• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 Les matériaux argileux, une ressource renouvelable en France ?

1. Le renouvellement de la source en matériaux argileux

1.2. Les zones d’accumulation de matériaux argileux

1.2.2. Les sytèmes fluviaux lacustres

1.2.2.2. Distribution des plaines alluviales en France

L’extension des plaines alluviales est liée à la morphologie des vallées dans lesquelles les cours d'eau s’écoulent. La plaine alluviale ou lit majeur correspond à la zone de dépôt de sédiments hors du chenal lors de crues de débordement. Alors que le cours chenalisé est le siège d’érosions multiples, les processus de dépôts dominent dans la plaine alluviale qui n’est ennoyée que lors d'inondations. Les plaines alluviales se développent à l’aval de la zone amont des bassins versants dans lesquels les processus d’érosion dominent.

En France, les plaines alluviales sont réparties sur l'ensemble du territoire mis à part les massifs montagneux. L'état naturel de ces plaines alluviales, c'est-à-dire avant les aménagements anthropiques significatifs, peut être considéré comme correspondant aux dépôts alluviaux de la période Holocène (Figure 2-4). La superficie d’une plaine dépend de la morphologie de la vallée active, du débit du cours d'eau, du régime de crues et du flux de MES (Matières en Suspension). La superficie de la zone inondée croît avec l’augmentation de ces paramètres. Les larges plaines d'inondation sur le territoire français se trouvent le long des grands systèmes fluviatiles que sont la Loire, la Garonne, le Rhin, le Rhône et la Seine :

• les cours de La Loire et de ses grands affluents (l'Allier, le Cher, l'Indre, la Vienne et la Mayenne), sont jalonnés de plaines d'inondations relativement larges. Après la sortie du Massif Central, la Loire s’écoule dans un relief relativement plat (les plaines du Puy, du Forez et du Roannais, la Sologne, la Touraine, l'Anjou et la région Nantaise) de même pour l’Allier qui traverse la plaine de la Limagne. Le Cher et l'Indre qui prennent leur source dans le Massif Central, sont jalonnés de plaines d'inondation de tailles plus restreintes dans le Val de Loire. Les zones les plus remarquables sont situées dans la région d'Orléans où la plaine alluviale atteint une largeur de 8 km et une superficie de 320 km² environ. La zone tourangelle (entre Tours et Angers) avec la confluence avec la Vienne, voit également le développement d’une plaine alluviale de 10 km de large pour une superficie d'environ 650 km² ;

• le bassin versant de la Garonne comprend plusieurs zones dans lesquelles la plaine d’inondation est fort développée. Très en amont, à la sortie du massif des Pyrénées, les plaines alluviales atteignent une largeur significative. Ainsi, 85 % du cours de la Garonne est entouré d’une plaine d'inondation dont la largeur moyenne atteint 4 km et peut s’étendre sur plus de 10 km à proximité de la confluence avec la Dordogne. De nombreux affluents de la Garonne en rive

62 gauche possèdent également des plaines d'inondation développées mais de tailles plus modestes à l'image des débits qui les caractérisent. En rive droite, où les grands affluents de la Garonne ont leurs bassins versants (le Lot, le Tarn, la Dordogne et l'Aveyron), les plaines d'inondations sont plus limitées à cause de la géométrie des bassins versants qui sont plus encaissés et des formations géologiques résistantes qui les composent. En effet, une grande partie de ces cours d’eau traversent les roches intrusives du Massif Central, plus résistantes à l’érosion que les formations sédimentaires parcourues par les cours d’eau de la rive gauche.

Figure 2-4 : La carte des plaines alluviales à l'Holocène à partir de la base de données Carthage et de la carte géologique de la France au 1/1 000 000.

