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Discussion sur la séparation de phases pour x ≥ 0.81

H [ e m u . m o l -1 ] M / H [ e m u . m o l -1 ] H || c

Fig. 5.6 Mesures de susceptibilité réalisées à l'aide d'un SQUID dans les directions

H||cetH||ab. Les cercles vides représentent la susceptibilité obtenue dans Na1−ǫCoO2 ,

les symboles + correspondent à celle obtenu dans un monocristal Na0.81CoO2 et les

lignes continues représentent l'ajustement des mesures (voir explications dans le texte).

résultats de Huang et al. dans Na0.89CoO2 [Huang04].

5.6 Discussion sur la séparation de phases pourx ≥ 0.81

Il est d'abord important de souligner que les deux phases observées ne sont pas

dues simplement à des inhomogénéités "triviales", comme des variations de

composi-tion en Na le long de la direccomposi-tion de croissance ou une perte graduelle de Na à partir

de la surface du cristal. En eet, ceci provoquerait un fort élargissement des raies

RMN, contrairement aux deux phases distinctes présentes ici. Notre observation de

deux phases bien dénies, à laquelle s'ajoute l'absence d'évolution temporelle des

ré-sultats de RMN (et de SQUID), prouve que la RMN sonde le volume du monocristal

et ainsi qu'elle n'est pas sensible à une possible dégradation de la surface. Ceci n'exclue

pas que la décience en Na puisse résulter en partie de pertes en sodium durant la

synthèse du cristal, mais nos mesures révèlent bel et bien l'existence d'une ségrégation

de ces lacunes de Na dans notre échantillon.

5.6. Discussion sur la séparation de phases pourx≥ 0.81 105

En fait, plusieurs travaux suggèrent que les composés NaxCoO2 tendent à se

sé-parer en phases stables, bien dénies, de concentrations en Na diérentes [Delmas81,

Huang04a, Huang05]. En particulier, les résultats de Huang et collaborateurs suggèrent

l'existence d'une lacune de miscibilité entre les phases x = 0.8±0.02 (phase H2) et

x = 1±0.02 (phase H3). Ce résultat est d'ailleurs renforcé par une étude de Lee et

collaborateurs rapportant l'existence de séparation de phases entrex = 0.85±0.02 et

x = 1±0.02 [Lee06]. D'après les auteurs, pour des concentrations intermédiaires, les

composés NaxCoO2 sont constitués d'une succession de plans CoO2 conducteurs

(cor-respondant à une concentration x = 0.85) et de plans CoO2 isolants (correspondant

à une concentration x = 1)3. Une telle séparation de phases, "chimique" ou

"électro-nique" est en complet accord avec les résultats de notre étude.

D'autre part, il est important de noter qu'un phénomène similaire est clairement

mis en evidence dans LixCoO2, qui possède les mêmes couches CoO2 que NaxCoO2,

mais avec une séquence d'empilement des Li diérente : les expériences ont démontré

que LixCoO2 se sépare en deux phases, l'une riche et l'autre pauvre en Li, sur une

large gamme de concentration 0.75 ≤ x ≤ 0.94 [Menetrier99]. Des calculs théoriques

[Ven98] et le fait que les deux phases ont une structure cristallographique identique (ce

qui n'est pas le cas dans les composés au Na) suggère que la séparation de phases n'est

pas régie par un ordre des lacunes en Li [Menetrier99]. En raison de la présence d'une

transition de phase métal-isolant àx= 0.95, c'est la délocalisation électronique qui est

proposée comme moteur de la séparation de phases [Menetrier99]. D'après Marianetti et

collaborateurs, la transition métal-isolant est, en fait, une transition de Mott concernant

la bande d'impuretés liée aux lacunes en Li et le caractère du premier ordre de cette

transition expliquerait la séparation de phases électronique [Marianetti04]. La mobilité

importante des Li+ dans ce système permettrait ensuite une séparation de phases

chimique globale. Cet élément plaide donc en faveur d'une origine électronique de la

séparation de phases. Un autre fait remarquable est que cette séparation de phases

est plus claire dans les échantillons LixCoO2 purs que dans ceux dopés en impuretés

[Tukamoto97], ce qui indique qu'il s'agit bien d'un phénomène intrinsèque.

Puisque les cobaltates à base de sodium sont très similaires aux LixCoO2, hormis une

mobilité ionique probablement plus faible4, on s'attend au même type de comportement

dans les NaxCoO2. Quoiqu'il en soit, conclure quant à l'origine chimique ou électronique

de la séparation de phases sort du cadre de notre travail, qui montre simplement que

les deux existent.

3La proportion respective de ces deux types de plans varie en fonction de la concentration moyenne

selon la relation :xm = 0.85f + (1−f) où xm, f et (1−f) sont respectivement la concentration

moyenne, la proportion de plans conducteurs et la proportion de plans isolants.

4Le sodium possède un rayon ionique plus important (0.97 Å) que celui du lithium (0.76 Å) ce qui

le rend moins mobile.

Chapitre 6

Texture électronique et ionique dans

Na

0.75

CoO

2

Dans ce chapitre, nous allons présenter et discuter de manière approfondie les

résul-tats que nous avons obtenus sur les composés Na0.75CoO2. Le comportement particulier

de cette concentration a pu être dégagé de l'étude de plusieurs cristaux, élaborés par

fusion de zone (voir chapitre précédent), donnant des résultats concordants1. Nous

verrons qu'il est ainsi possible de mettre en évidence un comportement des plans de

conduction bien diérent de celui attendu dans l'image simple où le cobalt adopte des

états de valence +3 et +4. Nous présenterons des arguments en faveur de l'existence

d'une texture électronique particulière dans les plans CoO2. Le terme "texture"

ras-semble, ici, les diérences d'état de charge ou de spin d'un site de cobalt à l'autre

et l'arrangement spatial, plus ou moins ordonné, de ces diérents états électroniques.

Enn, nous apporterons des preuves de la diusion de certains ions Na+.

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