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c aDre De l ’ étuDe

Dans le document Pech Maho (Sigean, Aude) 2011 (Page 168-171)

Carine Cenzon et Aline Durand

1. c aDre De l ’ étuDe

L’oppidum de Pech Maho est situé sur la commune de Sigean sur la rive droite de la Berre à proximité de l’étang de Sigean. L’habitat est élevé sur une petite colline, do- minant une ancienne zone lagunaire. C’est un terrain à la fois siliceux (grès) et calcaire (éperon rocheux où est établi le site), de plus le site est recouvert par des alluvions pléis- tocènes. Le site de Pech Maho est situé dans l’étage de végétation méso-méditerranéen série du chêne vert, le chêne vert étant limité vers le nord par une bande de végétation qui se mélange de chênes pubescent et de buis (Braun-Blanquet 1936). La proximité de l’étang de Sigean et de La Berre révèle une végétation de ripisylve qui peut abriter des espèces telles que Populus alba, Fraxinus oxyphylla, Ulmus minor, et Salix sp.

Matériel et méthodes

L’aire de crémation (BU77117)

De manière générale, les échantillons provenant de structures spécialisées type fours, ici une structure funéraire, ne permettent pas d’interprétation paléo-écologique des taxons (Chabal 1997). Dans le cadre d’une étude des résidus de crémation en contexte funéraire, la problématique sera d’ordre ethnobotanique, nous pouvons d’ores et déjà proposer des hypothèses de travail :

- L’analyse de la répartition spatiale des charbons de bois permet-elle la restitution du bûcher funéraire ? L’observation du calibre de bois employés (bûches ou petits bois) peut-elle nous renseigner sur la technique crématoire ?

- Les essences présentes dans le résidu de crémation témoignent-elle d’un appro- visionnement local ? Sont-elles choisies en relation avec les propriétés physiques des bois ?

- La détermination des essences peut-elle nous informer sur la présence d’objets et de mobilier funéraire?

Ces hypothèses reposent a priori sur un prélèvement précis organisé en carroyage et stratigraphie, c’est seulement à ce compte que nous pouvons envisager de replacer les essences spatialement et espérer une interprétation en termes de construction et conduite

du bûcher funéraire. De plus, dans le cas ou l’analyse révèlerait la présence d’essences dont les qualités sont reconnues dans la fabrication de divers outils ou emmanchements, il sera nécessaire d’observer les objets métalliques présents au sein de l’aire de créma- tion afin de tenter d’établir des corrélations.

Le protocole a été établi lors des fouilles de 2005 (Gailledrat et al. 2010) et repose sur une fouille stratigraphique, organisée par un carroyage de quart de mètre carré. Les prélèvements suivent les exigences d’une fouille de structure funéraire (Bel 1996) per- mettant ainsi de spatialiser le matériel osseux.

La couche de dépotoir

Dans le cadre d’une étude sur les pratiques funéraires, nous tentons de mettre en évidence des gestes et usages particuliers du combustible ligneux. À ce titre il s’agit de comparer le bois utilisé au cours de la crémation au bois issu de couches d’occupations présentant les conditions retenues pour permettre une analyse paléoenvironnementale, à savoir, l’unité stratigraphique doit présenter des charbons de bois dispersés dans le sédiment associés à du matériel archéologique tels que les céramiques (Chabal 1997) et doit avoir été échantillonné correctement. Ainsi les unités stratigraphiques 77159-77057 et 77003 ont été retenues pour cette analyse.

En laboratoire, les charbons de bois sont observés au microscope optique à ré- flexion, après les avoir cassés suivant les trois plans ligneux du bois, à la main ou à l’aide d’une lame fine (scalpel). La détermination des taxons a été faite en s’aidant d’ouvrages spécialisés sur l’anatomie du bois (Schweingruber 1990; Jacquiot 1955; Jacquiot et al.1973; Vernet et al. 2001) et d’une collection de référence de charbons de bois actuels mis à disposition par le Laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerra- néenne (U.M.R. 6572 – Aix-en-Provence). L’unité d’analyse adoptée est le fragment (dénombrement) (L. Chabal 1997).

Identification taxinomique et remarques anatomiques sur l’ensemble des unités stratigraphiques analysées

Arbutus unedo (Arbousier), famille des Ericacées

Bois hétéroxylé à pores diffus ou semi poreux, rayons hétérogènes de 1 à 4-5 cel- lules, fibres avec épaississements spiralés très épais

Buxus sempervirens (Buis), famille des Buxacées.

Bois à pores diffus, de petites tailles <40 fl) et majoritairement solitaires. Prédomi- nance de rayons bi- et tri-sériés hétérogènes de type 1. Présence de perforations scalari- formes de 5 à 10 barreaux épais. Tissu ligneux uniquement formé de fibres trachéides. Espèce thermophile de demi-ombre, il pousse sur sols très secs à frais, il se trouve as- socié à la chênaie pubescente et préférera les parties nord (chênaie-buxaie des phytoso- ciologues). Son optimum est reconnu à l’étage supra-méditerranéen, résistant au feu, il bénéficie de la dégradation de la couverture forestière.

