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Vers la repr´ esentation des puits collectifs : bases empiriques

3.6 Les diff´ erents types de producteurs

Apr`es avoir pass´e en revue les diff´erents crit`eres individuels qui caract´ e-risent les unit´es de production et les m´enages, nous proposons ici une lecture synth´etique des ces mˆemes m´enages. Cette lecture s’appuie sur une analyse multivari´ee (analyse des correspondances multiples + classification automa-tique des donn´ees de sorties de l’analyse des correspondances multiples) pr´ e-sent´ee en annexe B page 306.

Cette analyse nous montre quatre groupes distincts de m´enages : les petits producteurs pluriactifs, les producteurs moyens ayant un atelier d’´elevage, les producteurs moyens de c´er´eales, et les plus gros producteurs preneurs de terre. Nous d´ecrivons successivement ces syst`emes.

3.6.1 Les petits producteurs pluriactifs

Les producteurs de ce groupe (n = 14) poss`edent en moyenne 3 hectares en propri´et´e, qu’ils irriguent compl`etement avec de l’eau du puits collectif. Ces superficies sont, en g´en´eral, cultiv´ees deux cycles dans l’ann´ee donnant une superficie d´evelopp´ee de 6 hectares en moyenne. On constate cependant que certains producteurs s`ement moins en hiver (SOI m = 2 ha). Bien que les superficies en propri´et´e soient faibles, ces producteurs ont peu recours `a la location pour augmenter les superficies cultiv´ees (superficie lou´ee moyenne = 0,6 ha).

Ces unit´es de production, sans doute de part leur petite taille, ne sont en g´en´eral pas m´ecanis´es (T RACT = 0). Cela ne veut pas dire que les cultures

pratiqu´ees ne sont pas m´ecanis´ees, mais que les producteurs doivent avoir recours `a la location d’´equipement pour mener `a bien les activit´es agricoles. De mˆeme, dans leur grande majorit´e ces producteurs ne diversifient pas vers des cultures horticoles ou fourrag`eres. Quand on trouve de l’´elevage, il s’agit de quelques animaux dont les productions (lait, viande) sont auto-consomm´ees.

Le nombre d’adultes membres du m´enage est en g´en´eral ´elev´e (m = 6 adultes), qui pour une grande part poss`ede des revenus extra-agricoles. Les revenus de la migration ne sont pas cit´es comme importants dans ce cas.

Ces m´enages ont donc un faible capital foncier et de migration, mais une main d’œuvre familiale importante. Ils valorisent celle-ci surtout par le biais du travail ext´erieur `a l’exploitation. On constate par ailleurs que ces producteurs fournissent tr`es peu de travail propre dans les productions c´er´eali`eres puisqu’ils ont essentiellement recours au travail `a fa¸con pour les diff´erents travaux (pr´eparation du sol, semis, engrais, d´esherbage et r´ecolte).

3.6.2 Les producteurs moyens avec des productions

fourrag`eres

Les unit´es de production de cette classe (n = 12) n’ont pas des superficies (en propri´et´e, lou´ees et cultiv´ees) significativement diff´erentes de la classe pr´ec´edente. En revanche, elles se distinguent par la pr´esence plus importante de cultures fourrag`eres dans la sole, et la pr´esence un peu plus importante de productions animales.

Ces cultures fourrag`eres peuvent ˆetre valoris´ees par la vente directe de fourrage pour lequel existe un march´e important dans la r´egion ou au travers d’un ´elevage. La possibilit´e de vendre des fourrages explique la relation floue qui existe entre pr´esence de fourrages et pr´esence d’animaux dans le syst`eme de production. La culture fourrag`ere essentiellement rencontr´ee est la luzerne. La luzerne pr´esente l’avantage d’un revenu r´egulier (10 coupes par an) soit par une vente quasi-mensuelle de fourrage, soit par la vente de lait r´eguli`ere. Le nombre d’adultes dans le m´enage y est ´egalement important, mais on constate une faible occupation des producteurs `a l’ext´erieur. Pour ces m´ e-nages, la main d’œuvre est valoris´ee au sein de l’exploitation agricole par un atelier ´elevage plus ou moins important. Les revenus de la migration repr´

e-sentent ´egalement pour ces m´enages une part importante des revenus. Ces m´enages n’ont g´en´eralement pas non plus d’acc`es direct `a la m´ecanisation, sauf quand ils font partie d’un groupe de m´ecanisation. Cependant, ces cas sont isol´es dans cette classe de producteurs.

