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M´ethodes num´eriques pour la LES - le

4.10 Discr´etisation temporelle

Dans cette partie, on s’int´eresse `a la fac¸on dont s’exprime la mise `a jour temporelle not´eeδUj dans :

Un+1j = Unj + ∆t δUnj, (4.105)

ainsi qu’au calcul de∆t.

4.10.1 Avancements temporels

Trois m´ethodes d’avancement temporel existent dans AVBP. Toutes sont explicites et tr`es com-mun´ement appliqu´ees dans le monde de la CFD. La premi`ere a d´ej`a ´et´e ´evoqu´ee, il s’agit de la discr´etisation totale suivant la m´ethodologie de Lax et Wendroff [119]. Elle est bas´ee sur un d´eveloppement en s´erie de Taylor en temps, dans lequel les d´eriv´ees temporelles sont remplac´ees par des d´eriv´ees spatiales de mˆeme ordre (voir section 4.4.2). On peut alors exprimer facilement la mise `a jour temporelle et celle-ci s’´ecrit :

δUnj =−Nn,LWj (4.106)

La seconde n’est qu’une variante de la premi`ere, mais en deux ´etapes. Il s’agit de la discr´etisation totale suivant la m´ethode Taylor-Galerkin `a 2 ´etapes (sch´emas TTG) . On peut l’´ecrire de mani`ere synth´etique :

(P

kMjkδ ˜Un

j =− ˜Nn,T T Gj Vj (prediction) P

kMjkδUnj =−Nn,T T Gj Vj (correction) (4.107)

o`u ˜Nn,T T Gj etNn,T T Gj sont calcul´es `a partir des ´equations (4.90) et (4.91) respectivement etMjk sont les composantes de laj-i`eme ligne de la matrice de masse.

La troisi`eme m´ethode d’avancement en temps est diff´erente des deux premi`eres. Il s’agit d’une int´egration de type Runge-Kutta. Ici, la s´eparation entre discr´etisations spatiale et temporelle est franche. Il s’agit d’une m´ethode des lignes dont le but est de r´esoudre l’´equation aux d´eriv´ees ordinaires (4.13). La forme g´en´erale de la m´ethode de Runge-Kutta `aM ´etapes est la suivante [100]17:

17

U(1) = Un U(2) = Un− ∆tα2N(1) U(3) = Un− ∆tα3N(2) .. . U(M ) = Un− ∆tαMN(M −1) Un+1 = Un− ∆t M X p=1 βpN(p) (4.108)

et pour assurer la consistance de la formule :PM

p=1βp = 1. Par ailleurs, il faut noter ici que N(p) signifie :N(p) = N(U(p)). Il existe un tr`es grand nombre de combinaisons possibles. Les plus connues sont le sch´ema pr´edicteur-correcteur de Heun et le sch´ema Runge-Kutta 4 employ´e par Jameson et al. [100,107,184]). Dans AVBP, la version utilis´ee est, `a l’instar de NTMIX [18], le sch´ema Runge-Kutta `a faible stockage, en g´en´eral `a 3 ´etapes (bien qu’on puisse l’utiliser avec 1 `a 5 ´etapes). Le principe est de n’utiliser `a la derni`ere ´etape (4.108) que l’op´erateur calcul´e avec la solution de l’´etape pr´ec´edente (seul le coefficientβM est non-nul et ´egal `a 1 et on a :βM = αM +1). Ainsi ne sont stock´ees que la solution au pas de tempsn et la solution interm´ediaire. Les coeffcients pour les sch´emas utilisables dans AVBP sont r´esum´es dans le tableau (4.3)18.

Sch´emas (M ´etapes) α2 α3 α4 α5 βM Commentaires

1 (Euler) 0 0 0 0 1 instable avec un sch´ema centr´e 2 (Heun) 1/2 0 0 0 1 instable avec un sch´ema centr´e

3 1/3 1/2 0 0 1 cond. stable avec un sch´ema centr´e 4 1/4 1/3 1/2 0 1 cond. stable avec un sch´ema centr´e 5 1/5 1/4 1/3 1/2 1 cond. stable avec un sch´ema centr´e TAB. 4.3 - Coefficientsαputilis´es pour les diff´erents sch´emas Runge-Kutta `a faible stockage dans AVBP.

Jusqu’`a pr´esent, on ne consid´erait pas le sch´ema d’int´egration spatiale, seule la d´ependance en temps de la solutionU ´etait prise en compte. Le choix du pas de temps est n´eanmoins primordial pour garantir la stabilit´e de la m´ethode num´erique.

4.10.2 Calcul du pas de temps

Un des param`etres les plus importants dans une simulation num´erique (instationnaire !) est le pas de temps∆t. Celui-ci a un impact consid´erable sur la stabilit´e du calcul et sa pr´ecision. L’utilisateur peut le fixer mais, en g´en´eral, la m´ethode num´erique employ´ee n’´etant jamais inconditionnellement stable dans AVBP, on pr´ef`ere fixer d’autres param`etres permettant de calculer le pas de temps, de fac¸on `a assurer (en th´eorie, au moins) la stabilit´e de la simulation. Ces param`etres sont les nombres de Courant et de Fourier, entre autres.

18

Il faut noter que les coefficients propos´es correspondent aux coefficients permettant d’obtenir la s´erie de Taylor en temps de Ud’ordre le plus ´el´ev´e. Un grand nombre de combinaisons existe en r´ealit´e, on peut en effet chercher `a augmenter le domaine de stabilit´e plutˆot que la pr´ecision. Le sch´ema RK3, par exemple, est souvent utilis´e avec un coefficient α2 ´egal `a 1/2, plutˆot que 1/3 pour am´eliorer la stabilit´e du sch´ema complet obtenu.