63 • Dans l'est de la France, le Rhin présente la plaine d'inondation la plus large de l'ensemble du territoire français car elle peut atteindre 25 km. Elle représente une superficie de plus de 3 000 km² que nous partageons avec l'Allemagne et dont environ 2 000 km² se trouvent en France. Cette configuration est guidée par la structure géologique que traverse le Rhin, le fossé rhénan, large fossé d’effondrement aux flancs relevés bien marqués ;

• la vallée du Rhône en France est jalonnée de plaines d'inondation d'une largeur restreinte pour la dimension du cours d’eau (1 à 2 km de large). Cette morphologie particulière de la plaine d’inondation du Rhône est liée aux structures géologiques qu’il traverse (le massif du Vercors, la plaine du Dauphiné entre le Vercors et le Massif Central). La même observation peut être faite sur la quasi totalité du cours de la Saône (l'un des affluents les plus importants du Rhône). Les affluents du Rhône issus des Alpes présentent des plaines alluviales développées à l’amont d’anciens verrous glaciaires là où les glaciers ont largement érodé les vallées :

o l'Isère dans la région de Grenoble avec une plaine alluviale d'une superficie proche de 500 km² ;

o la Durance moyenne autour de Sisteron (confluence avec le Buëch, l'Asse, la Bléone et le Verdon) avec une plaine d'inondation d'une superficie supérieure à 200 km² ;

o la Durance aval de Cadarache à la Camargue avec près de 200 km² de plaine alluviale relativement large (environ 5 km).

• La partie de la plaine alluviale de la Seine la plus développée correspond à la Bassée (5 km de largeur en moyenne entre Romilly s/ Seine et Montereau-Fault-Yonne pour une superficie totale de 365 km²). Les cours du Loing, de la Marne et de l'Oise et celui de la Seine à l'aval de la Bassée possèdent des plaines d'inondations réduites, dont la largeur n’excède pas le kilomètre. Seules deux petites zones, juste à l'amont de Paris et dans le centre de Paris sont un peu plus larges (respectivement la plaine du Val de Marne, 45 km² et les 4 premiers arrondissements de Paris ainsi qu'une partie des 12, 13 et 15ème arrondissements, 15 km²). Ce sont des zones où le risque

d'inondation est plus élevé et qui sont à l'origine de la volonté de l'écrêtement des crues du bassin versant de le Seine notamment après l'importante inondation de 1910 dans Paris.

D'autres systèmes de tailles plus modestes possèdent également des plaines d'inondations conséquentes :

• la Meuse et la Moselle, dont seule les parties amonts sont sur le territoire français, présentent des plaines d'inondation relativement moyennes mais qui remontent très en amont dans le massif des Vosges pour la Moselle et dans l'est Bassin parisien pour la Meuse ;

• les fleuves côtiers des Pertuis charentais, l'Eyre, la Somme et la Vilaine présentent des plaines d'inondation assez étroites plutôt dans leur partie aval relativement proche de l'estuaire ce qui est principalement dû aux débits de crues relativement limités ;

• l'Adour et ses affluents présentent des systèmes fluviatiles de même morphologie et même fonctionnement que ceux de la partie rive gauche du bassin versant de la Garonne, avec des plaines d'inondation assez étroites mais qui remontent très amont ;

64 • les fleuves côtiers languedociens, fort de l'amplitude importante entre les débits d'étiages et les débits de crues, présentent des plaines d'inondation très importantes comparées à la taille de leur bassin versant et relativement proches de leurs embouchures.

Figure 2-5 : Incision de la vallée de la Somme lors des dernières glaciations d'après Lamothe (1918)

Au cours de l'Holocène, les plaines d'inondation se sont bien développées autour des fleuves montrant des apports en MES importants et des grandes variations de débits entre l'étiage et les crues comme illustré par le remplissage de la vallée incisée de la Somme lors des dernières glaciations (Figure 2-5). Cependant depuis le XXème siècle, la volonté de limiter les risques d‘inondation par écrêtement des crues

a nettement réduit l'amplitude et la fréquence des crues de débordement et donc l'alimentation des plaines d'inondation.

Documents relatifs