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II. LES RÉPONSES DU RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE : EXEMPLES DES PROCESSUS MORPHOGÈNES DES

3. Les débordements ponctuels

3.1 Un processus en trois temps

Les débordements pendant un lahar se produisent généralement en deux ou trois temps. Une première pulsation concentrée en matériaux grossiers (blocs décimétriques) quLV¶pWHQGWUqVODUJHPHQW VXUO¶LQWHUIOXYHDYHFXQIRUWLPSDFWGHVWUXFWHXUVXIILVDQWSRXUHPSRUWHUGHVOHYpHVSDUH[HPSOH&HWWH SUHPLqUHYDJXHSHXWrWUHDOLPHQWpHSDUGHQRPEUHX[pSLVRGHVVHFRQGDLUHVDVVRFLpV jO¶pFRXOHPHQW turbulent du lahar, et peuvenWGpSRVHUMXVTX¶jPGHPDWpULHOYROFDQRFODVWLTXHHQXQPrPHpSLVRGH (Figure 53). Toutefois, lorsque le débit se réduit, les pulsations deviennent plus espacées dans le temps, et sont surtout moins concentrées. Le débordement traduit donc une triple dynamique morphogène : (1) incision et étalement lors du front et/ou du pic de débit (correspondant à la FRQFHQWUDWLRQVpGLPHQWDLUHPD[LPDOHGHO¶pFRXOHPHQW   GpSRVLWLRQGHFHVPDWpULDX[HW  LQFLVLRQ quasi-instaQWDQpHGHFHVQRXYHDX[GpS{WVSDUOHVSXOVDWLRQVSOXVULFKHVHQHDXGHILQG¶pFRXOHPHQW (Figure 53).

Ces débordements ponctuels souvent brefs dans le temps et restreints spatialement (quelques dizaines de mètres), à la différence des exemples abordés plus haut, sont le processus le plus fréquent VXUO¶HQVHPEOHGHVSDUWLHVDYDOGHVYDOOpHVORUVTXHOHVFKHQDX[QHFLUFXOHQWSOXVGDQVGHVIRQGVGH vallée, mais pratiquement à fleur de sol. À la moindre augmentation du débit provoquée par un lahar, O¶HQVHYHOLVVHPHQWGHVWHUUDLQVDGMDFHQWVHVWLQpYLWDEOH'HQRPEUHX[YLOODJHVQRWDPPHQWOHORQJGHOD Gendol sur sa partie distale non endiguée, ont été endommagés par des débordements ponctuels du flux (Figure 53) et ont été recouverts par quelques décimètres de boue, immédiatement incisés par les pFRXOHPHQWVWRUUHQWLHOVPRLQVFRQFHQWUpVGHODILQGHO¶DOpD

Figure 53 - Dégâts provoqués par un débordement ponctuel du lahar du 19 mars 2011 dans la Gendol à Jaranan, 5 km en amont de Ngerdi et 2 km en amont de Plumbon (cliché E. de Bélizal, mars 2011).

Après une première vague qui a notamment transporté des blocs qui ont dévasté les constructions (premier plan)ǡ•ǯ‡•—‹˜‹”‡–†‡•’—Ž•ƒ–‹‘•‘‹•…‘…‡–”±‡•“—‹‘–‹…‹•±•—”͙͘͝……‡•’”‡‹‡”•†±’Ø–•Ǥ‡•

