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La dernière phase d’occupation (phase 77C2, vers 325-200 av n ère) et la destruction de l’habitat (phase 77C1, vers 225-200 av n ère)

Dans le document Pech Maho (Sigean, Aude) 2011 (Page 90-92)

Anne-Marie Curé

3.2. La dernière phase d’occupation (phase 77C2, vers 325-200 av n ère) et la destruction de l’habitat (phase 77C1, vers 225-200 av n ère)

3.2.1. Architecture : le mur MR77037 et la porte PR77342, le mur MR77062 et le poteau PO77304

Le secteur 77/18 est situé à l’arrière du secteur 77/5, contre le rempart. C’est une pièce couverte, de plan trapézoïdal et d’une surface utile de 19 m². On y accède depuis le secteur 77/19 à l’est, et probablement aussi depuis le secteur 77/5, au nord.

La limite nord du secteur 77/18 est définie par l’interruption des murs MR77037 à l’est et MR77062 à l’ouest. On rappelle que malgré l’absence d’identification à ce jour d’une quelconque cloison, l’interruption de plusieurs couches dans l’alignement de l’extrémité de ces murs ne laisse aucun doute quant à la présence d’une séparation entre le secteur 77/18 et le secteur 77/5. Ceci étant, la présence d’un passage entre les deux pièces est tout à fait probable.

À l’est, le secteur est fermé par le mur MR77037. D’orientation NO/SE, cette struc- ture est longue de 2,90 m, pour une épaisseur moyenne de 45 cm et une hauteur maxi- mum conservée d’une soixantaine de centimètres. La construction est à double pare- ment, avec, par endroits, un blocage interne de pierres. Les parements sont constitués d’assises irrégulières de moellons et de blocs calcaires, équarris à retouchés, disposés à plat ou de chant, le plus souvent en panneresse. Les pierres sont jointoyées par un liant épais de limon argileux jaune, sans inclusion.

L’interruption du mur MR77037 à environ 1,30 m du rempart marque l’emplace- ment de la porte PR77342, permettant l’accès au secteur 77/18 depuis le secteur 77/19 (fig. 19). La porte PR77342 est matérialisée par un ouvrage d’orientation NO/SE situé dans l’alignement du mur, de 1,20 m de long et de largeur équivalente à MR77037, soit environ 45 cm. Elle est constituée par un pas de porte formant un emmarchement d’une dizaine de centimètres de haut et de 30 cm de large, maçonné à l’aide de deux blocs calcaires posés à plat et liés par du limon argileux brun jaune (77342). Ce pas de porte est surmonté à l’est par un alignement formé par un bloc et quatre moellons calcaires liés par du limon argileux brun jaune, de 20 cm de large et d’une dizaine de centimètres de haut (77353). Le dispositif est complété par une crapaudine monolithique indépen- dante située au nord-est de la porte, contre le mur MR77037 (77347). La crapaudine se présente comme une cavité semi-sphérique, légèrement ovalaire en plan, de 6 à 8 cm de diamètre et 8 cm de profondeur, aménagée au centre d’un moellon en grès (30 x 25 cm) aux contours irréguliers.

La limite occidentale est pour sa part marquée par le mur MR77062, ouvrage d’orientation NO/SE accolé au rempart au sud, mesurant 5 m de long, 90 cm de large, et possédant une hauteur maximale conservée de 1,10 m, correspondant à sept assises.

La construction est à double parement avec blocage interne. Les assises inférieures, ma- çonnées à l’aide de gros blocs calcaires équarris, sont surmontées de plusieurs assises de blocs plus petits et de moellons. Les pierres sont jointoyées par du limon argileux brun jaune, sans inclusion. À l’instar de ce que l’on observe pour le mur MR77207, aucune ouverture dans ce mur ne permet d’envisager un quelconque passage entre les secteurs 77/5 ou 77/18 et les secteurs 77/3, 77/2 ou 77/7.

Le poteau PO77304 semble également être un élément structurant de l’espace, ser- vant de support à la superstructure (toiture, ou peut-être étage) (fig. 20). Situé à environ 80 cm de la limite nord du secteur, il est équidistant des murs MR77037 et MR77062, et se place ainsi dans l’alignement des poteaux porteurs du secteur 77/5 (PO77233 et PO77301). Le trou de poteau est caractérisé par un creusement subcirculaire en plan de 30 à 35 cm de diamètre et de 25 cm de profondeur, possédant des parois verticales et un fond plat (77306). Le calage est formé par un moellon calcaire et un fragment de dolium sur la bordure occidentale du creusement, ainsi que par un moellon à la base du creuse- ment (77305). Une partie de ce calage – une pierre et trois fragments de dolium – a par ailleurs été trouvée effondrée dans le comblement. Ce dernier est constitué de limon brun jaune contenant quelques charbons et graviers, ainsi qu’un peu de mobilier : deux tes- sons de céramique et deux éclats d’os (77304). Dans la partie centrale du comblement, l’aspect plus organique du sédiment – légèrement plus sombre et plus meuble –suggère que la base du poteau s’est décomposée dans le trou. Dans la mesure où il ne semble pas que le poteau ait été encore en place lors de la phase « post-destruction », le comblement du trou peut être rattaché soit à cette phase (77B3), soit à la phase de destruction (77C1).

