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L’intérêt de la présente étude a été accordé aux particularités du contrevenant au moment de compléter une évaluation actuarielle; ces attributs distinctifs étant qualifiés de facteurs statiques et dynamiques. Il est estimé que l’identification de ces caractéristiques permettrait de mieux comprendre la délinquance sexuelle et d’anticiper sa récidive. Rappelons que cette recherche avait l’intention de (a) identifier les facteurs associés à la récidive sexuelle, (b) de déterminer si l’apport explicatif des facteurs dynamiques est davantage contributif que celui des facteurs statiques et (c) de décrire comment les facteurs contributifs identifiés permettent de prédire la récidive sexuelle. Afin de répondre à ces objectifs, des analyses statistiques ont été effectuées sur un échantillon (n=759) d’auteurs d’infractions sexuelles adultes ayant commis au moins un délit sexuel, de toutes particularités confondues, depuis l’âge de la majorité.

Afin d’identifier les facteurs liés à la récidive sexuelle chez les auteurs d’infractions sexuelles adultes, neuf items de l’outil actuariel Stable furent analysés. À ceux-ci se sont ajoutés quatre items supplémentaires de nature statique qui ont fait office de variables contrôles. Il est rappelé que les données relatives aux différentes variables indépendantes ont été comptabilisées à partir de la première passation de cet outil; les deux versions de l’évaluation ayant été fusionnées. De fait, il peut exister une variation dans l’étendue de la trajectoire délinquante respective des répondants, alors que le nombre de délits commis au moment de la première complétion de l’outil actuariel peut diverger. Dans la prochaine section, les résultats de ces analyses seront discutés. L’état actuel des connaissances a permis d’établir les hypothèses suivantes : a) la présence de problématiques d’ordre sexuel chez l’individu augmente la probabilité d’une récidive sexuelle, b) un délinquant sexuel présentant des caractéristiques liées à la faible maîtrise de soi est plus susceptible de récidiver par la commission de gestes répréhensibles de nature sexuelle, c) un agir criminel dont l’amorce est précoce augmente les probabilités de répétition de la conduite dommageable, alors que la commission d’un premier délit sexuel à un âge tardif prévoit une trajectoire délinquante de plus courte durée et d) l’apport explicatif des facteurs dynamiques domine celui des facteurs statiques.

53 Historique criminel et délinquance sexuelle

À la suite de l’observation de l’échantillon des auteurs d’infractions sexuelles adultes (n=759), il serait possible de conclure que sa répartition est plutôt disproportionnelle comparativement aux données issues de la littérature, alors qu’il comprend 31% de récidivistes. Cette statistique contraste avec celles issues d’autres études, telles que Meloy (2005) et Schmuker et Lösel (2017). De plus Langan et Levin (2002) ainsi que Sample et Bray (2003), notamment, mentionnent que les contrevenants sexuels sont moins susceptibles de commettre un nouveau délit de nature sexuelle. Toutefois, la fenêtre temporelle établie afin de comptabiliser la récidive diverge d’une recherche à l’autre. Alors que la présente étude ne contrôle pas la relation entre la temporalité et la récidive sexuelle, cela pourrait expliquer le pourcentage élevé de récidivistes. L’unique donnée temporelle, qui n’est pas une variable d’intérêt pour les analyses statistiques, se rapporte au fait que les contrevenants de l’échantillon ont tous, à un moment ou à un autre, été confrontés à l’appareil judiciaire entre 2003 et 2012, ce qui représente une période de 9 ans ou 108 mois. À titre comparatif, l’étude de Meloy (2005) s’intéressait à la récidive sexuelle dont l’occurrence survenait lorsque l’un ou l’autre des 917 auteurs d’infractions sexuelles adultes perpétrait un nouveau délit sexuel, alors qu’ils étaient sous le joug d’une ordonnance de probation. La durée de cette dernière variant entre 29 et 44 mois. Il s’agit d’une fenêtre temporelle 2.5 fois moins étendue que celle de la présente recherche. Selon les critères établis, 41 individus ont commis un nouveau délit sexuel, soit 4% de l’échantillon. Les résultats issus de la méta-analyse de Schmucker et Lösel (2017) informent sur un taux de récidive plus élevé, alors que les auteurs d’infractions sexuelles adultes sous traitement ont récidivé à 10.1% dans une période de suivi s’échelonnant sur près de vingt ans, comparativement à 13.7% pour ceux qui n’ont pas fait l’objet d’un traitement particulier quant à leur déviance sexuelle. Bien que cette dernière étude ait analysé la récidive sexuelle sur une période deux fois plus étendue que celle de la présente recherche, les taux de récidive obtenus sont considérablement moindres. Ainsi, d’une étude à l’autre, la durée de la période de suivi des contrevenants de l’échantillon fera fluctuer le taux de récidive. Plus celle-ci est longue, plus la proportion de récidivistes sera élevée, ce qui peut expliquer le taux de récidive (31%) obtenu.

