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L’ordo 28 85 est un directoire complet du dimanche de la Passion jusqu’au dimanche après Pâques (dimanche in albis, soit l’octave de Pâques) ; il utilise

Dans le document UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES (Page 182-186)

plusieurs ordines antérieurs (24, 26, 27, 11, 13B, 30A) et un sacramentaire

gélasien franc de type Gellone. Cet ordo a été rassemblé en pays franc, vers 800,

probablement par le compilateur de la collection B. Ses nombreux emprunts à des

sources antérieures expliquent son manque d’originalité. Toutefois, l’auteur a fait

un travail remarquable de compilation. Il a rassemblé ses matériaux de

provenance multiple dans l’ordre dans lequel se succédaient les cérémonies du

cycle pascal, ce qui nous permet de connaître le rituel suivi en pays francs à cette

époque

86

. L’ordo 28A

87

est un appendice au précédent ; il décrit brièvement la

bénédiction des fonts et l’administration du baptême pendant la veillé pascale.

Inspiré principalement par les ordines 11 et 28, il n’apporte pas d’occurrences

complémentaires sur des utilisations de l’encens ou du luminaire.

Dans l’ordo 28, lors de l’office nocturne du jeudi saint, il est précisé que la

cloche est sonnée pour la dernière fois jusqu’au samedi matin, et l’église est

décorée avec tout son luminaire (OR 28, 7)

88

. Dans la messe de bénédiction des

82 Andrieu, II, p. 472 ; OR 30B, 46 : Deinde sequitur benedictio his verbis : Deus qui invisibili potentia, decantando sicut prefatione. Ubi dixerit : descendit in hanc plenitudinem fontis, ponunt faculas ipsas infra fontes.

83 Andrieu, III, p. 474 ; OR 30B, 59 : Et dum dixerint Agnus Dei, egreditur pontifex de sacrario et diaconi cum ipso hinc et inde et duae faculae ante eum portantur ab eis qui eas portaverunt ad fontes.

84 Andrieu, III, p. 474 ; OR 30B, 61 : Deinde revertit ad sedem suam et ipsi subdiaconi regionarii tenent ipsas faculas retro altare, dextra levaque.

85 Andrieu, III, pp. 373-388 (introduction) ; 389-411 (texte).

86 M. Andrieu, II, pp. 384-385 a dressé un tableau qui analyse les différentes rubriques de l’ordo

28 et met en regard les emprunts aux sources antérieures. En lisant l’analyse de l’ordo, le schéma de la liturgie pascale vers 800 en pays francs se dessine.

87 Andrieu, III, pp. 417-418 (introduction) ; pp. 421-425 (texte).

88 Andrieu, III, p. 392 ; OR 28, 7 : Feria V caenae domini, media nocte surgendum est et tangitur signum ; et post haec non tangitur nisi in nocte sanctum paschae ad matutinem. At vero ecclesia omni lumine

saintes huiles, le pontife s’avance pour célébrer la messe, toujours précédé de sept

chandeliers (OR 28, 13)

89

. Les rubriques relatives au feu nouveau reprennent le

rituel des ordines précédents : le feu est fait avec une pierre à l’entrée de l’oratoire

s’il y en a un, sinon dans un endroit à l’extérieur de l’église où l’on pourra ensuite

y allumer un cierge (OR 28, 25)

90

. Cette chandelle sera placée sur un roseau et elle

sera portée par le mansionnaire de l’église pour la présenter au peuple ou à la

communauté (OR 28, 26)

91

. Enfin, avec ce feu on allumera l’église et une lampe

qui servira le samedi pour allumer le cierge pascal (OR 28, 27)

92

. L’ordo reprend

la rubrique de l’extinction graduelle des lumières le vendredi saint (OR 28, 30)

93

.

