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VI)-La Culture Et La Ville : « Corrélations Et Contraintes »

2)-LA DIVERSITE CULTURELLE :

« De la même manière que la biodiversité apparaît comme indispensable à la survie

des écosystèmes naturels, les "écosystèmes culturels", composés d’une mosaïque complexe de cultures de plus ou moins grande influence, ont aussi besoin de la diversité pour

préserver le patrimoine des générations futures »1

« Dans un monde de plus en plus mondialisé où les identités tendent à s’atténuer, la

diversité culturelle est une valeur sûre qu’il faut sauvegarder, nourrir et renforcer. Mais,

en même temps, il faut intensifier les échanges féconds entre différentes cultures »2

La diversité culturelle constitue un enjeu majeur du développement culturel, elle est l’un des objectifs principaux à atteindre pour pouvoir surmonter l’épreuve de la

mondialisation car elle implique la mise en valeur et la protection des cultures du monde face au danger de l’uniformisation, notamment au maintien et à la survie des cultures mineures qui ne disposent pas des potentialités suffisantes pour se confronter aux cultures hégémoniques de proximité ;

Tandis que le développement des TIC constitue une menace indéniable pour son affirmation, la reconnaissance et l’intérêt à « l’exception culturelle » représente l’un de moyens qui peuvent conduire à sa protection, ce qui met en question le phénomène du marché des biens et servies culturels et la diffusion des modèles uniformisés véhiculés par les industries culturelles mondiales.

2-1)-Les Technologies D’information Et De Communication (TIC):

Le développement des moyens de l’information et de la communication (satellite, informatique, Internet..) examiné par rapport à l’affirmation de la diversité culturelle, s’appréhende selon deux angles de vision, l’un à l’opposé de l’autre :

1)- Les moyens d’information et de communication peuvent être porteuses d’un réel potentiel de développement humain dans son acception éducative et culturelle, les logiciels libres et les diffusions Internet s’étendent à l’ensemble des domaines de la création, du savoir et de la connaissance, et permettent de prendre conscience de la diversité des cultures notamment pour certaines cultures minoritaires qui ont pu sortir de

l’anonymat,trouvant un champ favorable à leur visibilité et leur épanouissement ; les

1

UNESCO, «Qu’appelle t-on diversité culturelle ? » 25 questions sur la culture, le commerce et la mondialisation ,2000.

2

technologies de communication mettent en évidence la rencontre de cultures différentes selon un brassage interculturel stimulant l’enrichissement de l’une au contact de l’autre ;

On ne peut nier également le rôle de la révolution électronique dans la multiplication des sources d’information révélant la connaissance des enjeux mondiaux et permettant de soulever des questions à dimension internationale, à qui s’ensuit la montée en puissance des ONG jouant pour l’institution de moyens de protection et de sauvegarde des

différentes cultures comme patrimoine humain à transmettre.

2)- Les TIC n’atteignent pas toutes les communautés et ne profitent pas à leurs cultures, notamment celles qui devraient en bénéficier ; Le Rapport PNUD1 sur le Développement humain 1999 révèle que plus des deux tiers de l’humanité ne bénéficient pas du nouveau modèle de croissance économique basé sur l’expansion du commerce international et le développement des nouvelles technologies2 ; Et que si l'Internet est l'outil de

communication à la croissance la plus rapide, l'Asie du Sud, qui compte 23,5 % de la population mondiale, ne comprend que 0,1 % des utilisateurs d'Internet. Alors que pour tirer profit des opportunités offertes par les TIC, il faut être alphabétisé, posséder des compétences informatiques et disposer d'un réseau de télécommunications fiable3 ; Ce qui a pour conséquence un risque plus grand de fracture entres pays ou entre individus et groupes du même pays et surtout la prééminence d’une culture au détriment de l’autre.

C’est donc à travers, les TIC que s’établit un monopole de communications de masse qui impose les valeurs des pays industrialisés en matière de culture et de communication, favorisant l’émergence d’une « culture commune » basée sur des références occidentales, mettant en question les valeurs identitaires et les spécificités linguistiques des autres cultures;

2-2)-Le Marché Des Biens Et Des Services Culturels :

L’inclusion de la culture dans l’économie du marché à travers la commercialisation des produits culturels, révèle le contexte dans lequel évoluent les enjeux liés aux industries culturelles au regard de la diversité des cultures « Les industries culturelles ajoutent aux

œuvres de l’esprit une plus value de caractère économique qui génère en même temps des valeurs nouvelles, pour les individus et pour les sociétés. La dualité culturelle et

économique de ces industries constitue leur signe distinctif principal. Tout en contribuant à la préservation et à la promotion de la diversité culturelle, ainsi qu’à la démocratisation de

1

Programme des nations unies pour le développement.