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De plus, tel que stipulé par Wolfgang et ses collègues (1972) et appuyé par d’autres auteurs (Smallbone & Cale, 2015; Zimring et al., 2007), il est observé qu’une faible proportion de l’échantillon a commis une majorité des gestes délictuels répertoriés. Plus précisément, plus de la moitié des délits a été perpétré par les 236 délinquants possédant au moins deux antécédents criminels de nature sexuelle. De plus, la moyenne d’âge (𝑋̅=35.30) au premier délit sexuel correspond également à la courbe de la relation âge-crime, telle que décrite par Smallbone et Cale (2015). Cette moyenne est davantage associée au second point culminant de la courbe de la relation âge-crime chez les auteurs d’infractions sexuelles adultes, telle que décrite par les auteurs. Ce second plafond serait atteint à la trentaine avancée et serait plutôt caractéristique de la délinquance sexuelle comparativement au premier plafond, atteint à l’adolescence, qui serait analogue à la délinquance générale. Il n’est, toutefois, pas possible de valider si cette donnée est distinctive selon un profil de délinquant sexuel en particulier puisque la présente étude n’informe pas sur les différents types de délits sexuels perpétrés.

Robins (1966), appuyé par Gottfredson et Hirschi (1990), a mentionné que la relation existante entre le comportement criminel passé et futur s’expliquait par le fait que la commission d’un délit augmente la probabilité d’une récidive. Les résultats obtenus à l’issue des analyses semblent congruents avec la troisième hypothèse formulée qui stipule que plus un individu débute tôt ses comportements criminels plus les probabilités de répétition de sa conduite dommageable augmente, ce qui s’applique également aux auteurs d’infractions sexuelles. L’observation des analyses univariées des variables contrôles de nature statique permet de constater que plus de la moitié (55.2%) de l’échantillon a commis des actes délictuels avant la commission de leur premier crime sexuel. Plus précisément, 419 individus possédaient au moins deux antécédents criminels de délinquance générale. Ainsi, indépendamment de la nature des délits, les résultats indiquent qu’un individu qui commet un premier geste délictuel augmente ses probabilités d’en commettre un second. Tel que mentionné par Moffitt (1993), le répertoire des opportunités prosociales diminue, alors que le contrevenant progresse dans sa trajectoire antisociale. Il est rappelé que la moyenne d’âge des contrevenants lors de l’amorce de leur délinquance générale est de 26 ans, alors qu’au moins 50% d’entre eux avaient entre 18 et 24 ans. Ainsi, pour plus de 50% de l’échantillon,

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la précocité de leur engagement dans une conduite marginale peut être synonyme d’une augmentation des probabilités de répétition d’un comportement répréhensible.

Les antécédents criminels répertoriés ne seraient pas particulièrement caractérisés par des comportements de violence. La fiche criminelle de 63.8% des contrevenants de l’échantillon ne contient aucun délit de violence, antérieurement au premier délit de nature sexuelle. Bien que cette variable se rapporte à une donnée immuable soit les antécédents de violence, il est, toutefois, plausible de mettre de l’avant le caractère dynamique de la propension d’un individu aux comportements de violence. Ceci pourrait être un indicateur du concept de faible maîtrise de soi, quoiqu’il ne soit pas considéré comme tel pour les intérêts de la présente étude. Il est, tout de même, opportun de constater qu’à la lumière des résultats univariées de ce facteur statique, une conduite violente ne pourrait être liée statistiquement à la commission d’un premier délit sexuel. Selon ces données, l’impulsivité ou l’incapacité de l’individu à s’autoréguler ne se manifesterait pas de manière prépondérante par des actes de violence, tels que définis par la présente étude (c.-à-d. voie de fait, voie de fait grave, homicide). Comme indiqué par Hudson et Ward (1997), il est possible de croire que le passage à l’acte d’ordre sexuel soit facilité par des mécanismes lacunaires de contrôle interne. À ce stade des analyses, les résultats ne permettent pas de répondre adéquatement à la seconde hypothèse de recherche quant au fait qu’un auteur d’infractions sexuelles adultes qui présentent des caractéristiques liées à la faible maîtrise de soi est susceptible de récidiver, notamment par la commission de gestes répréhensibles de nature sexuelle.