chronologie et dynamiques morphogènes

147 3.2 Le cas de la Pabelan à Tamanagung : débordement sur une terrasse

Dans le cas de la Pabelan à Tamanagung (20 km du cratère), une partie du village a été GpYDVWpHHQPDUVHQPrPHWHPSVTX¶XQHSDUWLHGHVSRQWVMXPHDX[GHODTXDWUH-voie Yogyakarta- Semarang était emportée (Figure 54). À Tamanagung, une dizaine de maisons étaient construites sur une ancienne terrasse surélevée de 5 m au-dessus du fond de vallée drainé par la Pabelan, large de 47 m et incisé de 21 m, correspondant au seul exemple de corridor de lahar toujours visible sur le talus distal DYDQWO¶pUXSWLRQGH010. Le lahar du 30 mars 2011, nourri par la rencontre de lahars survenus dans plusieurs affluents de la Pabelan en amont (Trising et Senowo notamment), contraint par les VLQXRVLWpV GH OD YDOOpH D pWp GpYLp GLUHFWHPHQW YHUV OD WHUUDVVH TX¶LO D UHFRXYHUW Vur près de 2 m, détruisant les maisons (Figure 54). Le débordement a eu lieu pendant le débit de pointe du lahar, évalué à plus de 1800 m3s-1 au niveau des ponts jumeaux (section mouillée évaluée à 490 m², pour une vitesse de surface maximale de 3,7 m/s, voir supra I. 2.1.3).

Figure 54 - L'inondation du village de Tamanagung

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3.3 Le cas de la Code à Yogyakarta : des aléas en milieu urbain

La Code est le prolongement de la Boyong, et a été au moins trois fois traversée par des lahars (cf. supra ,   /D VLWXDWLRQ GH OD &RGH HVW  VLQJXOLqUH FDU F¶HVW OD VHXOH ULYLqUH GX 0HUDSL j V¶pFRXOHUHQPLOLHXXUEDLQGHQVHSXLVTX¶HOOHWUDYHUVHOH centre ville de Yogyakarta avant de rejoindre OH IOHXYH 2SDN DX VXG GH -DYD /¶RFFXUUHQFH GHV ODKDUV GDQV OD &RGH SRVH GRQF G¶XQH PDQLqUH particulière la question des risques, puisque les densités de population y sont particulièrement élevées, et que le niveau de vie des populations urbaines dans les quartiers proches de la Code est généralement assez bas (Lavigne, 1999). Tout le long de la rivière, ce sont 3125 maisons situées à moins de 100 m de la rivière qui sont exposées aux lahars (Hadmoko et al., 2012), dont 344 à moins de 25 m du lit mineur,OV¶DJLWG¶KDELWDWLRQVORFDOLVpHVVXUOHSOXVEDVGHVWURLVQLYHDX[GHWHUUDVVHVDXIRQGGHVTXHOV coule la Code. Le danger provient essentiellement du tracé de la rivière qui est très fortement canalisée : les sinuosités parfois méandreuses de la Code favorisent les effets de réverbération du flux contre une berge et les débordements associés en cas de lahars (Figure 55).

Si les lahars qui ont atteint la Code en novembre 2010, mars et mai 2011 étaient des écoulements hyperconcentrés ne transportant pas de blocs capables de destructions massives comme à 7DPDQDJXQJ OD ERXH TX¶LOV RQW ODLVVpH D HQGRPPDJp GH QRPEUHXVHV PDLVRQV 'DQV OH FDV GX  novembre 2010, une dizaine de maisons ont été inondées par le lahar, et 2 sévèrement endommagées dans le quartier de Cokrodiningrat (Figure 55$ VLWXpDXF°XUGHODYLOOHjNPGXFUDWqUHHQULYH droite de la rivière. Cette zone a été particulièrement touchée lors des occurrences suivantes, notamment le 19 mars 2011 et le 1er mai 2011. La forte sinuosité de la rivière favorise les avulsions qui sont ensuite canalisées et accélérées par le réseau de rues étroites (gang). Les risques de débordements sont également fréquents au niveau de la sinuosité de la Code à Cokrodiningratan et plus en aval à Gondomanan (Figure 55B). Ces sites sont localisés sur des lobes de rive convexe, inondés par des débordements dus à la canalisation du flux.

