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Nous avons distingué dans les « réflexions » des apprentis quatre grandes catégories de difficultés que nous rapportons comme suit :

- les difficultés de conduite de projets qui concernent :

o la définition du projet (manque de clarté au niveau de la définition des objectifs et de la délimitation des responsabilités ; incertitudes liées à l’évolution du projet) ;

o la méthode de travail (construction d’un dossier d’étude, choix de la démarche à suivre) ;

o la gestion des délais ;

o la gestion des retards de réception du matériel ; o la charge de travail ;

- les lacunes techniques qui concernent :

o l’utilisation de certain logiciels professionnels ;

o la connaissance des méthodes et des moyens de mesure ; - les difficultés de communication et de recherche d’informations :

o la communication avec les autres salariés ;

o la barrière « langagière » pour les apprentis qui ont travaillé à l’étranger ; o la recherche d’information sur le projet ;

o la recherche d’information sur des sites distants ; - les difficultés d’intégration dans le groupe et dans l’organisation :

o la coopération des salariés ;

o la résistance des salariés au changement ; o leur refus d’échanger des savoir-faire ; o le statut de stagiaire ;

o le changement d’un service ou sa délocalisation ; o la restructuration de l’entreprise ;

o la complexité de la structure de l’entreprise.

Nous résumons ces différentes difficultés dans le tableau suivant : Catégories de difficultés Conduite de projet Intégration dans le groupe/entreprise Communications Informations Savoirs techniques Total 14 11 4 10 39 Nombre d’occurrence des difficultés 36% 28% 10% 26% 100%

Tableau n°25 : difficultés des apprentis pendant la séquence industrielle

Nous ne pouvons pas affirmer la prépondérance d’un type de difficulté sur les autres vu les occurrences rapprochées entre les différentes difficultés, bien qu’il y ait un léger « avantage » pour les difficultés de conduite de projets.

Nous constatons que les « réflexions personnelles » des apprentis sur leurs activités industrielles de conception confirment les caractéristiques de ces dernières que nous avons mises en évidence dans les paragraphes précédents.

4- CONCLUSION : CARACTERISTIQUES DE

L’ACTIVITE INDUSTRIELLE DE CONCEPTION

Nous soulignons deux caractères de l’activité industrielle de conception que nous avons retenus de l’analyse des rapports d’alternance des apprentis.

Le premier caractère est la diversité des activités de conception que les apprentis ont effectuées en entreprise. En effet, ces activités ont été diversifiées aussi bien par la nature des artefacts à concevoir que par les processus de conception qu’ils induisent.

Figure n°38 : catégories d’activités de conception pendant la séquence industrielle

Ces différents artefacts à concevoir et les processus de conception qu’ils induisent ont conduit les apprentis à mobiliser des savoirs dont la nature et les modalités de mobilisation sont spécifiques à la situation industrielle.

Activités de conception de : Systèmes techniques Programmes informatiques Documents Méthodes Procédés

Ainsi, la catégorie de savoirs « Milieu de l’Artefact » correspond essentiellement à des savoirs « s’organiser » et des savoirs « mettre en œuvre » les composants, les outils et les ressources que l’organisation de l’entreprise met à la disposition de l’apprenti ingénieur. La catégorie « Artefact à Concevoir » correspond à des modes opératoires ou des structures moins de systèmes techniques que de démarches et des procédures à concevoir. Quant à la catégorie « Objets Simulant », elle recouvre aussi bien les méthodes, les outils et les logiciel de traitement et de représentation des données que les démarches et procédures relevant des savoirs locaux à l’entreprise.

Selon les catégories des tâches de conception que nous avons distinguées (conception de systèmes techniques, de méthodes, de programmes informatiques ou de documents), nous avons proposé des schéma représentant les modalités de mobilisation des catégories de savoirs en termes de raisonnements qui ont structuré les processus de conception. Nous proposons de les résumer par le schéma suivant :

Figure n°39 : mobilisation des catégories de savoirs dans une activité de conception

Ainsi la conception de l’artefact, ou sa re-conception, correspond à des mises en relation dynamiques (représentées par les quatre flèches) des quatre catégories de savoirs (MA, AC30,

OS et OG) en vue de les adapter (les unes aux autres) ou d’en construire de nouvelles dans le cas où la situation est inédite. Les interactions dynamiques entre les quatre catégories sont dominées par celles représentées par la double flèche en blanc. Les différentes flèches correspondent, selon les données du problème, à des activités de conception possibles indiquées dans le tableau n°17.

30 Dans le cas d’une activité de conception, la catégorie AC (en trait fort sur le schéma) se construit au cours du processus de conception, par anticipation à ce que doit être l’artefact à concevoir. Dans le cas d’une activité de re-conception, la catégorie AC porte sur l’artefact existant et s’enrichi au cours du processus de re-conception (en trait mixte sur le schéma).

MA

AC

OG

OS AC

Le deuxième caractère de l’activité industrielle de conception est qu’elle est centrée aussi bien sur la conception de « méthodes ou procédures » que sur des « systèmes techniques » avec un avantage pour la conception de « méthodes ou procédures ». C’est ce qui affirme ce que nous avons mis en évidence dans l’analyse des entretiens avec les tuteurs ingénieurs : les tâches proposées aux apprentis les mettent dans des activités de conception centrées sur la gestion de projets, où les savoirs mobilisés sont d’abord des savoirs relationnels et méthodologiques et ensuite des savoirs scientifiques et techniques mis en situation.