Le samedi saint, lors de l’office nocturne, l’ordo 28 (800) prescrit d’allumer ou

d’éteindre les cierges comme auparavant (OR 28, 49)

94

, c’est-à-dire comme dans

la description du vendredi saint. La bénédiction du cierge pascal est ensuite pour

la première fois développée en détail (nn. 59-63), ceci nous permet de connaître le

déroulement de ce rituel en pays franc vers 800 ; il s’agit pratiquement de la seule

partie originale de cet ordo, ce qui renforce d’autant son importance. Le cierge

ayant été allumé dans la sacristie, tous s’avancent dans l’église en silence, et ils le

déposent sur un chandelier devant l’autel (OR 28, 59)

95

. Après une prière

d’intercession, les prêtres s’assoient et les diacres restent debout. Un officiant,

l’ordo ne précise pas son rang, s’avance pour la consécration du cierge

decoretur et more solito Deus in adiutorium meum non dicant, nec Gloria, nec invitatorium, sed cantor incipit in psalmis ant[iphonam] sicut in Antifonario continetur. (OR 30A, I ; OR 17, n. 93, n. A ; OR 27, 3).

89 Andrieu, III, p. 394 ; OR 28, 13 : Et pontifex, lotis manibus, pocedit cum septem cereostata ad missas. Dicta autem antiphona ad introitum, dicit Gloria in excelsis Deo et orationem. (OR 27, 21-24).

90 Andrieu, III, pp. 396-397 ; OR 28, 25 : Ea vero die, hora nona, facunt excuti ignem de lapide in loco foris basilicam ; si ibidem oratorium habuerint, in porta ibi excutiunt ; sin vero, in loco in quo consideraverit prior, ita ut ex eo possit candela accendi. (OR 27, 6).

91 Andrieu, III, p. 397 ; OR 28, 26 : Quae candela in arundine debet poni et a mansionario ecclesiae portata praesente congregatione vel populo. (OR 27, 7 ; OR 26, 4).

Sur les différentes fonctions au Latran voir : Tommaso DI CARPEGNA FALCONIERI, Il clero di Roma nel medioevo. Istituzioni e politica cittadina (secoli VIII-XIII), Rome, 2002.

92 Andrieu, III, p. 397 ; OR 28, 27 : Et de ipso igne continuo, in eadem ecclesia vel loco ubi accenditur, lampas une servetur usque in sabbato sancto ad inluminandum cereum, qui eodem die benedicendus est ordine quo in Sacramentorum continetur. (OR 26, 5 ; OR, 27, 8).

93 Andrieu, III, p. 398 ; OR 28, 30 : Lucerne extinguuntur. Lumen autem ecclesiae ab initio cantus nocturnae inchoatur extingui, hoc tamen ordine, ut ab introitu ipsius ecclesiae incipiat paulatim tutare, ut, verbi, gratia, peracto primo nocturno, iterum tertia ; tertio vero expleto, exceptis septem lampadibus, nihil luminis relinquat, quae in matutino hoc ordine extinguantur : in initio psalmi primi sit custos semper paratus in loco dextre partis ecclesiae prope lampadibus, ut ubi audierit antiphonam, tenens cannam in manu sua tutat lampadam unam ; in finem psalmi ipsius aliam sinsitrae partis ; sic una ex parte una, alia ex alia, tutantur usque ad evangelium. In evangelio vero tutatur mediana lampada. (OR 30A, 5 ; OR, 27, 5).

94 Andrieu, III, p. 401 ; OR 28, 49 : Sabbato, media nocte surgendum est. (...) Deinde leguntur omelae sanctorum patrum ad ipsum diem pertinentes et, in candelisaccendendis vel extinguendis, sicut superius habetur. (OR 30A, 12).

95 Andrieu, II, p. 403 ; OR 28, 59 : Et, accenso cereo, procedunt simul omnes de sacrario cum ispo cereo in ecclesia cum silentio, nihil cantantes ; et ponitur in candelabro ante altare.