(QUpSRQVHDX[ODKDUVSDUWLFXOLqUHPHQWIUpTXHQWVHWpWHQGXVDSUqVO¶pUXSWLRQGH les rivières ont subi des réajustements qui ont été étudiés à échelle locale à travers des H[HPSOHV SULV VXU O¶HQVHPEOH GX YROFDQ GDns presque tous les bassins versants, et qui traduisent, notamment, la réactivation et la formation des corridors de lahars. Sur les talus proximal et médial, les larges vallées correspondant à des corridors de lahars historiques, ont été incisées et élargies (exemples de la Senowo à Mangunsuko, de la Putih à Jurangjero, de la Gendol à Kaliadem). Sur le talus distal où les lahars historiques ont été moins fréquents et où leurs évidences morphologiques étaient peu visibles voire effacées (Opak), les rivières ont VXELG¶LPSRUWDQWVFKDQJHPHQWVOLpVjODIRUPDWLRQGHFRUULGRUVGHODKDUV H[HPSOHGHOD2SDN à Panggung et de la Gendol à Plumbon). Les défluviations ont été étudiées sur le talus distal à Sirahan (Putih) et à Ngerdi (Gendol), et un risque de défluviation potentielle sur le talus médial HQWUHOD3XWLKHWOD%DWDQJDpWpDUJXPHQWp,OV¶DJLWGHSURFHVVXVTXLQHIRQWSDVTX¶pODUJLUOH chenal, mais qui le dédoublent par un circuit parallèle rectiligne, de quelques centaines de mètres, pouvant circuler droit dans les villages riverains. Enfin, les débordements ponctuels RQWpWpFDUDFWpULVpVjO¶DLGHGHO¶H[HPSOHGHOD3DEHODQj7DPDQDJXQJHWGHOD%R\RQJ-Code à Yogyakarta.

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Figure 55 - La Code à Yogyakarta : sinuosités, zones exposées, zones inondées et type d'habitat (image Quickbird, 2006). Le centre historique, ou keraton, est le carré

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/·REMHFWLI GX troisième chapitre était de présenter la fréquence et la GLVWULEXWLRQVSDWLDOHGHVODKDUVVXUYHQXVDSUqVO·pUXSWLRQGHDLQVLTXHOHXUV impacts sur le réseau hydrographique. Les principales conclusions de ces résultats sont les suivantes :

(1) Les lahars ont été particulièrement nombreux, avec 282 événements enregistrés entre le 27 octobre 2010 et le 25 janvier 2012. Durant chaque semaine de saison humide, 4 à 6 lahars pouvaient se produire.

(2) La répartition spatiale des lahars a été très vaste. Ils se sont écoulés dans la quasi-totalité des rivières situées sous le cône actif du Merapi, du nord-ouest au sud-est. Cette augmentation du nombre de bassins-versants laharigène est due HQ SDUWLH j OD G\QDPLTXH H[SORVLYH GH O·pUXSWLRQ GH  TXL D GpSRVp GX matériel pyroclastique à la fois sur les versants occidentaux et méridionaux du volcan. Les pluies, également, se sont avérées abondantes, avec des intensités en mm/h parfois très élevées.

(3) 0DOJUp O·DEVHQFH G·XQ V\VWqPH GH GpWHFWLRQ V\VWpPDWLTXH TXHOTXHV PHVXUHV ponctuelles ont pu être réalisées et montrent des débits moyens de lahars oscillant autour de Q = 250 à 500 m3s-1 sur le talus distal. En revanche, les HQTXrWHV HW PHVXUHV GH WHUUDLQ RQW PRQWUp pJDOHPHQW O·RFFXUUHQFH G·pYpQHPHQWVG·intensité plus grande (Q > 1000 m3s-1) qui ont pu être renseignés. Le rôle GHV SRQWV HWGHV EDUUDJHV GDQV ODYDULDELOLWpGH O·LQWHQVLWpGHV ODKDUVD pJDOHPHQWpWpTXDQWLILpHHWH[SOLTXpHjO·DLGHGHGHX[H[HPSOHVVXUOD2SDNHW la Kuning.

