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Diversification des agricultures périurbaines angevines

Les résultats du précédent chapitre soulignent un processus de diversification des agricultures angevines. Ce cinquième chapitre vise à mieux décrire cette diversité. Je mobiliserai pour cela des éléments de connaissance établis sur le territoire, ainsi que l’exploitation renouvelée de bases de données locales et des travaux d’enquête spécifiques. Comme pour le précédent chapitre, il s’agira à la fois d’établir des éléments de connaissance sur les dynamiques sociales angevines, sous l’angle spécifique des logiques foncières des exploitants, et de mettre en relation ces dynamiques avec les orientations politiques produites localement. Au-delà, ce chapitre a une ambition supplémentaire : qualifier la façon dont les enjeux fonciers participent ou non à expliquer les configurations sociales locales au sein du monde agricole. Quel genre de relations entretiennent les agriculteurs engagés dans des trajectoires ou des logiques foncières différenciées ? Assiste-t-on à un processus de segmentation professionnelle tel que défini par Anselm Strauss ? Ces résultats seront remobilisés dans la suite de la thèse pour fonder l’interprétation des mobilisations professionnelles locales.

1. Près d’Angers, une agriculture périurbaine plus diverse

Plusieurs études nationales montrent que plus on se rapproche de la ville et plus la population de celle-ci est importante, plus les exploitations sont petites et intensives, et pratiquent davantage la vente directe. Gille (2002) constate en même temps qu’il y a plus de très grandes exploitations (plus de 100 ha) en zone périurbaine qu’ailleurs. Cavailhès et Wavresky (2007) donnent une piste d’explication à ce double constat : si les orientations de production plus intensives sont surreprésentées près des villes (horticulture, maraîchage…), ils y constatent aussi la mise en œuvre dans des systèmes de grandes cultures de pratiques plus intensives que dans le rural (irrigation, légumes de plein champ).

Tableau 8. Les structures des exploitations agricoles du Maine et Loire : comparaison selon la proximité du pôle urbain angevin.

Données RGA 2000, réalisation B. Thareau.

Figure 11. Les structures des exploitations agricoles du Maine et Loire : comparaison selon la proximité du pôle urbain angevin. Des exploitations plus petites { proximité d’Angers, plus d’exploitations non-professionnelles.91

Données RGA 2000, réalisation B. Thareau.

Figure 12. Répartition des exploitations selon leur surface ou leur orientation de production (en % de l’ensemble des exploitations) : comparaison selon la proximité du pôle urbain angevin.92

Données RGA 2000, réalisation B. Thareau.

Figure 13. Caractérisation de la dimension économique, de l’intensivité et des pratiques de vente directe pour les exploitations professionnelles : comparaison selon la proximité au pôle urbain angevin.

Données RGA 2000, réalisation B. Thareau.

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Pour cette figure comme pour la suivante, la légende est la même que pour la figure 11. le code couleur correspond à la gradation spatiale : pôle urbain / aire urbaine / département.

Tableau 9. Surface moyenne des différents systèmes de production sur l’Agglomération angevine en 2007

Données CA 49, base exploitations professionnelles, réalisation B. Thareau.

Tableau 10. Surface moyenne des différents systèmes de production des Pays de la Loire en 2007.

Données Agreste, enquête structures 2007, base exploitations professionnelles, réalisation B. Thareau.

Des exploitations plus petites ?

Le territoire angevin rend compte de ces constats nationaux (tableau 8 et figure 11). Plus on s’approche de la ville d’Angers, plus les exploitations sont petites en surface, intensives. Cela tient essentiellement à l’importance relative de productions intensives près d’Angers : en particulier l’horticulture. En revanche, et à l’inverse des constats réalisés à l’échelle nationale (Cavailhès et al. 2007), nous observons qu’au sein des trois principales catégories d’exploitation : les exploitations bovines (lait et viande) et les exploitations horticoles et maraîchères, les exploitations sont plus grandes sur l’agglomération d’Angers que sur l’ensemble des Pays de la Loire (tableaux 9 et 10)93. Notons en particulier l’importance des exploitations de plus de100 ha à l’échelle de l’aire urbaine. Elles y représentent 9 % des exploitations, ce qui est une proportion un peu plus importante que pour le reste du département (7 %) (figure 12).

