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1.

Les limites du recueil de données

En premier lieu, on peut citer les défauts techniques d’enregistrement des entretiens

liés à une déficience de notre matériel. Plusieurs d’entre eux ont perdu une partie de leur

intérêt, par coupure inopportune lors de certains propos importants.

Aussi l’apparition de signes de fatigue ou d’impatience au cours des entretiens nous a

amené à écourter certaines interviews. Il aurait peut-être été encore possible d’affiner

certains points.

Ensuite, il nous est apparu l’écueil de notre inexpérience pour la réalisation des

entretiens, éloignés en tous points de l’interrogatoire médical classique. La mise en œuvre

« in vivo » des connaissances théoriques fournies par les manuels sur les méthodes et

manières requises pour la réalisation de ces entretiens, s’est révélé un exercice difficile, et

ainsi une limite importante pour notre étude. En effet, c’est seulement lors de la

retranscription que nous nous sommes aperçu de l’étendue de l’ensemble des allégations

que nous aurions pu judicieusement approfondir, des propos que nous aurions pu utilement

suggérer.

De plus, cette inexpérience nous a fait dériver de la méthodologie du recueil des

données via le récit, vers une méthode plus semi-directive, avec ainsi le flou lié à son

manque d’élaboration précise.

De plus, le fait de poser des questions anticipées, et à fortiori fermées, a parfois peut-

être bloqué l’élaboration de quelque chose plus personnel, en stoppant le rebondissement,

ou l’association qui aurait pu survenir.

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Il semble également que nous aurions pu mieux tirer profit des enseignements sur la

« Grounded Theory », en réalisant les entretiens au fur et à mesure de l’élaboration de nos

théories, pour mieux les enrichir et les développer.

Néanmoins, il ne nous a pas paru concevable de reprendre contact ultérieurement

avec ces personnes, pour pallier cet écueil, pour des raisons éthiques où nous craignions

d’induire une lassitude chez ces personnes déjà sollicitées lors de l’étude FIT 2.

De plus, on note aussi un biais dans une certaine mesure lié aux entretiens qui ont

été fait à plusieurs, puisque les propos d’un membre semblaient couper parfois le

développement d’idées peut-être différentes chez un autre, cet autre s’alignant alors

finalement, mais peut-être contre son propre grès à ces propos qui n’étaient peut-être pas

les siens.

2.

Les limites du choix du corpus

Si l’on souhaite généraliser nos conclusions à la population globale ayant développé

un évènement provoqué, nous considérons comme biais la sensibilisation induite par la

participation de nos interviewés à l’étude FIT 2, à la suite de laquelle ont été données des

informations rassurantes quant au risque dans ces familles, et de surcroît via leur

connaissance des résultats lorsqu’ils sont négatifs pour chacun d’entre eux.

Il nous est apparu la nécessité de mener à nouveau cette étude, sur un corpus de

patients « vierges de toute sensibilisation à l’impact familial de la MVTE », soit dans un

échantillon de patients ayant développé la MVTE, mais n’ayant pas participé à d’études.

Néanmoins, ce biais n’existe plus dans le cadre strict de la limitation de nos

conclusions à notre corpus, puisque c’est une des caractéristiques propres de notre

échantillon.

Par ailleurs, la moyenne d’âge de notre corpus étant 60 ans, ceci induit

nécessairement un biais de par l’absence de représentativité de ce qui se développerait

peut-être réellement au sein d’une population plus jeune.

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3.

Choix de la méthode d’analyse qualitative, « Grounded Theory »

Son appropriation s’est révélée difficile pour nos esprits de cliniciens, plus formatés

de par nos études aux analyses quantitatives.

Il nous a en effet paru difficile de générer des conclusions sans le support de

l’analyse statistique.

De plus, il nous a été difficile d’accepter la part d’imprécision et de souplesse qui aide

toutefois la production créative d’une théorie, tout comme d’accepter la subjectivité dans

nos interprétations, d’accepter que nos conclusions soient dépendantes de notre sensibilité

et de nos compétences en tant qu’analystes, compétences que nous considérions comme

limitées, de par l’absence de formation en la matière.

Il nous a aussi été très souvent compliqué de nous prononcer sur le perception de la

nature des déterminants du risque et des mesures adaptées que chacun jugeait appropriées

au vu de ces propos limités, et malgré le fait que nous abordions directement la question

souvent.

Toutefois, dans notre étude, cette subjectivité d’interprétation est limitée puisque le

codage de nos entretiens a été réalisé en binôme, et que nous avons soumis toutes nos

interprétations à notre co-directrice d’étude, avant de les valider ensemble.

4.

Biais d’interaction

Il nous a semblé que peut-être parfois certains propos aient pu être induits par une

certaine asymétrie dans notre relation interviewer-interviewés, à savoir soignants,

détenteurs du savoir scientifique, et patients « profanes ».

Nous ne pouvons en effet totalement exclure le fait que des propos tels « on m’a dit

que ça n’était pas génétique, apparemment »que nous avons interprétés comme témoin

d’une relativisation du résultat des tests au regard de notions plus concrètes et

antérieurement développées, seraient peut-être plus le résultat du biais d’un ressenti de

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l’asymétrie de cette relation, avec une certaine crainte de se tromper, ou de paraître ridicule

dans l’affirmation d’une donnée scientifique, ce qui amènerait alors à nuancer le propos ?

A noter que nous avons été particulièrement attentifs à notre positionnement vis-à-

vis de notre locuteur, soit à nous assoir du même côté du bureau, et à sa même hauteur. A

postériori nous pensons que ceci puisse néanmoins causer peut-être une certaine gêne, les

représentations de la relation habituelle étant peut-être bouleversées pour certains.

Peut-être aussi le fait d’avoir interrogé à l’hôpital plus qu’à domicile est-il un biais,

par le fait que les patients sont sortis de leur environnement, et adoptent une posture

propre à celle qu’ils attribuent à leur représentations du lieu ? Néanmoins, ceci est souvent

relativisé tout de même par la bonne connaissance de l’équipe médicale et des locaux, ainsi

que par le développement des bons rapports avec l’ensemble de l’équipe du CIC.

5.

Biais de mémorisation

Il nous a semblé que la distance qui séparait l’entretien de l’évènement

thrombotique avait une influence sur nos résultats. En effet, certains patients avaient même

oublié l’épisode de leur propositus apparenté.

Néanmoins, ce biais de mémorisation est une donnée qui reste intéressante,

puisqu’elle reflète indirectement l’importance qu’a prise, ou que, inversement, continue de

prendre l’évènement pour le patient interviewé.

6.

Limites du caractère restreint de notre corpus

Nous avons dû restreindre notre échantillon initial à cause de raisons géographiques

évidentes liées à l’éloignement, qui nous interdisait la rencontre avec les patients de l’étude.

Nous souhaitions en effet préserver la qualité de nos entretiens en face à face, et

l’opportunité de pouvoir les enregistrer pour les retranscrire fidèlement.

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Or, nous aurions souhaité parfois mieux assoir nos allégations en empruntant la

logique même de l’analyse quantitative, qui requiert plus de citations que nous n’en avions.