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Diversité de la psychologie1

Dans le document Psychologie cognitive (Page 32-42)

Pour le grand public et des générations d’étudiants sortant du lycée, la psychologie se confond le plus souvent avec la psychanalyse. Or la psy-chologie scientifique contemporaine est d’une extrême diversité : dans le plus grand répertoire informatisé au niveau international « PsycInfo », le nombre d’articles et livres traitant de la psychologie augmente à une allure vertigineuse : vingt mille par an dans les années 1970 pour passer à qua-rante mille dans les années 1990, pour atteindre le chiffre de 100 000 en 2005 (recensement réalisé avec Christophe Quaireau en 1994 et en 2006).

Environ cent cinquante catégories sont répertoriées.

Une analyse des principaux thèmes de publications pour l’année 2005 (Figure 1.2) révèle que les grands secteurs concernent d’une part la psycho-pathologie, au sens large du terme, incluant les déficits physiques (cécité, traumatismes crâniens), troubles psychiatriques, et, d’autre part la psycho-logie de la santé et de la prévention (stress, alcoolisme, criminalité…). La psychanalyse comme théorie ou comme thérapie, ne représente que 1 722 publications soit 1,7 % au niveau international.

Les autres grands domaines sont la psychologie expérimentale/cognitive (incluant la psychométrie ou étude des tests, la psychologie animale,…) les neurosciences (incluant la psychopharmacologie), la psychologie sociale, la psy-chologie du développement, de l’éducation.

On trouve également des secteurs variés en psychologie appliquée, incluant la psychologie de la consommation, la psychologie industrielle et des organisations (13 226 titres). Il existe enfin des thèmes divers comme la psychologie des arts et des humanités, la psychologie de la musique, la

Figure 1.2 – Répartition numérique des publications dans les grands secteurs de la psychologie en 2005 (sur 103 223 titres) (Lieury et Quaireau, 2006 ; source : PsycInfo).

La planète Psy

P. Expé./Cognitive

16 % Divers

2 %

P. Appliquée 11 %

Neurosciences P. Développement 14 %

P. Sociale 3 % 9 % P. Éducation

7 % P. Patho.

20 % Psychanalyse

1 %

P. Santé 17 %

psychologie militaire, la psychologie juridique et de la police… La psycho-logie est aussi diverse que les activités de l’homme.

Presque tous les grands secteurs de la psychologie et des sciences voisines peuvent être représentés dans un schéma en forme de mappemonde avec deux grands axes et quatre « pôles » : le normal opposé au pathologique et le social opposé au biologique (Figure 1.3).

Le normal 2.

v Psychologie cognitive, expérimentale : le normal concerne l’étude du fonc-tionnement cognitif (= mental) au sens général (perception, mémoire) : c’est le grand domaine de la psychologie cognitive au sens général du terme, objet de ce livre : les structures ou mécanismes de fonctionnement sont « généraux » dans le sens où ils existent chez tous les individus, à tout âge, et souvent chez plusieurs espèces animales.

Quels sont les principaux domaines de recherche de la psychologie ?

Biologique Social

Normal

Psychopathologie Ψ Clinique Psychanalyse

Pathologique Ψ Expérimentale Ψ Cognitive

Ψ du Développement Ψ de l’enfant

Éthologie Ψ de l’Éducation

Ψ du Travail Ergonomie

Ψ Sociale

Ψ de la Santé

Psychophysiologie Neuropsychologie

Psychopharmacologie

Psychiatrie Ψ Différentielle

Ψ du Sport

Ψ criminologique

Figure 1.3 – Panorama des grands secteurs de la psychologie.

La lettre grecque ψ (prononcer psi) est fréquemment utilisée pour désigner le mot psychologie.

EXEMPLES

La perception des couleurs a des mécanismes identiques ou voisins chez la plupart des individus et chez plusieurs espèces : le singe et certains poissons.

Le singe et le dauphin ont une mémoire à court terme, comme l’homme.