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Nous fondons ce constat sur la comparaison des données obtenues pour les exploitations « professionnelles ». S’il n’est pas très satisfaisant de restreindre l’analyse à une partie des exploitations, nous le faisons pour des raisons pratiques. L’enquête Chambre d’agriculture ne classe pas une part importante des petites exploitations, qui correspondent peu ou prou aux « non- professionnels » d’Agreste. Quoi qu’il en soit, la comparaison des exploitations angevines et de celles des Pays de la Loire pour

L’importance des « non-professionnels »

Autre phénomène observé autour d’autres agglomérations (Soulard et al. 2009), les exploitations dites « non-professionnelles » sont plus fréquentes à proximité de la ville que sur le reste du département94 (figure 11). Le recensement général agricole classe plus de 40% des exploitations des cantons du pôle urbain comme « non-professionnelles »95. A proximité d’Angers, les productions pratiquées par ces « non-professionnels » sont le plus souvent des ovins, caprins ou des chevaux (de l’ordre de 40% des exploitations non-professionnelles des cantons du pôle urbain) ; des grandes cultures (de l’ordre de 20%) ou de l’élevage bovin allaitant (de l’ordre de 10%).

Un équilibre entre exploitations végétales et animales

La profession agricole à l’échelle du département est marquée par la prédominance des activités bovines. Cela se traduit d’ailleurs par une présence importante des éleveurs bovins au sein des organisations professionnelles généralistes départementales (Chambre d’Agriculture, FDSEA) (chapitre 3). Or près d’Angers, la population agricole se démarque par l’importance des exploitations orientées vers les productions végétales : horticulture, arboricultures et grandes cultures sont particulièrement fréquentes. Ainsi la profession agricole angevine se caractérise par la coprésence de secteurs productifs d’importance comparable en termes de nombre d’exploitations.

Des grandes cultures en attendant l’urbanisation

Comme ailleurs, les grandes cultures sont une production plus fréquente dans la zone périurbaine angevine que dans le reste du département. Si à l’échelle nationale ce constat est souvent interprété par le fait que les villes se situent fréquemment au cœur de bassins céréaliers (Gille 2002a), cette interprétation ne semble pas suffire à expliquer l’importance relative des cultures céréalières sur l’agglomération angevine. Certes, l’Est de l’agglomération est marqué par le développement relativement récent de cultures céréalières et semencières. Mais je propose de retenir également l’hypothèse selon laquelle les grandes cultures constituent une forme d’occupation agricole des sols d’adaptation à la proximité urbaine. Certains auteurs parlent de cultures « d’attente ». Cette hypothèse est confortée par la fréquence relative d’exploitations non- professionnelles en grandes cultures.

« Un type de céréaliculture se développe spécifiquement dans les périphéries urbaines, spécialement sur les parcelles en attente d’urbanisation. Ce phénomène est particulièrement visible autour des villes du sud de la France où il est facile de voir dans le paysage le

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La statistique agricole publique classe les plus petites exploitations dans la catégorie « non-professionnelles ». Les exploitations « professionnelles » sont les exploitations d’une taille économique supérieure ou égale à 12 équivalent-hectares de blé (soit 8 UDE) et occupant au moins l’équivalent d’une personne exerçant à trois quarts de temps.

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Cette valeur est supérieure aux résultats de l’enquête menée par la chambre d’agriculture en 2007, qui estime sur la base d’une enquête par jury que 20% des exploitations sont non-professionnelles sur l’agglomération.

développement des cultures de blé dur en lieu et place des vignes et des friches localisées dans les zones constructibles : ces cultures bénéficient à la fois des coûts faibles ou quasi nuls des mises à disposition précaires du foncier en attente d’urbanisation, et du caractère incitatif des primes de la PAC sur le blé dur (Jarrige 2004; Tolron 2001). Cette monoculture d’attente est mise en œuvre par des agriculteurs absentéistes ou par des entrepreneurs de travaux agricoles qui en ont fait leur spécialité. Très visible dans le sud viticole et horticole, ce type d’agriculture « opportuniste » se développe probablement dans toutes les périphéries urbaines » (Soulard et al. 2009)

