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Description générale du fonctionnement d’une cellule photovoltaïque

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Chapitre 4 : Prise en compte du relief dans l’estimation de la ressource solaire 101

5.1 Caractéristiques endogènes : modélisation de la conversion photovoltaïque

5.1.1 Description générale du fonctionnement d’une cellule photovoltaïque

Le comportement d’une cellule photovoltaïque sous illumination, c.-à-d. la production d’un cou-rant I sous une certaine tensionV, repose sur les propriétés du semi-conducteur utilisé et sur des mécanismes qui sont aujourd’hui bien connus de la physique quantique (Gray, 2003 ; Tiwari et Du-bey, 2009 ; Wenham et al., 2007). Cependant, les cellules réelles sont avant tout définies par des grandeurs macroscopiques mesurables (courant, tension, puissance, résistance), ce qui explique que la plupart des méthodes caractérisant leur fonctionnement soit basée sur l’utilisation de modèles élec-triques équivalents (Ciullaet al., 2014).

5.1.1.1 Principe physique

Une cellule PV à jonction simple, ou photodiode, dont la FIGURE 5.1 propose une vue schéma-tique, consiste en une jonction entre deux semi-conducteurs respectivement dopés avec des atomes donneurs (couchenchargée négativement) et accepteurs d’électrons (couchepchargée positivement).

n

p V

I

ZCE

Grille collectrice

Contact arrière

FIGURE 5.1 – Schéma de principe d’une cellule photovoltaïque qui, lorsqu’elle est exposée à un rayonnement, produit un courantIsous une tensionV (Gray, 2003 ; Thiaux, 2010).

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Réponse spectrale relative

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000

0 0.5 1 1.5 2

Longueur d’onde (nm) Rayonnement incident (W/m2/nm)

0 0.2 0.4 0.6 0.8 Rayonnement AM0 1

Rayonnement AM1.5 Réponse spectrale (mc-Si)

FIGURE 5.2 – Comparaison entre les spectres solaires AM0 et AM1.5 et la réponse spectrale rela-tive d’une cellule PV en silicium polycristallin (American Society for Testing and Materials, 2012 ; Fraunhofer ISE, 2014).

Une fois cette jonction opérée, les porteurs de charge positifs de la zone p et négatifs de la zone n diffusent de part et d’autre de celle-ci, laissant derrière eux, au niveau de l’interface, une zone de charge d’espace (ZCE) constituée de deux couches ioniques respectivement négative et positive, à l’origine de l’apparition d’un champ électrique dans la cellule (Gray, 2003 ; Tiwari et Dubey, 2009).

Le semi-conducteur utilisé possède en outre un certain gap énergétique EG, variant d’un matériau à l’autre (EG(Si) =1,17eV notamment) et correspondant à l’énergie nécessaire pour qu’un électron passe de la bande de valence à la bande de conduction de celui-ci. Dès lors, lorsque la couche n se retrouve exposée à un rayonnement, certains des électrons de valence des atomes constitutifs du matériau acquièrent suffisamment d’énergie pour être décrochés ; ces derniers, récoltés par une grille métallique, se retrouvent entraînés dans un circuit extérieur sous l’effet du champ électrique généré par la ZCE, produisant alors un courant électriqueIaux bornes de la cellule.

Par ailleurs, la nature quantique de cet effet photoélectrique induit qu’une cellule PV ne produit pas d’électricité au prorata du rayonnement solaire incident, mais fournit en fait un certain nombre d’électrons qui, idéalement, équivaut à celui des photons incidents dont l’énergie est supérieure augap du semi-conducteur considéré (Gray, 2003). Cette propriété explique la forte dépendance qui existe entre la réponse d’une cellule solaire et la longueur d’onde du flux incident (réponse spectrale), et donc le fait que les performances de cette dernière soient fortement corrélées au spectre du rayon-nement solaire (Wenhamet al., 2007). Ainsi, les photons de grande longueur d’onde sont davantage absorbés en profondeur, et donc loin de la grille collectrice, tandis que les photons de faible longueur d’onde sont immédiatement absorbés à la surface, l’excédent d’énergie étant de plus dissipé sous forme de chaleur à travers le matériau ; dans les deux cas, les électrons ainsi libérés ont tendance à revenir à leur état énergétique initial, c.-à-d. dans la bande de valence, ne participant donc pas au cou-rant débité par la cellule (Wenhamet al., 2007). Il en résulte alors qu’une cellule en silicium cristallin, dont le gap est très proche du gap idéalEG=1,1eV pour lequel l’efficacité théorique d’une cellule est maximale (Gray, 2003), ne convertit en énergie électrique, par exemple, que la partie du spectre 142

