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Partie 1 : Cadre théorique & méthodologie

C. Une diversité de formes pour la dictée

Au fil du temps, l’exercice de la dictée a pris des formes variées. Une douzaine en a été recensée.

Selon Simard (1994), les dictées sont d’abord déterminées selon la taille des unités linguistiques à transcrire. De la plus petite à la plus grande, trois formules possibles sont dénombrées : la dictée de mots, la dictée de phrases et la dictée de texte.

La dictée de mots

Les élèves écrivent les mots que l’enseignant dicte. Ces mots peuvent éventuellement être insérés dans des phrases pour en éclairer le sens. Cette forme de dictée est employée surtout pour l’orthographe d’usage. Il existe aussi une variante appelée la dictée trouée. L’enseignant

4 Le groupe HESO (Histoire et structure de l’orthographe et des systèmes d’écriture) appartient au CNRS, et a longtemps été dirigé par Nina Catach.

lit un texte à voix haute et les élèves doivent transcrire des mots manquants dans ce même texte qu’on leur a distribué et qui comporte des espaces à compléter. Cette forme de dictée permet de toucher à des règles d’accord car l’élève a pu observer le contexte où s’insèrent les mots à transcrire.

La dictée de phrases

L’enseignant lit des phrases détachées que les élèves doivent transcrire complètement. Cette forme de dictée a connu peu de succès vraisemblablement en raison de l’inévitable effet sémantique de saut du coq-à-l’âne.

La dictée de texte

Cette formule est la plus appréciée et la plus répandue. L’enseignant peut composer son texte lui-même et ainsi choisir les mots et les accords en rapport avec son enseignement du moment. Le texte peut également provenir de manuels ou d’œuvres d’écrivains à succès. La dictée tirée d’œuvres d’auteurs est favorisée par son aspect littéraire. Les enseignants ont cependant pris l’habitude de remanier les morceaux choisis pour simplifier le style ou pour introduire des points d’orthographe au programme.

Deux grandes fonctions sont attribuées à la dictée : l’acquisition par les élèves de l’orthographe lexicale et grammaticale, et l’évaluation de leurs acquis. Une seule forme de dictée (la dictée de contrôle) a une fonction évaluative tandis que cinq formes de dictée (la dictée préparée, la dictée dirigée, la dictée-consultation, l’auto-dictée et la dictée mutuelle) qui offrent divers modes de soutien pédagogique à l’élève ont une fonction d’apprentissage.

La dictée à visée évaluative

Dite dictée de contrôle, elle n’est généralement pas préparée à l’avance et elle s’effectue à un intervalle régulier (une fois par semaine, par mois). Aucune aide ni outil de référence tels que le dictionnaire ne sont autorisés. Selon ce que l’enseignant veut mesurer (l’orthographe d’usage ou d’accord), il dicte une série de mots, de phrases ou un texte suivi. La dictée est corrigée de manière sommative et débouche sur une évaluation chiffrée. Cette dictée est en fait la dictée traditionnelle. Une variante existe mais elle est moins courante. C’est la dictée-test ou dictée-diagnostic dont l’évaluation est d’ordre formatif. Elle se pratique en début

d’année ou en cours d’étape et permet éventuellement de brosser un portrait orthographique de chaque élève, de diagnostiquer ses difficultés et ce qu’il doit travailler pour y remédier.

Les formes de dictée visant l’apprentissage La dictée préparée

Comme son nom l’indique, cette forme de dictée est travaillée préalablement. En effet, les élèves reçoivent un texte qu’ils vont étudier et qui leur sera ensuite dicté. Le travail peut s’effectuer de deux manières : soit tout le texte est copié au tableau par l’enseignant et tout est revu, soit ce sont les expressions et les phrases les plus difficiles qui sont expliquées aux élèves comme par exemple l’observation de certaines graphies particulières, le rapprochement des mots apparentés, la saisie des règles d’accord, etc. Cette période de travail précède la dictée qui est ensuite effectuée après un laps de temps plus ou moins long (une heure, un jour, voire une semaine). Puis le texte est rendu aux élèves pour la correction qui peut être collective ou individuelle. Les erreurs qui ont été effectuées sont corrigées et copiées par chacun, une ou plusieurs fois, et les fautes d’accord sont clarifiées.