Erica sp. (Bruyère), famille des Ericaées.

La famille des Éricacées regroupe des centaines de genres. Les Erica représentent les bruyères de zones semi-arides méditerranéennes.

Pinus halepensis (Pin d’Alep), famille des Pinacées

Bois homoxylé présentant des canaux résinifères bordés de cellules à parois minces. Chez les Gymnospermes, les critères de distinction des espèces sont la taille et la réparti- tion des canaux résinifères dans le cerne annuel et la forme des ponctuations de champs de croisement, ici une à quatre ponctuations pinoïdes. Présence de trachéides transver- sales à paroi fines, faiblement dentées.

Essence de lumière (espèce héliophile) qui supporte de forts éclairements et de lon- gues périodes de sécheresse (espèce xérophile). Il constitue des bois ou pinèdes dans le midi méditerranéen, considérés comme des forêts de substitution à la forêt mixte de

chêne vert et de chêne liège, il colonise les terrains laissés déserts après la forêt scléro- phylle dû à des conditions climatiques ou à des activités anthropiques. C’est une espèce pionnière et pyrophyte.

Pistacia (Pistachier), famille des Anacardiacées7

Bois hétéroxylé à zone semi poreux, pores du bois final accolés en groupes radiaux de 1 à 3 pores de larges. Rayons hétérogènes de 2 à 3 cellules de larges, épaississement spiralés abondants et très serrés dans les vaisseaux du bois final. Ponctuation intervas- culaire ronde.

Canaux résinifères transversaux, la détermination à l’espèce pour le pistachier len- tisque ou térébinthe n’a pu être obtenue.

Phyllirea-Rhamnus (Filaire ou nerprun), famille des Oléacées et Rhamnacées

Les deux arbustes appartenant respectivement au genre des filaires (Oleaceae) et des nerpruns (Rhamnaceae) n’ont pu être identifiés à l’espèce.

- Phillyrea : bois hétéroxylé à pores diffus disposés en flamme. Rayons de 1 à 3

cellules hétérogènes de type I.

- Rhamnus : bois homogène à pores diffus isolés, groupés en bande radiale sinueuses

ou flammées. Rayons de 1 à 3 cellules hétérogènes, hauteur 15 en moyenne.

Ces deux genres sont présents sous formes d’arbustes et arbrisseaux dans les garri- gues méditerranéennes.

Quercus (Chênes), famille des Fagacées .

- Quercus ilex-Q.coccifera

Bois hétéroxylé à pores diffus ou semi-poreux. Cernes annuels peu distincts, répar- tition radiale des pores, isolés et peu nombreux. Vaisseaux à parois épaisses de 50 à 100 flm de diamètre dans le bois initial diminuant progressivement de 30 à 80 flm dans le bois final; perforations simples, grandes ponctuations inter- et radiovasculaires. Rayons ligneux homogènes, en majorité unisériés, de 4-12 cellules de hauteur, et très nombreux; rayons ligneux plurisériés larges d’environs 300-500 flm et hauts de 3 à 10 mm. Paren- chyme axial très abondant. Les chênes méditerranéens supportent des sols secs.

- Quercus FC

Bois hétéroxylé à zone poreuse. Cernes annuels distincts, 1 à 2 rangs de pores du bois initial de 200 à 350 µm, répartition dendritique et flammée des pores du bois final. Vaisseaux isolés et nombreux. Rayons ligneux homogènes en majorité unisériés et bas, plurisériés larges et hauts de plusieurs centimètres. Perforations simples et grandes ponc- tuations intervasculaires.

Ulmus (Orme), famille des Ulmacées.

Bois à zone poreuse (250 µm), les pores du bois final sont agencés en bandes tangen- tielles par deux ou quatre avec des trachéides vasculaires et parenchyme paratrachéal. Présence d’épaississements spiralés, rayons homogènes fusoides généralement 4 ou 5

sériés d’une hauteur de 30 à 60 cellules.

Quelques charbons de bois présentent de nombreuses déformations anatomiques. Ces dégradations semblent a priori provenir des conditions de combustion avancées. En effet, les charbons présentent des traces de vitrification. Celles-ci correspondent à une fusion variable des éléments anatomiques du bois. À l’heure actuelle, les anthracologues ne sa- vent pas interpréter correctement ce phénomène multifactoriel dans lequel les conditions de combustion jouent sans doute un rôle important (Marguerie et Hunot 2007). Cependant, depuis trois ans, nous incluons systématiquement avec C. Vaschalde (doctorant-LAMM) une quantification de la vitrification. Pour ce faire, ce doctorant a mis en place une échelle de quantification (inédit), permettant d’évaluer l’intensité de ce phénomène, à laquelle nous faisons désormais systématiquement appel dans nos analyses (fig. 1).

Lors de la présente analyse anthracologique, aucune morphologie remarquable du bois, type bûches ou brindilles n’a pu être observée.

Dans le document Pech Maho (Sigean, Aude) 2011 (Page 168-171)