Au début de l’histoire de la psychologie scientifique, l’accent a été mis sur la mesure, la recherche de la preuve par l’expérimentation, d’où le qualifi-catif de psychologie expérimentale par opposition à la psychologie philo-sophique ou subjective. La méthode expérimentale (= scientifique) étant désormais dominante, le qualificatif « expérimental » ne permet plus de spécifier un champ de recherche et qualifie essentiellement les labora-toires. Pour l’enseignement, on parle plutôt de psychologie cognitive (autrefois « psychologie générale »).

v Psychologie différentielle : cependant, même pour des mécanismes très ressem-blants, il existe toujours des différences entre espèces animales, entre l’animal et l’homme, des différences en fonction du développement de l’enfant ou du vieillissement : c’est le domaine de la psychologie différentielle fondé au XIXe siècle par l’Anglais Francis Galton (Reuchlin, 1974 ; Huteau, 2002) : l’intelligence et la personnalité en sont des grands thèmes.

v Psychologie du développement et psychologie de l’enfant : très près (dans le schéma en forme de mappemonde) de la psychologie cognitive mais vers le pôle biologique, on peut placer la psychologie du développement (ou dévelop-pementale) du fait de l’importance de la maturation biologique : la marche ou le langage requiert un développement neurobiologique. Le qualificatif de génétique avait été proposé par Jean Piaget dans le sens de genèse ; mais comme il signifie aussi en biologie, l’étude de l’hérédité (basé sur les gènes des chromosomes), le qualificatif de développemental est devenu plus courant.

La psychologie de l’enfant s’attachait plutôt à la description d’un âge par-ticulier, le bébé, l’adolescent, et on tend à lui substituer « psychologie du développement » dans la mesure où c’est souvent l’évolution du fonction-nement mental qui est étudiée à travers les âges, par exemple le langage.

v Psychologie du sport : la psychologie du sport est très concernée à la fois par les bases biologiques du comportement (sensations, motricité, stress) mais aussi par des mécanismes cognitifs, représentations imagées des mouve-ments, en particulier la motivation…

Le biologique 3.

v Les neurosciences : au pôle biologique, correspond le domaine immense des neurosciences où sont étudiées les bases biologiques des comportements ; certains aspects de notre fonctionnement psychologique ne peuvent être compris sans la connaissance des mécanismes biologiques : la perception des couleurs ou les émotions en sont des exemples démonstratifs.

v Éthologie et psychologie animale : certains secteurs de spécialisation sont plutôt la cristallisation d’influences mixtes, qui apparaissent sur le schéma (Figure 1.3) entre des pôles. Ainsi, trouvons-nous entre la psychologie cognitive et le pôle biologique, l’éthologie, autrefois psychologie animale, qui concerne l’observation des animaux dans leur site (ou un environne-ment proche) de façon à ne pas dénaturer leur comporteenvironne-ment.

Niko Tinbergen (1907-1988).

Avec Konrad Lorenz (1903-1989), Niko Tinbergen a créé l’éthologie, étude de la psychologie des animaux dans leur milieu (cf. chap. 9) ; Karl von Frisch a quant à lui découvert le langage des abeilles, sorte de danse qui indique la direction des fleurs.

Tous trois ont été prix Nobel en 1973.

v Neurobiologie et psychophysiologie : la psychophysiologie, ou neurobiologie, a pour objectif d’étudier, principalement chez l’animal (chez l’homme on parle de neurologie), les structures et mécanismes nerveux responsables du fonctionnement psychologique. Le cerveau est composé de matière grise (les fameuses petites cellules grises chères à Hercule Poirot) et de matière blanche. Cela vient de la structure de la cellule nerveuse ou neurone. Le neurone est en effet une cellule (comme les autres cellules, elle a un noyau, des chromosomes,…) mais sa particularité est d’avoir des ramifications qui lui permettent de communiquer avec les cellules voisines. Les ramifica-tions d’entrée s’appellent les dendrites tandis que le prolongement de sortie est l’axone. L’axone est généralement entouré d’une gaine isolante de couleur blanche (c’est une graisse appelée myéline). Si bien que ce qui apparaît gris dans le cerveau correspond à des regroupements de cellules grises, les centres nerveux, et ce qui apparaît blanc constitue les câblages assurant la communication entre différents centres. Les zones grises sont ainsi de véritables « ordinateurs » spécialisés.

Quelles sont les grandes structures du cerveau ?

Figure 1.4 – Le cerveau contient principalement des centres sous-corticaux et le cortex ; la matière blanche représente les câbles.

Dans le cadre de ce cours de psychologie, les détails anatomiques ne sont pas représentés ou très schématiquement pour se centrer sur le fonctionnement.

Besoins Action

Cortex

mémoire

Corps Striés Thalamus

Hypothalamus

Perception

Digital Vision Digital Vision

Voici quelques grandes structures. Tout d’abord un manteau, appelé cortex, entoure le cerveau. Le cortex est une couche de 2 millimètres qui recouvre une surface équivalant à un carré de 30 centimètres de côté.

