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Chapitre I : Introduction

Chapitre 4 Discussion

Dans un premier temps, cette thèse visait à valider une mesure adaptée du FRP en documentant la stabilité intercontextuelle du FR dans différentes relations d’attachement, soit avec ses propres parents (AAI) et avec son enfant (PDI adapté). En outre, la mesure a été validée par l’examen des liens entre le FRP, le FR, les CMA, la dépression, la dissociation et l’alexithymie. Cette démarche offre des pistes quant à la spécificité de l’aspect parental du FRP vs le FR ainsi que quant à la spécificité du construit de fonctionnement réflexif vs d’autres processus mentaux maternels. Cette thèse est novatrice dans sa proposition d’une mesure adaptée du FRP. De plus, elle contribue à étayer la stabilité intercontextuelle du FR dans les relations d’attachement, ce qui à notre connaissance a seulement été appuyé empiriquement par les travaux doctoraux de Crumbley (2009).

Dans un deuxième temps, cette thèse examinait les processus psychologiques maternels susceptibles d’influencer la manifestation des CMA, un champ de recherche en pleine effervescence notamment en raison des impacts de mieux en mieux documentés de ces comportements parentaux négatifs sur les enfants. Pour ce faire, les capacités de mentalisation maternelle ont été étudiées via les construits de FRP, de FR et d’OMM. Ces mesures sont complémentaires puisqu’elles permettent de cibler la contribution spécifique de la mentalisation parentale, les capacités réflexives en dehors et dans l’interaction avec l’enfant ainsi que le potentiel et les lacunes de mentalisation des mères.

Validation d’une mesure adaptée du fonctionnement réflexif parental Stabilité intercontextuelle du fonctionnement réflexif

Tel qu'attendu, une corrélation significative a été trouvée entre le FRP (PDI adapté) et le FR (AAI), r =0.51, ce qui correspond à une forte association (Cohen, 1988). Ces résultats sont similaires aux travaux doctoraux de Crumbley (2009) qui rapporte une forte corrélation entre le FR (AAI) et le FRP (PDI) (r =0.53). En ce sens, nos résultats appuient la validité de la mesure adaptée du FRP proposée dans la présente étude, la force du lien entre le FRP et le FR dans notre étude suggérant que les deux construits sont similaires quoique distincts. Ainsi, la mesure adaptée du FRP évalue bien le construit de fonctionnement réflexif.

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Avec les travaux doctoraux de Crumbley (2009), il s’agit à notre connaissance de la seule étude offrant un appui empirique quant à la stabilité intercontextuelle du FR. Tel que discuté par Crumbley (2009), le lien entre le FR et le FRP suggère que la mentalisation tend à être relativement stable au sein de différentes relations d’attachement. En effet, les mères habiles pour comprendre la nature des états mentaux, leur rôle dans le comportement ainsi que leur aspect développemental tendraient à utiliser ces capacités pour parler de leurs souvenirs de figures d’attachement ainsi que de leur relation à leur bébé. De même, les mères tenant peu compte des états mentaux et dont la conception est basée sur des clichés ou des raisonnements biaisés présenteraient ces lacunes lorsqu’elles discutent tant de leur enfance et de leurs premières figures d’attachement que de leurs expériences liées à la maternité et à leur enfant. Au plan méthodologique, ces résultats appuient la validité du construit du FR comme mesure de la mentalisation dans différents contextes d’attachement. Le fait que le FR tende à être stable à travers les représentations de soi, de ses parents et de son enfant fournit des données empiriques appuyant la perspective clinique selon laquelle le parentage d’une mère est grandement influencé par ses propres expériences d’enfance avec ses parents (Crumbley, 2009).

Spécificité de l’aspect parental du construit de FRP

Tel que proposé, le FRP est davantage associé à différents types de CMA que le FR. En effet, des corrélations significatives ont été trouvées entre le FRP et les CMA insensibles (à 14 mois) ainsi qu’avec les CMA déconnectés-dissociatifs (à 6 et à 14 mois), les CMA insensibles- négligents (à 6 mois) et les CMA insensibles-intrusifs (à 14 mois). Une seule corrélation significative a été trouvée entre le FR et les CMA insensibles-intrusifs à 14 mois.

