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Carpolepis laurifolia J.W.Dawson est une espèce appartenant à la famille des Myrtaceae. Dans le monde, cette famille renferme 133 genres et plus de 3 800 espèces majoritairement représentées dans les zones tropicales et subtropicales de la planète (notamment en Australie et dans les zones équatoriales du continent américain)282. Le nom de « Myrti » fut attribué à ce taxon en 1789 par Antoine-Laurent de Jussieu, un botaniste Français qui fut le premier directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle.

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En Nouvelle-Calédonie, cette famille comprend 21 genres dont 6 endémiques, et 236 espèces dont 234 sont endémiques180.

Les Myrtaceae sont le plus souvent des arbres ou arbustes à feuilles généralement opposées, simples, entières, pourvues de nervures marginales et de glandes à huile essentielle. Les fleurs des Myrtaceae sont actinomorphes, le calice et la corolle présentent 4 ou 5 unités et les étamines sont généralement nombreuses. Les différentes pièces florales que sont les sépales, pétales et étamines, sont très souvent supportées par un hypanthium (figure 50).

Figure 50. Schéma floral d’une plante à hypanthium (www.life.illinois.edu), et détail de la fleur de C. laurifolia var. laurifolia (photo de G. Gateblé, endemia.nc).

La plupart des fruits de Myrtaceae sont issus d’ovaires infères. Ce sont des baies, des capsules ou des fruits secs indéhiscents. La nature des fruits est par ailleurs retenu depuis 1828 (d’après les observations de De Candolle) pour différencier trois tribus, devenues sous-familles dans la classification de Endlicher en 1840 :

 Sous-famille des Myrtae caractérisée par des fruits sous forme de baies.

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 Sous-famille des Leptospermae dont les fruits sont généralement des capsules (fruits secs déhiscents).

 Sous-famille des Chamaelaucieae qui élaborent des fruits secs indéhiscents.

Chez les Leptospermae, sous-famille à laquelle appartient le genre Carpolepis, l’observation de l’insertion des feuilles et de la structure des fleurs (et particulièrement des étamines) permet souvent de déterminer le genre d’un individu. Ainsi les espèces du genre Carpolepis sont caractérisées par des feuilles opposées ou verticillées par trois, des étamines qui sont, pour les plus longues, au moins égales à la longueur des pétales, et des fruits ailés283.

Figure 51. Photos des deux variétés de C. laurifolia : var. laurifolia à gauche (ref. herbier ADF 27 ; récolté sur le plateau de Tango, en forêt humide sur schiste) ; var. demonstrans à droite : photo prise au Mont Mou dans le maquis minier).

C. laurifolia est un arbuste ou arbre pouvant atteindre 18 à 20 mètres. Cette espèce est caractérisée par ses feuilles verticillées par trois et de façon moins flagrante par la taille de ses étamines (20-35 mm). Cette espèce est largement

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répandue sur la Grande Terre, dans les forêts et maquis, sur sol ultramafique et sédimentaire, et avec une large amplitude altitudinale (de 5 à 1600 mètres). Deux variétés, présentées dans la figure 51, sont distinguées d’après la taille des fleurs et des fruits. Les deux variétés se distinguent également par leur habitat puisque la variété laurifolia affectionne plutôt la forêt humide alors que la variété demonstrans se rencontre dans le maquis minier283.

2. Chimiotaxonomie

Les Myrtaceae sont réputées pour contenir de l’huile essentielle, riche en terpénoïdes, et des flavonoïdes220. D’après Wilson et al., 2005284, Carpolepis est un genre de la famille des Myrtaceae appartenant au groupe des Myrtoideae et plus précisément au clade des Metrosidereae, comprenant les genre Carpolepis, Mearnsia, Metrosideros et Tepualia. La chimie de plusieurs plantes appartenant au genre Metrosideros a déjà été étudiée (les autres genres n’ayant pas été étudiés d’un point de vue chimique). En accord avec les données chimiotaxonomiques évoquées ci-dessus, ces études ont mis en évidence la présence d’huile essentielle, de terpène dans ces huiles et de flavonoïdes dans les Metrosideros spp.284.

2.1. Huile essentielle

L’étude de l’huile essentielle de Metrosideros umbellata a mis en évidence douze composés dont l’α-pinène, le β-pinène, le myrcène, le limonène, le dipentène, le terpinéol, l’acétate de myrtenyle, l’acétate de géranyle, l’aromadendrène, le cadinène, et d’autres dérivés estérifiés de sesquiterpènes285. Une étude comparative

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portant sur sept espèces (M. carminea, M. diffusa, M. excels, M. fulgens, M. perforata, M. robusta et M. umbellata) a montré que l’huile essentielle des Metrosideros renferme généralement une grande proportion de sesquiterpènes286. Comme nous l’avions vu pour les Rutaceae dans la troisième partie de ce manuscrit, bien que les huiles essentielles soient souvent responsables d’une activité biologique, il est probable que le protocole utilisé lors du criblage biologique ne permette pas leur extraction.

2.2. Flavonoïdes

D’autres études ont mis en évidence des dérivés phénoliques et des flavonoïdes originaux, souvent C-méthylés et parfois sans oxydation du cycle B287

dont quelques exemples (69-71) sont présentés dans la figure 52. Par ailleurs, les extraits bruts de plusieurs Metrosideros ont montré des activités biologiques intéressantes en inhibant certaines enzymes telles que la trypsine ou la α-glucosidase288.

69 70 71

Figure 52. Exemples de flavonoïdes isolés de M. excelsa287. 69 : une C-méthyl chalcone sans

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De nombreuses anthocyanines, tels que des dérivés glycosylés de la péonidine (72), de la cyanidine (73), de la delphinidine (74), de la petunidine (75) ou de la malvidine (76) présentées dans la figure 53, ont également été isolés dans le genre Metrosideros289.

72 73 74

75 76

Figure 53. Génine des anthocyanines isolés dans les Metrosideros spp. 72 : péonidine ; 73 : cyanidine ; 74 : delphinidine ; 75 : petunidine ; 76 : malvidine.

Ces composés, et plus généralement les membres de la famille des anthocyanines, sont décrits dans la littérature pour de nombreuses activités biologiques, telles que anti-inflammatoire, anti-oxydante ou anti-tumorale290. Cependant les anthocyanines, qui ont un rôle clé dans la pollinisation de nombreuses espèces végétales pour la couleur qu’elles donnent aux fleurs, sont surtout utilisées dans l’industrie pour leur pouvoir de coloration220.

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