Si bien que pour se loger dans une boîte crânienne qui ne fait qu’un litre et demi (une bouteille d’eau classique), le cortex fait des plis appelés circonvolutions ; ce sont ces circonvolutions qui permettent aux neuro-logues d’établir la cartographie du cortex. Car ces deux millimètres d’épaisseur, qui n’ont l’air de rien, renferment tout de même six étages de cellules, qui permettent l’abstraction. Le cortex renfermerait ainsi quelque vingt milliards de neurones et comme il n’est pas programmé à la naissance, c’est en fait notre « disque dur », l’ensemble de nos mémoires (cf. chap. 3 et 5).

Sous ce manteau, centres nerveux et câbles se pressent les uns contre les autres échangeant à grande vitesse (mesurée en millisecondes (ms), c’est-à-dire en millièmes de seconde) des informations sous forme d’influx ner-veux. Distinguons trois grands centres :

m le thalamus est spécialisé dans la réception et l’intégration des pre-miers signaux venant des organes sensoriels, c’est en quelque sorte l’ordinateur de notre perception ; il est sectorisé et ainsi existe-t-il une partie qui s’occupe de la vision, un autre de l’audition, un autre du toucher ; toutefois l’odorat a son centre à part, le bulbe olfactif (chap. 2) ;

m les corps striés sont les centres de la motricité volontaire ; quand il marche mal comme dans la maladie de Parkinson, les patients éprouvent de grandes diffi cultés à décider de leur mouvement et le font avec des grands tremblements (la motricité automatique est assurée par le cervelet, cf. chap. 4) ;

m et enfi n il existe un troisième centre, l’hypothalamus (hypo en grec signifi e « en dessous ») situé sous le thalamus. L’hypothalamus est le cerveau végétatif, celui qui déclenche les besoins primaires (faim, soif, sommeil, sexe…) et représente ainsi une grande part de ce que Freud appelait l’inconscient ou le « ça » (cf. chap. 6 et 9).

Comme nous verrons le fonctionnement de ces centres plus loin, voyons comment marchent les neurones. Les techniques modernes, chimie biolo-gique, microscopie électronique, ont permis d’élucider bon nombre de mécanismes du fonctionnement des neurones. Ainsi, l’influx nerveux n’apparaît plus comme un courant électrique (électrons) se propageant le long de l’axone (= prolongement de sortie du neurone), mais comme un échange d’ions (= atome ou molécule électrisé) : la « pompe à sodium » (pour les étudiants à qui il manque des bases de chimie et biologie, voir Joly et Boujard, Biologie pour psychologues, Paris, Dunod, 2005). Schémati-quement (Figure 1.5), l’excitation du neurone provoque l’ouverture de vannes réparties sur la membrane de l’axone, ce sont les canaux ioniques (= grosses protéines qui s’ouvrent et se ferment). Tout d’abord les vannes à sodium s’ouvrent laissant passer un flot d’ions sodium (Na+ car chargé positivement) à l’intérieur de l’axone. Afin de compenser ce changement électrique (flux d’ions positifs), des canaux à potassium (K+) s’ouvrent, laissant s’échapper des ions potassium. Mais ce flux entraîne l’ouverture des canaux sodium suivants, et ainsi de suite en cascade. Si on place une électrode à l’endroit de la vanne à sodium, il y a une dépolarisation (la

sur-Neurone : cellule spécialisée dans la communication ; les dendrites sont les prolongements d’entrée et l’axone, le prolongement de sortie.

Influx nerveux : l’activité du neurone se mesure électriquement ; c’est l’influx nerveux ou signal bioélectrique.

face devient un peu plus négative car des ions positifs tombent à l’intérieur), qui se propage ainsi de proche en proche le long du neurone. Mais ce n’est pas un influx nerveux négatif qui court le long de l’axone, mais une cas-cade d’échanges de molécules électrisées. La communication neuronale n’est donc électrique que secondairement, le mécanisme premier est chimique, d’où l’impact des médicaments et drogues.

v La neurologie et la neuropsychologie sont directement concernées lorsque le diagnostic fait apparaître un lien de cause à effet entre un trouble orga-nique, par exemple, une lésion, une tumeur, et le trouble psychologique ; ces secteurs ont connu un développement intense depuis l’invention des techniques d’imagerie médicale, notamment celles comme la TEP (cf. encart) qui filment le cerveau en action. Nous verrons l’exemple de l’amnésie de Korsakoff (chap. 5) et de l’aphasie (chap. 7).

Neurotransmetteur : fine molécule émise au bout de l’axone et qui déclenche l’activité du neurone récepteur.