A proximité d’Angers, l’agriculture apparaît ainsi plus diverse que dans le reste du département : les productions y sont plus variées tout comme les structures d’exploitation (figure 12). De petites exploitations non-professionnelles, nombreuses, y côtoient de grandes exploitations d’élevage ou des exploitations spécialisées en productions végétales intensives. Cette diversité tient pour partie à la localisation de l’agglomération d’Angers. Elle est installée, comme nombre d’autres villes, à la confluence de cours d’eau majeurs : la Loire, la Mayenne, le Loir et la Sarthe. Ces rivières séparent le territoire en espaces pédologiques et climatiques contrastés, en territoires de travail et de coopération cloisonnés. Les agricultures qui s’y sont développées reflètent tant la diversité du milieu que le développement historique de bassins de production distincts. Mais la diversité de l’agriculture angevine tient aussi à l’influence urbaine. D’abord, du fait de l’implantation historique de productions liées aux marchés urbains. En particulier l’horticulture qui a gardé autour d’Angers une importance singulière. Ensuite par l’effet de la ville sur les systèmes d’exploitation. La proximité urbaine semble favoriser le développement de très petites structures d’exploitation dites « non-professionnelles » et le développement de cultures céréalières. Quand on s’éloigne un peu d’Angers, ce sont les grandes exploitations qui semblent confortées par l’influence urbaine. Ainsi, la proximité d’Angers semble renforcer certains systèmes d’exploitation relativement peu présents dans la région. Ce contexte professionnel est important à souligner tant il questionne la capacité de la profession à représenter la diversité. Nous y reviendrons bien sûr.

Des dynamiques différenciées selon les secteurs productifs

L’observation des dynamiques d’évolution des différents types d’exploitation est également éclairante. L’observatoire de l’agriculture publié par la Chambre d’Agriculture en 2008 indique en particulier l’évolution des surfaces et des exploitations concernées par les différentes productions. De fait, certaines productions connaissent un recul rapide (l’arboriculture et dans une moindre mesure le maraîchage, l’élevage de brebis et l’élevage bovin) alors que d’autres se développent (les grandes cultures, l’élevage équin) (tableau 11).

Tableau 11. Evolution des productions agricoles { l’échelle du Pays Loire-Angers, 1997-2007. Prairies et maïs fourrage Grandes cultures semences Légume

s Horti. Pépi. Arbo. Vigne Total Part de la SAU en

2007 42% 46% 5% 1% 1% 1% 2% 4% 100%

Evolution des surfaces en production 1997- 2007 -7% 7% -2% -27% -1% -30% -4% Nbre d'exploitations concernées en 2007 584 590 145 99 104 72 89 955 Evolution du nbre d'exploitations concernées 1997-2007 -28% -16% -29% -27% -40% -25%

Ateliers animaux concernant plus de 10 exploitations sur le

Pays

Vaches laitières Vaches

allaitantes Brebis Chevaux Part du chiffre d'affaires agricole

en 2004 10% 10% 3%

Evolution de la production

1997-2007 -6% -12% -38% 41%

Nbre d'exploitations concernées

en 2007 172 206 38 100

Evolution du nbre d'exploitations concernées 1997-

2007

-31% -23% -47% 0%

Données CA 49, réalisation B. Thareau.

L’observatoire ne propose malheureusement pas d’analyse comparable de l’évolution de la diversité des structures d’exploitation. Malgré l’existence d’une politique professionnelle de régulation de l’évolution des structures, cette dimension n’est pas observée finement aux différentes échelles territoriales.

2. Agrandissement et acquisition foncière, des dynamiques

différenciées selon les types d’agriculture

Une dynamique d’agrandissement différenciée selon les productions

.

Rapidement, il m’est apparu nécessaire de préciser la connaissance locale des logiques et des trajectoires foncières des exploitants angevins. En 2007 et 2009 deux enquêtes ont été menées

dont des agriculteurs de l’Est de l’agglomération intégraient le contexte périurbain dans les logiques de développement de leurs exploitations. 19 agriculteurs ont été rencontrés dans le cadre d’un entretien semi-directif. Cette première enquête a permis de décrire de manière qualitative des logiques de développement contrastées que j’exposerai à la fin de ce chapitre. Elle a en particulier mis en lumière le fait que certains exploitants adoptaient des stratégies d’agrandissement, justifiées par le risque d’urbanisation d’une partie des terres exploitées. Ce résultat apparaissait décalé par rapport aux représentations que se faisaient les agents de développement du secteur des dynamiques d’évolution des structures agricoles localement. Le renforcement du processus de restructuration des exploitations agricoles par la proximité urbaine m’est alors apparu comme une hypothèse à conforter. C’est cet objectif qui m’a amenée à réaliser une seconde enquête sur les trajectoires foncières d’exploitations de l’agglomération angevine. 47 exploitants de l’agglomération ont été rencontrés par des étudiants en 4ème

année d’école d’ingénieur en 2009. Un questionnaire leur a été administré. Les résultats qui suivent sont pour l’essentiel issus de cette seconde enquête96

.