La dictée dirigée

L’enseignant dicte (des mots, des phrases, un texte) et il attire l’attention des élèves sur les problèmes qui apparaissent au fur et à mesure. Il rappelle par exemple une règle de grammaire, il commente un mécanisme de conjugaison, il justifie une lettre muette, etc. Cette forme de dictée habitue probablement l’élève à surveiller l’orthographe des mots pendant qu’il les écrit. Une des variantes est la dictée haut-parleur. Un élève est désigné par l’enseignant pour jouer le rôle de commentateur tout en transcrivant le texte et faisant part à haute voix de ses raisonnements face aux difficultés qu’il rencontre. L’enseignant peut ensuite corriger si besoin les stratégies qui ne sont pas correctes.

La dictée-consultation (ou dictée assistée ou dictée sans faute)

Les élèves peuvent consulter des ouvrages de référence (dictionnaire, cahier de référence, grammaire, tableaux de conjugaison, etc.) pendant ou à la fin de la dictée. Les élèves posent des questions d’information à l’enseignant qui leur répond volontiers. Ce dernier aide particulièrement ceux qui rencontrent plus de difficultés. Après cette première correction, les élèves voient le texte dicté, procèdent à une dernière révision et corrigent les erreurs oubliées.

Ce genre de dictée rendrait les enfants moins anxieux qu’une dictée traditionnelle car ils sont placés en situation de réussite.

Signalons cependant que la dictée sans faute réalisée dans notre recherche ne se déroule pas exactement de la même manière. Dans la classe dans laquelle se pratique la dictée sans faute (classe 1), l’enseignante dicte une ou deux phrases. Les enfants les écrivent une première fois comme ils les pensent. Puis, une fois que tout le monde a fini d’écrire, les élèves peuvent poser des questions d’ordre orthographique à l’enseignante qui répond par oui ou par non (il arrive parfois qu’elle reprenne une règle orthographique avec eux). Ensuite, ils peuvent corriger leurs erreurs si besoin. Pour terminer, l’enseignante corrige les dictées et les enfants doivent écrire trois fois les mots correctement.

L’auto-dictée

L’élève apprend un cours passage par cœur puis le retranscrit.

La mémorisation peut s’accompagner d’une étude du texte sur le plan orthographique (révision de règles de grammaire en présence, copie de tel mot difficile, etc.).L’auto-dictée a été mise au point dans le but de se rapprocher de la situation véritable de rédaction où le scripteur se dit à lui-même le texte qu’il invente, plutôt que de reproduire un texte prononcé par quelqu’un d’autre. Elle continue néanmoins de s’en démarquer beaucoup, puisqu’il s’agit de recopier un texte qui n’est pas le sien » (Simard, 1994).

La dictée mutuelle (ou dictée entre pairs)

Avec cette dictée, les élèves deviennent professeur. Elle leur permet de vérifier l’acquisition de l’orthographe d’usage, une fois par semaine, par groupe de deux, en se demandant mutuellement les mots au programme de la classe. Sinon, un élève peut préparer une dictée de phrases ou de mots et la donner à ses camarades en fournissant les explications nécessaires et procéder à la correction sous le regard de l’enseignant.

5. L’appropriation du code : de l’entrée dans l’écrit à l’orthographe

Afin de montrer comment les enfants apprennent à décoder et à orthographier, je vais présenter différentes phases d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, ainsi que ce que l’on connaît sur l’apprentissage de l’orthographe par les élèves. Cela m’aidera par la suite à mieux cerner les erreurs probables que les élèves peuvent commettre lors des dictées.