sucre (42). »
{Prêtant Voreille). Mais j'entends la voix des chàndâlas, grinçante
comme
le son des cymbales fêlées (42), ainsi quele roulement funèbre des tambours (44) annonçant lescondamnations à mort; j'en conclus qu'on conduit Chàrudatta,' l'indigent, au lieu du supplice.
Voyons
cela! Le spectacle de lamort (45) d'un ennemi donne au
cœur un
grand contentement. J'ai entendudire quesil'on esttémoin de lamort deson ennemi, on n'a pas mal aux yeux dans une autre naissance. C'est bien moi, d'ailleurs, qui cause la mort de Chàrudatta, l'indigent; je suis
comme
un ver qui ayant pénétré dans ses entrailles y exercerait les effetsdu poi-son. Je ferais bien, par conséquent, de monter sur l'esplanade demon
palais pour avoirlespectacledu résultatdema
prouesse.{Ilfait cequ'ilvientdédire.) 011(46)!
comme
on sepresse (47) pour voirconduireau sup-plice Chàrudatta, l'indigent. Quelle foule y aurait-ildoncs'ils'agissaitde
mènera
lamort(48)
un
personnage distingué etde haut rangcomme
moi?{Examinant
avecattention.) 11 estparécomme
unjeune taureauetonluifaitprendre le chemin du sud. Mais pourquoi
la proclamation qui était faite au pieddela tour de
mon
palais a-t-cllc cessé? Pourquoia-t-elle étéinterrompue? (7/regarde autour de lui.) Tiens! Sthâvaraka n'est plus là.
Pourvu qu'il n'aille pas trahir
mon
secret maintenantqu'il est parti! Ilfautcourir àsa recherche.(Ildescendet s'avancesurla scène.) Sthâvaraka, regardant.
—
Voicimon
maître qui vient.
Les deux Chandalas.
—
« Écartez-vous!laissez le chemin libre! fermez la porte!
soyez silencieux!
L'homme
qui s'avance est pareil à un taureau furieux auquell'ar-rogance tient lieude cornespointues. » Samsthanaka.
—
Holà ! Place, place!(S'approchant.) Sthâvaraka,
mon
enfant,mon
petit esclave, il faut veniravec moi.Sthâvaraka.
—
Malheureux!Vous
n'êtesdonc pas satisfait d'avoir tué Vasantasenâ, que vous avez prismaintenant la résolution de faire périr le seigneur Chàrudatta, cet arbrekalpa (49)desamants?
Samsthanaka.
— Moi
quisuis pareil à une cruche de bijoux, j'aurais tué cettefemme
(5o)?
Tous.
—
Oui,c'estvous qui l'avez tuée,etnon pasChàrudatta.
Samsthanaka.
—
Qui osedirecela?Tous, montrantSthâvaraka.
—
Cet hon-nêtehomme.
Samsthanaka, à part, avec crainte.
—
ACTE
x. 5qCiel! Pourquoine pas avoirmieuxenchaîné cet esclave qui a été témoin du crime? (7/
réfléchit.) Oui, voilà ce qu'il faut faire.
(Haut.) C'est une imposture, Messieurs; j'ai
surpriscet esclaveàvolerde l'or(5i); je l'ai battu, roué de coups et chargé de chaînes (52):delàsonressentiment.
Comment
pour-rait-on croire à lavéritédetout ce qu'ildit?(77 offreen cachette un bracelet à Sthâra-raka et lui dit brusquement (53).) Tiens!
Sthâvaraka,
mon
enfant,prends ceci etdé-mens
ce quetuasdit.Sthâvaraka, qui a pris le bracelet.
—
Voyez,Messieurs,ilchercheà
me
corrompre enm
'offrantde l'or.Samsthanaka,lui arrachant le bracelet.
—
C'est précisémentle bijoupourlevolduquel
je l'ai faitenchaîner. (Avec colère). Braves chândâlas! Je luiavais confié la garde de la
chambre oùse trouvent
mes
objets précieux et ilm'avoléde l'or. Jel'ai battu et roué de coups; si vous en doutez, regardez son dos.LesdeuxChandalas, après avoir regardé.
—
Ces stigmates parlentéloquemment
;quand
oncorrigeunesclave,onallume enlui lefeu dela colère (54).Sthâvaraka.
