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Utilisabilité, difficulté et motivation

4.4 Discussion UtilisabilitéUtilisabilité

Notre système est utilisable, que ce soit par les sujets sains mais aussi les patients. Si l’on regarde dans le détail, les différences significatives se situent sur les questions Q4, Q6 et Q101. Cela signifie que :

— Les patients pensent davantage qu’ils auraient besoin d’un support technique pour être capable d’utiliser ce système que les sujets sains ;

— Les patients pensent davantage qu’il y a des incohérences dans le système que les sujets sains ;

— Les patients pensent davantage qu’ils ont dû apprendre beaucoup de choses avant de se sentir familiarisés avec ce système que les sujets sains.

Compte tenu du fait que la population de patients est moins proche des dispositifs tech-nologiques innovants que les sujets sains (cf données démographiques sur l’âge et les jeux vidéos), même si les patients de l’études avaient pour la plupart utilisé des dispositifs robotiques, il paraît naturel qu’ils pensent avoir plus besoin d’un support technique ainsi que de devoir apprendre beaucoup de choses avant de se sentir familiarisés. Il faut aussi mettre en avant que les moyennes restent tout de même basses, indépendamment de cette différence significative. En ce qui concerne les incohérences du système, cela pour-rait provenir du fait que certains patients avec des troubles cognitifs plus prononcés ne comprennent pas complètement le système. De la même manière, les moyennes restent basses indépendamment de la différence significative.

Difficulté

Contrairement à ce que nous pensions, notre système de difficulté semble aussi fonc-tionner sur des sujets sains. En effet, chez les patients comme chez les sujets sains, les performances diminuent lorsque la difficulté augmente. Cependant, la magnitude de cette diminution reste faible. Il est donc nécessaire d’inclure d’autres variables que l’emplace-ment des cibles comme la vitesse de défilel’emplace-ment, le nombre de colonnes ainsi que le nombre total de cibles afin de pouvoir faire varier les performances sur l’ensemble des possibles. De plus, les valeurs des aptitudes aujourd’hui prédéterminée par les thérapeutes ont pour vocation à n’être que les valeurs de départ du système de gestion. L’idée est que par la suite, ces valeurs soient automatiquement ajustées en fonction des performances des patients. Il serait alors possible de déterminer un profil d’aptitudes motrices pour chaque exercice. Celui-ci permettrait au patient de mieux identifier les aspects à améliorer et au thérapeute de savoir comment ajuster le protocole thérapeutique.

Motivation

Les patients et les sujets sains ont un intérêt fort et identique. Cela semble indiquer que le jeu à visée thérapeutique est bien conçu afin de susciter de la motivation chez les

1. Le test Fisher a été appliqué pour étudier l’égalité des variances et les différences significatives correspondent à des valeurs de p inférieures à 0.05 via le test de Student

utilisateurs. De plus, les patients trouvent que le système est utile pour leur rééducation motrice du membre supérieur.

Limitations

Une des limitations de l’étude concerne la proportion d’individus sains qui utilisent leur membre dominant. En effet, nous aurions du randomisé l’usage du membre pour équilibrer la proportion avec les patients. De plus, lorsque nous comparons les sujets sains aux patients, on peut aussi constater une différence notable dans les âges des individus ainsi qu’une plus grande proportion de joueurs de jeux vidéos chez les sujets sains. Il existe aussi un biais de sélection car tous les patients ont été sélectionnés à partir d’une base de données déjà existante. Cependant, la non randomisation peut limiter le biais de sélection. Une autre limitation est l’utilisation de questionnaire comme l’IMI, difficile parfois à remplir pour les patients. Ce problème a déjà été constaté dans d’autres études comme celle deMihelj et al.[2012]. Les doubles négations peuvent induire en erreur les patients. Il serait donc intéressant de trouver un questionnaire ayant les mêmes propriétés, mais plus facilement compréhensible pour des patients post-AVC ayant des déficiences cognitives. Cela nous amène à une autre limitation : l’intervention directe de l’ergothérapeute en charge de faire passer l’expérimentation qui induit un risque de biais. Cela peut amener à ce que les réponses soient moins honnêtes car le patient connaît l’ergothérapeute. De plus, les variations dans le discours et les explications peuvent aussi influencer les réponses des patients. Cependant, cela permet aussi de vérifier la bonne compréhension des questions à double négation et garantie la cohérence des réponses à ces questions. Toutefois ces biais ont été limités par le fait qu’il n’y ai eu qu’un ergothérapeute en charge de faire passer les questionnaires aux patients.

Nous avons aussi une limitation dans l’étude de la motivation. En effet, nous ne mesurons la motivation qu’à un instant donné. Il serait intéressant par la suite de suivre l’évolution de cette motivation dans le temps afin de voir si elle est suffisamment forte pour permettre l’adhésion et la rétention des patients.

Une dernière limitation concerne la variance élevée des résultats chez les patients. Il est en réalité difficile de conclure lorsque les écarts sont si importants. Notamment au niveau statistique. Les notions de tests et de significativité sont déjà discutées dans la littérature et sont beaucoup plus sujettes à mauvaises interprétations lorsque les valeurs sont si hétérogènes. Si plus de temps avait été disponible, il aurait pu être intéressant d’étudier les intervalles de confiance afin d’améliorer l’analyse et la discussion des résultats.

4.5 Conclusion

Grâce aux résultats de cette étude expérimentale, nous savons maintenant que notre dis-positif est utilisable chez les sujets sains mais surtout chez les patients. Certains aspects peuvent encore être améliorés afin d’accroitre l’utilisabilité, comme notamment la robus-tesse du suivi pour éviter les pertes de suivi ainsi que les mauvaises interprétations ; car si les temps moyens de perte de suivi sont plutôt faibles dans les résultats présentés, certains utilisateurs ont quand même rencontré des difficutés.

Ce protocole expérimental nous aura aidé à mieux comprendre l’impact de notre système de gestion de la difficulté sur les performances des utilisateurs. En effet, si la magnitude de l’effet est faible concernant la topologie des niveaux, il sera nécessaire d’inclure d’autres variables comme la vitesse de défilement et le nombre de colonnes.

Les résultats indiquent aussi que le dispositif motive fortement les patients, autant que les sujets sains. De plus, les patients pensent que le dispositif est utile pour leur rééducation. Cela nous encourage donc à penser que de tels dispositifs pourraient améliorer l’adhésion thérapeutique des patients.