Ces résultats concordent avec l’idée avancée par Slade (2005), par la suite véhiculée dans la documentation, à l’effet que le FRP serait plus proximal aux comportements maternels que le FR de par la spécificité des représentations mentales évaluées. En effet, le FRP fait référence à la représentation mentale de l’enfant et de la relation à ce dernier plutôt qu’aux relations d’attachement à ses propres parents, telles qu’évaluées par la mesure du FR (AAI). Il a d’ailleurs été postulé que la représentation qu’une mère a des états mentaux de son enfant et de ses propres états mentaux en relation avec ce dernier serait un meilleur indicateur des mécanismes sous-jacents à la transmission intergénérationnelle de l’attachement que ne le serait sa représentation de ses

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relations d’attachement à ses propres parents (Slade, 2005). De plus, les représentations mentales du parent sont considérées comme étant situées dans le moment présent et en constante évolution, la relation avec l’enfant étant relativement nouvelle et en perpétuel développement (Grienenberger et al., 2005 ; Slade, 2005). En outre, ces résultats concordent avec le concept du FR comme une habileté acquise par rapport à un domaine spécifique qu’il est préférable d’évaluer ainsi (Fonagy et al., 2002). L’aspect plus proximal du FRP aux CMA en interaction avec l’enfant doit cependant être nuancé par la suggestion de la stabilité intercontextuelle du FR à travers différentes relations d’attachement. De ce fait, le FR demeure un indicateur pertinent des comportements maternels (Ensink et al., 2016). Nos résultats appuient la validité de la mesure adaptée du FRP en mettant en lumière la spécificité de l’aspect parental de son évaluation de par sa proximité aux comportements maternels en interaction avec l’enfant. En ce sens, le choix d’une mesure de FRP apparait tout indiqué dans le contexte d’une étude sur les comportements maternels en interaction avec l’enfant.

Contrairement à nos hypothèses, le FR n’est pas davantage lié que le FRP à des mesures auto-rapportées de variables maternelles non spécifiques au rôle parental, soit la dépression, la dissociation et l’alexithymie. Ces résultats font écho aux résultats des études ayant rapporté une absence de lien entre les symptômes dépressifs et le FRP (Pajulo et al., 2012) ou le FR (Fonagy et al., 1996 ; Kuipers, van Loenhout, van der Ark, & Bekker, 2016 ; Taubner, Kessler, Buchheim, Kächele, & Staun, 2011) ainsi qu’entre la dissociation et le FR spécifique au trauma (Berthelot et al., 2015 ; Ensink et al., 2015). Bien que le FR ne soit pas davantage lié aux mesures non spécifiques à la parentalité que le FRP, il est intéressant de noter que les deux types de fonctionnement réflexif (i.e. FR (AAI) et FRP (PDI adapté)) se comportent de façon similaire lors de nos analyses corrélationnelles, ce qui peut être considéré comme un indicateur que la mesure adaptée du FRP évalue bien les capacités réflexives de la mère.

Spécificité du construit de fonctionnement réflexif

Tel que supposé, le FRP est fortement corrélé au FR alors qu’il n’est pas lié à la dissociation ni à l’alexithymie. Ensuite, tel qu’attendu, les CMA sont davantage liés au FRP que ne le sont la dissociation et l’alexithymie, processus mentaux non spécifiques à la parentalité. En effet, tel que discuté dans la section précédente, le FRP corrèle avec une dimension et quatre sous-échelles de CMA (i.e. CMA insensibles (à 14 mois), CMA déconnectés-dissociatifs (à 6 et à 14 mois), CMA

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insensibles-négligents (à 6 mois) et CMA insensibles-intrusifs (à 14 mois) alors qu’aucune corrélation significative n’a été trouvée entre l’alexithymie et les CMA. Quant à la dissociation, elle corrèle significativement avec deux sous-échelles des CMA, soit les CMA déconnectés- désorientés et insensibles-intrusifs, mesurés lorsque l’enfant est âgé de 14 mois. Ces résultats convergent avec les données suggérant un lien entre la dissociation et des comportements parentaux négatifs (Benjamin et al., 1996 ; Collin-Vézina et al., 2005) tandis que l’absence de corrélation entre le FRP et l’alexithymie serait parmi les premières données disponibles à ce sujet.

Nos résultats à l’effet que le FRP est fortement lié au FR mais non à la dissociation et à l’alexithymie appuient la validité de la mesure proposée, i.e. le PDI adapté, en indiquant qu’elle évalue spécifiquement le fonctionnement réflexif et non pas des construits plus globaux relevant de processus mentaux généraux (e.g. : dissociation) ou socio-affectifs (i.e. alexithymie). Le fait que le FRP soit davantage lié aux CMA en interaction avec l’enfant que ne le sont la dissociation et l’alexithymie soutient également que la mesure adaptée du FRP permet d’évaluer une habileté mentale spécifique à la parentalité plutôt qu’un processus mental plus général.