(4) La réponse du réseau hydrographique à cette forte fréquence de lahars a été pWXGLpHjO·DLGH G·H[HPSOHVSULVVXUO·HQVHPEOHGXYROFDQ/DSOXSDUWGHVULYLqUHV du volcan ont été investiguées à grande échelle pour permettre au lecteur de PLHX[ VDLVLU O·DPSOHXU HW OD YDULDELOLWp GHV FKDQJHPHQWV WUqV UDSLGHV TXH OHV lahars ont provoqué, notamment sur le talus distal du volcan. La dynamique de création de corridors de lahars (élargissements de chenaux, incision, sédimentation) associée à des défluviations et à de débordements a été présentée, expliquée et quantifiée. Les exemples abordés séparément dans la seconde rubrique du chapitre ne doivent toutefois pas laisser supposer un cloisonnement de ces processus, qui peuvent être bien souvent synchrones à un PrPH HQGURLW O·pODUJLVVHPHQW GX FKHQDO GH OD 2SDN j 3DQJJXQJ V·HVW accompagné de débordements sur la rive orientale également). Leurs conséquences, toutefois, ne jouent pas sur la même échelle de temps. Les défluviations et élargissements de chenaux provoquent des transformations durables du réseau hydrographique que seul le génie civil peut résorber à grands renforts de travaux de voirie. Enfin, les débordements ponctuels désignent des processus plus immédiats, plus fréquents, aux conséquences moins visibles sur la forme du réseau hydrographique, mais tout aussi dommageables pour les populations riveraines. Les lahars constituent bien un agent morphogène important au Merapi : ils effectuent non seulement le transfert du matériel depuis le talus proximal vers le talus distal, et ce faisant forment un type G·HVSDFH SDUWLFXOLHU OHV FRUULGRUV GH ODKDUV Oarges de plusieurs dizaines de mètres.

Ces changements morphologiques du réseau hydrographique ne sont pas sans impacts pour les populations riveraines. Les dégâts liés à la formation des corridors de lahars sont cartographiés et évalués dans le chapitre suivant.

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Chapitre 4 Ȃ Espaces menacés, impacts

socioéconomiques et gestion du risque

« /HVSHUVRQQHVKDELWDQWVXUOHVSDUWLHVGLVWDOHVG·XQpGLILFHYROFDQLTXHQHVHVHQWHQWSDV PHQDFpVSDUOHVODKDUVGRQWLOVLJQRUHQWG·DLOOHXUVODSXLVVDQFHGHVWUXFWrice »

(J.W. Vallance, 2000).

DUHPRELOLVDWLRQGHVGpS{WVS\URFODVWLTXHVGHO·pUXSWLRQGHSDU les pluies de mousson ont entraîné des lahars sur la quasi-totalité des bassins-versants du nord-ouest au sud-est du Merapi. Certaines rivières comme la Putih, la Opak ou la Gendol ont subi plusieurs dizaines G·pYpQHPHQWV en quelques semaines seulement. Les lahars se sont étendus MXVTXHVXUOHWDOXVGLVWDOGXYROFDQTXLQ·DYDLWSDVpWpWRXFKpGHSXLVDXPRLQV XQH TXDUDQWDLQH G·DQQpHV et y ont formé des corridors de lahars, par élargissement et incision des chenaux, associés à des défluviations et à des débordements ponctuels. Les transformations géomorphologiques du réseau hydrographique menacent directement la sécurité des populations et de leurs habitations, qui occupent densément les abords de rivières redimensionnées et transformées en corridors de lahars. Ce contexte morphodynamique, associé à la forte densité de population au Merapi (cf. chap. 1, I.2.1), soulève la question des risques liés aux lahars et à leur gestion.

4XDQGELHQPrPHO·pUXSWLRQHVWWHUPLQpHODVLWXDWLRQG·XUJHQFHGHPHXUH bien présente SXLVTX·DX[DOpDVpUXSWLIVVXFFqGHQWOHValéas post-éruptifs, sur un espace et sur une temporalité plus vastes. Les espaces du risque, localisés en fonction de leur proximité avec le cratère pendant une éruption, doivent être désormais définis selon leur proximité par rapport aux nombreuses rivières où les lahaUVVRQWOHVSOXVSUREDEOHV$SUqVO·pUXSWLRQ de 2010OHGDQJHUQ·HVWSDVSUqV du sommet, mais sur le talus distal du volcan.