De plus, à la suite de l’analyse des résultats de chi-carré, force est d’admettre que la fiche criminelle des délinquants sexuels informe sur la présence d’antécédents de délinquance générale, et ce, peu importe le nombre de délits sexuels commis. Il est rappelé qu’il existe une faible distinction entre les délinquants à délit sexuel unique (aucun antécédent criminel=53.3%) et les récidivistes (aucun antécédent criminel=46.7%) qui ne possédaient aucun antécédent criminel antérieurement à leur premier délit sexuel. Une majorité des individus qui ont commis des actes de délinquance générale n’avait perpétré qu’un seul délit sexuel. Conséquemment, il est pertinent de se questionner sur l’apport explicatif réel du nombre d’antécédents judiciaires, alors que cette variable ne semble pas être un facteur

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prépondérant dans la compréhension du phénomène de récidive sexuelle, et ce, bien qu’elle démontre une corrélation significative.

Portrait des auteurs d’infractions sexuelles adultes selon les caractéristiques de leur dynamique comportementale

Il est estimé opportun de s’attarder à l’observation des résultats obtenus à la suite des analyses univariées, alors que ceux-ci informent sur les caractéristiques des contrevenants sexuels au moment de la complétion de l’outil actuariel Stable, et ce, sans association avec la récidive sexuelle. Ainsi, une présence plus marquée des problématiques associées à la maîtrise de soi en général et à l’intimité est constatée. De manière distinctive, les répondants semblent présenter de faibles aptitudes cognitives pour la résolution de problèmes (75.4%) ainsi que vivre de la solitude, de l’isolement et du rejet social (69.1%). La littérature consultée identifie la faible maîtrise de soi en tant que facteur explicatif de la récidive sexuelle (Gottfredson & Hirschi, 1990; Hudson & Ward, 1997; Marshall & Barbaree, 1990; Moffitt et al., 2002). Toutefois, celle-ci peut prendre plusieurs déclinaisons et les faibles aptitudes cognitives pour la résolution de problèmes sont peu évoquées dans les écrits examinés. Quant au second item, un dilemme semble émerger, alors que, tantôt, certains auteurs (Marshall & Barbaree, 1990; Ward & Siegert, 2002) désigneront l’isolement, la solitude et le rejet social en tant que facteur à considérer en regard du phénomène d’intérêt et, tantôt, d’autres chercheurs (Hanson & Morton-Bourgon, 2005) estimeront plutôt qu’il n’est pas contributif. Certes, les données primaires recueillies dans le cadre de cette étude indiquent que les contrevenants de l’échantillon présentaient ces caractéristiques, antérieurement à toute attention portée à la récidive sexuelle. À ces deux premières variables s’ajoutent les gestes impulsifs (66.4%) et le manque d’empathie envers autrui (51.3%), ce qui fait écho aux études de Gottfredson et Hirschi (1990) ainsi qu’à Moffitt et ses collaborateurs (2002). À ce stade préliminaire des analyses effectuées, les résultats obtenus ne permettent pas de valider les hypothèses énoncées ici haut. Notamment, les problématiques d’ordre sexuel ne sont pas mises en évidence et l’aspect contributif de la faible maîtrise de soi demeure largement à explorer.