En 2007, l’échantillonnage des 19 premiers enquêtés a été réalisé sur la base du recensement des exploitations (non professionnelle et professionnelles) réalisé par la Chambre d’agriculture. J’ai choisi des exploitants de manière à rendre compte de la diversité des productions, des structures d’exploitation (SAU et main d’œuvre) ainsi que de la localisation des enquêtés (voir chapitre 3)97

. En 2009, la Chambre d’agriculture n’a pas souhaité mettre à ma disposition la liste de l’ensemble des agriculteurs de l’agglomération98. L’échantillonnage a été réalisé sur la base de listes d’agriculteurs constituées par des responsables agricoles locaux (responsables cantonaux de la FDSEA, de la fédération viticole et de l’union horticole de l’Anjou). Malgré la consigne qui a été donnée à ces personnes ressource de proposer une diversité d’agriculteurs sur les plans des productions, des structures et des âges, les 47 agriculteurs rencontrés sont probablement le reflet d’un milieu professionnel proche des dirigeants locaux (tableaux 12 et 13). Au final, les petites exploitations (moins de 5 ha) sont peu présentes dans notre échantillon alors que les grandes (plus de 100 ha) sont surreprésentées. Les exploitations laitières et viticoles sont surreprésentées, alors que nous avons rencontré peu de céréaliers99.

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Quand cela était possible et pertinent, les données issues des deux enquêtes ont été agrégées.

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Cette première enquête correspondait à un axe d’un programme de recherche mené en partenariat avec la Chambre d’agriculture.

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Cette fois, l’enquête s’inscrivait dans le cadre d’un module d’enseignement de l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, horse de tout partenariat avec la Chambre d’agriculture.

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La surreprésentation des exploitations laitières doit être nuancée dans la mesure où la moitié de ces exploitants enquêtés ont d’autres productions (vaches allaitantes, grandes cultures, porcs et/ou volailles). Nous les avons classés selon la production

Tableau 12. Représentativité des exploitations enquêtées : les surfaces d’exploitation.

Tableau 13. Représentativité des exploitations enquêtées : les orientations de production.

Le premier résultat de ces enquêtes est que l’agrandissement constitue une norme localement. Les deux tiers des exploitants ont agrandi leur exploitation depuis leur installation (tableau 14). Plus d’un quart d’entre eux ont même plus que doublé leurs surfaces depuis l’installation. Bien sur, cette dynamique est différenciée selon les systèmes de production. Elle est avant tout le fait des éleveurs, alors que les viticulteurs, les maraîchers et les horticulteurs s’agrandissent moins et moins souvent. Les exploitants qui ont vu la surface de leur exploitation diminuer depuis leur installation sont rares.

Tableau 14. Agrandissement de la SAU depuis l’installation en fonction des productions principales, enquête B. Thareau 2007 et 2009.

Autre constat : plus on est grand, plus on s’agrandit (figure 14). Les grandes exploitations sont celles qui ont connu un rythme d’agrandissement annuel le plus élevé. Cela suggère que les agriculteurs qui exploitent de grandes fermes sont favorisés pour l’accès à la terre. Cela confirmerait ainsi les observations menées par plusieurs auteurs selon lesquels autour des villes, ce sont les agriculteurs les mieux implantés socialement et professionnellement qui ont la confiance des propriétaires et qui obtiennent ainsi les terres libérées (Jarrige 2002; Jarrige et al. 2003; Vianey 2005b).

Figure 14. Rythme annuel d’agrandissement de la SAU en fonction de la surface de l’exploitation, enquête B. Thareau 2007 et 2009.

0 2 4 6 8 10 12 moins de 5 ha 5 à 20 ha 20 à 50 ha 50 à 100 ha plus de 100 ha SAU actuelle E ff e c tif s de pond a nt s -2 à 0 ha/an 0 à 1 ha/an 1 à 2 ha/an 2 à 3 ha/an 3 à 8 ha/an 8 à 27 ha/an

Dans un contexte national de développement des formes sociétaires (Rattin 2009), on ne peut interpréter ces processus d’agrandissement indépendamment de l’évolution des structures sur le plan de l’emploi. De fait, les exploitations locales emploient plusieurs personnes de manière permanente (en moyenne sur l’ensemble de notre échantillon, 2 associés et près d’un salarié permanent). La nature de ces types d’emploi : associé ou salarié, dépend des orientations de production (les viticulteurs et les exploitants laitiers travaillent dans des sociétés avec plus d’associés : 2,5 en moyenne, les horticulteurs sont ceux qui emploient le plus de salariés : l’équivalent de 5 permanents en moyenne sur notre échantillon). Nous observons également que l’emploi temporaire est devenu la norme pour tous les types de système d’exploitation : que ce soit l’emploi de salariés saisonniers en viticulture ou en horticulture, ou l’emploi d’entreprises de travaux agricoles pour des chantiers particuliers en élevage et en grandes cultures. La structure des exploitations enquêtées en termes d’emploi a peu évolué depuis leur installation. Ainsi, l’agrandissement des exploitations relève plus d’une augmentation des surfaces exploitées par travailleur permanent que de processus de fusion d’exploitations ou de nouvelles associations entre exploitants (tableau 15).