Synapse : contact entre deux neurones, entre le bout de l’axone et les dendrites (ou corps du neurone).

dendrites axone

Espace inter-synaptique Neurone

récepteur

Neurotransmetteurs

Récepteurs Canaux

ioniques Vésicules

Membrane de l’axone

synapse

Axone &

Pompe à sodium

Figure 1.5 – Mécanismes ioniques de l’influx nerveux (pompe à sodium) et action des neurotransmetteurs.

La communication neuronale n’est électrique que secondairement, le mécanisme premier est chimique, d’où l’impact des médicaments et drogues.

Sur la photo de la synapse (microscopie électronique), les deux gros « sacs » rouges sont des mitochondries (organites produisant l’énergie) et les petits sont les vésicules contenant les neurotransmetteurs.

La TEP : tomographie par émission de positons

Quand on parle d’antimatière, on pense à Star Trek ou toute autre série de science-fiction.

Et pourtant, si la plupart des personnes connaissent l’imagerie médicale, peu connaissent que certaines techniques sont des développements d’une physique dont les applica-tions paraissaient improbables. En cassant des atomes dans les accélérateurs de parti-cules (par exemple le CERN), les physiciens avaient découvert que certaines partiparti-cules atomiques disparaissaient pour donner place à des rayonnements (photons). Ils ont imaginé que la particule qui rencontrait son antiparticule était annihilée en donnant de l’énergie ; ainsi naissaient les antiprotons, les positons (antimatière de l’électron). Et bien la TEP est basée sur ce principe : un atome radioactif est injecté par voie veineuse et en se désintégrant, il donne des positons qui parcourent quelques millimètres avant de rencontrer des électrons et leur rencontre produit des photons (rayons gamma) qui sont photographiés, ce qui donne une image tridimensionnelle des organes (Figure 1.6).

v La psychopharmacologie et la psychiatrie : d’autres secteurs sont au confluent du pathologique et du biologique. Tout d’abord, la psychiatrie avec des tra-ditions médicales et une tendance à supposer la dominance de facteurs organiques dans l’origine des troubles ; les traitements sont également plus médicaux, notamment médicamenteux, surtout depuis l’essor de la psychopharmacologie. En effet, la découverte des neurotransmetteurs permet d’expliquer l’action de drogues connues depuis, parfois, des millé-naires et naturellement de fabriquer des médicaments du cerveau.

Figure 1.6 – La tomographie par émission de positon.

En haut l’appareillage ; en bas à gauche : la personne voit des mots ; à droite, elle entend des mots (Source : web.cern.ch/livefromcern/antimat).

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w.

web.cea.fr/jeunes/

themes/la_radioactivité/

l_imagerie_medicale

Photodisc

Neurotransmetteurs et drogues psychotropes

Depuis des millénaires, les hommes mangent, mâchent ou fument des substances végétales qui produisent certains effets sur leur mental. L’opium est depuis longtemps connu pour ses effets anti-douleur en Chine. En Amérique centrale et du Sud, certaines substances étaient prises pour entrer en transes et deviner l’avenir, comme chez les Aztèques. Le chanvre indien est consommé dans les pays arabes pour donner une tranquillité d’esprit, et la synthèse chimique de ces substances a conduit à un engouement social comme le mouvement psychédélique des hippies dans les années 1970. Les techniques modernes, chimie biologique, microscopie électronique, ont permis de comprendre en partie ces effets en montrant que ces drogues agissent à la place de substances chimiques naturelles du cerveau, les neurotransmetteurs.

Au niveau de la synapse, aiguillage entre neurones, le neurone libère des molécules. Elles se fixent sur des récepteurs du bouton terminal d’un autre neurone, comme des clés dans les serrures. Comme ces molécules ont pour rôle de transmettre des informations (l’influx nerveux) d’un neurone à un autre, elles ont été dénommées « neurotransmetteurs ». Plusieurs dizaines de neurotransmetteurs sont maintenant découverts dont quelques-uns intéressent la psychologie. L’acétylcho-line est le plus célèbre car son absence provoque une nécrose de l’hippocampe (cf. chap. sur la mémoire) et par voie de conséquence une amnésie de type Korsakoff, avant que les malades ne glissent lentement vers la démence, c’est la triste-ment célèbre maladie d’Alzheimer.

L’acétylcholine a deux « serrures » possibles sur la membrane du neurone, des récepteurs muscariniques et des récepteurs nicotiniques. Vous avez bien lu, nicotinique comme nicotine ; la nicotine de la cigarette doit donc ses effets stimulants au fait qu’elle est une fausse clé pour les récepteurs de l’acétylcholine.