3.6.3 Les producteurs moyens c´er´ealiers

Ce groupe (groupe 2, n = 27) est constitu´e d’unit´es de production g´erant des superficies l´eg`erement plus importantes que les deux pr´ec´edentes mˆeme si la diff´erence n’est pas significative statistiquement. Les superficies culti-v´ees en hiver sont cependant plus importantes que pour le groupe des petits producteurs. Les cultures d’hiver sont essentiellement des grains fins - bl´e et orge.

La taille des m´enages est, en g´en´eral, plus r´eduite, et essentiellement oc-cup´ee `a l’agriculture. Ces m´enages occupent donc la main d’IJuvre familiale `

a la production c´er´eali`ere (deux cycles par an), parfois compl´et´ee par des revenus de la migration.

Ces producteurs ont souvent acc`es directement `a la m´ecanisation par le biais de groupes de m´ecanisation. Il semble donc que la main d’œuvre fami-liale est plus impliqu´ee dans les travaux de production des c´er´eales (contrai-rement aux deux groupes pr´ec´edents, o`u ils ne sont que les maˆıtres d’IJuvres des activit´es de production).

3.6.4 Les producteurs en croissance

Cette derni`ere cat´egorie (groupe 3, n = 14) de producteurs g`ere des super-ficies plus importantes. Premi`erement, en faire-valoir direct, car c’est dans ce groupe que l’on trouve les plus grosses surfaces en propri´et´e, mais ´egalement en faire-valoir indirect, par le biais de la prise de location ou de contrats divers de m´etayages (al partido ).

Il s’agit, pour la plupart, d’ejidatarios qui cherchent `a augmenter leurs surfaces par le biais d’achats ou par le biais de la location.

La taille des exploitations leur permet d’avoir un tracteur en propri´et´e individuelle.

On constate pour certaines de ces exploitations ´egalement des revenus de la migration et des revenus non-agricoles.

On peut faire l’hypoth`ese que ces producteurs utilisent les revenus de la migration pour augmenter leurs superficies (achat de terres) ou leurs ´ equi-pements. Cela leur permet ainsi d’atteindre une taille critique, et d’avoir des coˆuts fixes moins importants. Les productions constat´ees dans ces unit´es sont uniquement c´er´eali`eres.

3.7 Conclusions

Ce chapitre avait pour but principal de d´ecrire les diff´erents types de puits rencontr´es, leur mode de fonctionnement et les diff´erents types de producteurs de la r´egion.

Pour les puits, le crit`ere de pression sur l’eau, nous a permis de distinguer quatre grandes cat´egories de syst`emes irrigu´es. La pression sur l’eau engendre un certain nombre de r´eactions qu’il est int´eressant d’observer. En effet, elle donne un avant-goˆut de ce que pourrait ˆetre la r´eaction des producteurs `

a une limitation des temps de pompage. Certains groupes arrivent `a initier des r`egles qui permettent de g´erer cette p´enurie. Les r`egles internes sont assez classiques : une r´evision des modes de tarification d’une part, ou l’instaura-tion de quotas, d’autre part. D’autres groupes ne peuvent vraiment instaurer de nouvelles r`egles de gestion, ce qui conduit `a un abandon progressif des cultures d’hiver (bl´e/orge). Cependant, l’observation des donn´ees recueillies ne nous permet pas de dire si l’absence d’apparition de nouvelles qui conduit `

a la disparition des cultures d’hiver, ou si ce sont les autres caract´eristiques des puits (profondeur de la nappe notamment) qui engendre la disparition des cultures d’hiver plus pr´ematur´ement que dans les autres puits. Une mo-d´elisation des diff´erents types de puits devrait nous permettre d’avancer dans ce domaine.

Par ailleurs, nous avons caract´eris´e la diversit´e des syst`emes de produc-tion et distingu´e quatre grandes classes d’unit´e de production. On soulignera ici quelques points. Premi`erement, les grandes classes de producteurs se re-trouvent diss´emin´es dans les diff´erents groupes de puits, sans que l’on re-trouve une correspondance claire entre type de producteurs et types de puits. Deuxi`emement, on a constat´e que les cultures horticoles, pourtant pr´esentes dans les zones ´echantillonn´ees, sont pratiquement absentes. La gestion de deux tours d’eau, pour les cultures c´er´eali`eres et les cultures horticoles,

ap-paraˆıt comme difficile au sein des puits collectifs. En revanche, on a constat´e une pr´esence beaucoup plus importante de cultures fourrag`eres dans les puits enquˆet´es.

Les observations de terrains, que nous avons essay´e de synth´etiser dans ce chapitre, nous servirons de mat´eriel de base pour la construction des mo-d`eles de d’exploitation et de puits collectifs repr´esentatifs de la r´ealit´e des producteurs.