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II. LES IMPACTS

2. Des infrastructures endommagées

2.1 Les dommages sur les sabo-dam

Les barrages et les ponts enjambant les rivières ont très rapidement été détruits par les lahars. De décembre et à avril 2011, 14 sabo-dams et 21 ponts sur les versants occidental et méridional du Merapi ont été emportés par les lahars, ou bien ensevelis (Figure 68). Les sabo-GDPVEORTXHQWG¶DERUG les sédiments, puiVUHPSOLVLOVVRQWSHXjSHXHQVHYHOLVSDUOHVGpS{WVVXFFHVVLIV/¶H[HPSOHGXVDER- dam SE-RD5, en amont de Mangunsuko sur la Senowo, en est un exemple typique. Terminé en 2009, il représente le dernier modèle de la technologie sabo, (Pak Manis, entretien, 2010), dans lequel les déversoirs sont plus larges, et ne sont pas fermés par un tablier (Figure 68C et D ; Figure 70). Ce nouveau mode de construction est supposé ralentir le remplissage du barrage, mais est prévu pour des récurrences de lahars qui ne dépassent pas les 4 à 5 événements par an (P. Manis, Proyek Merapi, HQWUHWLHQ /DULYLqUH6HQRZRD\DQWVXELODKDUVMXVTX¶HQPDUVOHEDUUDJHV¶HVWUHWURXYp très vite comblé et endommagé (Figure 68).

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Figure 68 - Les infrastructures endommagées sur le talus proximal de la rivière Senowo.

A et B : le sabo-dam SE-RD5 inauguré en 2009, vu ˜‡”•Žǯƒ‘–‡Œ—‹͚͙͘͘ȋȌ’—‹•‡ƒ”•͚͙͙͘ȋȌǤ‡– : le pont aménagé 800 m en aval du sabo-dam SE-RD5 vu en Œ—‹͚͙͘͘ȋȌ’—‹•‡ƒ”•͚͙͙͘ȋȌǤ‡’±”‡”Žǯ±’ƒ‹••‡—”†‡•†±’Ø–•‡š…±†ƒ–Ž‡•͝ǤŽ‹…Š±•Ǥ†‡±Ž‹œƒŽǤ

177 La fréquence élevée des lahars empêche le curage du EDUUDJH TXL HQ O¶HVSDFH GH WURLV PRLV V¶HVW UHWURXYp HQWLqUHPHQW enseveli sous 8 m de dépôts. Cet exemple traduit la limite des sabo- dams, initialement prévus pour EULVHU O¶pQHUJLH GHV ODKDUV /HXU aménagement, étudié par Lavigne et Thouret sur la Boyong (2002), est conçu pour des écoulements à moindre récurrence que ceux de 2010-2011. En outre, le sabo-dam SE-RD5 est bâti à 5 km seulement du sommet, sur le talus proximal du volcan, où les dépôts sont à la fois épais et riches en matériel très grossier. La pente élevée DXJPHQWHO¶pQHUJLHGHVODKDUV GRQW O¶LPSDFW VXU OH EDUUDJH HVW SDUWLFXOLqUHPHQW IRUW /D GXUpH GH YLH G¶XQH WHOOH LQVWDOODWLRQ HVW WKpRULTXHPHQW GH SOXVLHXUV années ; le barrage SE-RD5 était prévu pour durer au moins DQV,OQ¶DXUDIDOOXTXHWURLVPRLVSRXU O¶DQpDQWLU/¶H[HPSOHGXVDER-dam SE-RD5 se retrouve sur la plupart des infrastructures similaires bâties en amont sur le talus proximal du volcan, comme sur la rivière Apu, où les barrages ont également été enseYHOLVHQO¶HVSDFHGHTXHOTXHVVHPDLQHV Figure 70). Cette situation pose des enjeux financiers évidents, dans la mesure où les sabo-GDPVVRQWQpFHVVDLUHVSRXUOLPLWHUO¶pWDOHPHQWHQDYDO des lahars, où leurs conséqXHQFHVV¶DYqreQWGpVDVWUHXVHV7RXWHIRLVLOV¶DJLWGHFRQVWUXFWLRQVjGXUpH de vie très limitée, mais qui sont également extrêmement coûteuses et qui représentent une part importante du budget alloué à la réparation des dégâts provoqués par les lahars (cf. infra III. 1.2.3).

Figure 70 - Le sabo-dam le plus en amont de la rivière Apu, entièrement comblé par les dépôts de lahars de 2010-2011. Situé à 6 km du cratère, construit en 2010, il n'aura été en service que quelques mois à peine.