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Tel que mentionné antérieurement, l’ensemble des facteurs dynamiques stables retenus pour la présente étude ont été identifiés par Hanson et ses collègues (2007) comme étant associés statistiquement à la récidive sexuelle. De fait, il est conséquent d’observer l’émergence de relations significatives entre la quasi-totalité des variables indépendantes et le phénomène d’intérêt. Parmi l’ensemble des écrits consultés, les auteurs (Craig, Browne, Stringer & Hogue, 2008; Hanson & Bussières, 1998; Hanson & Morton-Bourgon, 2004; 2005; Hudson & Ward, 1997; Mann, Hanson & Thornton, 2010; Quinsey, Lalumière, Rice & Harris, 1995) distinguaient, d’une étude à l’autre, des facteurs explicatifs de la récidive sexuelle similaires et cohérents avec les données présentées par Hanson (2007). Toutefois, le facteur dynamique stable de l’hostilité à l’égard des femmes est plutôt absent des études qui abordent ce phénomène de manière générale. Les résultats des analyses de chi-carré s’accordent à cette constatation, alors que cette variable indépendante témoigne d’une absence de relation avec la récidive sexuelle. Or, une attention particulière a été accordée à une seconde variable qui caractérise le tempérament plutôt hostile d’un individu, et ce, sans identifier de cible particulière quant à l’animosité constatée : la variable indépendante « Émotions négatives/hostilité ». Cette caractéristique apparaît de manière ponctuelle dans la littérature (Craig, Browne, Stringer & Hogue, 2008; Mann, Hanson & Thornton, 2010, Ward & Siegert, 2002). Ainsi, l’émergence d’émotions négatives pourrait provenir d’expériences vécues à l’enfance et à l’adolescence. Cela occasionnant le développement de mécanismes inadaptés afin de tenter de gérer besoins et émotions (Marshall & Barbaree, 1990). L’individu peine à retrouver un certain équilibre émotif puisqu’il est peu outillé pour y parvenir et est, de fait, habité par des affects négatifs, principalement colère et hostilité (Hall & Hirschmann, 1991). De plus, cette incapacité à gérer sainement les émotions désagréables ressenties amènerait l’individu à percevoir avec difficultés les émotions vécues chez l’autre (Ward & Siegert, 2002). L’ensemble de ses traits latents prédisposerait l’individu à la commission d’une première infraction sexuelle, mais également à la répétition de sa conduite dommageable par le renforcement de ses mécanismes inadaptés pour répondre à ses besoins. Selon les résultats obtenus, il semble que ce qui amène un contrevenant à commettre un premier délit sexuel n’est pas très éloigné des facteurs sous-tendant la commission d’un crime de délinquance générale. Il serait même plausible d’affirmer que la trajectoire délictuelle du délinquant ayant commis un seul délit sexuel se caractérise par une certaine

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versatilité de sa conduite marginale (Caldwell, 2002; Hanson & Morton-Bourgon, 2005; Prentky et al., 1997; Sample & Bray, 2003; Smallbone & Wortley, 2004; Vandiver, 2006). Ainsi, il est opportun de questionner la possibilité que le passage à l’acte sexuel n’ait été qu’une opportunité supplémentaire de répondre à certains besoins, ce qui permettrait d’expliquer certains résultats issus des analyses univariées, alors que, de prime abord, ces délinquants n’étaient pas caractérisés de manière prépondérante par des problématiques de nature sexuelle. Toutefois, les motivations associées au passage à l’acte n’ayant pas été abordées dans le cadre de la présente étude, les données ne permettent pas d’émettre des conclusions probantes à ce propos. De plus, la question entourant la dualité existante entre la versatilité et la spécialisation des auteurs d’infractions sexuelles adultes ne peut être pleinement discutée à l’issue des résultats obtenus. Plusieurs données seraient nécessaires afin d’explorer l’ensemble des actes délictuels commis par un même individu pendant une période de temps déterminée. Effectivement, la présente étude ne s’est pas intéressée aux trajectoires criminelles des auteurs d’infractions sexuelles adultes. La récidive a été contrôlée pour les infractions sexuelles et non l’ensemble des délits commis, ce qui ne permet pas de mieux comprendre leur agir criminel sous l’angle des concepts de versatilité et de spécialisation. Les seules données qui indiquent que ces contrevenants peuvent avoir commis des délits de diverses natures sont relatives aux variables statiques des antécédents criminels. Toutefois, celles-ci sont estimées insuffisantes. De plus, puisque la récidive sexuelle a été évaluée dans sa généralité, il n’est pas non plus possible d’examiner ces deux mêmes concepts en considérant uniquement les divers actes de délinquance sexuelle.