(OR 28, 62)

96

. De là, on allume deux cierges dans deux chandeliers, et ce feu est

rapporté dans chaque maison, parce qu’auparavant tout avait du être éteint

(OR 28, 63)

97

. Ainsi, chaque fidèle ramène chez lui une parcelle de feu nouveau,

tous les âtres sont rallumés avec le feu nouveau. Dans l’ordo 28, l’auteur reprend

la rubrique qui stipule que le pontife, dans les différentes processions du baptême,

est toujours précédé de deux cierges allumés, jusqu’à ce que le rituel soit fini

(OR 28, 68)

98

, mais il ne précise pas quels sont ces cierges, ni s’ils sont plongés

dans les fonts. L’ordo se termine par la description de la messe qui clôt le samedi

saint, au chant de l’Agnus Dei, le maître de la scola dit : « Allumez ! » et alors

l’église est illuminée. Le pontife s’avance de la sacristie avec deux cierges, qui

seront déposés à droite et à gauche de l’autel. Lors de cette messe, on ne porte pas

de lumière devant les Évangiles, mais uniquement de l’encens (OR 28, 81-83)

99

.

L’ordo 31

100

est essentiellement une refonte de l’ordo 28 dont il dépend

immédiatement. Par l’intermédiaire de l’ordo 28, certaines rubriques de l’ordo 31

sont apparentées à des ordines antérieurs comme le 11, le 24, le 27 ou le 30A. Il

s’agit donc d’un directoire de l’office divin du dimanche médiant à l’octave de

Pâques, qui a été composé en pays franc (nord de la France) vers 850-900. Étant

donné qu’il s’agit principalement d’une réécriture de l’OR 28, nous ne

développerons que les éléments neufs quant aux usages de l’encens ou du

luminaire qu’apporte cet ordo. En ce qui concerne le cierge pascal, l’OR 31

contient dans la description du samedi saint, un petit directoire qui porte le titre

De ordine cerei benedicendi (nn. 62-76) et qui précise le rituel de la bénédiction

du cierge de l’OR 28. On apprend que le cierge qui sera béni est allumé dans la

sacristie au feu nouveau, il est porté devant le pontife et le clergé et déposé dans

96 Andrieu, III, p ; 404 ; OR 28, 62 : (...) Inde vero accedit in consecrationem cerei, decantando quasi canonem.

97 Andrieu, III, p. 404 ; OR 28, 63 : Inde vero accenduntur in duobus candelabris duo cerei et de ipso igne accendunt in omni domo, quia omnis anterior extingui debet.

98 Andrieu, II, p. 405 ; OR 28, 68 : Deinde pontifex procedit cum omni decore, sustentatus a duobus diaconibus, et illa duo cerostata quae ante fuerant inluminata semper ante ipsum procedunt, usquedum omnia finierint. (OR 24, 46).

99 Andrieu, III, p. 409 ; OR 28, 81-83 : 81. Et, dum dicitur Agnus Dei, magister scola dicit : Accendite. Et tunc inluminatur ecclesia. 82. Et procedit pontifex de sacrario cum duo cereostata, unde superius diximus ; stant sicut antea a dextris et a sinistris altaris. 83. Laetania, expleta, dicit pontifex : Gloria in excelsis Deo. (...) Ante evangelium non portant lumen in ipsa nocte, sed incensum. (OR 24, 51-54).

un chandelier devant l’autel (OR 31, 63)

101

. Une fois la bénédiction du cierge faite,

on allumera avec celui-ci deux cierges de la taille d’un homme qui seront tenus

l’un à gauche et l’autre à droite de l’autel. De ce cierge, doivent aussi être

rallumées toutes les lampes de l’église, en commençant par celle qui avait été

éteinte en premier (OR 31, 67)

102

. Dans la description de la procession d’ouverture

aux baptêmes, l’ordo précise que l’évêque est précédé jusqu’aux fonts par deux

notaires portant des cierges qui ont déjà été décrits (il s’agit des cierges de taille

humaine qui ont été allumés au cierge pascal), ainsi que d’encensoirs avec de

l’encens (OR 31, 77)

103

.

