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Traité de paix entre Descartes et Newton

1- Dictionnaire de physique portatif

La deuxième édition du premier ouvrage de Paulian est publiée en 1760. Le sous- titre est modifié et l’intitulé complet devient: Dictionnaire de physique portatif, dans lequel on expose les découvertes les plus intéressantes de Newton & les notions géométriques nécessaires à ceux qui veulent se former une idée de la Physique moderne. Dans la préface, Paulian constate: «Newton jouit aujourd’hui de la réputation qu’il mérite ; la plûpart des Sçavans ont adopté ses principes, & l’attraction n’a pas été dans ce siècle moins funeste au Cartésianisme, que le fut autrefois l’impulsion à la Secte Péripatéticienne» 6. Les livres sur la physique de Newton sont présentés, dit-il, «avec un étalage scientifique capable de décourager le commun des hommes». Paulian ajoute alors:

3 A. de Backer, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus ou Notices bibliographiques, 1872,

t. 2, pp. 1813-1814.

4 Voir l’annexe sur la chronologie des publications de Paulian.

5 M. Nicolas, Histoire littéraire de Nimes et des localités voisines qui forment actuellement le département

du Gard, 1854, t. 2, pp. 246-252.

6 A.-H. Paulian, Dictionnaire de physique portatif, 2ème éd., «Préface», pp. 5-7, pour cette citation et les

«Seroit-il donc impossible de faire comprendre la Physique de Newton aux personnes même qui n’auroient aucune teinture d’Algèbre ?» Il pense que ce n’est pas possible à moins de donner auparavant la signification de termes savants compliqués. C’est en procédant de cette manière qu’il entend, avec son Dictionnaire de physique portatif, «distinguer Newton physicien de Newton Algébriste». Généralement, dit-il, les physiciens qui ne sont pas d’excellents mathématiciens et qui lisent les commentaires sur Newton se trouvent à la fin ayant dans «l’esprit une infinité de doutes & de difficultés». C’est pour remédier à ce problème qu’il propose son ouvrage qui pourra être, dit-il, «aussi nécessaire aux jeunes Philosophes, que le sont aux écoliers des classes inférieures les Dictionnaires ordinaires». Cependant, pour Paulian, malgré l’utilisation commode d’un dictionnaire, celui-ci présente le défaut de l’éparpillement des matières. Pour remédier à ce problème et «pour faire un espèce de tout», il invite son lecteur à débuter par l’article «Physique» où il trouvera alors «la méthode d’apprendre cette science avec le secours de ce seul Livre». Au début de cet article, Paulian explique qu’il veut limiter son ouvrage à une physique bien distincte de la métaphysique: «La physique a pour objet le corps dans son état naturel, c’est-à-dire, une matière longue, large & profonde. C’est vouloir arrêter les progrès de cette science, que d’examiner si le Tout-puissant peut ôter au corps sa longueur, sa largeur & sa profondeur ; nous croyons qu’il le peut ; mais cependant comme physiciens, nous nous garderons bien de traiter une pareille question ; un corps dépouillé par miracle de ses trois dimensions, & ne conservant que l’exigence de l’extension, seroit plutôt l’objet de la métaphysique, que celui de la physique» 7. Paulian donne alors des conseils pour bien employer son ouvrage. Pour cela, il faut commencer par «se former une idée nette de certains articles dont l’usage est très commun dans la physique moderne». Les articles en question abordent des notions mathématiques indispensables pour comprendre la physique. Dans un second temps, Paulian propose de lire les articles sur les traités physico-mathématiques qui «accoûtument l’esprit à ne rien hazarder en Physique»: «Le mouvement & ses règles, la méchanique, la statique, l’hydrostatique, l’optique, la catoptrique & la dioptrique». Puis une fois cela fait, Paulian suggère de voir les systèmes de Descartes et de Newton en étudiant l’article «Tourbillons» pour le premier et les articles «Vuide», «Matière subtile newtonienne», « Lumière » pour le second. Après la physique générale, Paulian demande de poursuivre

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avec les articles «Sphère» et «Loix de Kepler», pour connaître les différentes hypothèses sur le mouvement des astres, les articles «Ptolémée » et «Copernic», avant d’examiner les articles traitant de chaque astre. Enfin, la physique terrestre 8 doit être abordée avec les articles «Tremblements de terre causés par l’électricité», «Fossiles», «Aimant», «Flux & reflux», «Air», «Son», ou bien encore «Météores ignées». Dans la préface de l’ouvrage Paulian ajoute un «système physique» qui est, dit-il, «plutôt celui de Newton que celui des Newtoniens» 9, composé de neuf propositions, chacune accompagnée de corollaires plus ou moins nombreux 10. Paulian nous explique qu’il s’est servi de ce «système physique» pour rédiger les articles du Dictionnaire de physique portatif à propos duquel, il ajoute: «Pour le mettre dans tout son jour & pour traiter d’une manière intéressante une infinité de questions qui en dépendent, nous avons puisé dans des sources excellentes 11». A la fin de la préface, Paulian cite deux critiques de la première édition du Dictionnaire portatif de physique tirées des périodiques l’Année Littéraire et le Journal de Trévoux. Il fait remarquer que les commentaires lui sont très favorables et que la méthode originale qu’il emploie est fort appréciée. Notons que le Journal de Trévoux souligne le refus de Paulian d’adhérer à l’idée d’une attraction qui serait inversement proportionnelle au cube des distances et le rédacteur du Journal de Trévoux écrit: «L’Auteur raisonne fort

8 Paulian découpe la physique terrestre en trois domaines distincts: l’intérieur de la terre, sa surface et son

atmosphère.

9 A.-H. Paulian, Dictionnaire de physique portatif, 2ème éd., «Préface», 1760, p. 7.

10 Voir l’annexe correspondant. Notons que ce «système de physique» de Paulian porte surtout sur

l’astronomie et la lumière.

11 «Les principales sont les principes & l’optique de Newton ; les principes de Descartes ; les commentaires

sur Newton des Pères le Sœur & Jacquier, Minimes ; les institutions Newtoniennes de M. l’Abbé Sigorgne ; les Mémoires de L’Académie des Sciences ; les Analyses de plusieurs questions de physique que l’on trouve dans les Journaux de Trévoux, des Savans, & dans plusieurs autres Ouvrages périodiques ; la Physique du P. Fabri Jésuite ; celle de M. Desaguliers ; les digressions Physiques que le P. De Chales Jésuite a insérées dans son monde Mathématique ; les leçons physiques de Privat de Molières ; les ouvrages de M. de Mairan, & sur-tout ses Traités de l’aurore boréale, de la glace, de l’estimation & la mesure des forces motrices des corps ; les leçons Physiques et l’Electricité de M. l’Abbé Nollet ; les Eléments de M. l’Abbé de la Caille ; le Spectacle de la Nature & l’Histoire du Ciel de M. Pluche ; les Entretiens physiques du P. Regnault Jésuite & son ouvrage sur l’Origine ancienne de la Physique moderne ; le Calendrier de Rivard ; enfin plusieurs questions de physique couronnées dans différentes Académies de l’Europe». A.-H. Paulian, Dictionnaire de physique portatif, 2èmeéd., «Préface», 1760, pp. 19-20.

pertinemment sur ce cas particulier, & en général on peut s’assurer qu’il a fort bien analysé ses idées ; que son Livre est méthodique, instructif, suffisamment orné de figures & du style le plus analogue au sujet» 12.

Page titre de la 2ème édition du Dictionnaire de physique portatif de Paulian

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