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3 LES SYNERGIES AUTONOMES

3.4 Étude de cas de démarches d’EIT autonomes

3.4.1 Descriptions générales

Cas n°1 : L’Institut Européen de la Bioraffinerie

Le complexe agroindustriel des Sohettes se situe sur la zone d’activité de Bazancourt-Pomacle en Champagne-Ardenne. Il est devenu l’Institut Européen de la Bioraffinerie Reims Champagne Ardenne (IEB) en 2014. Ce site regroupe près de 2 000 salariés qui travaillent 24 heures sur 24, « pour transformer 3 MM de tonnes de biomasse (betteraves et blé principalement, ainsi que de la luzerne) » (CATEI, 2014b). Les entreprises présentes sur le site réalisent un certain nombre de synergies, illustrées en annexe 10. Depuis 1992, elles partagent un centre de recherche mutualisé : Agro-industrie Recherches et Développements (ARD). Une autre synergie de mutualisation concerne la gestion des eaux du site. En effet, quatre forages et trois stations d’épuration (STEP) sont présents au sein de différentes entreprises. Ces dernières se relayent afin d’assurer l’approvisionnement en eau pour l’ensemble du complexe. Suite au traitement des eaux usées dans les différentes STEP, les boues issues de ces installations sont épandues sur les terres agricoles locales. C’est la sucrerie Cristal Union qui coordonne le plan d’épandage de l’ensemble de ces boues avec les agriculteurs (S. Verpoort, entretien, 6 juillet 2016).

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Les synergies de substitution existantes concernent des flux de chaleur et de matière. Par exemple, la chaleur fatale provenant de la sucrerie est valorisée auprès de l’amidonnerie Chamtor. De plus, de nombreux produits, sous-produits ou déchets sont échangés au sein du complexe. Par exemple, Chamtor transforme du blé en amidon natif, en sirop de glucose et en protéines de blé. L’amidon natif, le produit phare de l’entreprise, est fourni à des papeteries en vente directe. Le sirop de glucose, sous- produit du blé, est revalorisé dans l’alimentation animale et dans la production de tuiles. Finalement, les coproduits de blé alimentent Cristanol, l’usine voisine productrice de bioéthanol. Cet éthanolier s’approvisionne à partir des restes de production des entreprises Chamtor et Cristal Union.Finalement, Air Liquide capte directement le CO2 issu du site de production de Cristanol, dans l’optique de le valoriser.

Cas n°2 : Séché environnement et la CODEMA

L’ISDND du groupe Séché Environnement est implanté à Changé depuis 1989. Il traite les déchets ménagers d’une dizaine de collectivités. Suite au tri de ces déchets, la matière non dangereuse est stockée dans des alvéoles de 1 hectare (ha). Une épaisseur de 60 mètres de matière est stockée pendant une quinzaine d’années et des drains permettent de récupérer le biogaz issu de la fermentation des déchets organiques. C’est entre la 5e et la 15e année que l’installation atteint son pic de production. Le gaz collecté est alors valorisé dans une chaudière à cogénération. Ceci permet à l’entreprise de revendre l’électricité produite à EDF et de valoriser la vapeur d’eau dans un réseau de chaleur. En effet, un raccordement d’une centaine de mètres a été construit pour alimenter en chaleur le bâtiment de la Coopérative de Déshydratation de la Mayenne (CODEMA), créée en 1997 par l’association de 173 agriculteurs. Cette unité permet de déshydrater les fourrages de luzerne des agriculteurs et de produire des bouchons d’alimentation pour le bétail. En 2009, la coopérative transformait 23 000 tonnes de luzerne provenant de 3 500 hectares de terres agricoles. Ces dernières appartenaient aux 550 agriculteurs, présents autour de l’installation dans un rayon de 20 km. (MAAF, 2009) Aujourd’hui, la CODEMA a augmenté ses capacités de production sur le même site, avec l’ouverture d’une deuxième ligne de production. En effet, avec plus de 750 agriculteurs membres de la coopérative, « l'objectif est désormais de saturer les outils, en augmentant les surfaces à 1 800 ha environ pour atteindre 40 000 tonnes de produits à déshydrater ». Cette nouvelle unité de déshydratation est chauffée à partir de biomasse, alimentée par des plaquettes de bois et de miscanthus. (Gérard, 2016)

Aujourd’hui, Séché Environnement diversifie ses activités à travers de nouveaux projets. En 2014, la ville de Laval a confié la gestion et le développement du réseau de chauffage urbain à l’entreprise. L’approvisionnement se fera à partir du biogaz provenant de l’ISDND, mais aussi de la pyrogazéïfication de Combustibles solides de récupération (CSR), fabriqués sur le site à partir des déchets non recyclables. « Ce procédé permet de donner à ces déchets, auparavant promis à l’enfouissement, une seconde vie en tant que combustible. » (Séché Environnement, 2014) Un nouveau centre de tri a aussi été mis en service en octobre 2015. Ce centre est le dernier né en France et traite les déchets recyclables provenant des sept collectivités clientes. Il fonctionne avec des technologies de pointe permettant un tri automatique. Ainsi, la matière traitée est revendue en tant que MPS afin d’être valorisés dans de nouveaux produits. (Ouest-France, 2016, 5 février ; Séché Environnement, 2016)

38 Cas n°3 : TIPER Méthanisation

Tiper méthanisation est une usine de méthanisation centralisée, mise en activité en 2013 à Louzy. Elle valorise plus de 75 000 tonnes de biomasse collectées à une distance moyenne de 10 km autour du site. Elle est alimentée par des sous-produits agricoles et agroalimentaires. En effet, les lisiers, les fumiers, les déchets d’abattoirs ou de transformation animale servent de substrat au digesteur. À la suite de la méthanisation, le digestat brut, subit un traitement complet qui permet de former des amendements solides et des engrais liquides » (ADEME, 2013). Cette matière est alors redistribuée aux agriculteurs, leur permettant de fertiliser 6 778 ha répartis sur 56 communes (ADEME, 2013). Ce fertilisant, « à forte valeur agronomique et désodorisé, permet d'éviter l'épandage de 220 000 kilagrammes (kg) d'azote pur soit 660 000 kg d’engrais chimique chaque année. » (Tiper, s. d.) Une chaudière à cogénération permet de brûler le biogaz produit. Par la suite, l’électricité produite est revendue à EDF et la chaleur fatale est valorisée auprès d’une entreprise voisine productrice d’aliments pour animaux : Bellannée. Un réseau de chaleur, construit en même temps que le méthaniseur, assure cet approvisionnement. Avec une puissance installée de 2,1 mégawatt (MW), le méthaniseur à une production électrique équivalente à la consommation d’environ 12 000 habitants. Cette source d’énergie renouvelable permet « d’économiser 4 000 000 litres de fuel par an et d'éviter l'émission d'environ 7 000 tonnes de CO2 ». Ce projet participe à l’impulsion économique du territoire, avec entre autres, la création d’une dizaine d’emplois dans l’unité de méthanisation et les services associés. » (Tiper, s. d.)

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