Les résultats des analyses corrélationnelles permettent également d’observer la spécificité du construit de fonctionnement réflexif en examinant son lien avec la scolarité maternelle, variable pouvant être utilisée comme un indicateur de l’intelligence verbale (Meins et al., 2003 ; Rosenblum et al., 2008). Dans cet échantillon, le FRP n’était pas corrélé avec le niveau de scolarité maternelle tandis que le FR y était significativement mais faiblement corrélé, ce qui suggère que le FRP n’est pas une habileté purement intellectuelle. Notons que seul le FR est corrélé à la scolarité, suggérant que ce construit est plus proximal aux processus mentaux non spécifiques au rôle parental. Par ailleurs, comme l’entrevue PDI adaptée (FRP) est substantiellement plus courte que l’AAI (FR) et, en ce sens, moins exigeante au plan intellectuel, il est possible que les différences dans le niveau de scolarité des mères aient été moins manifestes lors de l’utilisation de la mesure adaptée de FRP.

En somme, nos résultats suggèrent que la mesure adaptée du FRP utilisée dans la présente étude est adéquate pour évaluer la capacité des mères à mentaliser au sujet de leur enfant et de sa représentation de celui-ci. En effet, la mesure de FRP (PDI adapté) est fortement corrélée à la mesure du FR (AAI), mesure de référence du construit. En ce sens, le fonctionnement réflexif

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présente une stabilité relative dans différents contextes d’attachement, la représentation qu’une mère a de ses expériences avec ses propres parents (AAI) pendant sa grossesse prédisant sa représentation de son enfant et de sa relation avec celui-ci (PDI adapté), six mois après sa naissance. Dans notre échantillon, le FRP est davantage lié aux CMA que le FR, concordant avec la proposition de Slade (2005) sur l’aspect proximal du FRP aux comportements maternels en interaction avec l’enfant tout en soulignant le caractère parental du FRP. Enfin, nos données suggèrent que le FR et le FRP sont distincts d’autres construits relatifs aux processus mentaux tels que la dissociation, l’alexithymie ou l’intelligence verbale, tel qu’indiqué par le niveau de scolarité. Cela suggère que le fonctionnement réflexif, FR ou FRP, représente une habileté spécifique se distinguant d’autres types de processus intellectuels ou socio-affectifs. En ce sens, la mesure adaptée du FRP apparait valide et a été utilisée dans l’étude des caractéristiques maternelles liées aux CMA en interaction avec l’enfant.

Caractéristiques maternelles associées aux CMA insensibles

Rappelons que les CMA insensibles réfèrent à des comportements maternels intrusifs, hostiles, de retrait ou de réponse insuffisante par rapport aux besoins de l’enfant, mesurés lorsque l’enfant est âgé de 6 mois. Tel que supposé, le FRP et les VEM non-concordantes ont expliqué un pourcentage significatif de la variance quant à l’appartenance aux groupes de CMA insensibles (i.e. insensibles vs non insensibles). Le modèle proposé s’est avéré significatif.

Fonctionnement réflexif parental

Dans cette étude, le FRP explique un pourcentage significatif de l’appartenance aux groupes de CMA insensibles, i.e. insensibles vs non insensible. Plus une mère a FRP élevé, moins elle est susceptible de présenter un seuil problématique de comportements d’insensibilité. Nos résultats concordent avec ceux de l’équipe de Grienenberger (2005) qui avait également trouvé un lien significatif entre le FRP et les CMA, où de faibles capacités réflexives étaient associées à davantage de CMA. De plus, ils abondent dans le même sens que les données suggérant un lien entre un faible FRP et des comportements maternels d’hostilité, d’intrusion et de contrôle (Stacks et al., 2014) ainsi qu’à une moins grande sensibilité maternelle (Stacks et al., 2014 ; Suchman et al., 2010). Ce résultat converge également avec les données disponibles dans la documentation à

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l’effet que les capacités de représentation mentale maternelle ont une incidence sur les comportements maternels négatifs en interaction avec l’enfant (Crawford & Benoit, 2009 ; Zeanah & Benoit, 1995). Ils divergent ainsi des études où le FRP des mères n’est pas lié aux comportements maternels en interaction avec l’enfant, qu’il s’agisse de CMA (Schechter et al., 2008) ou de comportements maternels sensibles, contrôlants ou de réponse insuffisante à l’enfant (Pajulo et al., 2012).