5.1Caractéristiques endogènes : modélisation de la conversion photovoltaïque solaire comprise entre 0,4µm et 1,1µm de longueur d’onde. C’est ce que montre la FIGURE 5.2, où sont représentés, d’une part, les distributions spectrales des rayonnements extraterrestre (AM0) et AM1.5, standard utilisé par l’industrie et la recherche pour mesurer les caractéristiques d’une cellule (Emery, 2003), et, d’autre part, la réponse spectrale relative d’une cellule au silicium polycristallin (mc-Si).

5.1.1.2 Comportement électrique d’une cellule solaire à jonction simple Caractéristique I-V

Sous éclairement, une cellule PV produit un certain courantI fonction de la tensionV appliquée aux bornes de cette dernière, typiquement celle de la charge alimentée ou du parc de batterie dans un système autonome. L’intensité de ce courant est maximale lorsque rien ne s’oppose au flux de charges, c.-à-d. si la cellule est court-circuitée : dans ce cas, le courant mesuré à ses bornes est le courant de court circuitIcc et la tensionV est donc nulle ; à l’inverse, l’intensité est minimale quand le flux de charges n’existe plus, soit lorsque le circuit est ouvert : cette fois, le courant est nul et la tension mesurée est maximale et égale àVco (tension de circuit ouvert). Par ailleurs, on détermine aisément la puissance électrique fournie par une cellule sur un point de fonctionnement considéré en effectuant le produit de la tension et du courant correspondants (P=V I). On observe ainsi l’évolution spécifique du courant et de la puissance fournis par une cellule en silicium monocristallin en fonction de la tension à ses bornes sur la FIGURE 5.3, caractéristique courant-tension à laquelle, d’ailleurs, on se réfère plus communément sous le terme de caractéristique I-V ou courbe I-V (Gray, 2003).

La puissance P produite par la cellule augmente depuis le point de court-circuit jusqu’au point de Icc

0 100 200 300 400 500 600 700

0 20 40 60 80 100 120

Courant (mA)

Tension (mV)

0 10 20 30 40 50 60 70

Puissance (mW)

I(V) P(V)

Vco Pmp

Vmp Imp

FIGURE5.3 – Exemple de caractéristique I-V d’une cellule PV en silicium monocristallin, et évolution de la puissance électriquePassociée (Fraunhofer ISE, 2014). Sont indiqués les points de fonctionne-ment remarquables, à savoir le courant de court-circuitIcc, la tension de circuit ouvertVcoet le MPP (Imp,Vmp) ; le facteur de formeFF est égal au rapport des aires des deux rectangles.

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puissance maximaleP=Pmp, ou MPP (maximum power point), pour lequelV =Vmp etI=Imp. Ce point permet en outre de mesurer un autre critère fondamental d’une cellule PV : le facteur de forme (FF) ; ce facteur, compris entre 0 et 1, est égal au ratio de l’aire du rectangle de côtésImp etVmp sur celle du rectangle de côtésIccetVco, tous les deux visibles sur la FIGURE5.3 :

FF= Pmp

VcoIcc =VmpImp

VcoIcc (5.1)

Le rectangle Icc−Vco représentant la caractéristique idéale correspondante, le facteur de forme exprime donc le degré de qualité d’une cellule ; en définitive, celle-ci sera d’autant plus efficiente que son courant de court-circuit Icc et sa tension de circuit ouvert Vco seront élevés, et que son facteur de formeFF sera proche de l’unité (Gray, 2003). Aujourd’hui, une cellule au silicium produite par l’industrie possède typiquement une densité de courant de court-circuit de 0,034 A/cm2, une tension de circuit ouvert de 0,6 V et un facteur de forme de 0,74 (Tobíaset al., 2003).