/·REMHFWLIGHFHFKDSLWUH HVWG·H[SRVHUGHVUpVXOWDWVFRQFHUQDQW :

(1) Le risque lié aux lahars, alimenté par des réflexions sur les différents types G·HVSDFHV H[SRVpV aux lahars, sur la vulnérabilité des communautés du Merapi, et sur la connaissance GHO·DOpD et la perception des risques.

(2) Les dommages provoqués par les lahars : typologie, nature, quantification et bilan.

(3) /D JHVWLRQ GH O·DOpD, combinant à la fois les efforts des autorités administratives et scientifiques pour limiter les risques et la manière dont V·RUJDQLVHQWOHVFRPPXQDXWpVORFDOHVSRXUIDLUHIDFHDX[DOpDV

/·HQVHPEOHGHVUpVXOWDWVprésentés dans ce chapitre V·DSSXLHVXUune revue de la littérature (vulnérabilité au Merapi), sur des rapports fournis par les administrations des villages touchés, sur des mesures de terrain, et sur des enquêtes réalisées auprès des acteurs et populations locales, dont un questionnaire systématique de perception du risque et de connaissance GHO·DOpD lahar auquel a répondu un échantillon de 625 personnes.

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I.

LES LAHARS REPRÉSENTENT-ILS UN RISQUE ?

/HV ODKDUV V¶DYqUHQW SDUWLFXOLqUHPHQW PRUSKRJqQHV HW VRQW j O¶RULJLQH GH SURFHVVXV YDULpV identifiés au chapitre 3, menaçant inégalement la sécurité des populations riveraines. L¶REMHFWLI GH cette rubrique est de proposer un aperçu des différents espaces de danger lié aux lahars autour du 0HUDSL DSUqV O¶pUXSWLRQ GH  /D YXOQpUDELOLWp pWDEOLH G¶DSUqV OHV REVHUYDWLRQV GH WHUUDLQ HW OD littérature scientifique consacrée au MerapLHVWGLVFXWpHHWODSHUFHSWLRQGHO¶DOpDHVWGpWDLOOpHjO¶DLGH GHVUpVXOWDWVG¶XQTXHVWLRQQDLUH

1. /HVHVSDFHVPHQDFpVHWO¶H[SRVLWLRQGHVKDELWDQWV

Le chapitre 3 a montré que les occurrences de lahars ont été très nombreuses autour du Merapi, avec 282 lahars entre octobre 2010 et janvier 2012. La fréquence demeure inégale selon les rivières VXUOHVULYLqUHVTXLRQWpWpWUDYHUVpHVSDUGHVODKDUVVHXOHVO¶RQWpWpSOXVGHIRLV $LQVLGHV FRXUV G¶HDXFRPPHOD7ULVLQJOD:RUROD/DPDWRXOD%Oongkeng avec des fréquences G¶RFFXUUHQFHVF VRQWEHDXFRXSPRLQVVXVFHSWLEOHVjO¶DOpDTXHOD3XWLK F = 19,5%), la Boyong (F = 10,6%) ou la Gendol (F = 10,3%) ainsi que la Ladon (F = 10,3%). Cette analyse de fréquences statistiques donne un premier aperçu des rivières où les lahars sont les plus probables, et nécessitent une surveillance accrue.