Cliché E. de Bélizal, avril 2011.

Figure 69 - Modèle de sabo-dam "ancienne" génération, à déversoirs de dimensions limitées. Ce sabo-dam, construit sur la rivière Gendol, au nord

d'Argomulyo, a été entièrement recouvert par les dépôts pyroclastiques de novembre 2010. Cliché E. de Bélizal, août 2008.

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2.2 Les dommages sur les ponts et les routes

/HVSRQWVVRQWGpWUXLWVSDUO¶LQFLVLRQUDSLGHGXOLWGHVULYLqUHVSDUOHVODKDUV Figure 71), mais peuvent aussi être directement emSRUWpVSDUO¶pQHUJLHGXIOX[/HPDUVOHODKDUjGpELWGH pointe Qp = 1800 m3s-1 a emporté la moitié des ponts jumeaux de Tamanagung (chap. 3), situé sur la route Yogyakarta-Semarang, qui est une quatre-voie structurante dans le réseau routier de O¶vOHGH-DYD &HVSRQWVpWDLHQWOHVVHXOVRXYUDJHVG¶DUWUHVWDQWDX-dessus de la Pabelan, les autres ayant disparu entre décembre 2010 et février 2011 (Figure 71). Pendant les six semaines de réparation qui ont duUpG¶DYULO à fin mai 2011, le trafic des bus et des poids lourds était autorisé au compte-goutte pendant la nuit uniquement (à partir de 19h). Pendant la journée, les gros véhicules devaient, pour rejoindre le nord (Magelang puis Semarang), faire le tour dX YROFDQ SDU O¶HVW FH TXL UDMRXWDLW GH ORQJXHV KHXUHV GH trajet. La route Yogyakarta-Semarang, en outre, était fréquemment close au niveau du petit pont avec la Putih comblé dès décembre 2010. Les lahars qui ont suivi ont quasiment systématiquement débordé sur la route, et obligé les autorités à fermer cet axe stratégique pendant plusieurs heures (Figure 72). À 15 reprises entre janvier et mai 2011, la route a été recouverte par les dépôts de lahars, dont le curage SUHQDLWSDUIRLVWRXWHODQXLW/HMDQYLHUODURXWHDpWpIHUPpHjKHQSUpYLVLRQG¶XQODKDU volumineux signalé plus en amont ; celui-ci est arrivé à 14h20, et a coulé pendant plus de 2 heures, laissant derrière lui blocs, graviers et sables sur PG¶pSDLVVHXUHWPGHORQJ/HGpEODLHPHQWGH ODFKDXVVpHDGXUpMXVTX¶jKOHOHQGHPDLQPDWLQ3HQGDQWFHWHPSVO¶HQVHPEOHGXWUDILFGHODTXDWUH- YRLHHVWGpYLpYHUVOHVPRQWV0HQRUHKVLWXpVXQHGL]DLQHGHNPSOXVjO¶RXHVWVXUGHSHWLWHVURXWHV étroites très vite engorgées pendant plusieurs heures (Figure 72). Alors que Muntilan est habituellement à 30 min de Yogyakarta (moto ou voiture), la déviation par les Menoreh ajoutait en moyenne 2 heures de trajet aux automobilistes bloqués sur la quatre-voie Yogyakarta-Semarang. /¶HQJRUJHPHQW SUHQG WUqV YLWH GHV SURSRUWLRQV LPSRUWDQWHV QRWDPPHQW j FDXVH GH OD SUR[LPLWp immédiate du temple bouddhiste de BorobuGXUTXLHVWO¶XQGHVVLWHVUHOLJLHX[OHVSOXVYLVLWpVSDUOHV WRXULVWHV VXU O¶vOH GH -DYD Figure 72  &HWWH UHVWUXFWXUDWLRQ FRQWUDLQWH GX UpVHDX URXWLHU VXU O¶D[H principal de la région montre une très grande vulnérabilité des infrastructures aux aléas tels que les lahars, lesquels sont capables de bloquer les flux routiers pendant plusieurs heures.

Figure 71 - Un exemple de pont emporté en amont de Tamanagung sur la Pabelan. Repérer la très forte ‹…‹•‹‘†—Ž‹–†‡Žƒ”‹˜‹°”‡’ƒ”Žǯƒ…–‹‘”±’±–±‡†‡•ŽƒŠƒ”•ȋ-3,8 m en 6 mois et en 9 lahars, soit -40 cm par

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