Spécificité des facteurs associés à la récidive sexuelle chez les auteurs d’infractions sexuelles adultes

Tel que mentionné précédemment, lorsque l’attention est accordée aux résultats des analyses univariées, et donc au bassin global des auteurs d’infractions sexuelles adultes du présent échantillon, les données mettent particulièrement de l’avant les problématiques liées à la maîtrise de soi en général et à l’intimité. L’observation des résultats multivariés fait apparaître des relations significatives entre les contrevenants qui ont commis deux délits sexuels et plus et les variables relatives à la maîtrise de soi sur le plan sexuel. Ces résultats

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permettent de confirmer la première hypothèse qui atteste que la présence de problématiques d’ordre sexuel augmente la probabilité d’une récidive sexuelle. Il appert que, lorsque croisé avec la variable d’intérêt, cette catégorie de facteurs dynamiques présente les valeurs de chi- carré les plus élevées, particulièrement la variable relative aux intérêts sexuels déviants.

L’analyse de régression logistique hiérarchique poursuit dans la même direction. L’introduction graduelle des variables relatives à la maîtrise de soi sur le plan sexuel occulte d’emblée toute relation significative qui pouvait prévaloir entre la récidive sexuelle et les autres groupes de variables indépendantes. Plus précisément, les intérêts sexuels déviants demeurent prédominants quant à leur apport explicatif en regard du phénomène d’intérêt, suivi de près par le recours à la sexualité comme mécanisme d’adaptation. Ces résultats demeurent en concordance avec les données issues d’études antérieures sur la récidive sexuelle, lesquelles ont mis en évidence l’apport particulier des intérêts sexuels déviants et des préoccupations sexuelles afin d’expliquer la récidive sexuelle (Craig et al., 2008; Hanson & Bussières, 1998; Hanson & Morton-Bourgon, 2004; Mann et al., 2010; Quinsey et al., 1995; 2005; Rice et al., 1990; 1991).

Alors que la littérature indique que le meilleur prédicteur du comportement futur est le comportement passé (Hanson et al., 1993; Marshall & Barbaree, 1988; Rice et al., 1991; Robins, 1966), il serait plausible de s’attendre à ce que les variables contrôles de nature statique présentent une relation significative plus importante avec la récidive sexuelle comparativement aux variables indépendantes. Or, il est constaté que, malgré l’introduction des variables contrôles, les deux facteurs dynamiques relatifs à la maîtrise de soi sur le plan sexuel conservent leur association statistique avec le phénomène d’intérêt. Ainsi, bien que l’effet de l’âge soit documenté (Farrington, 1986; 1990; 2001; Gottfredson & Hirschi, 1983; 1990; Robins, 1966; Smallbone & Cale, 2015), il semble que les problématiques d’ordre sexuel constituent les facteurs explicatifs prépondérants de la récidive sexuelle. Selon le modèle de prédiction proposé dans le cadre de cette étude, ce n’est pas le fait de commettre des actes criminels tôt à l’âge adulte qui déterminerait la récidive sexuelle, mais plutôt la présence de différences invariables latentes faisant office de propension aux comportements criminels, pour reprendre les termes de Robins (1966).

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De fait, il appert que le récidiviste sexuel ne serait pas caractérisé par l’ennui et la solitude. Il ne serait pas non plus particulièrement habité par un sentiment d’hostilité. En revanche, il mènerait un mode de vie plutôt antisocial et il alimenterait des fantaisies sexuelles déviantes. Selon divers chercheurs (Cortoni & Marshall, 2001; McKibben, Proulx & Lusignan, 1994), les auteurs d’infractions sexuelles adultes seraient plus enclins à tenter de gérer stress et anxiété en ayant recours à la sexualité. Les données obtenues à l’issue des analyses multivariées permettent d’affirmer que la récidive sexuelle est particulièrement caractérisée par des difficultés personnelles liées à la sexualité; les intérêts sexuels déviants y jouant un rôle clé. Ainsi, tel que spécifié par Marshall et Barbaree (1990), lors d’un acte délictuel, l’individu se retrouverait dans un processus de renforcement de sa conduite en raison des effets positifs que lui procure l’activité sexuelle, mais également par les distorsions cognitives qu’il entretient face à ses agissements. Bien qu’ils l’expliquent à partir du développement de l’adolescent, leur postulat s’applique également à un individu adulte qui évolue et s’adapte selon les évènements de vie vécus, tel que décrit par Sampson et Laub (1993, 2003). Ainsi, Marshall et Barbaree (1990) relataient que lorsque confronté à certaines expériences pénibles, certaines émotions désagréables pourraient émerger chez l’individu, ce

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