Au plan conceptuel, le FRP pourrait avoir un impact sur le comportement maternel de différentes manières. Il se pourrait que la capacité d’une mère à se représenter le monde interne de son enfant et à considérer ses états mentaux comme distincts des siens l’aide à tenir compte de l’impact de son comportement sur son enfant. Si elle arrive à se percevoir du point de vue de son enfant, cela pourrait l’aider à filtrer ses réponses de retrait, d’intrusion ou d’hostilité pouvant susciter des affects négatifs chez son petit (Ensink et al., 2016). En contrepartie, une mère avec une conception limitée des états mentaux de son enfant risque davantage d’agir sans tenir compte des pensées, désirs, affects et intentions de son petit. La distinction entre son propre monde interne et celui de son enfant serait d’autant plus importante lorsque l’enfant présente des affects négatifs. Dans ces contextes, une mère avec un faible FRP pourrait être envahie par la détresse de son enfant sans pouvoir la réguler, ce qui pourrait résulter en l’adoption de comportements intrusifs, hostiles ou de retrait (Grienenberger et al., 2005). De plus, de bonnes capacités de mentalisation impliquent une compréhension implicite du fait que l’intensité des affects tend à diminuer avec le temps et que ces derniers peuvent être modifiés par une vision alternative d’une même situation (Fonagy et al., 2002). Cette notion de l’aspect modifiable des affects pourrait aider les mères avec un bon FR à tolérer certains affects difficiles (Ensink et al., 2016).

Il apparait que les résultats tendent à converger avec les études où les échantillons sont également à faible risque sociodémographique (Grienenberger et al., 2005) ou socio- économiquement diversifié (Stacks et al., 2014) et à diverger de celles avec un échantillonnage à haut risque sociodémographique (Pajulo et al., 2012 ; Schechter et al., 2008 ; Suchman et al., 2010). Stacks et ses collaborateurs (2014) avancent que les contextes de faible risque socioéconomique pourraient offrir des facteurs de protection (e.g. : éducation maternelle, soutien affectif et financier, etc.) permettant de mieux surmonter des expériences difficiles tels que des traumas. Inversement,

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des facteurs de risque supplémentaires pourraient être présents dans des contextes à haut risque socioéconomiques (e.g. : psychopathologie, stress parental accru, etc.) (Stacks et al., 2014). En ce sens, Schechter et ses collègues (2008) ont proposé que les symptômes de psychopathologie pourraient être un facteur expliquant l’absence de lien entre le FR et les CMA dans leur étude menée auprès d’un échantillon clinique et ont suggéré d’investiguer ce lien dans un échantillon non-clinique.

Verbalisation des états mentaux non-concordantes

Tel que proposé, les VEM non-concordantes expliquent un pourcentage significatif de l’appartenance aux groupes de CMA insensibles dans notre étude. Plus une mère verbalise les états mentaux de son enfant d’une façon ne correspondant pas à l’état de celui-ci, plus elle est susceptible de manifester un seuil problématique de comportements insensibles intrusifs, hostiles ou de retrait. À ce sujet, Meins et ses collaborateurs (2012) proposent que des parallèles pourraient être établis entre les VEM non-concordantes et les CMA insensibles. Par exemple, l’incapacité ou l’absence d’intérêt d’une mère à considérer les états mentaux de son enfant pourrait résulter en l’adoption de comportements intrusifs, de retrait ou encore se manifester par un manque de support affectif. Qui plus est, un parent qui verbaliserait fréquemment l’état de son enfant de manière erronée pourrait créer de la confusion, voire même de la peur chez l’enfant. Le parent ne serait alors plus une source de réconfort, ce qui plongerait l’enfant dans le dilemme de la « peur sans issue » (Bernier & Meins, 2008). Les hypothèses avancées par Meins et ses collaborateurs (2012) sur les liens entre les VEM non-concordantes et les CMA insensibles demeurent théoriques, chaque variable ayant été étudiée indépendamment en lien avec l’attachement de l’enfant. Les auteurs suggéraient d’ailleurs une investigation plus directe de ce lien, une contribution apportée par la présente thèse.