Tableau 15. Intensité des productions et extensification, comparaison entre l’agglomération angevine et les Pays de la Loire.

Données B. Thareau, ESA, 2009 et Agreste, enquête structures, 2000 et 2007, réalisation B. Thareau.

Cette approche de l’agrandissement révèle, comme précédemment, que les dynamiques sont différenciées selon les systèmes. Que ce soit à l’échelle régionale ou au sein du petit échantillon d’enquêtés de l’agglomération angevine, nous observons que ce sont les exploitations d’élevage bovin (et en particulier les exploitations allaitantes) et les exploitations céréalières pour lesquelles les surfaces par travailleur croissent le plus vite. Les exploitations de ce que l’on nomme les productions végétales spécialisées (viticulture, horticulture, maraîchage, arboriculture) ont des surfaces par travailleur stables. Les données issues de l’enquête structures de la statistique agricoles (Agreste) et de notre enquête sont de natures sensiblement différentes100, trop différentes pour être tout à fait comparables. Retenons cependant que l’agrandissement des surfaces exploitées par travailleur permanent des exploitations de l’agglomération angevine est de même ordre de grandeur que ce qui s’observe sur une période récente en Pays de la Loire. Ces données suggèrent aussi que les éleveurs bovins s’agrandissent sensiblement plus vite dans l’agglomération que dans le reste de la région. Gardons pour l’heure ce constat comme hypothèse à confirmer.

Diversité des trajectoires foncières selon les types d’agriculture

Les trajectoires foncières des exploitants sont contrastées. On peut distinguer deux types principaux liés aux orientations de production des exploitations.

100

La première permet de comparer les surfaces exploitées par équivalent temps plein pour l’ensemble des exploitations présentes en 2000 et en 2007, alors que la seconde se fonde sur une comparaison entre les situations de l’installation et actuelles des

Les horticulteurs, les viticulteurs, les arboriculteurs, les producteurs de volailles sont le plus souvent propriétaires de l’essentiel des surfaces qu’ils exploitent (tableau 16). La plupart s’installent en achetant les terres et le bâti d’exploitation. Ces exploitants agrandissent peu leur exploitation au cours de leur carrière. Au moment de transmettre, les viticulteurs en particulier envisagent qu’il sera nécessaire d’agrandir les exploitations. Les principales évolutions tant des structures que de la propriété foncière se font donc au moment de la transmission/installation. L’accès à la terre se concentre au moment de l’installation, par acquisition.

Les éleveurs et les cultivateurs ont des trajectoires foncières bien différentes. L’entrée dans le métier se fait le plus souvent par location des terres, et parfois du bâti. Puis au cours de leur carrière, ces exploitants tendent à acquérir une partie des terres louées. Ces achats concernent en moyenne un sixième de leur surface actuelle. A la différence des précédents, l’achat n’est pas la transaction foncière la plus importante pour eux, ils accèdent à la terre avant tout par la location : au moment de l’installation puis au cours de leur carrière, pour s’agrandir. En effet, leurs trajectoires foncières se caractérisent par une augmentation importante des surfaces exploitées, par location et parfois par achat de nouvelles terres. Au moment de la transmission, quand l’exploitation est jugée reprenable, ces exploitants considèrent qu’il serait souhaitable de la maintenir dans sa dimension actuelle. Ainsi, l’accès à la terre est une question qui se pose tout au long de la carrière, pas uniquement au moment de la transmission. Cette stratégie semble différenciée au sein des cette vaste catégorie d’agriculteurs. Les éleveurs laitiers et ceux de vaches allaitantes se distinguent : les premiers ont une part de surfaces en propriété assez faible, de l’ordre de 10% sur notre échantillon. Au moment de l’installation, la capacité d’investissement est toute orientée vers l’acquisition du bâti et du matériel, puis au cours de la carrière, ils sont nombreux à acquérir des terres. En revanche, les éleveurs allaitant semblent investir dans le

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