Les quatre derniers jours de la semaine sainte tels qu’ils se déroulaient

dans un monastère franc vers 870-890 sont aussi décrits dans l’ordo 29

104

. Presque

tout son texte provient de l’ordo 27, mais l’adaptation à la liturgie monastique

suppose quelques détails nouveaux. Il nous apprend que pour l’office du jeudi

saint, ce sont 28 luminaires qui sont allumés (OR 29, 11)

105

. Il détaille de façon

plus explicite que les ordines précédents l’extinction graduelle des luminaires en

une longue rubrique (OR 29, 12) : pendant le premier nocturne, quand le chantre

commence la première antienne, le custode doit éteindre la première lampe à

l’entrée de l’église, et quand le psaume est fini, il doit éteindre la seconde. À la

deuxième antienne, il doit éteindre la troisième lampe et ainsi de suite jusqu’à la

septième. Quand le lecteur commence la première lecture, le custode éteint la

huitième lampe, au répons la neuvième ; et ainsi de suite jusqu’à la treizième

lampe (après trois lectures), ce qui correspond à un tiers du luminaire. Au

deuxième nocturne on procède de la même façon qu’au premier. Lors du troisième

nocturne, il éteint sept lampes, de sorte qu’il ne reste plus que les sept lampes

101 Andrieu, III, p. 500 ; OR 31, 63 : Et accenso cereo benedicendo in sacrario de lumine novo,

procedat pontifex cum ordinibus sacris in ecclesia cum silentio et deportetur idem cereus illuminatus ante ipsum et ponatur in candelabro ante altare. (OR 28, 59).

102 Andrieu, III, p. 500 ; OR 31, 67 : Qua expleta, accendantur ex eodem cereo duo cerei aduobus notariis staturam hominis habentes et tenetur unus a dextro cornu altaris et alter a sinistro et de ipso igne omnia luminaria accendi debent, omni priori lumine extincto. (OR 28, 63 ; OR 24, 41 ; OR 11, 90 ; OR 24, 41 ; OR 28, 63).

103 Andrieu, II, p. 501 ; OR 31, 77 : Pontifex autem cum ordine sacro et scola procedat ad fontes cum

letania septena, p[rae]cedentibus eum notariis cum duobus suprascriptis cereostatis ac turibulis cum thimiamateriis et secundo scolę tenente vas aureum in manu sua sinistra super plenetam, unde pontifex mittere debet chrisma in fontem. (OR 11, 90 ; OR 28, 67)

104 Andrieu, III, pp. 429-433 (introduction) ; pp. 437-446 (texte).

105 Andrieu, II, p. 438 ; OR 29, 11 : Et tunc ecclesia omni lumine sit decorata, id est XXVIII luminaribus. (OR 27, 3).

devant l’autel ; celles-ci sont éteintes de la même façon que dans les autres

ordines. Le rituel du feu nouveau, de l’allumage à l’illumination finale de l’église,

est identique à celui de l’ordo 27 (OR 29, 14-18). Le clergé se rend dans la

sacristie et lorsque l’antienne d’entrée est entamée, il s’avance avec des

chandelles pour la messe et s’incline devant l’autel (OR 29, 20)

106

. Le vendredi

saint, l’ordo rappelle de façon précise que le rituel du feu nouveau du vendredi

saint est identique à celui du jeudi (OR 29, 29)

107

: le feu est allumé comme le

jeudi et le préposé l’apporte, puis allume les sept lampes et les chandelles. Alors

que les ordines se contentent de dire que le vendredi et le samedi le rituel du feu

nouveau est identique à celui du jeudi, l’ordo 29 précise que le samedi, un feu est

allumé près de la porte pour allumer une chandelle, portée par l’abbé ; et avec

cette lumière, deux cierges sont allumés qui sont déposés de part et d’autre de

l’autel (OR 29, 45)

108

.

La bénédiction du cierge pascal telle qu’elle était pratiquée dans les pays

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