1.1 Des zones faiblement menacées en amont des rivières

Sur le talus proximal du volcan, à la base du cône actif, les rivières sont encaissées dans des vallées aux parois subverticales pouvant atteindre plus de 40 m de hauteur (Apu, Gendol, Boyong). Le IRQGGHYDOOpHHVWODUJHG¶DXPRLQVjPSDUIRLVSOXVGHPQRWDPPHQWGDQVOD6HQRZROD Putih, la Bebeng, la Boyong, la Gendol ou la Woro. Ces grandes dimensions rendent impossibles les GpIOXYLDWLRQVRXOHVGpERUGHPHQWVOLpVDX[ODKDUV/HVVHXOVpOpPHQWVVXVFHSWLEOHVG¶rWUHGLUHFWHPHQW frappés par les lahars sont les infrastructures bâties en travers des vallées, comme les ponts et les barrages à sédiments (sabo-dams FRQoXVSRXUMXVWHPHQWEULVHUO¶pQHUJLHGHVODKDUV(QUHYDQFKHOHV YLOODJHVVLWXpVVXUOHVLQWHUIOXYHVVRQWpSDUJQpVSDUOHVHIIHWVGpYDVWDWHXUVGHVODKDUVPrPHV¶LOVHQ subissent les effets indirects comme les effondrements liés aux sapements de berges. De fait, les desa FRPPXQHV GRQWOHWHUULWRLUHV¶pWHQGVXUOHWDOXVSUR[LPDODSSDUDLVVHQWIDLEOHPHQWPHQDFpVSDUOHV lahars (Figure 56), à part quelques communes qui ont été plus fortement touchées par les reculs de EHUJH G¶DSUqV UHOHYpVGHWHUUDLQ &HV GHUQLHUVVRQWSUHVTXHWRXV VLWXpVGDQVOHVRXV-bassin versant 3DEHODQ 'DQV OH FDV GX YHUVDQW PpULGLRQDO VHXO O¶DPRQW GH OD %R\RQJ HVW VRXPLV j FH W\SH GH dynamique, avec un recul de 3 m mesuré à Turgo, sur le talus proximal.

/HWDOXVPpGLDOHVWpJDOHPHQWJOREDOHPHQWjO¶DEULGHVGpERUGHPHQWVOLpVDX[ODKDUVSXLVTXH les rivières y coulent encore dans des vallées suffisamment encaissées pour épargner les villages bâtis sur les interfluves. En outre, certaines communes du flanc sud du volcan ont été balayées par les GpIHUODQWHVGHO¶pUXSWLRQGH HQDPRQWGHOD.XQLQJGHOD2SDNHWGHOD*HQGRO HWQ¶pWDLHQWSDV encore reconstruites pendant la saison des pluies 2010-2011, ce qui limite considérablement les risques de catastrophe dans le cas très hypothétique où un lahar serait suffisamment puissant pour déborder. Les rivières dont la partie médiale est dangereuse sont notamment la Gendol et la Opak. Des dégâts importants y ont été recensés (Figure 56), car la pente de la vallée diminue, ainsi que la hauteur des

153 berges (< 5 m). Des conditions similaires ont été observées dans la partie médiale des rivières Krasak, Bebeng, et Batang (Figure 56). Dans ce dernier cas, le risque de défluviation depuis la Putih (cf. chap. 3) est un élément supplémentaire de danger  WRXWHIRLV DXFXQ GRPPDJH Q¶D pWp VLJQDOp GDQV OHV communes riveraines de ces rivières pendant la saison des pluies 2010-2011. Les risques sur le talus SUR[LPDO VRQW GRQF UpGXLWV GH SDUOD IDLEOH HPSULVHGHV LPSDFWV GH O¶DOpD VXUOD SRSXODWLRQ /HXUV impacts en revanche, sont beaucoup plus marqués en aval (cf. chap. 3).

1.2 Un risque maximal sur le talus distal 1.2.1 Des enjeux élevés

On compte près de 38 communes (desa) situés à moins de 300 m ou traversées par une rivière autour du Merapi (Figure 56). Dans le seul district de Magelang, près de 120 000 personnes sont potentiellement menacées par les lahars. Sur le versant sud du Merapi, ce chiffre peut être triplé voire TXDGUXSOpHQUDLVRQGHODSUpVHQFHGHO¶DJJORPpUDWLRQGH<RJ\DNDUWDODTXHOOHDGpMjpWpIUDSSpHSDU les lahars (Figure 56). Les enjeux du versant méridional sont ainsi particulièrement élevés : présence G¶XQHDJJORPpUDWLRQGHSUqVG¶XQPLOOLRQG¶KDELWDQWVDYHFXQKDELWDWGHQVHSDUWLFXOLqUHPHQWVXUOHV terrasses de la Code, exposées aux lahars SUpVHQFHG¶XQFRPSOexe touristique de prang hindouistes du IXe siècle sur les rives du fleuve Opak. Les dangers auxquels ces personnes et ces biens sont exposés sont GHVGpIOXYLDWLRQVHWGHVGpERUGHPHQWVTXLULVTXHQWGHGpWUXLUHHWG¶HQVHYHOLUKDELWDWLRQV et infrastructures.