De manière générale, le lien entre le comportement maternel et l’OMM a été étudié via le construit de sensibilité maternelle. Or, une faible sensibilité maternelle n’est pas conceptuellement équivalente à des comportements extrêmement insensibles (Ensink et al., 2016 ; Out et al., 2009). Différentes études appuient le lien entre la sensibilité maternelle et les VEM concordantes (e.g. : Arnott & Meins, 2007 ; Laranjo et al., 2008 ; Meins et al., 2002) mais aucune étude ne rapporte de lien significatif entre les VEM non-concordantes et la sensibilité maternelle (e.g. : Arnott & Meins,

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2007 ; Meins et al., 2003 ; 2012). Quant à nos résultats, ils indiquent que les VEM non- concordantes seraient associées aux CMA insensibles. Issus du même échantillon, les résultats de Bérubé-Beaulieu (2015) montrent une corrélation significative entre la sensibilité maternelle et les VEM concordantes mais non avec les VEM non-concordantes, lorsque l’enfant est âgé de 6 mois. Prises collectivement, ces données suggèrent que la capacité de verbaliser adéquatement les états mentaux de l’enfant serait liée à la sensibilité maternelle mais que les lacunes dans la VEM de l’enfant seraient davantage associées aux CMA, lacunes dans le système de parentage, qu’à la sensibilité maternelle. En ce sens, les comportements maternels et l’OMM gagneraient à être étudiés tant dans leurs pôles positifs (i.e. sensibilité et VEM concordantes) que dans leurs pôles négatifs (i.e. CMA insensibles et VEM non-concordantes) puisque leurs mécanismes sous-jacents pourraient s’articuler de façon distincte.

Par ailleurs, Meins (2013) propose que des incohérences peuvent parfois être observées entre le comportement maternel et la VEM. D’une part, une mère peut avoir un comportement jugé adéquat mais la VEM l’accompagnant ne sera pas nécessairement concordante à l’état de l’enfant (Meins, 2013 ; Meins et al., 2012). Pour illustrer ce propos, Meins et ses collaborateurs (2012) donnent l’exemple d’une mère qui retirerait le jouet d’un enfant qui s’en désintéresse (comportement adéquat) en disant « Le jouet t’as effrayé » ou « Tu n’aimes vraiment pas jouer avec moi » (VEM non-concordantes). Inversement, un parent peut offrir une interprétation adéquate des états mentaux de son enfant mais ne pas être en mesure d’utiliser cette information pour ajuster son comportement. Par exemple, dans une étude menée auprès de mères hospitalisées pour motifs psychiatriques, une mère aurait mentionné que sa petite semblait fascinée par l’attache de son siège (VEM concordante) sur un ton irrité car elle aurait désiré que le bébé s’intéresse à elle (comportement inadéquat) (Pawlby et al., 2010). Ces exemples illustrent en quoi la VEM n’est pas directement liée au comportement maternel et que l’observation de ces deux variables maternelles sont complémentaires.

Caractéristiques maternelles associées aux CMA déconnectés

Rappelons que les CMA déconnectés font référence à des comportements maternels dissociatifs, effrayants, effrayés ou désorientés, mesurés lorsque l’enfant est âgé de 6 mois. Dans un premier temps, nous avons proposé que le FRP, le FR et les VEM non-concordantes

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permettraient d’expliquer un pourcentage significatif de variance de la manifestation des CMA déconnectés, en contrôlant pour l’effet de la scolarité et du vécu traumatique. Contrairement à notre hypothèse, le FRP et le FR catégoriels ainsi que les VEM non-concordantes à l’état de l’enfant n’étaient pas significativement corrélés aux CMA déconnectés classifiés de façon binaire (i.e. non déconnectés vs déconnectés) et n’ont pu être utilisés comme variables indépendantes d’analyses de régression logistique binaire.

D’une part, l’absence de corrélation entre les CMA déconnectés et le FRP dans notre échantillon pourrait être liée à la spécificité des représentations mentales maternelles évaluées par le FRP. À cet effet, les comportements déconnectés, incluant la dissociation, ont spécifiquement été liés à l’absence de résolution des deuils et des traumas (Hesse & Main, 1999), ce qui les rend plus susceptibles d’être associés au FR spécifique au trauma et au deuil qu’au FR (Berthelot et al., 2015), et, dans ce cas-ci, au FRP. D’autre part, l’absence de lien significatif entre la mentalisation

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