Circuit électrique équivalent

À l’heure actuelle, le concept le plus couramment rencontré dans la littérature pour modéliser le comportement d’une cellule, et ainsi retrouver sa caractéristique I-V, est sans conteste celui du circuit électrique équivalent (Ciulla et al., 2014 ; Cotfas et al., 2013 ; Gray, 2003 ; Wenhamet al., 2007). Lorsqu’elle n’est soumise à aucun rayonnement, une photodiode se comporte comme une diode classique qui, quand on lui applique une certaine tensionVd, fournit un certain courantId dont l’expression analytique connue est la suivante :

Id=I0 AvecI0le courant de saturation de la diode,qla charge d’un électron,kla constante de Boltzmann, T la température de la jonction, etnle facteur de qualité de la diode, généralement compris entre 1 et 2. Ce courantId étant inverse au photocourantIph, courant généré par effet photoélectrique lorsque la jonction est éclairée, une cellule PV idéale peut alors être assimilée à un générateur de courant connecté en parallèle avec une diode, sa caractéristique I-V s’exprimant par conséquent sous la forme (Ciullaet al., 2014) : Cependant, une cellule PV réelle est également soumise à différents effets parasites de résistance, qui réduisent son facteur de forme et que l’on peut exprimer en connectant une résistance série Rs et une résistance de shunt Rsh au circuit idéal précédent : c’est le modèle simple diodedécrit par la FIGURE5.4 (a) (Branoet al., 2010 ; Ciullaet al., 2014 ; de Blaset al., 2002). La résistanceRsmodélise les effets dissipatifs engendrés notamment par la résistivité du matériau semi-conducteur ou par les contacts métalliques, tandis que la résistance Rsh prend en considération le degré de qualité de la jonctionpn, dont les imperfections peuvent entraîner des phénomènes de surface affectant directement le flux de charge pouvant passer au travers (Ciullaet al., 2014 ; Tiwari et Dubey, 2009 ; Wenhamet al., 2007). Finalement, la résolution de ce circuit à l’aide de la loi de Kirchhoff permet de retrouver la caractéristique I-V correspondante :

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5.1Caractéristiques endogènes : modélisation de la conversion photovoltaïque

FIGURE 5.4 – Circuits électriques équivalents d’une cellule PV : modèle simple (a) et double diode (b).

Par ailleurs, si chaque processus de conduction électronique se produisant au sein d’une cellule est pris en compte séparément, le circuit précédent peut alors être modifié en y ajoutant autant de diodes que de mécanismes considérés (Cotfaset al., 2013). Dans le cas de la modélisation du courant issu de la recombinaison des porteurs de charge dans les couchesnetp, d’un côté, et du courant dû à la recombinaison des porteurs de charge dans la ZCE, de l’autre, on a alors affaire aumodèle double diode visible sur la FIGURE 5.4 (b) (Attivissimoet al., 2013 ; Ciulla et al., 2014 ; Gray, 2003). Il apparaît non plus un, mais deuxcourants de fuite Id1etId2, produits respectivement par la première et la seconde diode, la caractéristique I-V devenant ainsi :

I=Iph−Id1−Id2−Ish

Avec I01 et I02 les courants de saturation respectifs des deux diodes, et n1 et n2 les coefficients de qualité correspondants. Si ces deux modèles sont les plus couramment utilisés dans la littérature (Ciullaet al., 2014 ; Cotfaset al., 2013), on notera qu’il est également possible de trouver l’emploi d’une troisième diode permettant de prendre en compte des phénomènes supplémentaires tel l’effet thermoélectronique ou encore le courant de fuite à la périphérie d’une cellule (Cotfaset al., 2013 ; Nishiokaet al., 2007).