—
Hélas! quoique je dise la vérité, je dois àma
condition d'esclave de n'inspirerde coniianecàpersonne(55).(Avecattendrissement.) Seigneur Chârudatta, j'ai fait tout ceque j'aipu pourvous. {Il se jette àses pieds.)
Chârudatta.
—
« Relève-toi, généreux esclave, qui compatis aux malheurs d'unhomme
de bien et qui remplis àmon
égard les devoirs d'un parent, sans que j'aie rien fait pourlemériter; tousteseffortspourme
sauver sont vains, car le destin ne les approuvepas(56). Et,cependant,que n'as-tu pasfait aujourd'hui pour moi? »
Les deux Chandalas.
—
Seigneur,puisque cet esclavea été châtié, renvoyez-le.Samsthanaka.
—
Allons, va-t'en (5j) 1(//s'en va.) Quantà vous,chândâlas, pour-quoitardez-vous à procéderà l'exécution?
Les deux Chandalas.
—
Sivousêtespressé, remplissezvous-même
l'officede bourreau.Rohasena.
—
Chandalas, faites-moimouriretlaissezpartir
mon
père.Samsthanaka.
—
Faites-le mourir avec l'enfant.Chârudatta.
—
Toutest possibleavec ce fou. Va-t'en,mon
enfant; retourne auprès de ta mère.Rohasena.
— Que
faudra-t-il faire après que je serai parti?Chârudatta.
—
«Tu
te retireras aujour-d'huimême,
6mon
fils,avecta mèredansunACTE
X. t)Ihermitage(58),afin de ne pas porterdans le
monde
le poids du crime imputé à ton père » (5g).Ami, emmène-le.
Maitreya.
—
Hélas!mon
ami; vous croyez donc queje pourraivivre sansvous?Charudatta.
— Mon
ami, tu es librede vivre ettu agiraismal (60) en t'ôtant l'exis-tence.Maitreya, à part.
—
J'agirais mal, et cependant je ne pourraipassupporterla viequandje n'aurai plus
mon
ami.Jevaisdonc remettre cet enfant à sa mère, puis j'irairetrouver Charudatta en mettant fin à
mes
jours.
(Haut.)
Mon
ami, je reconduisprompte-ment
Rohasena. (Ilpassesesbras autour du coudeCharudattaetsejetteàsespieds arec Rohasenaen larmes.)Samsthanaka.
— Hé
bien! N'ai-je pasdit qu'ilfallait mettre à mort le père et le filsen
même
temps?(Charudatta manifeste de Veffroi.) Les deux Chandalas.
—
L'ordreduroine porte pas que nous fassions mourir son filsavec lui. Va-t'en, enfant, va-t'en1
(Ils font partir Rohasena et Maitreya).
Voici l'endroitoùdoitavoirlieu latroisième proclamation; battezle tambour!
iv 4
02
(Ilsréitèrent laproclamation.)
Samsthanaka, à part.
—
C'est étonnant.Leshabitants de la ville(61) ontl'airde ne pas y croire.. {Haut.)
Eh
bien! Chârudatta,le beauparleur (62), les citadins necroient pasà ton crime;dis-leurdonc de ta propre bouche : « C'est moi qui ai tué Vasanta-scnà. » (Chârudatta reste silencieux.)
Vous
voyez, chândâlas (63), cethomme
ne veut rien dire(64). Faites-le parler en le frap-pant à coups redoublés avec le morceau debambou
fendu qui vous sert à battre letambour(o5).
Un
desChandalas,sepréparantà le frap-per.—
Allons, Chârudatta, parlerez-vous?Chârudatta, d'une voix gémissante.
—
« Dans
ma
chute au milieu de cetocéan de misères,mon âme
n'éprouveni frayeur, ni découragement. Mais il est un feu quime
dévore, c'est de penser au blâme dont je serai l'objet etqu'on puisse dire que j'aitué cellequi m'est si chère.»
(Samsthanakalepresse denouveaudefaire des aveux.)
«
Oh!
mesconcitoyens, jesuisunhomme
cruelqui netient compte nide ce monde-ci
ni de l'autre, et c'est par moi qu'une femme,
laVolupté en personne... Cet