2

PNUD, « Mondialisation et choix culturel », rapport. 2004, chapitre 5.

l’accès à la culture, elles sont des gisements importants pour l’emploi et pour la création

de richesses » 1

L’enjeu fondamental réside dans leur périmètre d’action, et dans les mutations qu’ils entraînent, car les flux n’atteignent pas toutes les communautés et si elles les atteignent elles sont aussi destructives qu’avantageuses, à cet effet la mondialisation de la culture au moyen de ses industries se discute sur plusieurs points :

1)- « les produits culturels qui sont vecteurs d'identité, de valeurs et de sens , ne peuvent

et ne doivent pas être traités comme des marchandises »2, les biens et services culturels

résultent de la créativité , et sont dans la plupart porteurs de valeurs patrimoniales,méritant un traitement spécifique plutôt qu’une simple marchandise, ;la prédominance des gros marchés qui dictent leurs propres lois ,écrase les autres,et conduit à l’abondon des pratiques traditionnelles et des savoirs faire faute de marchés conséquents, ce qui a provoqué « le démantèlement » de la base économique dont dépend la survie de plusieurs cultures ;

« Les biens culturels sont de plus en plus traités comme une simple marchandise. Cette

tendance est en train d'être institutionnalisée dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il vise une libéralisation complète des échanges des services et d'après lui toutes les formes

d'expression artistique sont aussi de services. »3.

2)- Le marché des biens et services culturels, ne profite pas à tout le monde ,il constitue un enjeu pour la culture des pays de la périphérie et contrarie leurs production endogène,il constitue par contre un secteur de développement économique pour les pays développés qui en détiennent le monopole et dont les plus grands bénéfices leur reviennent, ce qui met à l’évidence une nouvelle fois la fracture économique entre pays riches et pauvre. « La

structure de l’industrie a été caractérisée, dans les années 90, par un fort processus d’internationalisation, de réorganisation et de concentration, ce qui a donné lieu à la naissance de grands groupes mondiaux…. la plus grande partie de ces échanges s’est effectuée entre un nombre réduit de pays. Ainsi, par exemple, en 1990, le Japon, les Etats-Unis, l’Allemagne, et la grande Bretagne ont atteint 55,4 % du total des exportations de biens culturels dans le monde et 47 % des importations ont été réalisés par les Etats-Unis, l’Allemagne, et la grande Bretagne et la France…Dans nombre de pays, cela est mis en

1

UNESCO, « Qu’appelle t-on industries culturelles ? », 25 questions sur la culture, le commerce et la mondialisation »,2000.

2

J.Legendre Op.cit.

évidence par les chiffres croissants de la contribution du secteur culturel au PIB et à l’emploi: jusqu’à 4 % du PIB pour les pays de l’OCDE, de 1 % - par exemple pour le Brésil- à 3 % - notamment pour l’Afrique du Sud….. Toutefois, dans les pays en

développement, ils sont généralement moindres, la tendance étant même à la baisse dans les secteurs classiques des industries culturelles, comme le cinéma ou l’édition, cela étant

surtout dû à une perte de capacité de la production endogène»1.

3)- La mondialisation de la culture tend de plus en plus à modifier les comportements et les pratiques culturelles, les biens culturels sont des outils de diffusion des idéologies du système dominant, et exercent leurs influences sur les comportements sociaux et les modes de vie, ce qui va versl’homogénéisation des cultures et l’instauration d’une « culture commune » ; « Les films et produits audiovisuels sont de puissants porteurs de styles de

vie et de messages sociaux Ils peuvent avoir un puissant impact culturel. En réalité, ils sont

contestés précisément à cause de leur impact sur les choix identitaires … »2

« Et pourtant, la tendance actuelle va plutôt dans le sens opposé, vers l'appauvrissement

de la vie culturelle du fait de son homogénéisation pour des raisons de rentabilité et de logique commerciale pure. Le monde entier écoute de plus en plus la même musique, lit les mêmes livres et regarde les mêmes films à la télévision et au cinéma, produits par la même

poignée de géants multinationaux » 3 .