxiliaire ou futur proche, de l’imparfait, etc.). Des rubriques complémentaires documentent la production de certaines formes particulières de noms (pluriel comme «chevaux»), de certaines formes particulières de verbes (formes irrégulières comme «est», «vont»), ainsi que la production d’erreurs sur les formes particulières des verbes (par exemple «assir» pour «asseoir», «couré» pour «couru»), erreurs qui renseignent sur les phénomènes de sur-généralisation dans le processus d’acquisition grammaticale. À l’exception de la rubrique sur les formes particulières de verbes où il est demandé au parent de cocher les formes utilisées, les autres rubriques de cette section demandent une réponse en «jamais» / «quelquefois» / «souvent».

La section «Phrases» est une rubrique de transition où il est demandé si l’enfant a commencé à combiner des mots (réponse en «pas encore» / «quelquefois» / «souvent»).

La section «Complexité» comporte deux rubriques, où la réponse consiste chaque fois à cocher la phrase produite. La première rubrique, à l’instar du CDI, propose une série de couples de phrases où la deuxième phrase présente une construction plus complexe que la première (par exemple «poupée / la poupée», «est là, le ballon / il est là, le ballon», «regarde la voiture de moi / regarde ma voiture»). Sont examinés ainsi l’emploi du déterminant, de l’auxiliaire, du pronom sujet, des prépositions, du pronom objet, des structures possessives, la construction interrogative et diverses constructions subordonnées (complétives, relatives, infinitives). La deuxième rubrique propose une série de phrases complexes, chacune comportant un mot de liaison qui établit une relation plus ou moins élaborée entre deux propositions (par exemple «bébé dort parce qu’il est fatigué», «quand il fait beau on va se promener», «j’ouvre la porte pour que le chat rentre»). Ces termes étaient déjà présents dans la liste des mots grammaticaux de la partie «Vocabulaire», mais ils sont ici utilisés en situation dans des phrases réelles.

2.4. Partie III – Communication et utilisation du langage

La troisième partie du questionnaire, totalement originale par rapport au CDI aussi bien que par rapport à d’autres tests de langage, vise à documenter le développement de la compétence pragmatique émergente sous divers aspects. Elle propose un inventaire des premières habiletés dans la sphère de la communication, au plan conversationnel et discursif : participation aux échanges langagiers et aux conversations, formulation des messages en

fonction des intentions de communication, enchaînement et organisation des phrases en messages plus complexes.

S’ouvrant sur une consigne générale particulièrement explicative et argumentée, elle a deux caractéristiques principales. D’une part, elle reste inchangée d’une version à l’autre (ce choix a été fait pour lui garder son unité, mais il est clair qu’une petite partie seulement est pertinente pour les enfants les plus jeunes). D’autre part, afin de concrétiser le questionnement, une procédure de mise en situation des questions est utilisée. Cette procédure repose sur la présentation d’une série de situations de communication auxquelles sont associées diverses possibilités d’intervention de l’enfant ; pour chacun des items, le parent est invité à cocher l’une des cases «jamais» / «quelquefois» / «souvent».

Tableau 3 – Partie III « Communication et Utilisation du langage » - Rubriques : fréquences de base (nombre d’items, identique pour les quatre Versions)

A. Échanges langagiers

A1. Intelligibilité 3

A.2. Attention et réaction aux interventions d’autrui 3

A.3. Adaptation à la situation de communication 3

A.4. Pertinence de la réponse 3

A.5. Conversation et tours de parole 3

A.6. Maintien du thème de l’échange 3

TotalÉchanges langagiers 18

B. Utilisation du langage (actes de parole)

B1. Expression des désirs et émotions 3

B2. Requêtes : demandes d’objet 5

B3. Questions : demande d’information 5

B4. Assertions simples : dénominations, descriptions 4

B5. Rapports d’événements et explications 4

Total Utilisation du langage 21

C. Organisation des messages

C1. Référence aux personnes 5

C2. Référence au temps des événements 5

C3. Enchaînement de phrases 1

C4. Procédés discursifs 3

Total Organisation des messages 14

L’inventaire propose trois sections successives, concernant respectivement la participation aux échanges langagiers, l’utilisation du langage à travers l’expression des actes de parole, et l’organisation discursive des messages. Le Tableau 3 détaille le répertoire de ces trois sections, en indiquant le nombre d’items proposés pour chacune des rubriques qui composent ces sections. Le nombre total d’items à cocher pour l’ensemble de la partie «Communication et utilisation du langage» est de 53.

La section «Échanges langagiers» propose des situations et items associés qui permettent d’appréhender successivement : le degré d’intelligibilité de la parole de l’enfant ; le degré d’attention et de réaction aux interventions d’autrui ; le degré d’adaptation à la situation de communication (par exemple, par la répétition ou la modification d’une phrase à laquelle le parent ne prête pas attention) ; la capacité à répondre à une demande formulée de façon plus ou moins complexe ; la capacité à jouer le jeu dans les tours de parole (initiative, écoute, maintien de l’échange) ; la capacité à maintenir et enrichir le thème de l’échange.

La section «Utilisation du langage» s’intéresse à la réalisation des actes de parole : modalité expressive, avec la manifestation des émotions (par exemple, l’expression d’une petite douleur) ; modalité injonctive, avec l’expression des requêtes (par exemple, une demande d’objet) ; modalité interrogative, avec la demande d’information (par exemple, questions sur l’identité des choses ou des personnes, sur le lieu, le moment ou la cause des événements) ; modalité déclarative, avec des assertions simples (dénominations, descriptions d’un objet) et des assertions plus complexes (par exemple, explication concernant un événement).

Enfin, la section «Organisation des messages» s’intéresse à quelques capacités simples d’organisation discursive : faire référence aux personnes impliquées dans une situation de communication (usage du prénom, emploi des pronoms de 1ère, 2ème et 3ème personnes) ; faire référence au temps des événements (utilisation des temps verbaux) ; enchaîner des phrases pour faire des petits récits ; et, pour finir, utiliser des procédés discursifs tels qu’emploi des articles définis/indéfinis, des pronoms anaphoriques et des procédures de thématisation.