• Aucun résultat trouvé

que l'on peut constater sur la gure 3.9, écarte donc la possibilité d'un nombre

si-gnicatif de lacunes d'oxygène dans nos échantillons CoO2. Rappelons aussi que les

propriétés de CoO2 sont clairement distinctes de celles de Na0.3CoO2, ce qui suggère

que le dopage eectif en trous est bien plus important dans CoO2.

En attendant une prochaine clarication de cette problématique controversée, il est

tentant d'utiliser les valeurs deKorb comme mesure alternative de l'état de valence du

cobalt en s'inspirant du travail de Mukhamedshin et collaborateurs [Mukhamedshin05].

Malheureusement, les incertitudes dans nos paramètres expérimentaux et dans ceux de

la référence citée sont trop importantes pour parvenir à une conclusion solide. De plus,

il existe des preuves expérimentales et théoriques qu'une fraction non-négligeable de

la densité de charge (et de spin) possède un caractère oxygène, surtout quand x → 0

[Tarascon99, Ning05, Wu05, Marianetti04, Zhang04]. L'état de valence du cobalt, sondé

par la RMN, n'est donc peut-être pas vraiment révélateur du nombre total de porteurs

de charge dans CoO2.

Enn, nous devons aussi dire que l'absence de Li au sein-même de la structure CoO2

n'a pu être vériée par RMN du 7Li puisque du lithium est présent dans des résidus,

non-séparables, de l'électrolyte LiPF6, ainsi que dans la phase H1-3 dont nous avons

déjà parlé. Cependant, la séparation de phases entre CoO2 (x= 0) et H1-3 (x= 0.12)

[Yang00, Chen02] nous rend conant sur ce point.

3.9 Conclusion

En conclusion, nos mesures de RMN sur les noyaux 59Co ont révélé que CoO2 était

un métal, et non un isolant de Mott, avec cependant la présence de corrélations

élec-tronique fortes, notamment par rapport à Na0.3CoO2. Cette resurgence des corrélations

électroniques à l'approche de la limite x= 0, se manifeste par un passage vers un état

liquide de Fermi à une échelle d'énergie relativement faible (T∗ ≃7 K), où les

uctua-tions antiferromagnétiques détectées à plus haute température deviennent écrantées.

Malgré les incertitudes sur l'éventuelle présence de lacunes d'oxygène dans nos

échan-tillons, ces résultats suggèrent qu'une approche théorique basée sur la physique de la

transition de Mott est pertinente pour la limite x → 0 des composés NaxCoO2. Et

ceci, indépendamment de la question, toujours ouverte mais nalement secondaire, de

Chapitre 4

Aperçu de quelques monocristaux de

Na

x

CoO

2

Durant ces trois ans de thèse, nous avons mesuré par RMN, de façon plus ou

moins approfondie, plus d'une trentaine d'échantillons provenant de quatre

labora-toires distincts. Les concentrations sur lesquelles nous avons focalisé notre attention

sont NaxCoO2 avecx≃0(une dizaine d'échantillons),x≃0.75(une vingtaine

d'échan-tillons) et x≃1 (2 échantillons). Dans ce chapitre, qui sera essentiellement descriptif,

nous exposerons les diérents types de comportements généraux mis en évidence par

mesures RMN et SQUID1 (mesure d'aimantation macroscopique). Nous verrons qu'il

est ainsi possible de distinguer diérents sous-groupes au sein des composés de

concen-tration proche dex= 0.75. Nous aborderons aussi les phénomènes de "vieillissement"

de certains échantillons auxquels nous avons été confrontés. Enn, des mesures

complé-mentaires par diraction de rayons X nous donneront accès à la concentration de nos

échantillons et nous permettront d'établir l'existence de séparation de phases dans la

région des dopages forts en sodium. Nous précisons enn que ce chapitre se focalisera

essentiellement sur les monocristaux localisés dans la régionx >0.65du diagramme de

phase. Cependant, nous présenterons aussi, brièvement, des caractérisations RMN et

SQUID de CoO2, ce qui nous permettra de mettre en relief les diérences qui existent

entre les échantillons.