1.2.2 Des populations vulnérables - En milieu rural O¶H[HPSOHGH6LUDKDQ

Les causes profondes de la vulnérabilité dans les milieux ruraux du Merapi sont un sujet G¶pWXGH SDUWLFXOLqUHPHQW YDVWH 2Q VH UpIpUHUD DX[ WUDYDX[ GH /DYLJQH et al. (2008), Utami (2008), Texier et al. (2009) et Donovan (2009) pour une investigation poussée des causes de vulnérabilité sur le Merapi. Celle-ci est liée, avant tout, à de fortes contraintes, notamment économiques : les habitants sont dépendants des ressources de leur territoire (livelihood SXLVTX¶LOVQ¶HQSRVVqGHQWSDVG¶DXWUHV : FKDPSVEpWDLOPDLVRQVHWSRVVHVVLRQVPDWpULHOOHVVRQWODVHXOHPDUJHGHPDQ°XYUHpFRQRPLTXHGH populations qui, bien souvent, ne possèdent ni épargne ni assurance (Lavigne et al., 2008 ; Texier et al 3HUGUHFHVELHQVF¶HVWQHSOXVULHQDYRLU/¶H[HPSOHGRQQpFL-après illustre cet argument.

La commune de Sirahan, sur le talus distal, a été marquée par des destructions de grande DPSOHXUGqVMDQYLHUjFDXVHG¶XQSURFHVVXVGHGpIOXYLDWLon qui a dédoublé le lit de la Putih dans un vaste corridor de lahar (cf. chap. 3). La commune compte 3476 habitants sur un territoire de 2,4 NPðG¶RXQHGHQVLWpGHSRSXODWLRQPR\HQQHGHKDENPðFHTXLHVWOpJqUHPHQWDX-dessus de la moyenne dans les campagnes du centre de Java (950 hab./km², De Koninck, 2005) mais correspond SUHVTXHDXGRXEOHGHODYDOHXUO¶RQSHXWFDOFXOHUSRXUOH0HUDSLG¶DSUqVOHVGRQQpHVGXUHFHQVHPHQW 2010 (800 hab./m²).

154

155 '¶DSUqVXQHQWUHWLHQDYHFOHPDLUH3DN0XU\RQRODPDMHXUHSDUWLHGHVKDELWDQWV ! VRQW DJULFXOWHXUVHWQHSRVVqGHQWULHQG¶DXWUHTXHOHXUPDLVRQ/HVSOXVDLVpVG¶HQWUHHX[UHSUpVHQWHQWXQH faible proportion et regroupent de rares propriétaires terriens (2%) ; la plupart travaillent en effet comme métayers, voire comme saisonniers. La quasi-totalité des maisons détruites par les lahars VXUYHQXV GHSXLV  MDQYLHU Q¶RQW SDV pWp UHFRQVWUXLWHV FDU OHXUV KDELWDQWV Q¶RQW pas les moyens G¶HIIHFWXHUGHVUpSDUDWLRQV.

- En milieu urbain O¶H[HPSOHGH<RJ\DNDUWD

/¶pWXGHGHODYXOQpUDELOLWpXUEDLQHj<RJ\DNDUWDPpULWHUDLWXQHWKqVHjHOOHVHXOHWDQWOHWLVVX XUEDLQGHODYLOOHHVWFRPSOH[H,OHVWOHUpYpODWHXUG¶XQHDQFLHQQe histoire remontant aux royaumes