CFL

Le CFL ou nombre de CFL (pour Courant-Friedrichs-Lewy) qu’on noteraν est un param`etre permet-tant d’assurer la stabilit´e du sch´ema num´erique de convection. La condition CFL est alors simplement d´efinie par :

ν≤ νc (4.109)

o`uνcest la valeur limite assurant la convergenceL2de la m´ethode num´erique consid´er´ee. On choisit alors∆t de fac¸on `a respecter cette condition. Dans un cas monodimensionnel (maillage r´egulier...), la formulation discr`ete d’une ´equation du mˆeme type que (4.25) fait apparaˆıtre le pas de temps et le pas d’espaceh. Le CFL s’´ecrit alors :

ν = c∆t h .

Dans le cas d’un sch´ema multidimensionnel et d’un syst`eme d’´equations hyperboliques, il s’av`ere plus difficile d’exprimer le pas de temps `a partir du CFL. La stabilit´e de la discr´etisation du syst`eme d’´equation (4.5) est assur´ee si, et seulement si, la condition de stabilit´e du sch´ema num´erique est res-pect´ee pour la grandeur caract´eristique se propageant le plus vite. Cette vitesse caract´eristique est ob-tenue en calculant le rayon spectral ρ de la Jacobienne des flux. Dans le cas des ´equations d’Euler monodimensionnelles (avec la vitesse de convectionu > 0), il est ´egal `a :

ρ(A) = u + c,

avec ici A la Jacobienne et c la vitesse du son. La grandeur caract´eristique associ´ee ici est l’onde acoustique se propageant dans le sens de l’´ecoulement. Lorsqueu et c varient, le calcul du pas de temps est r´ealis´e sur tous les volumes de contrˆole et on choisit alors la plus petite valeur obtenue sur l’ensemble du domaine de calcul.

Le passage `a une dimensiond > 1 complexifie encore le calcul bien que le principe soit toujours le mˆeme. Dans AVBP, le pas de temps (`a partir du sch´ema de convection) pour une cellule Ke est donn´e par :

∆tCe = νqP Ve

k∈Ke(max)k )2

(4.110)

avecλ(max)k le rayon spectral de la matrice : 1

dA~e· ~Sk. Au final, le pas de temps utilis´e est :

∆tC = min

e∈Th(∆tCe).

Les limites de stabilit´e (fournies parνc) seront ´evoqu´ees pour des cas mono- et bidimensionnels dans le chapitre suivant.

Nombre de Fourier

Le nombre de Fourier F est le pendant du nombre CFL pour la diffusion. Son calcul repose globa-lement sur les mˆemes id´ees que le CFL [234], c’est `a dire qu’on d´etermine le pas de temps de fac¸on `a assurer :

F ≤ Fc (4.111)

Dans un calcul monodimensionnel, sa d´efinition est la suivante :

F = D∆t h2 ,

o`uD est un coefficient de diffusion. Dans AVBP, le pas de temps `a la celluleKeest donn´e par :

∆tVe = F ∆

2

D (4.112)

o`uD est un coefficient de diffusion (proportionnel `a la viscosit´e cin´ematique) et ∆ est une longueur de r´ef´erence d´efinie ici par :

2 = 1 2Ve d2 P k∈KeS2 k .

L`a aussi, le pas de temps utilis´e pour le calcul est le plus petit d´etermin´e sur l’ensemble du domaine de calcul, soit :

∆tV = min

e∈Th

(∆tVe).

Dans cette th`ese, on s’int´eresse surtout aux sch´emas de convection, donc on n’´evoquera pas les limites de stabilit´e du sch´ema de diffusion dans les chapitres qui suivent. Il faut cependant retenir que la condition de stabilit´e du sch´ema2∆ sur des maillages r´eguliers en 1D, avec une int´egration temporelle d’Euler (explicite), estFc = 12.

Termes sources d’esp`eces chimiques

Il existe une condition de plus int´egr´ee dans le calcul du pas de temps. Celle-ci est li´ee `a la pr´esence des termes sources et n’est pas en soi un crit`ere de stabilit´e. Les termes sources (prenons l’exemple des termes ˙ω de la chimie) sont parfois des fonctions tr`es raides du temps et non lin´eaires. Si le pas de temps est trop grand, on peut se trouver dans une situation o`u une fraction massique devient n´egative ou sup´erieure `a 1. En soi, cel`a n’entraˆıne pas forc´ement une divergence du calcul. Cependant, la physique interdit ce genre de valeur et pour les ´eviter, un calcul de pas de temps ”chimique” est r´ealis´e dans AVBP. Celui-ci s’´ecrit :

∆tsource= χ min

j (min

spec∆tspecj )

o`uχ est le seuil fix´e par l’utilisateur en fonction de la chimie utilis´ee pour la simulation et ∆tspecj est le pas de temps calcul´e au noeudj pour une esp`ece chimique donn´ee. Ce pas de temps est d´etermin´e de la fac¸on suivante : ∆tspecj = ρj ˙ωspecj

Au final, le pas de temps utilis´e pour un calcul d’´ecoulement r´eactif dans AVBPest :

∆t = min(∆tC, ∆tV, ∆tsource)

Le choix du seuilχ est d´elicat. χ repr´esente grossi`erement la variation relative de ρj due `a la r´eaction pendant un pas de temps. Siχ d´epasse 0, 1, des probl`emes sont `a attendre en g´en´eral (voir, par exemple, le livre de Oran et Boris [165] sur l’int´egration des syst`emes d’EDO avec termes sources).