3.2.2. Aménagements intérieurs : les doliums DL77319 et DL77325, la structure bâtie SB77334 et le poteau PO77344

Un certain nombre d’aménagements intérieurs liés à l’occupation du IIIe s. ont pu être identifiés, dont certains ne semblent d’ailleurs pas avoir fait l’objet d’une fouille par Y. Solier. C’est le cas notamment de deux doliums de Ruscino partiellement enterrés dans la partie occidentale de la pièce, le long du mur MR77062 (fig. 21 et fig. 22).

Au sud, le dolium DL77319 possède un fond d’environ 30 cm de diamètre. Son dia- mètre à l’arase est quant à lui de 80 cm et sa profondeur conservée de 30 cm. Ce dolium est comblé par un limon argileux brun jaune, compact et homogène, caractérisé par la présence d’inclusions calcaires, de particules rougeâtres et de charbons épars (77320). Des fragments du dolium effondrés, ainsi que quelques pierres et un moellon sont noyés dans le comblement. Quarante litres de sédiment provenant du fond du dolium, sur et sous les fragments de bords, ont été prélevés.

Au nord, le dolium DL77325 possède également un fond d’environ 30 cm de dia- mètre, et une profondeur conservée de 35 cm. La fosse d’implantation du dolium, mal définie, paraît quant à elle légèrement ovalaire, avec un diamètre compris entre 80 et 95 cm. La dynamique d’effondrement du dolium, avec des fragments de paroi visiblement écroulés au sud et au nord vers l’extérieur, semble indiquer que cette fosse était par endroits plus large que le vase lui-même, avec probablement des parois verticales. Ce dolium est comblé par un limon argileux brun jaune, très compact et homogène, dans lequel sont piégés des fragments effondrés du vase (77324) (fig. 23). Trente litres de sédiment provenant du fond du dolium, sur et sous les fragments de bords effondrés, ont été prélevés.

La manière dont ces doliums ont été conservés en place ne laisse pas de doute sur le fait qu’ils étaient déjà partiellement enterrés lors de leur utilisation. C’est pourquoi on peut les rattacher à la dernière phase d’occupation à la fin du IIIe s., le niveau de sol correspondant, fouillé par Y. Solier, se situant probablement à l’origine plus ou moins à hauteur de l’arase des vases. On note par ailleurs qu’un fragment de paroi de dolium implanté verticalement dans le sol dans la partie méridionale du secteur, à quelques centi- mètres du rempart, pourrait indiquer la présence d’un troisième vase enterré (non fouillé). Au centre du secteur, se trouve un empierrement formant un arc de cercle d’environ 1 m de long et 35 cm de rayon, constitué de deux moellons et six pierres calcaires re- touchés à équarris, ainsi que de quelques cailloux (SB77334). Les pierres sont prises de

z Fig. 20 : Vue zénithale du trou de poteau PO77304,

depuis le nord.

z Fig. 21 : Vue depuis le nord des doliums DL77319 et

DL77325, après fouille du comblement.

+ 26 m 0 Nord 1 m Sud 2 m + 27 m DL77325 DL77319 77324 77320

z Fig. 22 : Coupe nord/sud des doliums DL77319 et

manière désordonnée dans le niveau sous-jacent. Cet aménagement, de nature indéter- minée, pourrait éventuellement être un calage de dolium (fig. 24).

Le dernier aménagement intérieur identifié est un trou de poteau de petite dimen- sion, situé entre la structure bâtie SB77334 et le dolium DL77325 (PO77344). Ce trou de poteau est caractérisé par un creusement ovalaire en plan de 15 à 20 cm de diamètre, et d’une dizaine de centimètres de profondeur (77346). On observe un calage constitué de cinq pierres calcaires, brutes, placées en bordure du creusement (77345). Le trou est comblé, peut-être lors de la destruction (phase 77C1), par un limon argileux brun jaune, compacte et homogène (77344).

3.2.3. Remarques sur la stratigraphie

La fouille s’est arrêtée dans le secteur 77/18 sur une surface très hétérogène (Us technique 77351). La partie sud, le long du rempart, a seulement fait l’objet d’un nettoyage approfondi. La surface d’arrêt de fouille correspond donc à cet endroit, à quelques centimètres près, au niveau sur lequel s’était arrêté Y. Solier, soit au sommet de ce qui semble être un puissant remblai de limon argileux, remblai sur lequel était installé le niveau d’occupation de la fin du IIIe s. Cette couche est très perturbée par les racines, et semble, du moins en surface, presque exempte de mobilier. Ainsi, il ne reste dans cette partie de la pièce apparemment aucune trace du dernier niveau de sol antérieur à la destruction.

Dans la partie nord, la fouille s’est arrêtée sur un limon argileux compact, de cou- leur jaune, sur presque toute la surface. On observe toutefois dans la partie centrale du secteur, entre le poteau PO77304, la structure bâtie SB77334 et le dolium DL77325, une couche de limon cendreux gris avec des tâches couleur rouille, semblable aux ni- veaux de limon cendreux présents dans la partie nord du secteur 77/5.

Dans le document Pech Maho (Sigean, Aude) 2011 (Page 90-92)