La noradrénaline et la dopamine sont de puissants stimulants rendant actif et de bonne humeur, c’est pourquoi certains ont recherché des stimulations artificielles à partir des amphétamines qui interviennent sur ces récepteurs. L’ecstasy, malheureusement populaire dans les soirées des jeunes, est une amphétamine et la cocaïne agit sur les récepteurs de la dopamine. Les neurotransmetteurs sont fabriqués par des petites usines de neurones dans le cerveau si bien que leur destruction aboutit à de graves maladies. Ainsi, la maladie de Parkinson, causée par une dégradation de la motricité volon-taire, est due à un manque de dopamine.

La sérotonine est un neurotransmetteur qui semble, entre autres, agir sur les perceptions. La mescaline (voir Barron et coll., The Hallucinogenic Drugs, Scientific American, 1964), tirée du cactus peyotl ou la psylocybine, provenant d’un champignon, a une structure chimique qui ressemble à la sérotonine. Ainsi s’explique le pouvoir hallucinogène recherché par les peu-ples d’Amérique centrale et du Sud. Au Moyen Âge, de telles hallucinations étaient attribuées au diable d’où leur nom de feu de Saint-Antoine. Mais après une intoxication de deux cent cinquante habitants dans la ville de Pont-Saint-Esprit, en 1951, une enquête permit d’identifier le démon en question. Les gens avaient mangé du pain dont la farine de seigle contenait un champignon parasite, l’ergot du seigle. C’est à partir de ce champignon que fut synthétisé le LSD (acide lysergique) bien connu des courants psychédéliques hippies comme produisant une exagération des couleurs et des contrastes, voire chez certains, des hallucinations artistiques ou religieuses comme dans la tentation de Saint-Antoine.

La schizophrénie pourrait être due à un déséquilibre de centres qui dépendent de la sérotonine (Besche et al., 2006).

À gauche, cannabis ; à droite, pavot d’où est extrait l’opium.

Beaucoup de drogues sont extraites de plantes qui ont « découvert » des substances ressemblant aux neurotransmetteurs du cerveau.

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L’opium doit ses propriétés antidouleur au fait que sa molécule ressemble à des neurotransmetteurs naturels agissant dans les centres de la douleur, les endorphines et enfin le Gaba (gamma aminobutyric acid) est un neurotransmetteur qui calme le jeu dans les synapses ; les pharmacologues ont synthétisé des fausses clés qui servent ainsi de tranquillisants, le plus connu étant le valium.

Plus récemment, on a découvert que beaucoup de drogues comme la marijuana, le cannabis, le chanvre indien ou le has-chisch ont une molécule commune le tetrahydrocannabinol (ou THC) qui intervient sur des serrures spéciales, les récep-teurs cannabinoïdes. Ces réceprécep-teurs interfèrent avec les réceprécep-teurs du GABA ce qui explique l’action tranquillisante de la marijuana. À l’inverse, son abstinence provoque des états anxieux et irritables. La marijuana est vue par beaucoup de jeunes comme une drogue douce non dangereuse mais des travaux récents (Hampson, Life Science, 1999) montrent que le cannabinol qu’elle contient perturbe la perception visuelle et les réponses motrices dans la conduite automobile et baisse la mémoire en provoquant des lésions des neurones (fonctionnant au GABA) de l’hippocampe (l’archiviste de la mémoire)… Préférez donc les tranquillisants psychologiques, relaxation, bain de soleil, une bonne soirée entre amis mais sans stimulants artificiels…

Le pathologique 4.

À l’opposé du normal, le pathologique concerne les maladies et troubles psychologiques.

v La psychologie pathologique se trouve souvent qualifiée, par sa méthode, clinique, et l’on emploie alors le concept de psychologie clinique. Dans l’ap-proche clinique, au sens thérapeutique, le psychologue a une apl’ap-proche per-sonnalisée de son malade, qui n’est pas un point sur une courbe, un élément dans une moyenne mais une personne dans son contexte et avec son histoire ; le psychologue ou psychothérapeute doit faire appel à toutes ses connaissances pour obtenir une compréhension globale et unique de l’individu.

Certaines spécificités proviennent de positions théoriques spécifiques, le cas le plus typique étant représenté par la psychanalyse, théorie et thérapie basées sur l’œuvre de Freud. Mais il existe d’autres types de thérapies, notamment cognitives et comportementales basées sur les progrès réalisés en psychologie. N’oublions pas que Freud est mort en 1939 et que l’explo-sion des connaissances en psychologie et en neurosciences s’est faite après les années 1950.

v La psychologie criminologique étudie les comportements criminels et les thérapies ou préventions adaptées, en relation avec les partenaires de la

v La psychologie criminologique étudie les comportements criminels et les thérapies ou préventions adaptées, en relation avec les partenaires de la

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