Contexte

A l'entame de cette thèse, commencée en octobre 2003, nous nous sommes plus

particulièrement intéressés à la partie haut-dopage du diagramme de phase :x ≥0.7.

Ce choix fut essentiellement orienté par la découverte dans cette zone d'une transition

magnétique à basse température [Motohashi03, Sugiyama03]. Nous avons donc réalisé

nos premières études RMN sur des monocristaux de concentration estimée proche de

x = 0.8, cristallisés par fusion de zone. Ces premiers échantillons furent diciles à

exploiter en raison du prol mal résolu des signaux RMN : les spectres

expérimen-1Superconducting Quantum Interference Device.

70 Chapitre 4. Aperçu de quelques monocristaux de NaxCoO2

taux des noyaux 59Co et 23Na, très distribués, étaient constitués de la superposition

d'un grand nombre de raies larges. Nous avons cependant consacré près de sept mois

à l'étude de ces échantillons pour tenter de comprendre l'évolution des paramètres

RMN en fonction de la température mais, malheureusement, sans véritable succès...

Par la suite, nous avons "découvert" deux échantillons dont les signaux RMN étaient

beaucoup mieux dénis. Ces monocristaux provenaient d'un barreau de concentration

estimée, elle aussi, proche dex= 0.8, mais qui s'est nalement avérée êtrex= 0.75. Les

spectres expérimentaux étaient constitués d'un nombre ni de raies de largeurs

relati-vement faibles. En parallèle avec les premières études sur des poudres CoO2, nous avons

travaillé durant six mois sur la RMN du sodium dans ces échantillons. Après une

cou-pure d'environ un mois, nous avons décidé de poursuivre l'étude commencée sept mois

plus tôt, avec comme objectif de caractériser les noyaux59Co. Cependant, des preuves

agrantes de vieillissement d'un des deux échantillons nous ont empêchés de poursuivre

cette caractérisation. A cette évolution du premier monocristal s'ajoute le fait que le

deuxième cristal dont nous disposions fut utilisé entre-temps pour une expérience de

recuit (discutée ci-après), nous privant ainsi de la possibilité de poursuivre notre étude

RMN. En collaboration avec les personnes s'occupant de la synthèse des monocristaux,

nous avons essayé de retrouver le même type d'échantillon en variant légèrement la

composition de départxdes échantillons avant cristallisation. La démarche s'est

néan-moins avérée dicile puisqu'il aura fallu près d'une année et nombre de caractérisations

pour parvenir à isoler des composés ayant des caractéristiques RMN identiques à nos

deux monocristaux précédemment cités (année pendant laquelle nous nous sommes

aussi intéressés au composé Na1CoO2). Il a donc nalement été possible de poursuivre

l'étude RMN commencée un an auparavant. La caractérisation d'un nombre important

d'échantillons (environ 20) de concentration proche dex = 0.8 nous fournit, en outre,

un panel susamment large pour établir un schéma clair des propriétés structurales

des cobaltates dans la région0.7≤x≤1.

4.1 Présentation générale

Tous les échantillons correspondant à des concentrationsx≃0.75oux≃1que nous

avons étudiés sont des monocristaux. Ils ont été cristallisés par la méthode de fusion de

zone au sein d'un four à image, par Pascal Lejay du CRTBT de Grenoble, Chengtian Lin

et Dapeng Chen du MPI de Stuttgart et Jenny Wooldrige de l'Université de Warwick.

Ils se présentent sous forme de plaquettes nes, d'une dizaine de milligrammes, dont les

dimensions typiques sont 4mm×2.5mm×0.2mm. Ces monocristaux ont été découpés

dans des barreaux issus de la fusion de zone, de façon à obtenir une orientation de l'axe

cperpendiculaire au plan des plaquettes.

Pour tous les échantillons monocristallins, un exposition prolongée à l'air ambient

provoque un blanchiment de leur surface, signe d'une décomposition en Na2O [Lin,

com-munication privée]. Cette décomposition se limite à la surface des échantillons et ne

s'accompagne donc pas forcément d'une évolution des caractéristiques RMN puisque le

4.2. Caractérisations RMN et SQUID 71

Documents relatifs