5.1.1.3 Assemblage de cellules : le module photovoltaïque

Une cellule solaire seule étant trop fragile et présentant une tension trop faible (0,6 V), elles sont donc principalement connectées en série, et parfois en parallèle, puis encapsulées pour former un mo-dule, ou panneau, photovoltaïque (cf. FIGURE 5.5), celui-ci constituant lui-même la brique élémen-taire d’un champ PV (Wenhamet al., 2007). Dans le cas idéal où toutes les cellules qui le composent

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Résine EVA

Résine EVA Matrice de cellules Verre trempé

Revêtement arrière Couche anti-reflet

FIGURE 5.5 – Encapsulation typique d’une matrice deNp×Ns cellules PV (ici,Np=1 et Ns =20) entre deux couches de résine EVA (éthylène-acétate de vinyle) au sein d’un module (Labouret et Villoz, 2006 ; Tobíaset al., 2003).

sont strictement identiques et soumises aux mêmes conditions de rayonnement et de température, la caractéristique I-V d’un module ne représente alors qu’une mise à l’échelle de la caractéristique de ces cellules, le modèle électrique équivalent devenant ainsi, dans le cassimple diode(Adamoet al., 2011 ; Wenhamet al., 2007) :

I=NpIph−NpI0 exp q V+IRs,module nNskT

!

−1

!

−V+IRs,module

Rsh,module (5.6)

AvecNple nombre de chaînes connectées en parallèle et composées chacune deNscellules reliées en série ; I etV correspondent cette fois-ci respectivement au courant et à la tension mesurés aux bornes d’un module PV1. En définitive, dans ce cas idéal, la puissance totale produite par un panneau représente la somme des puissances générées par chacune des cellules dont il est constitué.

5.1.1.4 Influence du rayonnement et de la température sur la caractéristique I-V d’un module La caractéristique I-V présentée précédemment (cf.FIGURE5.3) constituait la caractéristique no-minaled’une cellule, mesurée dans les conditions standards, ou STC (standard test conditions), c.-à-d.

pour une température de fonctionnement de 25 °C, un rayonnement de 1000 W/m2 et une distribu-tion spectrale AM1.5 (Emery, 2003). Cependant, comme nous venons de le voir, le courant généré par effet photoélectrique dans une cellule dépend directement de la quantité et de l’énergie des pho-tons incidents ; le photocourant Iph est donc fonction de l’intensité du rayonnement solaire dans le plan des modules, relation qui, idéalement, est considérée comme linéaire (Attivissimoet al., 2013 ; Ciulla et al., 2014). En outre, en plus de cette implication triviale, la température de fonctionne-ment d’un module influe égalefonctionne-ment de manière importante sur son comportefonctionne-ment, celle-ci pouvant en effet fortement altérer le rendement de conversion disponible (Gergaud, 2002 ; Nishioka et al., 2003). La caractéristique I-V d’un panneau est donc totalement dépendante de ces deux paramètres,

1. Dans la littérature, les notations employées pour décrire la caractéristique I-V d’une cellule (Vco,Icc,Imp,Vmp,Pmp, FF) restent très souvent les mêmes pour un module. C’est pourquoi, afin d’éviter une trop grande prolifération de termes, nous avons privilégié une notation commune (cf.nomenclature).

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5.1Caractéristiques endogènes : modélisation de la conversion photovoltaïque

FIGURE 5.6 – Exemple d’évolution de la caractéristique I-V d’un module PV industriel avec (A) la température (rayonnement constant égal à 1 kW/m2; distribution spectrale AM1.5) et (B) le rayon-nement (température constante de 25 °C) (Labbé, 2006 ; Photowatt, 2007).

dont l’influence est résumée par la FIGURE 5.6 qui présente les courbes I-V d’un module photovol-taïque industriel pour différentes conditions de température et de rayonnement (Photowatt, 2007). On constate ainsi non seulement une augmentation du courant de court-circuit (quasi linéaire), mais aussi de la tension de circuit ouvert avec le rayonnement, résultant logiquement dans l’accroissement de la puissance maximale produite. À l’inverse, et comme prévu par la théorie (Gray, 2003), si le courant de court-circuit du module varie assez peu avec la température, il n’en est pas de même de la tension de circuit ouvert, dont la diminution substantielle provoque au niveau global une dégradation de la puissance maximale disponible.

5.1.2 Estimation de la puissance électrique maximale fournie par un champ

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